vendredi 21 décembre 2012

Une toute petite fin du monde

Aujourd'hui, c'est la "fin du monde selon les Mayas". Qui n'est pas arrivée, puisque je suis là, à vous écrire... alors qu'il pleut (ciboire) mais qu'il vient d'y avoir un superbe arc-en-ciel dans le fond du ciel pour nous rappeler que oui, c'est le temps des fêtes et qu'il faut se plaquer un sourire dans le visage.

Je semble sombre en ce début d'après-midi, mais n'ayez crainte. Ce sont des nuages. Ça se tassera avec le vent. Et avec le temps.

J'ai le coeur dans l'eau ce matin puisque c'est la dernière journée de X-Man à son boulot. Vous allez me dire: Mais euh, ce n'est pas "toi" qui y travailles... Soit. Sauf que ce qui affecte l'homme, affecte sa femme. Fallait le voir cette semaine, complètement absorbé à finaliser les papiers, les comptes, les dossiers à remettre. À chercher dans son bureau les éléments qui manquent, à travailler tous les soirs jusqu'à 22h00... après une journée qui avait commencé à 5h00 du matin. De loooongues journées où, au final, on ne s'est vu que quelques minutes au souper (les soirs où il était là) et quelques minutes avant d'aller faire dodo. Car le dodo, cette semaine, a été très tôt pour moi. Presque en même temps que X-Boy. Je suis comme mon fils, une vraie éponge aux émotions des autres. (Par chance, j'ai la faculté de ne pas pourrir comme les vraies éponges de mer (ou de mères! haha)! héhé)

J'avais le coeur gros de voir X-Man "emporter son portable" qui ne reviendra pas avec lui ce soir. De le voir, un peu morose en déjeunant. Il se demandait s'il pleurerait en fermant la porte pour une dernière fois. Il est entouré de collègues féminines et elles, elles ne s'en cacheraient pas. Ce midi, ils iraient tous diner ensemble, mais est-ce que ce sera aussi joyeux que d'habitude? Comment balayer du revers de la main toute une équipe qui se tenait serrée depuis tant d'années?

Bref, mes céréales manquaient de fruits ce matin. Surtout que cette nuit, X-Boy avait décidé de lutter contre la fin du monde en se réveillant à 2h30 pour jouer avec toute sa vivacité. Je n'ai donc pas dormi assez. Par chance, nous avons fait une sieste (chacun de son côté, pas question que je partage encore mon sommeil avec lui!) de 8h00 à 11h00. Et je l'ai envoyé à l'école. Gnark gnark gnark.

***

Je me remets difficilement de mon intoxication alimentaire. On dirait que ce revirement d'intestins m'a reviré la fatigue dans tous les coins du corps. Je m'exilerais dans un cocon ouaté suspendu dans une pièce toute noire et sans bruits pendant quelques jours... Je peux toujours rêver. Et apprécier le fait que mon lit est en coton ouaté (oh le jeu de mots!) et que la noirceur est très visible (hahah) grâce à ma toile ultra-opaque. Pour le bruit... euh, je peux toujours rêver. X-Boy n'a pas de "mute" sur son clapet.

Par chance, j'ai recommencé à pouvoir manger "normal". Le carburant rentre à nouveau, ouf-e.

***

Il y a aussi le fait que X-Boy a encore une otite et que ce week-end, dans la nuit de samedi à dimanche, il s'est réveillé à 1h00 du matin pour pleurer-rire-jouer jusqu'au soir du lendemain. Résultat: j'avais les cernes aux genoux et le moral dans les bobettes. Puisque ce dimanche, nous étions supposés de nous rendre chez Mamie-Z qui nous préparait son festin de Noël en avance car elle a quitté pour la Floride cette semaine, et ce, pour plusieurs semaines. Nous avons dû annuler. X-Man faisait par ailleurs une diarrhée sympathique ce matin-là. Alors hein, la famille X était dans un état pitoyable en cette journée de "fête".

Quel sentiment déprimant que de devoir annoncer à la famille notre absence. J'ai dormi beaucoup cette journée-là. Pour oublier. Et ne pas me culpabiliser.

