mardi 31 janvier 2012

Donnez-moi de l'oxygène!!!

Un titre à double effet: un pour X-Boy et un pour moi.

***

Ça fait plus de deux semaines que je ne donne pas de trépidantes nouvelles. Mes silences sont soient dus à:
a) ça ne va pas chez nous
b) j'ai trop de besognes à accomplir.

Cette fois, c'était un mélange des deux. Depuis le 8 janvier exactement, X-Boy a fait des épisodes larmiesques plutôt déroutants... autant dans leur intensité que dans leur fréquence. C'était à n'y rien comprendre. Du 8 janvier au 11 janvier, il a pleuré presque sans arrêt le jour, pour dormir quand même ses nuits. Ensuite, cette semaine-là, il pleurait par intermittence. Mais plutôt violemment. Il avait l'air d'une chenille sur l'acide tellement il bougeait frénétiquement ses jambes et ses bras. Une nouvelle sorte de hip-hop, quoi.

La semaine d'ensuite, il a été plus calme. Que dis-je là? Nan. Mais mon imperméable aux pleurs incongrus et incompréhensibles me recouvrait un peu mieux. Il a néanmoins commencé à croquer TOUT ce qui se trouvait à sa portée. Et quand il n'avait plus rien pour mettre ses empreintes de dents, il croquait sa propre main (garde l'autre pour demain) ou MON bras. Pourquoi pas? Je goûte bon, c'est clair. (hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii, un gros fou rire imbécile ici!)

Sa façon de recouvrir ses doigts de bave, de même que tous les murs et les planchers commençait à m'agacer les nerfs de la mère-ménagère. Il y a quand même des limites à ce que son fils ressemble à un chat qui fait son territoire en splashant ses couilles sur les meubles. (Tiens, X-Boy, c'est quand même une chance que tu n'aies pas encore de testicules, hein?) (Re-hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!) Et la limite a été atteinte mardi dernier alors que je l'ai surpris en grande mordaison féroce du calorifère de la cuisine.

- X-BOY!!! C'EST LE CALORIFÈRE, ÇA!!! ET ÇA CHAUFFE!!! Veux-tu bien me dire kossé tu fais???

- Je ne parle pas, la grande... tu te souviens?

- Mmmpf. C'est là que j'en ai eu marre aussi du fait de ne pas savoir. Et que je m'étais donné comme dead-line jeudi pour aller voir un doc. Non mais, un fils qui mange du métal (car avant le calorifère il y a eu des cymbales (n.m.) et des grelots. Et les fourchettes et cuillères.. mais ça, on se les met tous dans la bouche, ne mentez pas ici.

Jeudi matin, donc, après un mercredi étrange côté comportemental, j'ai présenté X-Boy à sa physio et à son ergo de cette façon:

- Tiens... jouez avec lui, parce que depuis deux semaines, il est bizarre. Soit il pleure en se tortillant comme un ver à chou, soit il mange des calorifères.

- Hein? Hahahaha... X-Mom, tu es en forme ce matin!

Vous voyez ce que ça fait, être drôle dans son quotidien. Les filles pensaient que je blaguais. Dah.

Après 30 minutes de thérapie, X-Boy pleurnichait dans la balançoire qu'il affectionne pourtant d'habitude et avait les joues rouges. En plus d'un manque d'énergie pas très commun chez ce specimen, surtout en présence de ses coach en mouvements.

Les filles m'ont regardée, perplexes:

- Il ne va pas bien, hein, X-Boy?

- Vous trouvez, vous aussi?

- Ah oui.. il n'est pas dans son état... et pourquoi il mange sa main ainsi? On dirait qu'il veut se détruire la mâchoire?

- Bon. C'est ce que je me disais. J'avais besoin d'un avis extérieur pour bouger. Merci les filles, je vous reprends votre cobaye et je l'emmène de ce pas voir la pédiatre-salvatrice. (Celle de l'épisode Halloween). Ciao.

J'ai quitté le centre de réadaptation avec mon enfant-pleureur (je suis un saule inconsolableeeeeeee!) et je l'ai emmené à la réception de la clinique où je sais que la pédiatre travaille quand elle n'est pas à l'hôpital. La réceptionniste m'a bien fait comprendre que Docteur-Grogne (affectueusement rebaptisée) n'était pas à la clinique et qu'il m'était défendu de la contacter à l'hôpital. "Parce que si les parents font tous ça... blablabla". Je lui ai coupé le sifflet en lui répliquant que JE n'étais pas TOUS les parents et que X-Boy ne-parle-pas-et-ne-va-pas-bien-et-y'-a-personne-qui-va-me-croire-à-l'urgence-qu'il-est-malade-bon. Et qu'il n'y a que Dre-Grogne pour le sauver. Fait vérifié. (En plus, vendredi soir, nous étions allés à une clinique sans rendez-vous et la doc n'avait rien trouvé chez le petit, faque hein!)

