mardi 23 octobre 2012

X-Boy prend congé d'école...

Pour rester à la maison et réviser ses leçons de gaélique.

Meuh non. X-Boy est balade. Il a choppé un rhube. Ainsi, hier, lundi, je l'ai gardé à la maison afin de jouer à la mère-qui-attrape-la-morve-plus-vite-que-son-ombre. Une journée éreintante. Puisque qui dit morve, dit surabondance de bave et dit: planchers mouillés. Beurk-e.

D'ailleurs, hier, j'en ai conclu que fiston bave beaucoup plus. Et beaucoup trop. Un effet secondaire de son médicament pour contrer l'épilepsie. "Il faut choisir ses combats" et c'est un adage imprimé dans mon ADN depuis la naissance de super-fils, mais là, je trouve que changer son chandail aux deux heures et essuyer des ronds, voire des flaques, de bave sur TOUS les planchers de la maison, c'est anormal. Vous me direz qu'il y a des enfants (et des adultes) handicapés qui bavent sans arrêt, soit. Mais X-Boy ne bavait pas ainsi AVANT.

Ainsi, j'ai laissé un message en neurologie pour qu'on enclanche le processus de botoxage. Du botox? Oui oui. Du botox pour X-Boy. (Pas pour moi, n'ayez crainte). Ça vous fait sourciller? Ils vont lui mettre où, le botox? Dans les fesses, mes amis, afin qu'il devienne un mannequin de couches pour adultes! Rhôôô. (Vous êtes encore là?) Meuh non. Ils vont lui injecter la "chose" miracle dans les glandes salivaires afin de contrôler la sursalivation. C'est une pratique courante chez les patients aux prises avec ce problème d'effet secondaire dérangeant.

Et entre vous et moi, ça devient plutôt gênant d'aller chez des amis/familles avec un enfant-limace. Si nous, ses sublimes parents, sommes capables de passer outre les filets de bave et de les essuyer avec nos mains, nos bas, notre manche de chandail, les "étrangers" n'ont pas toute cette affection partagée pour le chérubin-et-sa-bave-abondante.

Anecdote: Un soir, Maman à bord est venue nous rendre visite de façon impromptue. Fille Moyenne a marché dans un rond de bave et était plutôt en colère d'avoir le tit-bas mouillé. Je la comprends. J'ai quand même évité la crise en ne lui mentionnant pas de quelle matière était faite cette flaque... mais avouez, c'est désagréable de savoir que les amis de X-Boy repartent avec un tel souvenir sous les bas ou sous les mains. X-Boy est généreux, mais quand même.

***

Tant qu'à parler de Maman à bord, je vous raconte sa visite de ce matin, mardi.

***

X-Boy s'est réveillé dans un méga-rond-de-bave qui, selon mon expérience, ressemblait à un rond de bave-vomi-morve. C'est ragoûtant. (Si vous lisez ce billet en mangeant, je suis désolée.) X-Man a nettoyé le visage gommé de X-Boy et j'ai lancé les draps dans la laveuse. Le petit matin était rempli de sourires et de gazouillis de X-Boy jusqu'à ce que vienne le temps de manger.

Oh, les hauts-le-coeur ont commencé dès qu'il a vu son gobelet. Il a quand même bu un peu. Puis a tenté de conserver pour lui seul sa consommation. Sans succès. Le tout est sorti. Étant convaincue que ce n'était qu'un surplus de sécrétions, j'ai décidé de lui donner quand même un bout de banane dans lequel se cachait son médicament. Vous devinerez que ce fut un échec. Le tout est ressorti à la vitesse de l'éclair. Gastro en plus d'un rhume? Mal de gorge intense? Virus non-identifié? (Mais AUCUN pleur du patient? Étrange...)

Aucune idée. Mais après avoir donné le bain à X-Boy et avoir nettoyé toute la cuisine au Monsieur Net (vous achèteriez du Monsieur Sale?), j'ai déposé X-Boy dans son terrain de jouets. Et il a joué tout l'avant-midi en riant et en faisant des pseudo-chansons avec sa voix de soprano.

Vers 10h00, j'ai tenté de lui donner du jus. Nan. La simple vue du gobelet l'a fait presque vomir. Bon. Qu'est-ce que je fais avec ce môme?

J'ai téléphoné à la pharmacie. Car il faut dire que j'étais en mode "très nerveux" vu que son médicament n'était pas dans son système, mais dans le système d'égoûts en ce matin d'octobre. Et on fait quoi quand un épileptique ne peut prendre ses médicaments, hein?

La pharmacienne a été très honnête. Elle a consulté une autre pharmacienne qui, comme elle, m'a suggéré de donner un Gravol en suppositoire à X-Boy et d'attendre une demie-heure avant de lui donner son médicament du midi. Pour la dose du matin, il fallait l'oublier vu l'heure tardive... Et elle m'a avouée que s'il rejetait la dose du midi, il fallait que je téléphone à la pharmacie de Ste-Justine. Je l'ai remerciée de tout coeur. J'adore ce professionnalisme qui inclut une dose d'humilité. Je préfère les gens qui ne savent pas et qui réfèrent à ceux qui inventent par orgueil.

Le hic, c'était que je n'avais pas de Gravol en suppositoires à la maison. J'ai des suppositoires pour le rhume, pour la constipation et pour le syndrome de la page blanche (vous êtes toujours là! c'est fabuleux!), mais pas ceux-là. J'ai donc téléphoné à Maman à bord afin de lui demander son aide.