***

Surtout, il y a le fait que depuis lundi, jour où X-Boy est allé voir le doc pour se faire prescrire une nouvelle souche d'antibiotiques pour venir à bout de son otite récalcitrante, il a recommencé à faire des absences épileptiques. Hier, il en faisait aux deux minutes. De petites absences très furtives, très difficiles à voir pour le commun des mortels.

C'est là où je rêverais d'être une commune des mortelles. Pas une mère aussi sensible. Dah.

J'ai téléphoné en neurologie et j'ai réussi à parler à l'infirmier clinicien. (Il y avait un arc-en-ciel tantôt, je vous disais!) Selon lui, il se peut que les deux antibios désormais combinés entraînent une diminution de l'efficacité des anti-épileptiques. Il faut attendre la fin des médicaments. (MAIS IL Y EN A POUR 6 JOURS ENCORE!!!) Et voir si ensuite, ça se poursuit. Parce qu'il se pourrait aussi qu'il faille changer les anti-convulsifs puisque X-Boy a grandi ces derniers mois.

Cette deuxième option entraîne chez moi une envie de sacrer à perpétuité. Ça me ferait du bien. Je suis capable d'endurer presque tout, côté médical, depuis la naissance de X-Boy. Mais l'épilepsie? Je hais. Je déteste. Je ne comprends pas pourquoi ça existe. Je hais son côté sournois, incontrôlable. Imprévisible. Et dévastateur. Je hais la peur qu'elle me laisse au fond de la gorge. L'angoisse de devoir retourner en ambulance. De voir X-Boy bleu, crispé et perdu.

Même si j'adore les Schtroumpfs. Tsé.

***

X-Man reviendra en fin d'après-midi.

D'ici là, je crois que le mieux sera d'aller dormir.

Et de rêver un peu.

***

Après tout, c'est Noël qui s'en vient. Je mériterais d'être en forme, non?

Ho Ho Ho que oui!!!

jeudi 13 décembre 2012

Ça grouille dans le microscope!

La non-nuit de X-Boy s'est terminée par une visite chez le doc le surlendemain. Car lundi, il est allé à l'école mais il a pleuré beaucoup là-bas. Et à son retour, il dormait dans sa poussette, ce qui m'a mis la puce à l'oreille. Oreille, retenez ce mot. Car ce soir-là, il pleurait fort fort FORT! Et il a vomi lorsque je lui ai donné deux Tylenol, la fièvre s'incluant dans le party. Pour une fois, j'ai suivi mon instinct: j'ai prescrit à X-Man une visite à 6h00 du matin mardi pour prendre un rendez-vous à la mini-urgence. Diagnostic de mère: otites non-guéries et probablement une amygdalite.

Diagnostic du docteur: otites résistantes et amygdalite en formation. HA HA! Je le savais, lalalère. Non pas que j'étais contente qu'il soit ainsi malade, hé je vous rassure. Mais j'étais contente d'avoir réglé la situation rapidement avant qu'elle ne dégénère en épisode de "je-ne-mange-plus-je-ne-prends-plus-mes-médicaments-et-je-vomis-partout".

Ma joie fut de très courte durée...

Ce lundi soir-là, à 17h00, X-Boy s'est endormi sur moi alors que je tentais de le calmer. Bien installée au salon, le téléphone a sonné. C'était X-Man.

- Est-ce que tu as eu le temps de faire le souper?

- Oublie ça, X-Man. X-Boy est très malade. En ce moment, j'ai réussi à le calmer en lui recouvrant les oreilles avec la couverture de polar.

- Ok. Tu veux que je rapporte du Scores pour souper?

- Bonne idée. À tantôt.

X-Man est arrivé avec deux boîtes de victuailles fast-foodiennes. Nous n'en mangeons pas très souvent ici, mais dans une telle situation, une bonne "bouffe en boîte" était plus que bienvenue. Puisque X-Boy a dormi jusqu'à 19h00 dans mes bras, nous avons mangé sur le sofa (de vrais enfants!) et devant la télévision. Un petit nid douillet qui ne laissait présager qu'il y aurait orage sous la toiture ce soir-là.