Ce qui était bien, jeudi passé, c'est que j'étais dans un SPM qui me transformait en lionne. Et qu'il n'y aurait personne pour m'empêcher de trouver l'aide nécessaire pour soigner fiston. J'étais prête à faire un sit-in et à passer à TVA, tiens. J'en avais plus qu'assez de notre ostie de système de santé déficient mais non-diagnostiqué handicapé, lui. Le système devrait avoir sa vignette et la mettre dans son pare-brise. Au moins, on dirait que "ce n'est pas de sa faute, pauvre petit". (Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii, je déconne fort!!!)

***

Après avoir téléphoné et parlé avec succès à une infirmière de pédiatrie, Dre-Grogne a exigé de voir X-Boy vers 16h00 et de prévoir une hospitalisation. Elle se souvenait de lui (et de nous, parents incroyables) et elle a dit à l'infirmière que si j'avais téléphoné, c'était un cas sérieux. YES!!! Enfin quelqu'un qui nous croit sans preuve de fièvre-boutons-plaques-gangrène-grimpante!

Je suis arrivée à l'hôpital avec un X-Boy complètement en pleurs. C'en était épeurant. Toutes les infirmières sont venues tour à tour essayer de le calmer. Nan, rien à faire. X-Boy avait mal. Dre-Grogne m'a demandé, avec son ton toujours aussi direct (si vous n'êtes pas habitué, vous pourriez vous effondrer en larmes devant un ton aussi bête!):

- Bon, X-Mom. X-Boy ne va pa bien, c'est clair. Mais est-ce que c'est une urgence?

- Euh... oui.

- En clair, là. Vous êtes tannée?

Avant de répondre, j'ai jaugé la question. Et mis de côté ma sensiblerie. Non mais, je serais une mère poche si je répondais oui?

- Ben... Oui. Oui, Dre-Grogne, je suis tannée. Je ne sais pas ce qu'il a. Je ne sais plus quoi faire. Et ça fait trois semaines.

- TROIS SEMAINES? Ben là.

- Glups.

- On l'hospitalise sur-le-champ. Donnez-lui une chambre qu'on l'isole un peu. Non mais, il va alarmer tout l'étage à pleurer de même. (Sourire de sa part, elle blague parfois, mais faut le savoir!)

Les infirmières et les préposées aux bénéficiaires sont sorties de leur nid en maugréant et en sacrant. Oui oui... j'en ai entendue une sacrer que ça ne se faisait pas d'admettre un patient aussi vite, sans prévenir. Et que c'était chien pour la famille qui venait d'avoir son congé et qui devait partir en sauvage.

Je me suis sentie très petite dans mes pantalons (phénomène agréable quand on voudrait maigrir), mais les infirmières m'ont rappelée que ce n'était pas de ma faute, tout ce branle-bas de combat. Fiou.

X-Boy s'est retrouvé dans sa chambre et ce n'est que quatre heures plus tard que Dre-Grogne a pu venir inspecter le petit.

- Bonsoir Dre-Grogne!

- Quatre heures d'attente. Ça n'a pas d'allure, bon.

- ...

- Non. Ça n'a pas d'allure.

- En effet. (Toujours approuver Dre-Grogne)

Elle m'a posé une batterie de questions auxquelles j'ai tenté de répondre malgré 135135 interruptions causées par les pleurs et les tortillons de mon rejeton-exténué. Puis, elle en est venue à une hypothèse:

- X-Boy est constipé.

- Pardon?

- X-Boy est constipé. Rien qu'à le voir pleurer ainsi par coups et à la façon dont il se tortille, ça me fait penser que c'est ça qu'il a.

- Juste ça? Et je suis ici pour "juste ça"? (À l'aide pour le sentiment moche, là!!!)

- X-Mom. Vous n'êtes pas ici pour rien. Il est "bouché", X-Boy. Il faut l'aider, c'est évident.

- Mais ça ne se peut pas. Il prend du laxatif à tous les jours depuis 2 ans!

- Et est-ce qu'il fait caca tous les jours?

- Non... parfois aux deux ou trois jours... ça dépend.

- Ben voilà. Ce n'est pas normal. Ça s'appelle Lax-a-day, son laxatif. Pas Lax-a-Week.

- Hahaha... s'cusez... mais elle est bonne.

Elle a esquissé un sourire.

