vendredi 15 février 2013

Le monde fabuleux des Schtroumpfs...

La couleur du mois (voire de l'année): bleu.

Bleu comme dans: les lèvres de X-Boy depuis avril 2012. Dans moins de deux mois, cela fera un an que nous avons découvert ce qui se cachait sous le regard absent et la lenteur de X-Boy: l'Épilepsie avec un grand "E".

Bleu comme dans: mes cernes sous les yeux à force de ne jamais réussir à reposer mes neurones correctement. Je n'y arrive pas. X-Boy peut faire des absences aux deux minutes encore ces derniers jours. Malgré la médication qui augmente. Certaines heures, il n'est pas si mal. Je revis et reprend mes couleurs. Mais soudainement, son visage s'éteint, se crispe et je perds mes moyens. J'ai le coeur bleu d'espoir que ça cesse cette année. Que les médicaments se métabolisent correctement, que le lundi 4 février où X-Boy a été "ce qu'il est réellement = présent!!!" ne soit pas qu'un souvenir mais une prémonition de son/notre avenir.

Bleu comme dans: j'ai encore des bleus dans le dos. Que diable nous causes-tu là X-Mom? Tu as été battue? Tu te transformes en Schtroumpfette?

Nan. J'ai été la victime d'une massothérapeute ultra-non-compétente. Je me demandais si je vous racontais ou non cette histoire. Et puis oui, car elle s'est enfin réglée et que je ressens le besoin de me décharger, tiens.

Vous savez que j'ai été choisie par l'équipe de "Décore ta vie" et que lors de la journée de la transformation, on vous envoie dans un spa vous faire dorloter.

***

En passant, l'émission sera en ondes le 6 mai. Faites un X sur votre calendrier pour la famille X la plus "chanceuse" de toute la banlieue!

***

J'ai ainsi quitté de bon matin ma chaude demeure pour me rendre en autobus dans la grande métropole. Pas question que je conduise ma bagnole dans l'état de nervosité-fébrilité qui m'habitait cette journée-là. Non mais Décore-Mom qui n'a PAS le droit d'aider, de peinturer DANS sa propre maison? Ouf-e. Le trajet s'est bien déroulé, je ne me suis pas perdue dans le métro (woah!) et je suis arrivée avant même l'ouverture du salon.

Étant timide dans ce genre d'endroit (oui), je n'avais pas remarqué que c'était encore fermé et que les deux personnes qui fumaient à l'extérieur et qui m'avaient saluée étaient des employés qui attendaient le fameux 10h00. Dah, j'étais déjà dans la gêne quand l'employé m'a dit à la blague que j'étais "pressée" de relaxer. Oups.

Je me suis assise dans un fauteuil de cuir et j'ai observé le décor. Des tits-pots de produits partout, des chaises de coiffeuse, des murs top-design et une affiche sur laquelle était inscrite une phrase qui me turlupine encore la grammaire. Y-a-t-il donc une faute dans cette ligne oui ou non? Je devrai demander au jumeau de X-Man qui excelle dans la correction. (Pourquoi je dors mal, hein? S'attarder à des détails si importants...) Une jeune employée est venue me chercher.

- Bonjour, je m'appelle Spamoi (haha) et je suis esthéticienne. Vous pouvez me suivre, je vous fais visiter les étages.

- Les étages?

- Oui, il y a quatre étages. Chaque étage est spécialisé dans un soin.

- Quatre étages?!? Par chance que je ne suis pas en fauteuil roulant!

Malaise. (X-Boy, sort de mes pensées, je suis SEULE!!!)

Spamoi s'arrête au troisième étage et m'invite à m'installer dans un fauteuil de cuir. Elle me tend un "pad" avec une feuille à remplir. J'ai une envie folle de rire. À la question: quelles sont les zones douloureuses sur votre corps, je DOIS CHOISIR??? Je peux cocher les trois? Et les surligner??? À côté des choix de réponses se trouvent des symboles. Bien sûr, le Spa a une philosphie pseudo-zen-que-je-comprendrai-bientôt, hein?