Vers 20h00, X-Boy s'est endormi pour la nuit dans son lit et c'est là que j'ai commencé à me sentir étrange. J'avais le ventre gonflé, douloureux et une grosse boule dans l'estomac. Mais je suis ainsi, quand je ne dors pas une nuit, j'ai l'estomac tout retourné. Alors j'ai donné un bisou de bonne nuit à X-Man (subjugué et déçu de me perdre aussi tôt dans cette soirée!) et je me suis enfilée deux Tums.

À 1h00 du matin, "ça" s'est pointé à la sortie! On ouvre les valves: j'ai conversé pendant de looongues minutes avec la toilette. Oh oh. Intoxication alimentaire? Vraiment? J'ai le temps peut-être? Et je mérite ça alors que mon fils est malade???

Je suis retournée au lit. Inquiète et déjà épuisée. X-Boy s'est réveillé quelques minutes plus tard. J'ai tenté d'aller le voir, mais j'ai "exigé" l'aide de X-Man, car j'avais un appel important à régler avec les équipements sanitaires. Une superbe nuit en perspective. Le petit qui pleure sa vie, la mère qui dégueule la sienne et le père qui sacre la nuit car bordel, il faut qu'il soit à la clinique à 5h45 et qu'il parte en tournée à 9h00 le matin pour ne revenir que le surlendemain...

Je suis allée murmurer un genre d'ordre à X-Boy vers 2h00 du matin: X-Boy, mon chéri-que-j'aime... Maman elle est très malade, elle ne peut pas s'occuper de toi cette nuit. Alors dors jusqu'au matin, ton papa ira à la clinique et je serai mieux à ce moment-là. Tu peux faire ça pour moi? Pour nous?

X-Boy a dormi tout le reste de la nuit, malgré mes nombreuses visites à la toilette qui jouxte sa chambre.

Au matin, X-Man est parti faire la file à la clinique et j'ai prié pour que X-Boy ne se réveille qu'à son retour. Car côté forces, je n'en avais plus. Tout simplement.

Par chance, X-Boy est très conciliant et ne s'est réveillé que lorsque X-Man a mis la clé dans la porte de la maison. En voyant mon état catastrophique, X-Man a rapidement conclu qu'il devait remettre sa tournée au lendemain. J'aime les hommes vifs d'esprit. Bisou.

X-Man a donc pris le chapeau de l'infirmier et s'est occupé du petit toute la journée. Tandis que je dormais. Bien droguée aux Gravol afin d'éviter l'hospitalisation. De toutes façons, c'est ce qu'ils m'auraient donné, en plus de me réhydrater. Alors j'ai sucoté 5-6 bâtons glacés de Pédialyte et j'ai dormi 23 heures sur 24.

Hier matin, donc, j'étais supposée d'aller mieux. Ce n'était pas le cas. Complètement courbaturée, comme si un dix-roues m'était passé sur le corps. X-Boy, néanmoins, était en forme. L'antibiotique avait déjà commencé à agir. X-Man m'a demandé si je serais correcte pour passer la journée et la soirée... car il ne serait pas de retour avant le lendemain. J'ai maugréé un "ouais pas le choix".

Ce qui est vrai. Car je n'ai pas le choix. Ici, il n'y a qu'un revenu et la période avant Noël est cruciale en librairie. D'autant plus que comme X-Man perd cet emploi le 21 décembre, il doit régler une tonne de dossiers. J'ai pris mon mal en patience, littéralement, et j'ai tenté de trouvé du positif dans ma journée.

X-Boy souriait, mangeait et buvait. Et surtout, il avalait ses médicaments. La journée s'est lentement terminée et je me suis couchée en même temps que X-Boy.

Ce matin, X-Boy était encore plus en forme. Mais mon corps, lui, toujours pas.

La diarrhée était encore ma meilleure amie. Alors je lui ai fait voir la couleur de 2 Immodium, je me suis tapé un Gravol sans somnolence et là, en ce moment, il est 13h30 et je suis capable d'écrire.

Alors je suis presque guérie.

***

Sur ce, je vais faire dodo. X-Boy est à l'école.

Ouf-e.