- X-Mom... et ses cacas, ils sont mous au moins?

- Oh non! Ce sont des boulets... parfois des obus...

- Ben voilà. Vraiment pas normal. Sa dose n'est sûrement pas la bonne. On l'envoie en radio et je vous reviens avec les résultats. S'il s'est mis à régurgiter depuis trois jours, c'est parce qu'il n'y a plus de place dans ses intestins. Il aurait risqué l'obstruction... Voici votre papier pour la radio. Je vous revois dans une dizaine de minutes.

***

Je coupe ça là, drette de même!!! Mais ça m'aura pris la journée (grmblr!!!) pour arriver à écrire... je vous reviens avec la suite demain (dans le domaine des possibles!) qui va être remplie de purs rebondissements, woah! Quelle chance vous avez d'avoir des billets VIP, non? (hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii X 1000!!!!)

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vendredi 13 janvier 2012

Après la pluie, l'oraageeeeeeeeee!

Oh que oui. Cette semaine, j'ai fait ressortir la lionne en moi.

Après avoir relu mon dernier message et ce, suite à vos commentaires... j'ai déversé un paquet de larmes tout près de mon clavier et tout près du visage de X-Boy. Qui lui, fidèle à son attitude, a trouvé le moyen de me sourire en me tapotant la joue avec ses doigts trempés de bavouillage dégueulasse. Slurp.

Le cliché s'est avéré, mais de mettre en mots écrits de sombres pensées les rend encore plus sombres. Et réelles. Car elle m'habitait depuis quelque temps, cette colère "particulière". Cette écoeurantite de la différence leeeeente. Cette envie de partir en courant (vite vite vite) un beau matin et de revenir avec un bouquet de solutions à offrir à X-Boy et au reste de la planète, tiens. Pourquoi pas.

Après avoir pleuré une bonne partie de l'après-midi et à m'être posée les sempiternelles questions existentielles qu'on essaie d'enfouir au plus profond de notre sous-sol (sec ou inondé), X-Man est revenu du boulot.

Étant transparente (bien que plutôt épaisse... rhôôô, elle était facile, allons), je ne cache jamais très longtemps mes humeurs en face de l'amoureux. Mais ce soir-là, je m'étais carapatée derrière un air bête non-habituel et de très brèves réponses lorsque des questions usuelles étaient lancées. J'évitais X-Man comme je le pouvais, prétextant une soudaine envie de plier des vêtements dans notre chambre ou de ranger les jouets (déjà rangés) dans la chambre du petit. Après une heure de ce manège emmerdant, X-Man est venu à ma rencontre.

- X-Mom... À quoi tu joues?

- Et toi, comment s'est passée ta journée? Les libraires étaient de bonne humeur?

- Oui. Mais pourquoi ça t'intéresse?

- Je m'intéresse à ton boulot. C'est pas compliqué... (Et c'est vrai, j'aime quand il me parle de son travail)

- Mmm. T'as blogué ta tristesse, finalement?

- Oui.

- Et?

- Rien. C'est fait. C'est correct. Ça m'a fait vraiment du bien. Tatie-C. m'a téléphonée pour s'assurer que j'allais bien... marrant, hein?

- Non. Qu'est-ce que tu as écrit là-dedans?

- La vérité. Tu le liras tantôt, après souper. Mais attention, j'ai pleuré en le relisant.

- Ah c'est ça... t'es encore vraiment triste, hein?

- ...

- X-Mom... dis-le tout de suite quand tu ne vas pas bien... parce que là, on aurait pu se disputer pour des niaiseries ce soir... je commençais à te trouver vraiment difficile à suivre... tu me fuyais?

- Ben là... je n'ai pas envie de t'emmerder avec mes niaiseries. Et de pleurer sur mon sort qui est le tien, aussi.

- X-Mom... tu peux être découragée.. c'est normal... Et j'aime mieux savoir dans quel état "mental" tu es plutôt que ça m'explose en plein visage dans quelques mois...

- Je PEUX être découragée?? T'es sérieux.

- Oui...

- Ben attache ta tuque... parce que tu ne me le rediras pas deux fois.

Et Bouhouhouhouhou X 100 000 000. Je me suis assise face à X-Man et j'ai tout déballé en reniflant, en sanglotant et en re-reniflant. Je lui ai exprimé toute ma colère, mon désarroi, mes impatiences, mes incompréhensions, mes complexes, ma culpabilité, mes sentiments mélangés, mes envies de m'exiler une semaine, loin de tout ça. Afin de reprendre des forces, de retrouver la patience. D'être forte, quoi.

- Mais tu es forte.