Je termine mon formulaire en retenant mes fous rires (non mais avez-vous déjà osé écrire dans un formulaire que vous utilisiez des produits Yves Rocher parce qu'ils sont souvent presque gratuits? hihih) et l'esthéticienne me tend une petite assiette dans laquelle se trouve une serviette blanche humide.

Elle me regarde, souriante. Je prends l'assiette. Je suis supposée faire quoi avec la serviette au juste??? Avant que je ne la mange, elle m'explique:

- C'est une compresse imbibée d'eau à la fleur d'oranger et à l'hamamélis (ça existe peut-être pas...).

- ??? (faut que je la torde pour en extraire le jus?)

- Vous l'apposez sur vos mains, ça vous apaisera.

J'ai-tu l'air nerveuse???

Je me taponne les mains sans trop savoir comment avec sa lingette humide et elle me demande de la suivre. Mais je fais QUOI avec la serviette?

- X-Mom, vous la laissez dans l'assiette. Sur la table.

- Ah, ok.

(Je ne peux pas la garder pour m'éponger les cernes???)

Elle m'invite à prendre place dans son local où je recevrai mon facial. Mon premier, avais-je besoin de préciser. Avant tout, elle examine mon formulaire et m'annonce en grande primeur que le signe ayurvedique (Ah!) qui me représente est celui de l'infini.

- Vous êtes une personne vive d'esprit, qui n'arrête jamais et qui a de l'énergie à revendre. Vous avez de la difficulté à vous reposer et à vous laisser aller. Vos pieds et vos mains sont toujours froids.

Watson va. C'est pas l'ayurveda qui t'a permis de découvrir ça. Tu veux que je te fasse une démo scientifique?
1- Je porte des bas de laine SUR des bas de coton.
2- Je parle aussi vite que Louis-José Houde et je ris autant que Suzanne Lapointe.
3- J'ai les mains froides parce que je les avais dans une serviette humide il y a une minute!!!

- Votre personnalité "infini" correspond à une de ces trois huiles essentielles. Vous devrez les sentir et me dire celle que vous préférez. Ce sera votre parfum pour tous vos soins.

Je sens les tits pots et je m'arrête sur le troisième choix.

- C'est l'odeur de la lavande. La lavande a un effet apaisant et aide au sommeil.

- Ah ben. J'ai toujours détesté cette senteur. Ne me parlez pas de manger un chocolat à la lavande, juste l'idée me donne envie de vomir! Héhéhé. Mais bon, si vous le dites, ça doit être "mon" parfum pour la journée.

- Pour le facial, vous vous allongerez sur cette table. Vous pouvez retirer tous vos vêtements, je sors de la pièce et je cognerai discrètement pour savoir si je peux rentrer.

- Heu... je me couche "sur" la couverture?

Je suis niaiseuse, hein? Mais je deviens végétative de l'initiative dans un milieu trop féminin...

- Hihihi, X-Mom, vous êtes drôle! Mais non, vous vous couchez SOUS la couverture.

- Mais je vais dormir?!?

- C'est fait pour ça. Tant mieux si vous réussissez à vous reposer. Vous en avez bien besoin, non?

- Paraît oui. Mais l'infini, ça ne se repose pas non?

Elle a fermé la porte en souriant. J'ai enlevé mes vêtements et je me suis installée sous la couverture chaude, fluffy comme je les aime. J'ai eu envie de ronronner, de me coucher en boule et d'envoyer la terre promener.

Toc toc toc.

- Vous pouvez entrer.