Un répit.

lundi 10 décembre 2012

Vivre dans la nuit...

X-Boy s'est transformé en chat sauvage depuis les dernières semaines. Deux ou trois nuits par semaine, il se réveille soit à 2h00, 3h00 ou 4h00 et il JOUE. Oui oui, Môsieur hurle de bonheur, rigole et joue avec sa doudou pendant des heures. Car JE refuse qu'il se lève avant 6h00. Et il faut qu'il comprenne que la nuit, c'est fait pour d-o-r-m-i-r, bon.

Vous me direz: mais dors même s'il est réveillé. C'est dans le domaine de l'impossible. Il crie trop fort et toutes les 15 secondes. Et mon coeur de mère a toujours ce petit doute que "et s'il fait une crise d'épilepsie et que c'est un signe avant-coureur?". Alors hein, je ne réussis pas à m'endormir et au matin, j'ai les yeux petits comme ceux d'un hamster. Et l'énergie à - 140.

Cette nuit, X-Boy a remporté la médaille du "tu-fais-vraiment-chier-à-cette-heure-là-mon-bonhomme".. Il s'est réveillé à 1h15!!! Je croyais halluciner. Je l'ai recouché (car il joue assis) aux demies-heures mais RIEN à faire. Il n'a jamais baillé... ni pleuré de fatigue...

X-Man a pris le relais à 7h00 et je me suis recouchée à 7h30. X-Boy s'est endormi à 8h30 et nous nous sommes réveillés à 11h00 cet avant-midi. Une telle routine abracadabrante, ça te "scrappe" une journée... J'ai quand même décidé que X-Boy irait à l'école, question qu'il conserve sa routine de "jour". Et que je récupère.

S'il y a un état d'être que je déteste, c'est celui-ci. Celui d'avoir l'impression de n'avoir plus de cerveau, plus de réflexes. Juste cette envie de dormir pour toute les heures à venir...

***

Alors je me change les idées et je vous raconte mon bref séjour au Maroc la semaine dernière:

Je suis allée au Maxi avec X-Boy jeudi dernier, en après-midi, puisque c'était une pédagogique et que toute la matinée, nous avions dormi. X-Boy s'était levé à 3h00 cette nuit-là...

J'étais dans une belle humeur et X-Boy aussi. On se baladait dans les allées en se faisant des cris comme nous deux pouvons les faire. Au diable les autres clients qui nous dévisagent. J'avais décidé que j'aurais tout le plaisir du monde à faire des emplettes cette journée-là.

Au détour d'une rangée se trouvait un jeune homme à la peau basanée aux cheveux très noirs. Il tenait en ses mains une tablette avec des feuilles. Je me suis dit: "Ah non, pas un vendeur de cossins...".

J'ai roulé malgré moi vers lui et il m'a souri. Des dents splendides. Un sourire très franc. X-Boy s'est même retourné, ce qui m'a grandement surprise...

- Bonjour Madame! Bonjour Petit Garçon! Tu es grand, toi! Tu t'appelles comment?

- Il s'appelle X-Boy.

- X-Boy? Quel beau prénom. Moi c'est Amin. Tu peux dire Amin, X-Boy?

- ... X-Boy ne parle pas...

- Oh je sais, mais il comprend ce qu'on lui dit.

- Vous croyez?

- Bien sûr. Regardez comment il me regarde. Il m'a souri, aussi.

En effet, X-Boy n'en avait que pour ce jeune homme à la chemise aussi blanche que ses dents. Ébaubie étais-je.

- Je suis là pour vous proposer la carte de crédit "Choix du Président"...

Il m'a expliqué les procédures, les avantages et tout le reste. Ce qui m'a intéressée, le 5$ de rabais qui serait immédiatement appliqué à la caisse cette journée-là! Je ne suis pas cheap, mais bon, les sous ne poussent pas dans les plats de plastique qui jonchent le sol dans notre maison, malheureusement. Héhé.

J'ai pris le coupon-rabais, puis je me suis surprise à poser des questions personnelles à cet Amin-venu-de-je-ne-savais-où. Faut croire que le manque de sommeil m'avait fait oublier que justement, je n'aime pas qu'on me pose des questions personnelles dans un lieu public. Mais il était tellement gentil et il répondait sans froncer les sourcils.