- Ah oui, hein? Forte... BEN PAS PANTOUTE. Parce que là, X-Boy, il grandit et il grossit et merde, j'ai beau avoir un look à la Hulk féminisée, mes muscles et mon estie de dos ne veulent PLUS suivre. Je me sens de plus en plus démunie, X-Man. Aujourd'hui, j'ai décidé d'aller prendre une marche avec X-Boy dans sa poussette et le simple fait de l'habiller et de le re-re-re-rhabiller (car X-Boy enlève tout au fur et à mesure), j'étais épuisée. Ensuite, il a fallu que je sorte le siège de la cuisine pour aller le "clipper" sur la base, qui elle, pèse trois tonnes et est DANS le coffre de la voiture... attache le maudit siège, rentre dans la maison avec les bottes toutes mouillées pour retrouver qui? X-Boy tout dévêtu!!! Raaagh. Si tu savais comme c'est exaspérant. Et quand je l'ai soulevé pour l'amener jusque dehors, ben j'ai failli l'échapper! Il est rendu trop lourd et avec son habit de neige, il pèse encore plus!!! Et il gigote, il se tortille, bref, c'est la débandade. Et arrivés dehors, Môsieur s'est mis à pleurer!!! Tu imagines??? Après tout ça, Môsieur fait des siennes et ça ne lui tente pas d'être dans sa câlisse de poussette de luxe??? Pus capable, X-Man.

- Hihihi.. excuse les rires.

- Mmm. Mais je suis allée me promener PAREIL BON. Pas question que je m'empêche de prendre l'air. Nan. Sauf que Môsieur est dégourdi, hein, alors il a compris comment enlever ses foutues bottes!!! Et ses bas, pourquoi pas??? Mais tu sais COMBIEN de fois il a fait ça en moins de 10 minutes de marche??? Au moins 10 FOIS!!! X-Man, je voyais rouge-mauve-noir. Je n'ai AUCUN plaisir à me promener avec un fétichiste du pied nu à - 10 degrés celsius.

- Hihih... excuse X-Mom, mais t'es mignonne quand tu te fâches ainsi.

- Aaargh. X-Man, t'es pas correct. J'ai l'air du yable, j'ai les cheveux gras, un t-shirt déglingué et des pantalons de jogging. Pis la face écarlate et les yeux bouffis comme des chou-fleurs. Faque ta mignonceté, garde-la pour quand je me force à avoir l'air d'une femme. Parce que j'en suis une, hein.. en-dessous de tout cet attirail de guenillou, je peux être une femme. Mais bon, pour ça, va falloir que tu prennes un numéro au comptoir de la "femme retrouvée" parce que en ce moment, elle est back-order. Bref, qu'est-ce que je disais?

- Euh... hihihhi... tu devrais faire un show d'humour?

- Ah oui... c'est sûr. Ça pogne, les tites-grosses sur un "stage". Regarde Lise Dion. Tu me niaises, là?

- Oui. Tu disais que X-Boy enlevait ses bottes sans arrêt.

- Ah oui. Et ça me fait peur, d'être tannée de même de tout et de rien. Parce que tu sais ce que j'ai fait en pleine rue? J'ai fait exactement ce que je déteste voir dans d'autres familles. J'ai crié après X-Boy. Et pas de joie. Je lui ai dit en pleine gueule: "BON, TU VEUX ENLEVER TES BOTTES ET GELER DES PIEDS? BEN RESTE DE MÊME!!! ÇA VA FAIRE LE NIAISAGE!".

- Hihihihi... j'aurais voulu voir ça.

- Non t'aurais pas voulu. (Les sanglots ont repris de plus belle) T'aurais pas voulu me voir perdre patience. Et moi non plus, je ne veux pas me voir ainsi. Je ne veux pas avoir l'air de la mère hystérique qui gueule pour un rien après ses mômes dans les endroits publics. Je ne veux pas perdre ma patience, ma confiance en X-Boy et ma joie d'être avec lui, même quand il fait des choses qui m'énervent.

- Mais X-Mom, c'est normal d'être à bout, parfois.

- Mais je ne veux pas être à bout. Bouhouhou. (Ça rime... mais en réel, non! Fabuleuse écriture, va)

***

Bref, j'ai pleuré et balancé 13512666 complaintes (du fuck à Ste-Banlieue) en cette magnifique fin de journée. Et X-Man n'a jamais sourcillé. Bon il a ri à plusieurs reprises et a tenté de me calmer en me serrant dans ses bras, mais jamais il ne s'est fâché de mon discours. Et j'étais sous le choc après toutes ses émotions "délivrées", de le voir aussi droit. Et aussi compréhensif. Et pas tanné du tout.