Toujours joyeuse, elle m'a répondu oui et est partie sans attendre à la pharmacie. Sa plus jeune étant à la prématernelle pour l'avant-midi, c'était le moment idéal pour avoir besoin de son aide. Les hasards font bien les choses. Yé.

Une trentaine de minutes plus tard, elle se pointait dans ma cour avec l'antidote. Elle est entrée quelques minutes et m'a raconté qu'à l'épicerie-pharmacie, il y avait foule aux caisses. Elle voulait acheter des raisins pour les filles mais ho, elle ne pouvait se permettre d'attendre... C'est là qu'elle a aperçu une maman qu'elle connaît, sa fille fréquentant la même prématernelle. Elle lui a donc refilé sa grappe de raisins qu'elle lui rembourserait tantôt et elle a payé "mon" achat afin de filer le plus rapidement possible chez moi.

Elle m'a dit: "Tu vois X-Mom, c'est vraiment un bel exemple de "Donnez au suivant".

J'ai acquiésé. Et j'ai rajouté: J'ai un karma avec les raisins quand X-Boy est malade, non? Tu te souviens de Yvon et de ses raisins en spécial au Super C? Elle a acquiésé. Décidément, je me prends des actions chez SunMaid dès demain!

***

Maman à bord est restée quelques minutes et elle a aperçu X-Boy qui jouait en chantonnant dans le fond de la cuisine. Plus brave que moi, elle a tenté de l'interpeller.

- X-Boy!!! Coucou X-Boy!!!

Niet. X-Boy ne se retourne pas. (Bonne chance Maman à bord...)

- X-BOY!!! J'AI UN PLAT DE PLASTIIIIIIIIIIIIIIIIIQUE!!!

Je l'ai regardée, intriguée et amusée.

Elle a hurlé cette phrase qui s'est avérée magique. X-Boy s'est retourné, a planté son regard dans le sien, même malgré la distance, et lui a fait part de son plus beau sourire d'enfant malade!!!

J'ai hurlé de rire.

- Mais Maman à bord, c'est ça!!! Tu l'as trouvé!!! Son nom n'est pas X-Boy, mais Plat-de-plastique!!!

On a beaucoup ri.

Maman à bord a cette façon de rendre une matinée morne et visqueuse en un espoir d'éclaircie...

Et en plus, elle a fait la livraison de l'antidote qui a fait que ce midi, X-Boy a réussi à avaler son médicament (non sans peine, il a fallu que je sois très très distrayante pour qu'il ne vomisse pas encore!) et qu'en ce moment, il dorme paisiblement.

Vive le Gravol, hein?

Oh oui.

Si ça peut nous éviter d'aller à l'urgence à Ste-Justine, je veux bien prier le Saint-Gravol pour les trois prochains jours.

Amen.

jeudi 18 octobre 2012

Photographier la différence...

Aujourd'hui, c'était la journée-photo à l'école de X-Boy. On demandait à 4 ou 5 parents de faire du bénévolat lors de cette journée. J'avais donné mon nom et j'ai été appelée. Vous me direz: ça ne devait pas se bousculer aux portes... Aucune idée, mais j'aime l'idée d'être sélectionnée. Ça me remonte l'ego de non-travailleuse-rémunérée.

Ainsi, je me suis présentée à l'école de X-Boy à 13h00, alors que lui, il y était déjà depuis 12h45. Pour ne pas défaire sa routine, je l'avais fait se rendre en autobus. Et entre vous et moi, je sauve mes lombaires. Chut.

En compagnie d'une autre mère et d'un père (oui oui, un PÈRE!!!), on nous a dirigé au gymnase là où le photographe faisait son boulot. Sur une petite table se trouvaient la liste des groupes, un bac de lettres et de chiffres à accrocher au tableau noir qui se retrouve devant le groupe (vous savez, comme dans notre temps!!!) et les noms des élèves sur des papiers avec leur code barre respectif. C'est là où j'ai encore eu un peu mal à la surtechnologie. "C'est plus rapide pour le photographe: il scanne le code, le nom de l'enfant apparaît et ça se classe automatiquement dans le bon fichier". Beurk-e. Je m'ennuie du bon temps où on utilisait un marqueur, un crayon, et notre cerveau, tiens.

Bref, nous nous sommes séparés les tâches. J'étais en charge du tableau noir en tissu avec les lettres à changer (ça me faisait penser au "Lite-Brite"!) et d'installer les enfants sur le banc pour la photo de groupe. L'autre mère dirigeait ensuite les enfants vers l'endroit où ils seraient photographiés individuellement, puis le père s'occupait d'aller chercher les groupes dans les locaux respectifs.

Malheureusement, X-Boy avait eu sa séance cinq minutes avant mon arrivée. J'étais un peu déçue... Mais bon.

Le premier groupe est arrivé. Un groupe de 5 ans. Des enfants "TED" ou autres. En clair, des enfants sur qui "ÇA ne paraît pas". Ils étaient hyper-mignons et assez disciplinés pour bien s'asseoir sur le long banc. Les photos individuelles se sont prises à la vitesse de l'éclair. Le photographe était charmé, puisque paraît-il, le matin fut très très pénible et il avait pris énormément de retard...

Le deuxième groupe s'est pointé. Six enfants dans des fauteuils roulants. Zoup, moi et le père avons tassé le long banc, puis nous avons stationné les six enfants un à côté de l'autre. Ils étaient multi-handicapés et c'est à ce moment que j'ai commencé à rire. De bon coeur.