J'ai donc appris qu'Amin venait du Maroc, qu'il était au Québec depuis trois ans et que non, il ne s'habituerait jamais à l'hiver. Je l'ai rassuré, moi non plus, pure Québécoise, je ne m'y habituerai jamais et je hais geler des pieds. On a bien rigolé. Sans qu'il ne me pose la question, je lui ai parlé du handicap de X-Boy. Il a sourcillé.

- Il est handicapé?

- Bien oui.. c'est évident, non?

- Ah non. C'est un petit garçon qui a des lunettes. C'est tout ce que je vois ici.

- Mais il a quatre ans et il ne parle pas. Ni ne marche encore.

- Peut-être, mais moi, j'ai un grand frère handicapé qui a 40 ans et lui, il a vraiment "l'air" handicapé, a-t-il répliqué en riant aux éclats.

- Vous êtes marrant! Vous riez ainsi de votre frère handicapé?

- Je n'ai jamais ri de lui. Mais au Maroc, avoir un enfant handicapé, c'est un cadeau que la vie nous envoie. Nous avons un dicton qui dit qu'avec un enfant handicapé viennent la richesse, la bonté et l'amour. Et je vous jure, avant la naissance de mon frère (le premier de quatre enfants), mes parents étaient très pauvres. Puis, au fil des ans, mon père a trouvé un emploi payant et maintenant, nous vivons très bien.

- Vous avez un dicton de bonheur raccroché à ce qui, ici, est considéré comme un des plus grands malheurs qui puisse arriver à une famille??? Je suis sous le choc.

- Les mentalités sont très différentes, en effet. Au Maroc, personne ne rira d'une personne handicapée, puisqu'elle fait partie d'une famille. Moi, je suis le plus jeune et je me promenais souvent avec mon grand frère (qui ne marche pas, ni ne parle et qui est tout "croche") et je n'attirais aucun regard. Aucun commentaire. C'est ainsi.

- Je déménage!!! Ici, les gens courent pour nous poser des questions, poser leurs diagnostics, nous pointer du doigt...

- J'ai remarqué, en effet. Vous faites partie d'un pays pourtant très ouvert, qui accueille les immigrants.. mais les gens différents de votre propre "famille", vous ne les acceptez pas?

- Mmm. C'est facile de généraliser... parce que mon entourage accepte mon fils tel qu'il est. Et il va dans une école spécialisée qui est remplie de gens qui ne voient plus les différences.

- En effet, on a tous tendance à généraliser... Je ne voulais pas heurter vos valeurs...

- Tut tut tut, aucunement! J'aime bien discuter d'ouverture d'esprit...

- Vous aimez beaucoup votre fils et ça paraît. C'est vous que j'entendais rire dans l'autre rangée?

J'ai rougi.

- Euh... oui... J'avais décidé qu'aujourd'hui, je sortais X-Boy et qu'on s'amusait en se foutant des autres... C'est drôle, hein?

- Oui. Et c'est parfait ainsi. X-Boy est heureux d'être avec vous. Il est tellement beau, votre fils.

- Merci.

J'ai rougi. Encore.

- Je peux lui donner un bisou sur la joue? Je m'ennuie de mon frère.

- Allez-y.

Il s'est penché et a donné un léger bisou sur la joue de X-Boy. Puis, il lui a murmuré une phrase en arabe.

C'est à ce moment que X-Boy s'est tourné vers lui, a sourcillé puis lui a donné le livre avec lequel il jouait depuis toutes ces minutes à nous écouter discuter dans l'allée des biscuits.

Amin a saisi le livre, lui a montré le canard jaune puis X-Boy s'est esclafffé. Il riait aux larmes.

Amin m'a pris la main puis m'a souhaité une bonne journée.

Car il devait continuer son boulot.

***

Je ne saurai jamais ce qu'il a dit à X-Boy, je ne connais pas cette langue.

Mais je sais que X-Boy a compris.

Et que Amin se souviendra toute sa vie de ce rire venant d'un petit Québécois, un après-midi de décembre.