- T'as pas envie de partir en courant, X-Man? De te trouver une femme plus saine d'esprit?

- Ah non. J'ai pas envie de recommencer "ça"! Hihihi...

- ...

- X-Mom... c'est "sain", justement, ce que tu fais... que tu craques, que tu te sentes découragée.. ça me rassure.

- Tu veux une pilule???

- X-Mom... sérieusement... tu ne peux pas tout prendre en riant, tout tourner à la rigolade. Tu as le droit de te fâcher, de pleurer et de vouloir que ça change. Moi aussi, je ressens tout ça.

- ...

- X-Mom... tu as besoin de répit.

- Aaaaaaaaah! Pas encore ce maudit mot-là!!! Les t.s., les spécialistes, bref TOUT le monde me répète ça. Mais je le prends quand, hein??? Et comment??? Faut que j'attende que TU sois là, le soir, pour sortir... parce que faut se rendre à l'évidence, je suis de moins en moins capable de traîner X-Boy avec moi... Au Kossco, la semaine passée, j'ai été prise pendant plusieurs minutes dans le stationnement à essayer de sortir X-Boy du panier!!!! Il est trop grand, maintenant!!! Et je suis trop petite!!! On gelait comme des dindes de 30 livres et pour réussir à le sortir, j'ai dû lui enlever ses foutues bottes... Et je l'ai assis dans l'auto pour ensuite installer tous les paquets dans la valise et j'étais autant en sueurs qu'en colère. Non mais... c'est pas vrai que je vais être encore plus enfermée dans la maison?!? Et en plus (re-sanglots), quand je suis arrivée à la maison, je me suis aperçue que j'avais oublié d'attacher le petit dans son siège... tu imagines... bouhou... si j'avais eu un accident, il aurait volé au travers d'une vitre?!? Re-bouhouhou...

- Tu dramatises, X-Mom.

- NON. Je ne dramatise PAS. J'ai eu la preuve que je ne suis pas une bonne mère. Que je ne peux pas m'occuper adéquatement de mon fils maintenant...

- X-Mom... lâche la tragico-comédie...

- ...

- X-Mom... ça veut juste dire qu'il faut vraiment que tu trouves un moyen de te reposer. SANS X-Boy. Et on a la gardienne, M. Tu sais comment elle est bonne avec X-Boy. Et tu l'adores. Pourquoi tu ne l'appelles pas une fois par semaine et tu prends un après-midi pour toi? Toute seule. Tu feras ce que tu veux, mais tu en as besoin.

- Ben oui.. pis on va la payer comment? On a tellement d'autres soucis financiers.. et je ne TRAVAILLE PAS... Bravo pour l'indépendance. Si JE veux me reposer, il faut que TU payes. Quelle joie!

- X-Mom... on ne va pas recommencer ce débat-là. C'est tout un boulot d'être avec X-Boy depuis trois ans et demi. Et pour l'argent, c'est moi qui le gagne, c'est moi qui te l'offre.

- Oui... c'est bien beau, mais TOI? Quand est-ce que TU te reposes, hein??? TU vas en prendre, TOI, des après-midis pour faire des choses TOUT SEUL??? NON!!! Parce que c'est à moi que ça ira, ce "répit de merde"...

- X-Mom... on ne peut pas tout régler en même temps. Et là, c'est clair que tu as besoin d'air. De ventiler tout ça... de prendre soin de toi.

- Mmm.

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Le lendemain de ce fabuleux épisode de feuilleton super-héroïque, Élisou et Denise m'ont téléphonée. Et elles ont tenu le même discours que X-Man. J'ai eu beau argumenter, me déclarer coupable de tous les maux de la terre, elles non plus n'y ont pas cru. Elles m'ont plutôt félicitée d'être fâchée et de me permettre de craquer. Et elles m'ont fait promettre que j'accepterais les offres de X-Man. Sans broncher, sans pleurer, sans regarder l'heure aux minutes.

Car X-Man, il est un papa. ET il connaît son fils AUSSI bien que moi.

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Paraît que je deviens de plus en plus "normale" comme mère.

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Peut-être que X-Boy se "normalise" aussi?

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Et si c'était ça? (Ben alors là, je suis prête!!!!!!!!!!!!!!)

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mardi 10 janvier 2012

Juste un petit mot...

C'est la fatigue qui parle en ce matin neigeux de janvier.

C'est l'exaspération de ne pas savoir. De ne pas comprendre. De ne pas deviner. De ne pas accepter, parfois, la réalité. De vouloir que ça change vite, que ça se mette à débouler, les progrès fulgurants et que ça nous surprenne, un beau matin, comme le fait la loterie avec certaines personnes qui ont le bon billet au bon moment.