Ici, ne soyez pas sensibles, je ris des situations. Pas des enfants. Je les respecte de tout coeur, mais c'est vraiment marrant de faire des photos avec des enfants "comme ça".

Au centre se trouvait une fillette très enjouée qui portait un chandail jaune soleil. Elle rayonnait, sans mauvais jeu de mots. Le hic, c'est que ses bras, eh ben, elle ne les contrôle pas. Alors elle a balancé une gifle du revers de la main à sa copine tout de rose vêtue qui avait "déjà" l'air très contrariée. J'ai éclaté de rire. La prof, sans même avoir regardé la scène s'est esclaffée: "Fille-Soleil vient de gifler Fille-Ronchon"? J'ai répondu oui. J'ai eu droit à plein de sourires des autres enfants. Paraît que ça arrive tout le temps.
Ensuite, il était impossible de faire regarder le grand blond "droit devant". Sa tête n'avait pas l'air de connaître cette option, quoi. La prof a dû apporter un mini-radio derrière la tête d'un autre afin qu'il cesse de faire des oui-non à la vitesse de l'éclair. Puis, l'éducatrice a apporté un jouet-mou à un autre garçon qui ne savait plus quoi faire avec ses mains. Enfin oui, il savait justement trop bien se mettre les doigts dans le nez. Rhôôô. Tout pour me plaire, quoi. J'avais le sourire jusqu'aux oreilles.

Le photographe est arrivé à ce moment, alors qu'à plusieurs, nous tentions de faire en sorte qu'il y ait une sorte de cohésion dans ce groupe. Il a soupiré. J'ai levé les yeux. Il avait l'air contrarié. Il a interpellé plutôt froidement la professeure:

- S'cusez mais la fille en jaune, est-ce qu'elle peut baisser ses bras?

J'ai verdi d'incompréhension. Était-il vraiment sérieux? Ce n'est pas évident que cette enfant a une forme lourde de paralysie cérébrale???

La prof a haussé les épaules. Elle a répliqué:

- Euh.. ce ne sera pas facile. Plus elle est contente, plus elle se crispe.

Je n'aidais pas la situation, puisque je lui souriais très vivement, à cette fillette-soleil...

Le photographe a ronchonné:

- Ouain.. ben ça ne la met vraiment pas en valeur.

Il m'a regardé. J'étais hébétée et comme j'affichais un sourire ardent à défaut de le mordre, il a cru que j'abondais en son sens.

- X-Mom... ça ne sera pas la meilleure photo, celle-là. Tu crois qu'on pourrait lui installer un 2X4?

- Avec une grosse chaîne pis un cadenas aussi? (Tu la veux où ta gifle consciente, le chauve???)

- Hahaha... oui, un paquet de chaînes à truck... rhâ rhâ rhâ.

J'ai soupiré. Je ne pouvais pas croire que j'avais entendu ce genre d'inepties. Je me suis concentrée sur les enfants, puis le photographe est parti les photographier en individuel.

Une dizaine de minutes plus tard, j'ai accueilli un deuxième groupe. Des multi-handicapés, mais marcheurs. Et pour marcher, ils marchent. Certains très grands et longilignes, d'autres trappus et costauds, ils marchaient vite et partout. J'ai ri. C'était juste tellement beau de les voir envahir le terrain sans pudeur ni autre préoccupation. Leur professeur les a ramenés à "l'ordre", ils se sont regroupés devant le long banc. Puis, il a fallu les aider à s'asseoir. Pour ceux qui bougeaient de façon désordonnée, ce fut tout un boulot. Tout en riant, j'ai ramené au banc, pour la dixième fois, un garçon qui semblait être le fugeur de l'école. Il s'est finalement assis. Le photographe est arrivé à temps.

- Bon tout le monde met ses bras en bas.

Et hop, sur les sept, quatre ont réellement "mis leurs bras en bas". PAR TERRE. Littéralement. J'ai éclaté de rire. La prof et l'éducatrice aussi. Mais pas le photographe qui a encore soupiré.

- Bon.. pas comme ça. Vos mains SUR vos genoux.

Les enfants ont placé leurs mains au bon endroit. Puis il leur a demandé de sourire. Oh oh. Sur les sept, trois n'avaient pas le sourire présent, quoi.

- Ok. On regarde ici et on dit: Merci!!!!

Les trois n'ont pas voulu dire Merci. (D'ailleurs, c'est pas un peu plate comme mot? On n'a plus le droit de dire Cheese parce que le fromage c'est trop gras?!?)

Pour aider le photographe, j'ai levé les mains au ciel en disant: ON SOURIIIIIT!

Les trois ont AUSSI levé les mains au ciel en disant: ON SOURIIIIIT!

Je ne me pouvais plus. Une vraie caricature. Le photographe m'a regardée avec un regard mi-enjoué mi-découragé puis je me suis excusée. J'ai plutôt tapé dans mes mains pour les encourager à sourire.

Sauf que oui, vous aurez deviné, les trois ont tapé dans les mains. La grande folie!!!

J'ai décidé de m'éclipser. Mes fous rires n'auraient en rien aidé la situation, puisque si je m'étais penchée pour rire, mes trois amis se seraient penchés aussi. Hiiiii.

Une vingtaine de minutes plus tard, l'autre groupe est arrivé. Des ados. Très grands, certains fraîchement rasés, portant une chemise bien lisse et une veste en laine très chic. Deux filles, belles avec de cheveux lisses et brillants. Ils se sont installés sur le banc sans trop rouspéter. Seulement un des ados ne voulait pas sourire.