Amin ne s'habituera jamais à l'hiver, mais peut-être aura-t-il moins froid en pensant à mon fils.

Enfin je le lui souhaite, en pur Québécois... d'avoir moins frette mon Joe.

Et de vivre heureux au printemps qui lui chauffera la couenne.



mercredi 5 décembre 2012

La méchante kéffeuse...

Tut tut tut, je ne pourrai plus "juste" blâmer les Matantes-Auburn désormais.

Car aujourd'hui, j'ai rencontré la Reine: Une Matante-Blonde-à-la-coupe-carrée-comme-son-caractère.

***

Cet après-midi, c'était le plan d'intervention avec les spécialistes à l'école de X-Boy. X-Man devait être présent et serait donc avec nous pour le reste de la journée. Alors j'ai profité de sa force de mâle pour emmener le petit au centre d'achats et lui payer une coupe de cheveux "pour le temps des fêtes". Il était vachement mignon avec ses couettes de travers et ses bouclettes de cheveux trop longs, mais il y a des limites à le faire ressembler à René-Charles. Quand même.

X-Man avait un rendez-vous avec un libraire (X-Man se serait senti coupable de ne pas travailler "tout" l'après-midi, tsé) dans le centre d'achats et il nous a laissés à l'entrée du Paris Coiffure.

***

Bon là, faudrait m'expliquer. On s'en fiche des coiffure de Paris, non? Ça vous inspire vraiment confiance de vous faire coiffer par des fans de la baguette et du fromage qui pue? Pourquoi je suis allée là, d'abord? Je vous l'ai dit... faut tout vous expliquer. Pour épargner mon dos. Parce que chez ma coiffeuse, la poussette de X-Boy ne passe pas la porte et que l'emmener "à bras" du stationnement à la porte, ben c'est du domaine du "Ayoye ostie" pour le reste de la journée.

***

Ainsi, je rentre chez Parrrris Coiffure et à l'entrée se trouve la caisse. Toutes les coiffeuses sont affairées, sauf une qui semble jouer à l'autruche au fond de la pièce. La coiffeuse la plus près s'avance.

- Bonjour! C'est pour une coupe pour mon garçon.

- Bien sûr, Madame. Il y a de la place tout de suite.

Cette coiffeuse retourne à sa tête et j'attends. Personne ne vient, mais je vois l'autruche soupirer. Je m'éloigne du comptoir principal et vais m'asseoir sur un fauteuil vacant. L'autruche - ou appelons-la - La Reine-Blonde-des Matantes - s'avance en se traînant les pieds. (C'est sa technique pour nettoyer les cheveux qui font naufrage sur le plancher?)

Elle arrive à ma hauteur. Dévisage X-Boy. Je sens que la chimie ne passera pas bien. Je me flanque mon visage le plus sympa (celui de tous les jours, allons!) et je lui dis: Bonjour! Votre nom c'est?

Elle me répond le plus sèchement du monde son prénom de pure matante. Je vous laisse le deviner. C'est ultra-facile. Elle se dirige d'un pas lourd vers son siège qui se situe au fond. Je me suis dit: Ah, elle ne jouait pas à l'autruche, mais au vautour!!! Elle guettait son siège!!! L'image m'a fait sourire comme une dinde. (Ornithologue refoulée, je vous l'avais dit!)

Je roule X-Boy jusqu'à la chaise. Je demande à "Vultura" si la poussette nuira à cet endroit. Elle me dévisage et crache:

- Ben là, oui.... Mmmpf, mettez-moi ça au fond là-bas, à côté du lavabo.

Le doute m'a atteint. Je quitte là? Non, je lui laisse sa chance. Elle a peut-être la ménopause hurlante. Ce n'est pas de sa faute.

Elle m'interpelle:

- Bon, lui, il se tient tout seul sur une chaise?

- Oui. "Lui", c'est Édouard. Il vous dit Bonjour...

Aucun sourire. Rien.

Je tente d'alléger l'atmosphère, car je vois bien que ça la fait chier de coiffer un handicapé. Pourquoi c'est elle qui se le tape, hein? Poser la question c'est y répondre. Parce que c'est la seule sans client. Et que c'est facile à comprendre.