C'est le fait d'avoir un enfant différent, un enfant non-verbal. Mais pas assez différent pour être sourd et muet et pour qu'on lâche prise sur le fait qu'il ne parle pas... Parce qu'il a TOUT pour parler: une bouche, une langue, des dents (ah ça oui, il en a des dents, hein!) et même un cerveau pour coordonner les muscles et dicter aux mandibules les mouvements appropriés pour émettre des sons qui deviennent des mots qui deviennent des phrases qui deviennent un baume sur un cerveau de mère en distorsion sporadique.

Ce qui me rassure, c'est que X-Man vit les mêmes désespoirs au même moment. Le petit est en forme (bon pas depuis trois jours, mais hé, ne généralisons pas), il fait des progrès moteurs fabuleux. Depuis le retour des fêtes, on le laisse dans le corridor à la sortie de sa chambre et on lui dit de venir nous rejoindre pour jouer dans la cuisine. Ce qu'il fait, du haut de sa démarche à trois pattes de plus en plus élégante. Et ça, c'est tout un progrès, mes amis. De voir fiston se déplacer sans être obligés de se mettre à son niveau et de l'attirer centimètre par centimètre, ça te requinque le moral assez rapidement. X-Boy est maintenant capable de venir chercher son gobelet de lait ou de jus sur sa chaise et il part seul chercher ses jouets préférés, même s'ils sont au fond de la pièce.

Il y a même un matin, le 2 janvier (ce sera noté au coeur de mes pensées toute ma vie) où, alors que je me suis réveillée plus tard que mes deux hommes, j'ai eu l'infime honneur d'être assez attirante pour que X-Boy vienne à moi sans que je n'aie à brandir un jouet lumineux ou à crier "go go go!!!" afin de le stimuler.

Je suis apparue dans l'entrée de la salle à manger et quand X-Boy m'a vue, il a crié de bonheur et m'a rejointe en moins de une minute. J'étais sous le choc, mais le bon choc électrique qui fait de X-Boy "mon-garçon-que-j'aime-plus-que-tout-au-monde.

***

Mais les chocs, c'est une drogue. Et j'en voudrais d'autres ces jours-ci. Je voudrais que X-Boy me dise ce qu'il a quand il pleure ainsi. Qu'il pointe avec ses doigts là où il a mal. Qu'il fasse oui ou non de la tête quand je lui demande s'il a mal là ou là ou là... Qu'il me dise: "je n'ai jamais aimé ça, les pois, maudite fatigante!", qu'il me murmure qu'il veut aller se promener au parc, qu'il me dise si sa couche déborde et que c'est froid, des pantalons mouillés.

Bref, je voudrais qu'il me communique ses besoins, ses intentions, ses préférences et ses colères. Mais pas en pleurs et en regards dévastateurs. Avec des mots, des gestes, une lettre au Père Nowëllll. Je sais pas moi, mais que je puisse le décoder sans consulter les instances médicales lorsqu'il a mal, X-Boy. Lorsqu'il a un gros bobo qui le fait arrêter de manger, de boire et de presque respirer.

***

Autour de moi, les parents se plaignent parfois que leurs enfants sont des moulins à paroles. Que du matin au soir, ils posent des questions. Que tout le long d'un trajet en voiture, ils piaillent et que ça devient insupportable. Et je les comprends. J'éprouverais la même lassitude et je rêverais d'un peu de silence.

Mais en même temps, je remercierais les instances haut placées dans les nuages inaccessibles d'avoir donné ce pouvoir des mots "sonores et concrets" à mes enfants. Je remercierais la vie d'avoir eu cette "normalité".
Et je me coucherais le soir en soupirant et en étant heureuse de retrouver la "sainte paix" = le silence du guerrier.

***

Ma maison est remplie de silences. Et de sons mignons, mais indéchiffrables.

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Je cherche un décodeur.

Et un peu de paix dans mon coeur.

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Car l'espoir est là, toujours. Mais le temps aussi.

Et le temps, ben, il me fait chier avec sa lenteur ce matin.

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Fallait que ça sorte. C'est même une prescription de X-Man. "Ça me ferait du bien, à moi aussi, que tu l'exprimes par écrit, cet état de colère, tu sais."

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C'est fait X-Man.

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On peut passer à un autre sujet. Yé.

mercredi 4 janvier 2012

Maison jolie, maison détrui"e"! (Fallait que ça rime, on est en 2012!)