Le photographe lui a demandé:

- XYZ, es-tu capable de sourire et de me montrer tes dents?

Il a opiné de la tête et il a MONTRÉ SES DENTS AVEC SON DOIGT!

Ce que j'ai ri. "Dans les dents, le photographe, hein?" La professeure était rouge de rire, elle était à la fois gênée de la réaction de son élève et à la fois bien consciente qu'il avait fait ce qu'on lui avait demandé.

Les enfants sont d'une simplicité désarmante. Différents ou non, admettez.

Le troisième groupe est arrivé. Certains en fauteuils, d'autres qui marchaient. Un garçon a roulé jusqu'à moi en riant.

- Allôôôôôôô, m'a-t-il dit de sa voix chevrotante.

- Allô!

- Toi... madame maman?

- Oh non, moi juste madame. Pas ta maman.

- Toi pas madame maman?

- Non, juste madame.

- Allôôôô Madame!!

- Allô!

- Toi Madame viens proche.

Il a tiré sur mon bras. Je me suis approchée de lui. Il s'est mis à caresser mon avant-bras, puis, il a soulevé ma manche.

???

Je ne savais pas trop comment réagir. Je voyais bien qu'il ne faisait rien de mal, mais en même temps l'idée m'est venue qu'il voudrait peut-être lever mon chandail au complet. Et bon, vu l'air plutôt macho du photographe, l'idée ne m'enchantait pas réellement. Je l'ai interrogé.

- Qu'est-ce que tu fais avec mon bras?

- Un... un... deux...

???

J'ai aperçu son professeur. Je lui ai demandé ce qu'il faisait. En riant elle m'a répondu ceci:

- Oh!!! Il a découvert ce matin-même que nous avions tous des grains de beauté sur les bras, alors il les compte!

- D'accord!

J'ai été charmée. Sincèrement. Les enfants s'émerveillent à la découverte du moindre petit détail qui, jusque là, était resté inaperçu.

***

La journée s'est ainsi déroulée. J'ai tellement souri que j'en ai les muscles de la mâchoire courbaturés.

Je ne peux en dire autant du photographe, qui, tout au long de la dernière heure, s'est plaint à toute la planète qu'il était fatigué, rendu sourd, qu'il n'avait plus de voix, plus de cerveau, plus d'énergie.

Il s'est plaint de tout ce qu'il a pourtant, de tout ce que plusieurs de ces enfants rêvent d'avoir.

Il a osé pleurer sur son pauvre sort d'homme épuisé de travailler si dur.

***

Il est peut-être rentré chez lui ce soir et a raconté à son poisson rouge en plastique (il n'aurait pas le temps d'en avoir un vrai) qu'il s'était tapé une gang de débiles à la job aujourd'hui.

Et ce soir, il s'est couché en se gonflant le torse d'être si normal, si beau, si intelligent.

En se répétant que la différence, demain, il l'embellira grâce à Photoshop.

Parce que hein, son boulot, c'est de faire des photos. Des BELLES photos.

Pas des photos avec des émotions.

C'est des trucs pour les matantes, les photos artistiques.

Soit.

N'empêche qu'aujourd'hui, j'ai vu un photographe handicapé de la lentille.

***

Et j'ai vu des enfants heureux.

***

Et vivants.

mardi 16 octobre 2012

Ronds de soleil et autres anecdotes

Cela fait un bail que je n'ai fait une rafale: allez hop alors!

1- X-Boy et les ronds de soleil.

X-Boy est un enfant du soleil. Littéralement. Depuis qu'il peut se déplacer seul, aussitôt que le soleil dépose un rayon sur le sol, et ce, de n'importe quelle pièce, il est inévitable que, quelques minutes plus tard, vous trouviez X-Boy bien assis dans son "spot" lumineux. X-Man s'inquiète souvent en me demandant: "il ne peut pas avoir un coup de soleil à passer autant d'heures dans un rond de soleil?". La réponse est non. Tout ce que X-Boy attrape, c'est ce que nous ne nous permettons pas (ou plus) de faire. Il attrape de la vitamine D, bien inconsciemment. Et je crois que consciemment, il attrape son énergie et sa bonne humeur pour mieux la partager ensuite.

2- X-Boy, Paploo et les ronds de soleil.

Hier, j'avais un suivi de rendez-vous médical pour ma gentille personne en Estrie. L'adage veut que: "si médecin de famille tu as (et qu'il est bon), où qu'il soit dans ta province, tu le gardes et tu y vas, grande folle". J'ai donc emmené X-Boy dans ce périple et par le fait même, je suis allée rendre visite à la Fée Rouk, question d'aller prendre mon rond de soleil en sa compagnie. Avec Fée Rouk, même s'il fait gris, ça illumine de partout à ses côtés.
Fée Rouk a comme animal de compagnie une chatte espagnole qui a une personnalité franchement singulière. Et elle aussi, elle affectionne les ronds de soleil. (Quand je me demande si j'ai donné naissance à un chat...)

Fallait voir X-Boy "spotter" le rond de soleil de Paploo. Bien gentiment, en traînant deux ou trois bébelles, il s'est installé dans le rond de soleil de Madame qui est partie en lâchant quelques miaulements de contestation. Plus tard dans la journée, je suis allée changer la couche de X-Boy sur le "lit" de Paploo, et de Fée Rouk, tiens. X-Boy n'a pas souvent eu de contact avec des chats. Ayant eu des chats toute mon enfance, je sais à quel point ces bêtes n'affectionnent pas nécessairement les enfants et leurs manies brusques et incontrôlées.