L'esthéticienne a commencé mon facial. Au début, je devais avoir les fesses aussi serrées que les mâchoires, puis au fil des minutes et grâce à la lavande (!), je me suis laissée aller. Elle avait des mains de fée, cette gentille fille. Je me suis endormie trois fois pendant le traitement qui a duré une heure trente. J'ai a-d-o-r-é me faire masser le visage et tout le toutim. Y'a qu'au moment où elle m'a aviser qu'elle extrairait mes points noirs que j'ai voulu mordre!!! Non mais c'est quoi l'idée de faire ça en plein milieu du paradis??? Ça fait tellement mal, j'avais l'impression de passer sous un tordeur. Par chance, elle m'a dit: Vous êtes chanceuse, vous n'en avez que très peu.

C'est plutôt toi la chanceuse, une morsure sur un mollet, ça t'aurait intéressée?

***

Une fois le facial terminé, bouhou, elle m'a fait enfiler un long peignoir fluffy et m'a indiqué que je recevrais un massage dans quelques minutes. Je me suis dirigée dans le local de la massothérapeute. Quelques secondes plus tard, cette étrange fille est entrée. Je n'arrivais pas à dire si elle était sympathique ou non. Et je ne cacherai pas que son jeune âge m'a un peu effrayée. Étant une habituée aux massages de Fée Rouk qui a une expérience incalculable, j'ai eu des frissons en voyant de si jeunes paluches devant moi.

Elle a lu mon formulaire.

- Vous avez mal PARTOUT?

- Euh... oui. C'est à cause de mon "métier" qui est très stressant.

Je lui raconte brièvement mon boulot avec X-Boy et elle me demande de me coucher sur le dos.

- Sur le dos?

- Oui.

- Mais vous voulez me masser le cou?

- Oui.

- Euh, je ne devrais pas me coucher sur le ventre?

- Non.

Ok. Elle a commencé à me masser la nuque. Drôle de technique. Je me suis mise à lui poser 2345346 questions afin de (me) détendre l'atmosphère.

- Madame Spamoic'estelle (hahah), vous ne portiez pas des lunettes quand je suis entrée?

- Oui. Mais je n'en ai pas besoin lorsque je masse.

- Ah. Et vous êtes pas mal myope?

- Oui. Mais ce sont les sens qui dominent.

- Ah. Et dites-moi donc, pourquoi vous avez choisi d'être massothérapeute?

- Ben, j'ai juste 19 ans. J'avais commencé à étudier en tourisme, mais je me suis aperçu que ce n'était pas assez payant. Tsé, faut ben que je paye mes voyages...

(Je peux m'en aller là là!!!)

Elle m'a demandé de me tourner sur le ventre. Elle a effleuré mon dos et s'est exclamée:

- Oh, X-Mom, vous êtes vraiment tendue!!!

Une autre Watson. Je suis tendue à l'infini, pouahaha.

- Euh oui. J'ai plusieurs contractures.

- Hahahah. Des quoi?

- Euh, des contractures...

- De quoi vous parlez?

- Des noeuds. Dans votre langage de massothérapeute, vous appelez ça des contractures. J'ai une amie massothérapeute qui utilise ce mot...

- Ben voyons donc. Je n'ai jamais entendu ça dans mes cours!

- Ah. Faudrait peut-être relire vos livres, hein? Hahaha. (J'ai commencé à rire jaune. Et à me serrer les fesses et les mâchoires à nouveau.)

- Vous me dites si je vous fais mal.

- AYOYEEEE!!! Vous me faites mal, là, là!!!

- X-Mom, il faut quand même que je défasse vos noeuds. C'est normal que vous ayez mal.

- AYOYEEEE!!! Mais ça fait VRAIMENT mal!!!

- Restez calme, je vais peser moins fort.

- OUCH!!! (Peut-être comprendrait-elle mieux en anglais???)

- Vous avez mal partout!

- OUI!!! Surtout quand vous pesez comme ça partout!!! OUCH-EEE!