Je l'ai construite, ma fameuse maison en pain d'épice. Le vendredi 18 décembre, alors que X-Man avait son party de bureau (on était tous gorlots! Hommage à Pérusse) et que K, ma chère amie venue de loin, festoyait avec ses collègues (venus de loin eux aussi) dans un hôtel chic du grand Mourrial.

Moi, triste femme esseulée et sans bubulles pour entamer des dialogues (avec X-Boy, jamais besoin d'alcool, il est si loquace... peuh), j'ai décidé de réaliser un de mes fantasmes de gamine: constuire SEULE cette maison et m'y donner à fond.

2h30, ça m'aura pris! Et 2h30 de pur bonheur. (Hé, on s'égaie comme on peut au mois de décembre!) J'ai appliqué le crémage crémant avec minutie, ai collé chaque tit bonbon bien à sa place et tout ça s'est fait avec aucune difficulté. Juré craché patate poil. (Pour celles qui se disent: elle exagère encore, nan. Je fais une pub à Cossssko (sans redevance, merde) et je le clame bien fort: à 6,99$ la cabane et pour un tel résultat = arrêtez de chercher, elle est LÀ, THE maison à acheter!)

Ainsi, je me suis mise au lit le coeur rempli de parfum d'épice (bon là, j'en mets, mais c'était permis) et de couleurs mirobolantes (de quoi?) et j'ai prié fort fort pour que "ma" maison-mini reste bien solide jusqu'au petit matin. Afin que X-Boy la contemple et soit subjugué devant autant de talent artistique. (pfff)

À 9h00 (X-Boy se lève tard, la la lère), avant même le pipi, j'ai yeuté dans la cuisine. Ouf, elle était bien là, encore toute décorée... un tit-bonbon sur le toit en moins. Ça devait être le vent. (hahah) J'ai présenté Mini-Maison à X-Boy qui a tendu bien loin les mains afin de l'aggriper et d'en manger un bout.. mais HÉ, petit Destructotor, il ne sera pas dit que tu toucheras à "ça" avant les AUTRES.

Car AUTRES il y aurait vers la fin de l'après-midi.. alors que K, ayant logé dans le chic hôtel, viendrait passer l'après-midi et un bout de soirée chez nous... dignement raccompagnée par X-Man qui dormait aussi dans un hôtel de la métropole, mais beaucoup moins chic. L'hôtel. Pas la Métropole. Et les AUTRES arriveraient vers 16h00, accompagnés de l'amoureux de K, venant quérir sa princesse à Ste-Banlieue. (Les hommes idéaux, ils sont dans mon univers, ne soyez pas jalouses)

K. et X-Man sont arrivés vers midi... avec le visage un peu dans la brume alcoolisée. Mais le moral était là, K, ayant pu dormir UN MATIN (avec trois mômes dans la maison, c'est du miracle) et X-Man n'avait pas eu le choix d'enfiler sa bonne humeur pour ramener mon amie au bercail. Yessss.

K. et moi avons décidé de quitter la chaumière et d'aller s'empiffrer de gaufres et de fruits au meilleur restaurant belge du monde. (Il est à Ste-Banlieue, ne soyez pas jalouses) J'avais avisé K que l'assiette de gaufre + fruits était immense, mais fallait lui voir l'ouverture des yeux et de la bouche quand son assiette s'est installée sur son tit-napperon. Une vraie enfant dans un magasin de bonbons. Par chance qu'elle est encore jeune, elle aurait pu faire un arrêt cardiaque devant une telle abondance de délices!

Nous avons ainsi mangé comme des reines tout en discutant d'un ton bien royal de choses et d'autres. Ce que j'ai ri en sa compagnie. Et c'est toujours ainsi avec K. Pas moyen d'avoir une pause côté dilatation de la rate. Elle aurait été humoriste que j'aurais été sa première groupie.

***

K., quand elle a vu la maison en pain d'épice, a eu le réflexe de l'enfant: en prendre un morceau! Ce à quoi je me suis farouchement opposée en criant: NOOOOOOOON!!! TOUCHE PAS À MA MAISON!!! C'EST RÉSERVÉ AUX ENFANTS!!!!. Je deviens une vraie lionne lorsqu'il s'agit de protéger une oeuvre d'art. X-Man m'a demandé s'il fallait la mettre dans un coffre-fort en attendant. Si seulement on en avait eu un.

Bref, j'ai stressé jusqu'à l'arrivée des enfants de K. Et s'il fallait que quelqu'un accroche la maison et qu'elle se brise en mille morceaux? Ça aurait détruit toute la magie.