C'est là où X-Boy se distingue encore. Sur le lit, il jouait avec ses jouets, ne se préoccupant point de cette grosse boule de poils qui bouge, pourtant... Après plusieurs minutes, Paploo a décidé de venir voir le petit garçon qui jouait sur "son" lit. "LE voleur de ronds de soleil...". X-Boy a senti la présence du chat et s'est collé sur moi. Paploo est allée se coller sur Fée Rouk. Puis, peu à peu, Paploo s'est avancée vers X-Boy et l'a frôlé. Ce qui a fait rire X-Boy aux éclats. Sans trop la regarder, il a mis sa main sur sa tête et à l'aide de Fée Rouk, X-Boy a flatté le chat pendant de longues minutes. Sans mots dire. Puis, X-Boy est retourné à ses jouets, Paploo à sa routine de chat et la rencontre était terminée. Fallait ressentir tout le respect du monde entre ces deux êtres. J'étais fière de mon fils. Le respect des autres, il connaît. Et les ronds de soleil, ça se partage, allons.

3- X-Boy au zoo

Le lundi de l'Action de Grâce, nous sommes allés en famille au Zoo de Granby. J'avais échangé des millions de Air Miles pour obtenir deux billets adulte. Tant d'années de labeur pour ça! Woouh. Arrivés à la billetterie, je demande un billet pour enfant. Je sors mon portefeuille, puis la mère au guichet voisin me dit: "Attendez avant de payer. Voici un billet gratuit. Je n'ai qu'un enfant et à l'école, ils donnaient deux billets par enfant." ??? J'étais charmée, totalement. La fille de la billetterie un peu moins. Elle venait de pitonner sa transaction et elle a dû faire venir sa gérante. Désolée ma petite, la générosité pure, ça dérange toujours le système.

Ainsi, cette journée au Zoo ne nous a rien coûté. Triple-joie familiale et financière, quoi. La journée fut magnifique, les arbres étaient décorés de feuilles colorées et le vent frais nous faisait de belles joues rouges. Pas trop de monde autour pour faire paniquer X-Man qui hait les foules, la journée aurait été ultra-magnifique si X-Boy avait daigné regarder les animaux.

Scène typique:

Nous sommes devant l'enclos des éléphants. Le mastodonte est à deux pieds de nous. X-Man sort X-Boy de sa poussette et lui montre l'éléphant. X-Boy ne regarde PAS l'éléphant. Il regarde en riant la clôture à laquelle il tente par ailleurs de s'agripper. JE ris aux larmes. Et lâche: "X-Man, à quoi tu penses, un éléphant, c'est pas assez gros!!!". X-Man a grommelé, a réinstallé le petit dans son bolide et nous sommes allés voir tous les animaux avec l'espoir de. Je m'étais fixé un objectif: "Si X-Boy regarde au moins UN animal, la journée sera réussie". X-Boy A REGARDÉ avec TOUTE son attention les poissons qui nageaient dans les aquariums. Fasciné, il mettait sa petite main sur la vitre en criant de bonheur. En sortant de cette zone du "Pacifique", X-Man s'est exclamé:

- Demain, j'achète un aquarium!!!.

J'ai freiné son ardeur en lui mentionnant le manque de place pour. X-Man a grommelé avec un fond de sourire satisfait.

Cette phrase ne battra tout de même pas THE phrase de la journée lancée par un père contrarié:

- Veux-tu me dire pour QUI on est au Zoo, X-Mom?!? X-Boy ne regarde même pas un crisse d'animal!!!

Je la ris encore. Fallait voir X-Man lever les mains au ciel, exaspéré. Avoir un enfant différent, ça te réveille une colère. Et ça fait rire ta blonde pendant des jours.

4- X-Boy fait son premier manège

Au Zoo, je me souvenais qu'il y avait plusieurs manèges pour les petits. J'avais ainsi le grand espoir de faire vivre des sensations fortes à X-Boy. Je me suis retrouvée très déçue, voire triste, de constater que X-Boy était trop "mou" pour se tenir seul dans les manèges pour petits. Et que moi, malgré mes 5 pieds 1, j'étais TROP GRANDE pour aller avec lui. Blah. Avant de me taper une dépression, je suis allée voir le directeur des manèges qui se trouvait à la billetterie, par hasard.

- Bonjour Monsieur. Je vais vous avouer en toute honnêteté que j'ai envie de pleurer en ce moment. Vous ne savez pas à quel point j'avais hâte de voir mon fils dans un manège pour la première fois. Mais voilà, il ne peut en faire aucun. Je peux savoir pourquoi les "avions" dans lesquels j'aurais pu embarquer avec X-Boy ne fonctionnent pas aujourd'hui???

- Madame... il est brisé, ce manège.

- ET le petit train, alors???

- À cause des feuilles d'automne sur les rails, les roues barrent. Je suis désolé.

- Moi aussi. Vraiment. Il n'y a aucun manège que mon fils handicapé pourrait faire avec moi?

- Bien sûr, il y a le caroussel! Il pourra se tenir après le poteau. Les enfants de deux ans le font!

- Mmm. Mais mon fils ne tiendra pas la barre. Il ne comprend pas vraiment l'intérêt de tenir une barre. Il va vouloir "explorer" le manège, pas rester tranquille sur un cheval.

- Mais vous pouvez embarquer avec lui. Le maintenir en étant debout à ses côtés, tandis qu'il sera assis.

- Non plus. X-Boy est beaucoup trop grand et trop fort. Il bouge vite. Je ne pourrai pas le tenir toute seule...