Je vous jure, j'avais tellement mal que je me suis mise à pleurer discrètement dans le coussin. J'avais beau me tortiller, crisper tous mes muscles, lui raconter 1325136 blagues afin de la faire rire et de la déconcentrer, RIEN à faire, elle était décidée à me défaire 8 noeuds en moins de 20 minutes!!! (Ce qui peut prendre plusieurs séances d'une heure normalement.)

À un moment donné, j'ai presque eu une contraction. J'ai crié ASSEZ!!! Elle a ri et elle m'a dit que c'était terminé de toutes façons. Elle est sortie, je me suis rhabillée et j'avais l'impression d'avoir fait un triathlon.

Spamoic'estelle m'a invitée à m'asseoir et m'a demandé si je désirais acheter les huiles essentielles qu'elle avait utilisées. (Spamoi m'avait par ailleurs fait une liste des "produits essentiels" pour ma divine face plus tôt...)

- Euh... je suis en peignoir. Je ne peux pas payer.. Je vais y penser et acheter au besoin à la fin de la journée...

- Mais vous ne pouvez pas...

- Hein, comment ça?

- Euh... ben, c'est parce que je reçois une commission...

- PARDON? (oui j'ai haussé le ton!) Vous êtes en train de me dire "ça"!!!

- Euh.

Malaise.

Spamoi est arrivée sur l'entrefait et m'a dit que le diner serait bientôt servi. Elle m'a demandé de la suivre dans une petite pièce toute blanche et lumineuse où se trouvaient un bouquet de fleurs et un napperon vert lime sur la table.

J'ai attendu quelques minutes avant qu'elle ne revienne avec mon diner. J'avais tellement mal au dos et aux épaules que je me demandais comment je ferais, au retour à la maison, pour agiter les mains en l'air quand je découvrirais mon nouveau salon...

Elle m'a présenté mon dîner.

- Un croissant dinde, fromage et épinards avec moutarde de Dijon. Vous avez en accompagnement une verrine de bocconcini et tomates cerises et comme dessert, une tartelette au fromage et fraises. Vous avez une trentaine de minutes pour diner, ensuite vous aurez votre manucure et votre coiffure. Bon appétit!

J'ai failli pleurer. Parce que sur le formulaire qu'avait rempli la recherchiste de l'émission avant mon arrivée au Spa, il était SURLIGNÉ que je suis intolérante au lactose. Et là, je me retrouvais avec TROIS plats avec du lactose?!?

Moi qui suis si lionne pour défendre mon fils et pour dénoncer les injustices envers les autres, je suis sans ressource lorsqu'il s'agit de parler de mes besoins et de mes inconforts. Surtout dans un tel contexte où je ne paye rien et où l'on s'occupe de moi toute la journée. Je n'allais quand même pas chialer alors que j'avais tout gratuit?

J'avais dans mon sac à main des pilules pour la digestion du lactose. J'en ai pris deux. Mais allez savoir, elles n'ont eu aucune efficacité. Où c'était la combinaison douleur-estomac-chamboulé... Bref, j'ai eu la diarrhée deux fois en moins de 5 minutes. Je paniquais total dans la salle de bain. Je vais faire quoi, le reste de l'après-midi??? Il faut que je revienne en autobus??? J'ai raisonné très fort mon estomac et je lui ai demandé de se calmer le pompom, que c'était une question de survie. Allez savoir, ça aura fonctionné.

Une autre esthéticienne m'a fait une manucure et à la question: vous voulez quel vernis?, j'ai failli hurler. Non mais je le sais-tu, moi... J'ai mal au dos et j'ai le ventre en tortillon... Couleur "détresse", ça existe?

J'ai choisi un petit rose brillant. Bonne comédienne, je sais.

L'esthéticienne m'appliquait un vernis et c'est à ce moment que Spamoi arrive en panique et dit que la coiffeuse attend et que "nous" sommes en retard. Je fronce les sourcils. C'est supposé être relaxant et voilà qu'on vous confine dans un horaire de béton. Je me sentais comme au primaire, quand on faisait des ateliers en éducation physique. Hop, station un. Hop, station deux!!! Hop Hop Hop!!!