- Alors, Madame, vous n'avez pas peur des handicapés?

- Ben non. On en a plein ici. Mais c'est plus difficile pour nous autres.... (Soupir Gigantesque)

- Ah. Oh, en passant, X-Boy bave. (Il venait de laisser une goûte sur la "jaquette" de plastique)

- AH BEN LÀ!!! Fallait le dire AVANT!!!

- Euh... c'est quand même juste une goutte de bave, on ne va pas paniquer! (sourire forcé ici)

- BEN LÀ! Vous allez prendre cette serviette et lui mettre au cou. Mais la prochaine fois, mettez-lui une bavette, franchement.

- ... En tout cas, je vais le surveiller. Tout à coup que sa bave ferait fondre votre plastique!

Rien. Aucun sourire.

Ce fut l'instant où je me suis dit: Je prends le petit et je fous le camp. Non mais, en plus d'avoir des broches et de me les montrer lorsqu'elle grogne, elle peste sans arrêt? Je suis qui pour supporter ça, moi? Et X-Boy ne mérite pas ça.

Sauf que bon, je n'ai pas voulu causer de drame dans un salon bondé. Ste-Banlieue, c'est petit. Et des X-Boy, ça se reconnaît rapidement. Alors j'ai encaissé et j'ai gardé le sourire.

X-Boy n'a presque pas bougé tout le long de la coupe. Il avait compris qu'il fallait que ça se fasse vite et bien. Que s'il bougeait, elle lui coupait une oreille et qu'elle la mangerait pour souper en regardant Buffy The Old Bitch Vampire...

Ça aura duré 10 minutes. Elle a osé quelques commentaires déplaisants du type:

- Seigneur, y'était temps.

- C'est un garçon. Il avait l'air d'une fille.

- Y'était vraiment dû.

- Franchement.

- Ses cheveux sont raides. Les bouclettes sont dues à la longueur. Tous les cheveux tournent lorsqu'ils sont trop longs. (Réponse à ma question: si je les laisse pousser, aurait-il une tête frisée?)

- Il n'y a pas assez de clients. Les clients sont tous des pas fins. Ils attendent une semaine avant Noël et chialent parce qu'on n'a plus de place.

- Ça va faire 13,50$.

Elle ne m'a même pas souhaité bonne fin de journée. Ni à X-Boy. D'ailleurs, elle n'a JAMAIS adressé la parole à X-Boy. Aucun "Tu fais bien ça, mon bonhomme" ou "Tu as des beaux grands cils". Rien. Aucune attention à son égard.

En fait, je crois qu'elle ne voulait pas le voir. Par chance qu'elle voyait ses cheveux.

Je lui ai laissé 1,50$ de pourboire.

Gentille de même.

Et je me suis dit: Hen hen, toi tu auras ta page sur mon blogue, vieille poule sans coeur.

Je te ferai l'honneur d'être mon sujet du jour.

T'es chanceuse, hein?

mardi 4 décembre 2012

X-Boy et "sa" Marie... ou Marie et "son" X-Boy...

Je ne vous ai pas souvent parlé de Marie, je crois. Pourtant, elle mériterait un nombre incalculable de lignes à son sujet. Elle apporte ÉNORMÉMENT de bonheur dans notre quotidien.

Alors c'est qui cette Marie? C'est la gardienne de X-Boy.

Une petite-grande Marie (car elle étudie en psychologie à l'université) qui a le coeur grand comme sa passion pour les enfants différents. En effet, Marie nous a été envoyée du ciel "social" par l'entremise de N., l'éducatrice spécialisée (spécialement appréciée dans cette chaumière!) qui lui a demandé, l'été dernier, si elle était intéressée à garder X-Boy. Elle savait que Marie gardait déjà un petit garçon autiste et qu'elle travaillait à l'hôtel que possède son père, en plus de faire ses 35 heures en tant qu'animatrice de camp de jour pour les enfants handicapés de Ste-Banlieue... Bref, elle savait que Marie avait l'étoffe d'une super-héroïne et c'est ainsi que Marie, ne voyant pas que les journées n'ont que 24 heures, accepta volontiers de venir sauver un couple de son quotidien bien particulier.