- Mais allez-y avec votre conjoint!

- On peut?

- Bien sûr, je vais aller avertir l'opératrice du manège. Suivez-moi.

Je flottais sur un nuage de bonheur!!! Mais fallait voir la mine "t'es folle, on ne va pas embarquer à DEUX parents là-dessus, X-Mom!" de X-Man. Je la ris encore, celle-là aussi.

Eh bien, nous l'avons fait, ce tour de manège. Fallait voir le visage de X-Boy s'illuminer lorsque le tout s'est mis à tourner et à monter-descendre. X-Boy riait aux éclats et tentait, effectivement, de se lancer au sol de toutes ses forces. MAIS, il a tenu le poteau. Allez savoir, il avait "compris" l'importance du maintien. X-Man aussi. Fallait le voir verdir au fil des tours. "Ça achève-tu ben vite, c'te niaiserie-là?!?.

Je crois qu'à Granby, on m'entend encore rire. Fallait voir le visage des autres parents qui saluaient leurs enfants. "Non mais t'as vu les deux parents-poules?!?"


5- X-Boy a reçu son premier certificat scolaire

Un prodige, je sais. Et devinez dans quelle matière académique? La Trotte, mesdames, messieurs! Oui, oui, vous avez bien lu. X-Boy a bien fait sa trotte, alors il a reçu un "Certificat de trotteur". C'est-y pas beau la vie?!? J'ai sauté de joie. Pas parce que mon fils a bien trotté dans sa marchette en compagnie des autres élèves, mais bien parce que cette école est VRAIMENT adaptée à la réalité de "ces enfants-là" dont fait partie le mien qui est si "attachant". Peut-être que dans un an, X-Boy recevra un Certificat de Marcheur. D'ici là, je vais lui faire un "wall of fame" du meilleur trotteur de Ste-Banlieue. Je vous mets au défi de venir faire la course avec votre marchette. Quoi, vous n'en avez pas? Vous n'avez jamais eu de certificat pour votre bonne trotte? Quelle injustice, hein?

5- Décore-Mom a encore frappé.

Mais cette fois, je fus secondée, voire devancée, par X-Man. Non non, il ne vient pas de reperdre son boulot (je vous avais eu avec un titre de Décor-Man, avouez!), mais le samedi matin du long week-end, X-Man s'est lancé dans la peinture de la salle de bain. Comme ça, sans crier gare ou "X-Mom, va falloir que tu décrottes les murs avec moi, lalalère"!. Bref, ce samedi-là, nous avons lavé, décrotté et déchampignonisé les murs jaune laid de cette foutue salle de bain trop petite et trop "vintage" pour être citée dans le cahier Maison de La Presse...
Sauf que X-Man n'étant pas tombé dans le chaudron du sablier quand il était petit, n'avait pas calculé la loooongueur de ce décrottage et tout le temps que ça prendrait pour préparer l'application de la peinture. Et il n'avais pas prévu que X-Boy, lui, serait complètement surexcité de nous voir nous affairer tout près de sa toilette = son jeu d'eau favori.
Alors hein, cette journée fut remplie de "X-MOM!!! Viens tasser le petit!!! Il grimpe dans l'escabeau! Il a pris ma guénille et il se la passe dans la face!!! Il lance tous ses jouets dans le bain!!!" et d'autres sacres bien appropriés car rien n'est standard dans cette foutue maison. X-Man a divinement baptisé le tuyau de la laveuse qui ne voulait PAS se dévisser tandis que moi, je dansais dans la cuisine pour amuser X-Boy et aussi pour ne pas m'en aller en courant. Je n'aime pas entendre les complaintes de l'homme en incapacité de (dé)construction...

Par chance, l'Ange-de-la-Rénovation a cogné à notre porte à ce moment critique qui aurait pu se solder par: "On déménage, X-Man, on déménage si ça continue!!!". L'AdlR a donc sauvé notre vie de couple. Et le tuyau de la laveuse, généreux ami, hein? Il a réussi à comprendre l'attirail installé par l'ancien-proprio-aux-zéro-talents et il a fait réapparaître le sourire dans le visage de X-Man. Et dans le mien. Mais pas dans celui de X-Boy; X-Boy n'avais cessé de rire depuis le petit matin. Allez savoir pourquoi.

J'ai profité de la venue de l'AdlR pour lui demander comment je pouvais nettoyer la "fan" du poêle. Non pas que ce soit compliqué, mais ici, puisque tout est étrange, je ne voulais pas risquer de briser ladite "fan" en la dévissant. Il s'est donc sali les mains dans la graisse et m'a présenté une plaque de "fan" qui, sans blague, n'avais jamais été lavée depuis au moins 10 ans. Il y avait un pouce de graisse jaune et brune DANS la plaque et tout cela venait avec des filaments de graisse qui se collaient à nos mains pour le fun de. Parce que des fils de graisse, ça n'a que cette fonction. Se coller pour le fun de. L'AdlR était subjugué devant cette dégueulasserie. X-Man est sorti de la salle de bain pour venir voir pourquoi je criais de dégoût.

- ARRRRK!!! Mais c'est ÉCOEURANT!!! X-Mom, tu veux VRAIMENT t'attaquer à ça, là???

Regards de L'AdlR et de mon homme en ma direction.

- OUI. Faut que ça se fasse. Et X-Man, il n'y a PAS de place dans la salle de bain pour que je t'aide avec la peinture. Faque c'est ça. En plus, X-Boy va rester près de moi, donc tu vas avoir la paix.