L'esthéticienne termine en sixième vitesse son vernis et me demande de garder mes mains en l'air parce que ça prend au moins une dizaine de minutes à sécher. Elle n'a pas le temps de me les mettre sous le séchoir. Belle affaire.

Fallait me voir, complètement mal à l'aise d'avoir les ongles gluants. Je marchais les mains en l'air comme une zombie (j'avais le look et la posture...) et quand la coiffeuse m'a aperçue, elle a éclaté de rire.

- Mais voyons X-Mom? Pourquoi vous vous promenez les mains comme ça?

- Parce que j'ai peur...

- Peur de quoi?

- Que ça beurre partout...

- Ben non!!! Faut juste faire attention. Allez, venez avec moi au lavabo, je vais vous laver les cheveux.

Dans ce Spa, il faut leur donner ça, on vous lave les cheveux couchés. Oui oui. Vous vous installez sur une table à massage, sur le dos, ça j'avais compris!, et on vous masse le cuir chevelu pendant de longues minutes. Si je n'avais pas eu autant de douleurs à me retrouver sur le dos, j'aurais jubilé.

La coiffeuse avait un look du tonnerre et malgré le fait qu'elle était pressée, elle avait beaucoup de talent. Elle m'a fait un toupet et raffiné ma coupe, en plus de me faire rigoler tout le long. Coup de coeur dans ma journée, quoi.

Ça s'est gâché dans la demi-heure suivante alors que Spamoi est revenue me chercher pour m'emmener dans la "boutique" à l'entrée du Spa. Là où se trouvent d'autres employés qui vous écoutent et "attendent" que vous passiez à la caisse.

Elle a lancé la phrase qui tue:

- Alors X-Mom, vous avez passé une belle journée! Dites-moi quels produits vous intéressent?

Notez le temps présent qu'elle a utilisé. J'étais verte de colère. (Et bleue dans le dos, deux jours plus tard!)

- Euh... euh... (À 44$ minimum le tit-pot... YVES!!! Où es-tu Yves Rocher???)

- Sortez vos listes, nous allons regarder ça ensemble.

J'ai sorti les tits-papiers en retenant mes larmes. Non mais c'est pas vrai que je vais dépenser une fortune aujourd'hui??? Alors que je reçois un "cadeau"???

J'ai pris deux tits-pot. La facture a monté à 84 piastres, câlasse. À la caisse, le métrosexuel m'a demandé, lui aussi au présent:

- Vous ajoutez quel montant à votre facture?

- Euh.. 20$.

AAAAAAAAARGH!!! Je venais de leur offrir 20$ de pourboire!!! Ça me coûte 104$ au total!!!! Je peux avoir une passe VIP pour le ciel tout de suite???

Vous me direz que je n'avais pas de couilles. Mais c'est mon fils qui n'en a pas. Rhôôô. Mais non, je n'ai pas osé ne rien acheter et ne pas laisser de pourboire. Je me suis sentie coincée, obligée, trappée. Je me suis sentie honteuse de "profiter" de tous ces services sans payer. Je me suis dit: "bon, je peux ben leur donner un peu d'argent". Comme s'ils en avaient besoin, eux.

Je suis sortie de là le coeur au bord des larmes et j'ai failli laisser mes deux tits-flacons à un clochard, tellement j'étais insultée. Puis je me suis dit: Non X-Mom, tu vas te les mettre dans la face, tes osties de produits.

Je suis rentrée à la maison.

***

Je saute le dévoilement du salon (qui a été une joie indicible et qui m'a fait tout oublier l'espace de plusieurs minutes!) pour aller directement aux bleus...