Marie s'est donc amourachée de X-Boy et pour X-Boy, ce fut le coup de foudre. J'avoue qu'en tant que "jeune mère", j'ai littéralement craqué pour la fougue et le dynamisme de "notre" Marie. Elle parle vite, elle parle fort, elle a une voix rauque qui me fait rigoler et elle s'enflamme devant toutes les injustices du monde! Elle se débat contre les préjugés, elle affronte les imbéciles avec une argumentation bien étoffée et elle préfère de loin s'occuper d'enfants handicapés que d'enfants "normaux". Sans préjugés ici, mais Marie préfère faire une différence et "travailler" à montrer un nouveau geste, un nouveau mot, pendant des heures à un enfant qui a pour meilleur ami la lenteur si dépréciée dans notre société. Marie a la volonté de changer ce monde "différent" à petit échelle et elle s'émerveille devant la capacité de "ces enfants-là" à toujours vouloir apprendre.

Avec X-Boy, elle est gâtée. Quand elle vient s'occuper de lui, elle le fait "travailler fort". Toujours en riant, elle fait répéter à X-Boy un geste parmi tant d'autres jusqu'à la réussite. Quand on revient d'une petite sortie en amoureux, elle me raconte, les yeux ultra-pétillants, tout ce que X-Boy a fait, combien de câlins il lui a donnés, les sons qu'il fait... et je pourrais l'écouter des heures. Au travers de ce récit, je lui pose 1001 questions sur les "autres" enfants handicapés qu'elle côtoie au camp l'été et on parle beaucoup de ses études actuelles, de sa future carrière, de ses ambitions. Et parfois de son amoureux. Qui parfois, vient rejoindre "sa" Marie pour écouter un film en sa compagnie. Cet amoureux, il a la douceur au coeur... et il a perdu, il y a de cela deux ans, sa soeur handicapée qui est décédée suite à une pneumonie... Marie n'a pas pu la sauver, celle-là...

***

Hier soir, le téléphone sonne. C'était Marie. Sur son ton joyeux (avec sa voix de baryton-post-ado) elle me lance:

- Salut X-Mom! Ça va?

- Oui Marie! Et toi?

- Oui! Je pensais à ça hier et je me disais que demain soir, je reviendrais plus tôt de l'université et comme je serai tannée de faire des devoirs... bien, je garderais bien Édouard tandis que vous pourriez sortir en amoureux? Qu'est-ce que tu en dis?

- Je rêve ou c'est la gardienne qui appelle?!? Hahaha. Tu es sérieuse, Marie?

- Oui... Je m'ennuie tellement de X-Boy et je voulais passer le voir... mais je me suis dit, ben tant qu'à passer, pourquoi vous n'en profiteriez pas?

- Wow... Je rêve. Écoute, je ne sais pas quoi dire. Enfin oui, je dis OUI!

- Cool!!! Je peux arriver vers 17h30, est-ce que c'est correct?

- Parfait. X-Boy est en pleine forme. Il va être vraiment content de te revoir!

- Ok! À demain.

J'ai raccroché. Béate. Bouche bée. Non mais n'y a-t-il pas plus bel appel que cela en un lundi soir pseudo-décembre? Woah.

X-Man est allé déterrer le cahier cinéma du bac de récupération. On s'est choisi un film et on s'est mis à parler de notre dernière sortie au cinéma. C'était en août et on avait vu Batman.

Et à notre retour, X-Boy ne dormait toujours pas. Il était bien calé entre les bras de Marie et ils souriaient tous les deux comme des gamins.

Marie n'avait pu résister... X-Boy lui faisait du charme dans son lit.

X-Boy aime "sa" Marie. La preuve. Lorsque Marie essaie de me parler, X-Boy crie et jase le plus fort possible.

Souvent, même, il dépose un jouet sur les genoux de Marie, l'air de dire: Hé ho, tu es venue pour MOI!!!

Alors hein, ce soir, mon garçon, occupe-toi en bien de "ta" Marie...

Moi je sors avec ton papa et on s'en va à St-Élie-de-Caxton rêver un peu...