L'AdlR nous a quitté en nous souhaitant bonne chance. Il n'a jamais aussi bien dit. Ça en prenait de la chance pour tomber sur une telle incongruité de "fan"... Imaginez-vous qu'après avoir fait tremper la plaque dans une solution top-décrotteuse, je me suis aperçue que l'idiot d'ex-proprio avait PEINTURÉ la plaque de la "fan" DEDANS!!! Je ne sais pas si vous pouvez visualiser la chose, mais c'est d'une imbécilité!!! Pourquoi diable quelqu'un a-t-il eu une idée aussi idiote??? Ce qui fait que ça m'aura pris DEUX heures pour enlever ladite peinture en plus de toute la graisse. Le bal des sacres était rendu dans la cuisine. Effet d'entraînement.

Le lendemain, la salle de bain était loin d'être terminée, la plaque ressemblait enfin à une plaque et mes mains étaient remplies de coupures, de peau écorchée et de sècheresse intense.

Résultat: La prochaine fois que X-Man a une envie de changement, je lui propose d'aller s'acheter une nouvelle sorte de café.

6- La campagne au campagnol, prise 2.

Puisque je remarque que ma rafale avait une thématique animalière dominante, je termine en vous disant que nous avons attrapé un autre campagnol. Le couple est-il réuni au cimetière des tites-bebittes?

Sais pas. Mais si on en attrape un autre, je déménage.

Hahaha.

X-Man fait des spasmes quand je sors cette phrase.

Voyons donc.





samedi 6 octobre 2012

La campagne aux campagnols!

Nouveau slogan revendicateur pour cette race de petites bêtes innocentes.

***

Sérieusement, nous avons tué un campagnol dans le sous-sol hier soir. Avec du Varsol. Meuh non, mais la rime était belle, avouez! Hiiiii!

Hé oui, il y a de cela deux semaines, alors que je me rendais au salon, j'ai SENTI la présence des souris. Vous allez me dire: "ça sent quelque chose, une souris dans un grande maison?". La réponse est oui. Ça sent le froid avec l'humidité. En fait, ça se "ressent". Allez savoir, je le sais avec le nez quand il y a un envahisseur poilu de petite taille CHEZ NOUS. (Parce que pour les envahisseurs poilus de grande taille, je les vois et ça s'appelle des hommes, dah!)

Mais cette fois, je n'en ai glissé mot à X-Man, sachant sa propension à stresser dans les hautes sphères et avec tout ce qu'il vit ces temps-ci, je ne voulais pas lui enlever les 32 minutes de sommeil qu'il lui reste par nuit. Gentille concubine, je sais. Hé.

Sauf que depuis une semaine, X-Boy se réveille la nuit vers 4h00 sans "raison". (Bon, je n'ai jamais compris les réveils du môme en pleine nuit, mais ceux-ci étaient louches.) Et X-Man aussi. Et moi aussi, du même coup, je suis une vraie suiveuse... Hon.

Alors qu'on s'installait calmement dans le sofa pour écouter un épisode de Six Feet Under (une drogue jouissive), X-Man me glisse, d'un ton confidentiel:

- X-Mom... je crois que je sais pourquoi X-Boy et moi on se réveille vers 4 heures. Il y a une bestiole qui gratte dans les murs à l'extérieur. Tout près de la margelle. En fait, je crois qu'elle gratte dans la roche de la margelle et qu'elle tente de rentrer dans la maison.

- ??? (Fis-je, innocemment).

- Oui, je te dis, X-Mom. J'ai entendu des bruits de grattage dans le plafond cette nuit. Les souris sont revenues...

- Je le sais.

- HEIN? TU LE SAVAIS?!?

- Ben oui et non. On se calme... C'est juste que depuis deux semaines, je trouve que ça "sent" la souris ici...

- POURQUOI TU NE ME L'AS PAS DIT?

- Pour que tu n'angoisses pas avec ça.

Fallait le voir. Le bouton panique était désormais enfoncé. Il s'est levé d'un bon, a enfilé ses pantalons, ses gants de travail et il a sorti une trappe à souris. Tandis qu'il allait chercher du beurre d'arachides, je me tordais de rire. Je crois que si on avait un scaphandre, il sauterait dedans.

X-Man installa la trappe à l'endroit "mortel" (là où les idiotes des années passées ont toutes passé l'arme à gauche) et il vint se rasseoir, nerveux.

- Du calme, du calme, X-Man. D'ici 20 minutes, on en aura une dans la trappe. Allez, je peux faire "Play"?.

J'ai vraiment un "nez à souris", parce qu'en effet, 20 minutes plus tard (preuve à l'appui sur le lecteur DVD), CLAAAAP!, la trappe s'est activée.

X-Man a failli mourir d'une crise cardiaque et j'ai éclaté de rire.

- Seigneur, X-Man, t'es vraiment marrant!!! Pourquoi t'as aussi peur?!?

- Je n'ai PAS peur!!! C'est parce que je ne me sens pas seul et que c'est comme une invasion de domicile, bon! Et je n'aime pas ça qu'on les tue les souris. Pourquoi elles viennent ici?

Il a enfilé à nouveau ses pantalons, ses gants et il a ajouté ses bottes dans ses pieds, parce que hein, la souris, elle sera au sol.

Je rigolais parmi la pile de coussins fluffy.

X-Man a ouvert la porte pour la refermer d'un coup!

- Elle n'est PAS morte!!! Elle est à côté de la trappe!!!

- Est-ce qu'elle est prise dedans par la patte?