Oui. Deux jours plus tard, après n'avoir pas réussi à dormir car j'étais trop en douleurs, huit bleus de la grosseur d'un poing sont sortis dans mon dos. Quand X-Man a vu ça, il a compris que je ne mentais pas (mais il n'a même pas pensé ça, je fais exprès!) et il m'a fait jurer d'appeler la recherchiste pour dénoncer cette situation inacceptable.

Je l'ai fait. Non sans gêne. Je déteste faire ce genre de plainte. Risquer de passer pour la "chialeuse" alors qu'on vient de me payer un salon de rêve. Mais je l'ai fait pour les autres. Pour ne pas que cette massothérapeute sévisse sur une autre cliente.

J'ai dû aller chez mon ostéopathe qui travaille de concert avec une massothérapeute. J'ai dû me dévêtir, montrer mon dos meurtri. Me faire photographier pour garder des preuves au cas où il y aurait une blessure grave, et ensuite une poursuite. J'ai éclaté en sanglots dans le bureau de mon ostéopathe. J'avais honte. Je me sentais comme une femme battue... Laide, moche et plaignarde...

- X-Mom. Tu as été "battue". C'est comme si elle t'avait frappé partout dans le dos. Tu es inflammée du bassin à la tête. Mais rien n'est déplacé. Pour l'instant, personne ne doit te toucher. Il faut que l'inflammation disparaisse. Ça va prendre encore deux ou trois jours. Et les bleus vont continuer de sortir. Voilà, prends des "Robaxacet" le jour, des "Advil nuit" pour dormir et fais des étirements. La massothérapeute va te faire un rapport écrit et va te montrer les exercices à faire. Tout va bien aller.

- Mais... mais... (sortez les violons dramatiques) veux-tu me dire pourquoi je ne peux PAS être heureuse comme TOUT le monde??? Pourquoi cette journée de "rêve" s'est transformée en réel cauchemar??? Je n'ai pas le droit au bonheur, c'est ça???

Ce n'est pas professionnel, mais il m'a pris dans ses bras. J'en avais vraiment besoin. Et la massothérapeute était témoin.

Il a essuyé mes larmes et m'a dit:

- X-Mom, tu as une vie superbe. Remplie de hauts et de bas. Le bonheur n'est qu'une question d'ajustements. Tu dois t'ajuster. Apprendre de tes erreurs et te relever.

- MES erreurs?

- Oui, X-Mom. Tu n'avais pas à souffrir. Tu ne dois laisser PERSONNE te faire du mal. Tu avais le DROIT de te lever de la table et de lui dire d'arrêter.

- ...

- Si ça avait été X-Boy sur la table, tu aurais hurlé et tu n'aurais jamais enduré ça une minutes, non?

- Mmm.

- Fais attention à toi, X-Mom. Dors, repose-toi dans ton nouveau salon. Tu m'as dit que c'était superbe, non?

- Moui. Vraiment.

- Allez, je dois voir un autre patient. Tu bois beaucoup d'eau, tu fais tes étirements, promis?

- Oui.

- Tu as une belle vie, X-Mom. N'oublie pas. Tout n'est question d'ajustements.

***

Ajustements, ajustements. Sur le coup, le mot m'a fait suer. Ajustements de mes deux, oui.

***

Cette semaine, la directrice du Spa (Spadesafaute) m'a téléphoné pour s'excuser en son nom et en celui de toute son équipe. J'ai pu tout lui expliquer, lui exprimer mes sentiments. Elle a été d'une gentillesse extrême (avait-elle le choix) et elle m'a annoncé que cette massothérapeute ne travaillait plus là.

Une bonne affaire de réglée.

Elle m'offre une carte-cadeau de 80$ pour un massage ultérieur.

Je ne sais pas si j'y retournerai. Mais j'ai le droit d'utiliser la carte pour un autre service.

Car ça me fait bien chier de le dire, mais leur tite-crème est géniale. J'ai une peau de pêche depuis que je l'utilise. À défaut d'avoir un dos de bleuets.

Ma vie est une pseudo-salade de fruits.

Qui doit être ajustée.

