Lundi et mardi, pendant le bref séjour en CPE de X-Boy, j'en ai profité pour aller me vautrer dans les univers commerciaux, afin de REGARDER ce que j'achète et surtout, de CHOISIR. Prendre le temps, ne pas tasser les mains baladeuses de fiston, ne pas rasseoir ce dernier qui joue à l'acrobate dans les paniers à roulettes, ne pas parler en "biligoulougapo" devant une foule de gens médusés par autant de vocabulaire maternel.
Bref, j'ai acheté des couches, des plats de plastique (X-Boy a découvert "the armoire-aux-plats-de-plastique", alors je lui en mets des tout neufs dedans!), de la bouffe, du lait, des serviettes humides et tout le pataclan habituel. Ça c'était lundi.
Hier, j'avais 2 heures. Direction: renflouer ma lingerie. Yeux sensibles, s'abstenir. Exit donc les soutien-gorges égueulés, les "brassières" mornes et sans couleur, les bobettes aux élastiques apeurés et aux motifs on ne peut plus plates. Je me suis laissé aller à la fantaisie. Et hop, 4 soutien-gorges dans le sac réutilisable. Un blanc, un noir (ça prend nos classiques), un rayé bleu et blanc (coucou le capitaine!) et un autre bleu pâle (bonjour la fleur bleue en moi!) avec de la dentelle. X-Mom porte de la dentelle, faut noter le chose! Et hop des bobettes assorties (oui, oui, vous avez bien lu... moi qui ai toujours pesté contre les tits-kit!) et en prime, une jupe courte avec des fleurs. De la féminité??? Je n'en reviens pas encore. Je me sens comme une ado qui vient de découvrir que les jeans et les t-shirts de groupe de musique, ça n'a plus la cote.
Et ce matin, j'ai peigné ma tignasse devant un X-Boy tout heureux de participer à mon relooking. "Maman porte une jupe rose??? ELLE EST OÙ MA MÈRE???"
Elle est là, t'inquiète, j'ai quand même enfilé mes sandales sport rouge, je suis loin des talons à aiguille, gamin. Respire.
Et j'ai emmené X-Boy au CPE deux heures plus tôt. Afin qu'il passe son premier 3 heures là-bas et ensuite, je vais le faire diner. Éducatrice-A. se sent encore insécure avec la façon charmante du bambin de "téter" la nourriture au lieu de la mastiquer. Je la comprends.
Et j'admire X-Man qui lui, nourrit son rejeton en racontant ses exploits de la journée, en comptant son change dans ses poches et en nettoyant la table avec une guénille. Bref, X-Man, quand il nourrit le prototype-du-parfait-enfant-atteint-de-dysphagie, il s'en contrebalance. Et le gamin, il s'étouffe rarement quand c'est le paternel qui le fournit en boustifaille.
Alors oui, je sais, je dégage une inquiétude latente et je transmets le virus au petit. Ce n'est pas évident. La crainte qu'il s'étouffe solide et que je doive refaire la manoeuvre pour le sauver me tenaille. Car oui, je l'ai déjà faite, la manoeuvre qu'on ne fait qu'avec des mannequins. Et ça me hante, cette expérience. Que ceux qui disent "Ben passe par-dessus" le disent. J'y travaille. Je thérapise la chose chaque jour. Bref, je voterais pour que ce fut X-Man qui soit allé montrer la "bonne façon" de nourrir le petit à Éducatrice-A. Mais il travaille, mon homme. (Faut bien que quelqu'un paye pour mon renflouement en lingerie! hahaha)
En somme, aujourd'hui, j'avais 3 heures devant moi. Et je m'étais promis de revenir vite vite à la maison et de faire mes 103524646161357617 affaires qui attendent. D'en profiter pour terminer des tâches plates sans interruption, de faire les téléphones aux secrétaires d'hôpital, d'aller faxer des requêtes méga-importantes, de régler des dossiers concernant X-Boy. Et de téléphoner pour mes propres rendez-vous médicaux, machins-je-m'occupe-de-moi.
Et qu'ai-je fait?
Je suis allée explorer un magasin de fourniture de bureau. Question de voir s'il y avait des bibliothèques qui pourraient aider X-Man à mieux organiser son bureau. Le sous-sol croule sous les livres et les paperasses. Bref, Décore-Mom was back. J'ai farfouillé, pris des mesures, écrit des prix, parlé aux vendeurs et j'ai finalement acheté un calendrier "parfait-pour-les-mères-débordées" qui se colle au frigo (on en a déjà un, mais il manque de place!!!) et qui venait avec des centaines d'autocollants qui vont égayer les tites-cases et me permettre d'avoir enfin une légende compréhensible.
Ensuite, je me suis dirigée à la pharmacie. Histoire de tenter de dégoter les fameux verres à bec de X-Boy qui semblent ne plus être disponibles. Et je me suis baladé dans toutes les rangées. Pour sortir avec absolument rien dans les mains.
Mais du temps "passé" dans la tête.
Car en rentrant dans la maison, je me suis aperçue de plaisir coupable que j'avais à ne pas être ici. Ça me sauvait de la prise de conscience de cette solitude que je redoutais la semaine dernière.
Et elle est toute là, cette solitude. Et ça me fait tout étrange. Je suis tiraillée entre un vif sentiment de "wahouuuuuuuu je peux faire ce que je veux, par quoi je commence???" et un "X-Boy n'est pas là? Bleurk. C'est plate. C'est triste. Ça manque de gazouillis et de "Boum, je me suis cogné la tête contre le sol".
Et j'ai empli le vide avec un de mes disques préférés. Je me suis installée à mon bureau. J'ai rangé quelques papiers. Mais je n'ai pas envie de rien régler. Pas envie de faire des téléphones.
Il me manque soudainement d'adrénaline, de stress-de-surveiller-mon-petit-trésor.
Ça m'a fait trembler le coeur, tantôt.
Et je me suis dit, va donc écrire tout ça.
Il est enfin 11h15 et je dois préparer le diner pour X-Boy et moi.
Ne reste que 45 minutes avant d'aller le retrouver.
Et je vais courir comme une folle, car j'ai prévu faire des vol-au-vent et j'ai rien de prêt.
Qu'est-ce que je fais encore ici???
Note à moi-même: Hein, les sentiments étranges te rattrapent après l'euphorie, hein? Gnangnangnan.
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