Les enfants sont arrivés vers les 17h00 avec un papa bien épuisé d'avoir roulé pendant 2h30 (l'heure du jour) dans une pénombre et des rues inconnues. (L'amoureux de K n'a AUCUN sens de l'orientation... il s'est perdu, pauvre chéri)

Après le souper, ce fut L'HEURE. J'ai placé la maison au centre de la table et j'ai crié: GOOOOOOOO!

Gugu, le plus petit des trois, restait bouche bée. L'air de dire "pour vrai?" Ed, l'aîné, après une minute de timidité, a donné le ton. Et COGNE COGNE PAF, et CRIC CRAC POW, que je te défasse le toit! Les morceaux revolaient partout sur la table et sur le sol! Ab, celui du milieu, s'est mis à faire des mouvements de karaté pour casser les morceaux restants. Les deux autres ont imité. C'était le bordel, quoi!

Mais le plus beau bordel que j'ai jamais vu! Les rires et les sourires dans leurs visages, ça valait tout l'or en crémage du moooonde! Et X-Boy, bien assis sur la table, rigolait aux larmes de voir tout ce fracas s'orchestrer dans son environnement si paisible, d'habitude. Je me suis presque fêlé une côte tellement je riais! X-Boy a même saisi un bout de mur et a commencé à le mâchouiller. Ce qui nous a rappelé que oui, cette maison pouvait se manger!

Et vous savez quoi? Elle était bien bonne, cette maison... même démantibulée telle une tour célèbre dans une ville américaine! Après une trentaine de minutes à casser tous les morceaux en mini morceaux, il a fallu nettoyer le tout.

Minutieuse et non-habituée aux bordels enfantins, j'ai pris le rebord de ma main pour faire glisser les miettes une par une jusqu'au bord de la table. X-Man courait après les bonbons qui roulaient sur le plancher avec le balai et les enfants s'affairaient à mettre les morceaux encore "mangeables" dans un grand sac hermétique qu'ils auraient l'honneur de rapporter à la maison.

Après des minutes à m'user le rebord de la main, c'est là qu'est venue la solution "logique". De la part de K:

- X-Mom... Prends le balai pis passe-le sur la table!!! Tu finiras jamais de même!

- ???

- Ben oui... Le balai SUR la table... Direct... Penses-tu que c'est illégal quand il y a un aussi grand dégât?

- ??? Hein ??? Je PEUX???

Rires de tous.

Car ici, au Royaume du Super-héros, on n'a JAMAIS eu à penser "rapidité" en cas de dégât. Car X-Boy, il n'en fait pas encore, des supers-gâchis. Il écrase bien ses biscuits dans ses mains pour en parsemer partout autour de sa chaise, mais rien qui ne nécessite les mesures d'urgence.

Et c'est cette facette de la vie "normale" que j'ai appréciée, cette journée-là. Entre autres. Cette façon de se foutre du paraître et de "vivre" en se crissant bien des apparences. Une table, ça se nettoie avec un chiffon et de l'eau savonneuse... alors un balai avant cette étape, qu'est-ce que ça peut faire?

Rien.



***

Quand la meute de joyeux petits loups est partie ce soir-là, j'avais le coeur rempli de légèreté et de constats amusants.

Mon quotidien est calme, avec X-Boy. Il ne déplace pas beaucoup d'air. Il ne se promène pas encore partout. Je range tout à la minute près, mes décorations sont toujours à la bonne place, mes plantes au niveau, les napperons dans les tiroirs et rien ne traîne réellement sur le comptoir ou la table de la cuisine. Bref, si ce n'étaient des jouets éparpillés au sol, personne ne pourrait dire qu'il y a un enfant chez nous.

Et c'est ce qui me plaît de la famille "normale" de K. Elle laisse des traces.. que ce soient des traces de doigts plein de chocolat sur les dossiers de chaises, des gouttes de jus sur les nappes blanches ou des morceaux de papiers de toilettes à côté de la cuvette.

La famille "normale" respire et carbure au désordre. Mais au désordre charmant. Un désordre que, en cette année 2012, j'ai bien l'intention de laisser entrer chez nous.

Question de respirer mieux.

De respirer la poussière et d'en rire le soir.

Et de laisser X-Boy laisser ses empreintes dans notre maison.

Qu'il fasse sa place, qu'il me casse du bibelot, qu'il me traîne les minous de poussières trouvés derrière les bureaux.

Allez, petit, ta mère est prête.

(Elle a des bonne pilules pour passer au travers! wouhahahahah)

***

K. : Je te remercie pour ces bouchées de vie que tu me laisses croquer quand je suis en ta (votre) compagnie. Tu me permets d'aimer encore plus, sinon mieux.