Tout comme la médication de X-Boy.

En perpétuel ajustement, comme me l'a dit sa neurologue cette semaine.

En perpétuel ajustement...

***

Ça s'ajuste comment, une fille "infinie"???

Héhé.



lundi 4 février 2013

Se retrouver dans le décor...

Je n'ai pas eu le temps de vous raconter la "suite de la surprise de Décore ta vie"... Et j'ai envie de vous faire un désordre chronologique tout ce qu'il y a de plus légal. Tout comme le vent qui, dehors, s'amuse avec les branches et les mottons de neige qui tentent de rester accrochés à ces dernières.

***

X-Boy semble se faire au "décor" de son nouveau médicament. Après avoir passé les quatre dernières semaines à somnoler, à jouer au "Monsieur Mou" (ici je fais référence à Binou... et non à une pensée lubrique, vilaines lectrices, allons, ressaisissez-vous!) et à faire dans la lèvre bleue aux deux minutes, X-Boy est revenu dans LE décor. Parmi nous. Ici, quoi.

Et vous savez, je suis sous le choc charmant total. (Ça se dit pas, je sais) Vendredi, j'ai parlé à l'équipe de neurologie pour aviser que le dosage n'était toujours pas adéquat: on me prescrit de lui faire faire une prise de sang lundi (aujourd'hui) afin de voir la métabolisation. Eh bien il semble que j'aie téléphoné trop vite, car dès samedi matin, X-Boy s'est réveillé avec une "présence" que je ne lui connaissais pas. Cela fait deux semaines que je lui montre à descendre de son lit (par les fesses, en déposant les jambes (oui bonhomme, tu as des j-a-m-b-e-s!)) et cela restait dans le domaine du "bon, il finira par comprendre en 2020". Mais voilà que samedi matin, ça se lève, ce gamin, je lui place les fesses et hop, ça fait des "squats" avec ses jambes. Hop que je te les monte, Hop que je te les descende au sol! Tiens, regarde Maman, je dépose mon genou gauche par terre, je maintiens la position du cavalier et je glisse mes mains sur le bord du lit. Tu regardes, maman?

OUI!!! En moins de deux minutes, l'autre excité était sur ses tapis de couleurs et s'amusait à vider l'étagère de jouets qui se trouve dans sa chambre. Il va sans dire que X-Man était témoin et que bon, en tant que parents hyperactifs, on s'est fait aller les applaudissements. Un vrai beau samedi matin.

Puis dimanche, X-Boy a continué à faire du "nouveau". PAF ! PAF ! Maintenant, quand je me déplace à quatre pattes, je dégage mes mains et je les tape au sol!!! Je ne fais plus que glisser, les vieux! Vous avez vu???

OUI!!! On a aussi entendu, t'inquiètes.

Et encore, le petit ne s'est pas arrêté aux progrès physiques. Voilà-t-y pas que Môsieur daigne enfin nous regarder quand on lui parle?!! Sans blague, c'est déstabilisant. Il nous regarde avec un regard pétillant, on dirait qu'on ne lui avait jamais vraiment vu les yeux. (Que tu as des grands cils, t'es beau mon mignon!) Et hop, il tend les bras pour qu'on le prenne, nous gratifie d'un sourire tout ce qu'il y a de plus racôleur et il daigne nous chanter des sons aigus. (Bon, pour le langage, y'a du boulot, heh)

***

Ce matin, je lui explique en détails les étapes d'une prise de sang. Le gamin me yeute attentivement et sourcille aux endroits appropriés. Je lui enfile son habit de neige: il est CONTENT. Ça c'est une première. Môsieur participe et me donne une botte (j'hallucine?) tandis que je termine de lui enfiler la première. Zoup dans l'auto, on se stationne et je l'emmène dans son bolide jusqu'à l'entrée du CLSC où une vieille dame (probablement une retraitée bénévole qui dirige les patients) nous accueille et à qui IL SOURIT. Elle se penche, le guiliguilite et voilà qu'il lui jase ça dans son jargon. Elle lui enlève sa tuque, il rigole, elle lui enlève ses mitaines, il lui flatte les mains et je l'inscris au comptoir des prélèvements. Je me retourne et ho, il me REGARDE! Me SOURIT! (Je rêve ou quoi???) On attend quelques instants dans le corridor - là où pestent plusieurs femmes enceintes qui doivent boire le "bon tit-jus" pour le test de glycémie - et X-Boy est appelé au domaine-de-l'aiguille.

