lundi 7 octobre 2013

Faire la tortue

Hier matin, belle journée d'automne, X-Man quittait la chaumière pour sa tournée habituelle en Abitibi. Il a emmené avec lui X-Boy (pas jusqu'en Abitibi, on se calme!) pour le laisser entre bonnes mains au Centre de répit Chez Philou, puisque X-Boy y suit encore une fois, cette année, les ateliers de stimulation. Comme les ateliers se déroulent du lundi au mardi et qu'à Ste-Banlieue, il n'y a pas de transport adapté les lundis et les vendredis (une fabuleuse absurdité...), X-Man a fait découcher fiston afin de faciliter les déplacements.

Bref, hier matin, à 10h45, je me suis retrouvée seule. Seule jusqu'à mardi après-midi où j'irai chercher X-Boy à 16h00. Quand les hommes sont partis, j'ai versé quelques larmes de tristesse.

Qu'allais-je faire un dimanche toute seule? Un lundi, ça va, je suis habituée, mais un jour de fin de semaine? Un dimanche où toutes les amies sont justement en famille? Et comme il faisait beau, il n'était pas question de partir visiter les lointaines amies en Estrie parce qu'un retour à Ste-Banlieue pendant "la flambée des couleurs", ça peut prendre trois ou quatre heures à cause du trafic sur l'autoroute.

Bref, j'ai presque paniqué. Autant quand j'étais à temps plein avec X-Boy, je rêvais d'être seule pour accomplir 616136 affaires, autant que hier, le temps me paraissait effrayant.

Je me suis mise à réfléchir. Qu'est-ce que je ne peux pas faire quand les hommes sont là? Qu'est-ce qui me manque?

La réponse a été longue à trouver. Parce que bon, réfléchir longtemps, je ne fais pas ça souvent. (quoique la nuit... mais bon...) Mais j'ai trouvé avec un sourire coquin: ce qui me manque, c'est de faire la tortue!

***

Bon, n'allez pas imaginer que je me déguise en tortue et que je me couche sur le dos les quatre pattes en l'air en pleurant ma vie pour qu'on me relève... suffit les idées saugrenues... pitié.

***

Faire la tortue = prendre le temps. Prendre le temps de vivre. Ne rien faire en courant, en pensant à 4625616 affaires en même temps, au linge qui sèche, au petit qui a une couche à changer, aux plantes à arroser avant qu'elles n'envoient l'escouade-des-sécheresses...

Prendre le temps. Wow. Vivre lentement.

Et c'est ce que j'ai fait.

J'ai sorti mes papiers et crayons et j'ai dessiné des images pour la déco de la salle de bain de K. que j'aurai la joie d'aller compléter sur place ce week-end. J'ai pris le temps de dessiner. De retoucher les détails. Dernièrement, quand je dessine, c'est en mangeant un bout de toast, en parlant à X-Boy pour ne pas qu'il s'ennuie et en attendant un téléphone important.

Au bout de deux heures, j'avais quatre dessins de terminés. Et je les ai laissés sur la table.

Je suis sortie en voiture pour aller prendre mon temps au Winners, mon exutoire favori. J'ai longé les allées pendant une heure, à rêvasser de tel article de déco, à écouter les conversations des autres (à en rire secrètement), à flâner devant les pyjamas et la lingerie fine (tiens, de la lingerie fine, ça existe?) et à ne rien acheter au final. Ne rien acheter sous pression parce que bon, j'ai besoin de ça aujourd'hui et même si ça ne me plaît pas tant que ça, ça fera l'affaire. Nan. Rien dépensé. Sans déception.

Ensuite, je suis allée faire l'épicerie. Une heure de pur bonheur à tâter tous les fruits exotiques, à lire les explications sur les tits-cartons descriptifs, à choisir avec minutie mes légumes et tous les aliments, quoi. Même que, je me suis aperçue qu'à côté des bananes, se trouvaient des "mini-bananes" et des bananes rouges. Je n'ai jamais vu ces bananes chez personne? Y'a-t-il des gens qui en achètent? J'ai pris une banane rouge. (Résultat: elle est un peu plus sucrée) Fallait voir les questions de la caissière et de l'emballeur.

Hier, j'ai été la "fille-qui-a-acheté-une-banane-rouge".

***

Je suis rentrée chez moi et j'ai soupé lentement en lisant une revue. Pas juste en la survolant en me disant que d'ici un mois, je parviendrai à toute la lire. Non non, je l'ai lue d'un couvert à l'autre et ça aussi, ça m'a pris du temps.

Pour terminer la soirée, je me suis installée devant la télé et j'ai écouté un film que j'adore. J'ai mis le son un peu plus fort qu'à l'habitude, je me suis enroulée dans ma doudou préférée et j'ai plongé pendant deux heures et des poussières dans cet univers.

Avant d'aller au lit, j'ai écrit un mot à X-Man qui m'avait avisé par courriel de son arrivée en Abitibi.

J'ai pris le temps de lui écrire. Comme je le faisais à nos débuts.

***

Ce matin, j'ai rangé tous les dossiers "à terminer = urgent". J'ai mis mon cerveau à "off" pour le reste de la planète. Même si on est un "lundi".

Après tout, je n'ai jamais de journée de congé.

Le téléphone a sonné, c'était mon Amie-Voisine qui m'invitait à passer un bout de journée avec elle et sa petite-la-plus-mignonne-du-monde. J'ai sauté dans la douche et je suis arrivée chez elle, les cheveux mouillés.

Des cheveux aussi, ça a le droit de prendre son temps pour sécher.

On a papoté comme des vraies filles, elle m'a invité à diner et on est allée acheter des mini-bananes.

Résultat: ça goûte la même affaire. Sauf en plus petit.

Et ce qui est plus petit est d'autant plus intéressant pour X-Boy. Car souvent, dans son lunch, je lui envoie une banane coupée à la moitié et emballée dans une pellicule de plastique.

Mais à partir d'aujourd'hui, X-Boy aura droit à des mini-bananes.

***

Il sera heureux d'avoir des bananes "adaptées".

Je recommence le boulot "d'adaptation" demain, fallait bien que je me remette dedans!

Héhé.