D'ordinaire, piquer X-Boy implique une force herculéenne de la part de deux ou trois adultes qui tentent de le maintenir alors qu'il hurle jusqu'à en perdre conscience. J'explique rapidement à l'infirmière le topo et elle appelle une autre "piqueuse" en renfort. J'installe X-Boy sur le dos et je lui prends la tête en lui disant, grande blagueuse: "Tu te souviens de ce que je t'ai raconté tantôt? Plus tu es calme, plus vite ça va et ça ne fera pas mal. Qu'une petite piqûre et ensuite, on rentre pour jouer tout l'avant-midi avant que tu ailles à l'école. D'accord?" Il me souriait. Les infirmières ont installé leur équipement et j'ai dit à X-Boy de respirer car c'était "là", le moment important. Rentre l'aiguille dans la veine, le sang coule rapidement, les infirmières sont presque en train de boire un cocktail sur le bord d'une plage tellement c'est le calme sur la civière. X-Boy ne bouge PAS, ne pleure PAS, sourcille un brin en me regardant: comme si c'était moi la méchante. Dah. La petite ouate est installée sur le tit-bobo et zoup, X-Boy s'assoit sur la civière. Il regarde l'infirmière, lui sourit et se joint les mains tout en riant maintenant.

- OUI! Bravo Édouard!!! Tu es un grand garçon! X-Mom, votre fils est un vrai champion? Vous nous avez fait peur pour rien...

- Mais... d'habitude...

Et là les trois autres infirmières se mettent à pointer le "petit garçon CONTENT de s'être fait piquer". Ça rigole dans tout le local. Ça applaudit et bien sûr, X-Boy crie au meurtre sa victoire sur les "méchantes aiguilles". Je m'esclaffe et je ramène mon bouffon bien au chaud à la maison.

(Ce n'est pas parce que c'étaient les tropiques au CLSC que dehors, il fait moins froid. C'est février. Le mois de l'amoûûûûûrrrr et du gros frette sale!!!)

***

Tandis que j'habillais le bambin dans le corridor du CLSC, j'ai cru remarquer que X-Boy saluait les gens qui sortaient par la porte principale. "X-Boy, tu fais des bye-bye en plus? Hahaha".

***

Ce midi, une fois X-Boy bien installé dans son mini-autobus, je raconte au chauffeur les nouvelles "communications" du fiston chéri. Le chauffeur me sourit: tant de parents doivent lui raconter des histoires remplies d'espoir...

Et c'est là que j'ai vu X-Boy se tourner vers moi de l'autre côté de la vitre, me sourire de toutes ses dents presque cachées par son cache-cou. Il m'a salué avec sa tite-main camouflée dans sa grosse mitaine...

Le chauffeur a éclaté de rire:

- Ben voyons, X-Mom, votre fils vous fait des bye-bye maintenant???

- ???

***

La réponse n'est pas encore certaine.

Mais si c'était oui?

Je ne serais pas folle, puisqu'il y a eu un témoin.

Et un témoin du quotidien, ça compte.

Ma feuille de calcul est prête.

Le décompte est commencé.

Yes.

***

Sur ce, je vais reposer mes neurones surexcités dans mon nouveau décor de salon. C'est tellement beau, je vais vous rendre jaloux si j'écris sur le sujet. Gnark Gnark Gnark.

***