- Attends, je rouvre. Oui. Sa patte est coincée.

- Mmm. Va falloir que tu l'achèves.

- Tabarn... j'haïs ça tuer une souris.

- Est-ce que c'est une souris ou un campagnol? Parce que les souris, c'est idiot. Mais les campagnols, c'est mignon...

- Elle est brune avec le ventre blanc, X-Mom.

En choeur, on a dit: Onh, c'est un campagnol...

Le coeur gros, X-Man l'a assommé sur le béton et l'a déposé dans un sac de plastique. Exit le campagnol, il est allé le jeter dans la poubelle, dehors.

Revenu tranquillement de ses émotions, je rigolais encore tandis que X-Man enlevait son "attirail vestimentaire".

- Bon, X-Mom, tu es là, tu rigoles, tu ris de moi et tu te roules dans les coussins, bien emmitoufflée dans la couverture...

- Et alors? T'es drôle!!!

- Mmm. Mais si c'est si drôle que ça et que tu n'as pas peur, pourquoi c'est moi qui se tape tout le sale boulot?

- On fait-tu "play", chéri? Il est tard... je ne veux pas me coucher trop tard.

- Tu as peur, hein, X-Mom?

- Chuuuut, ça commence.

***

En fait, je n'ai pas peur réellement des campagnols, je les préfère aux araignées. Mais ce que je ne peux supporter, c'est d'ouvrir une porte et de ne pas savoir ce qu'il y a de l'autre côté. Très peu pour moi, le phénomène "Fort Boyard".

***

Avant de s'endormir, j'ai précisé à X-Man.

- Tu sais, je crois que je suis allergique au poil de souris. Ou de campagnol. Alors hein, je ne peux pas m'en approcher.

- N'importe quoi. Avoue que tu as peur.

- Bon, j'avoue, j'ai peur. Mais pas de la bestiole comme telle. Mais d'ouvrir la porte. C'est comme dans mes cauchemars d'enfant...

- Tu as encore peur des monstres qui vivent dans les garde-robes? Hahaha.

- Et toi, tu as peur des virus, alors hein?

- Tu dévies encore du sujet.

- Hein? Qu'est-ce que tu dis? On dort-tu? Je suis fatiguée...

***

lundi 1 octobre 2012

Décore-Man...

J'ai de la compétition dans le domaine du changement de décor. X-Man vient en effet de gagner une victoire dans ce département depuis jeudi dernier.

(Non, X-Man n'a pas arraché les murs de stucco ce week-end ni changé la toilette jaune laitte et encore moins posé du plancher de bois au sous-sol...)

X-Man s'est plutôt fait imposer un changement de décor auquel il ne s'attendait pas. Un changement auquel il n'avait pas pensé, un changement qui ne lui plaît pas du tout. (Moi qui rêve de changements drastiques, en voilà un que je suis heureuse de ne pas avoir gagné...)

En effet, jeudi après-midi, X-Man a dû revenir plus tôt de sa tournée des librairies en Abitibi pour une réunion convoquée dans un hôtel par le grand patron de la boîte où il travaille depuis six ans. Dans cette salle, se retrouvaient les 43 autres employés qui, eux aussi, avaient dû écourter leur besogne pour une réunion au sommet. Vous me voyez venir et il m'est difficile de créer un effet de surprise avec une telle annonce, mais la compagnie fermera ses portes le 21 décembre prochain.

Beau cadeau de Noël, n'est-ce pas? 44 familles se retrouvent les mains remplies d'un emballage amer avec lequel ils devront recouvrir leurs cadeaux cette année. Si cadeaux il y a, hein. Parce qu'on s'entend que sur les 44 employés, plusieurs d'entre eux travaillaient pour cette boîte depuis nombre d'années (la maison de distribution a fêté ses 30 ans l'an dernier) et n'ont plus l'âge "assez jeune" pour se retrouver un emploi avec de telles conditions salariales avantageuses et gagnées avec tant d'énergie... Certains d'entre eux se dirigeaient plutôt vers une retraite dans quelques années... ils ne se dirigeaient pas vers un bureau de chômage...

X-Man, de son côté, a la "chance" de n'avoir que 38 ans et tout son avenir professionnel devant lui. Il a beaucoup d'expérience, sa réputation dans le milieu littéraire est très bien établie, les clients le remercient avec sincérité pour son travail et je dis cela en toute objectivité. (Avant d'être amoureuse de cet homme, j'ai travaillé avec lui... il était mon représentant préféré. Et il l'est encore!) X-Man a la chance d'avoir encore beaucoup d'ambition, de ne pas être trop blasé et d'avoir encore plusieurs objectifs à atteindre pour être heureux dans son métier.

Et c'est là que la contradiction s'affiche. X-Man AIMAIT son boulot, ses clients, les éditeurs qu'il représentait. X-Man n'avait PAS envie de changer d'employeur, il avait cette stabilité non-contraignante qui lui offrait un horaire avec lequel il composait très bien. X-Man revenait le soir, fatigué certes, mais jamais en colère ou découragé de travailler. Il se levait chaque matin vers 5h00 pour terminer ses dossiers, remplir ses commandes et il s'évadait du quotidien grâce à la route qu'il parcourait avec ses clients éparpillés un peu partout dans notre joli Québec.

Bref, X-Man avait trouvé sa niche et voilà que les propriétaires décident de la fermer pour des histoires de situation économique difficile, de chutes des profits, de recentralisation des budgets, tutti quanti. (C'est-tu beau du latin...) Il y a aussi le printemps érable qui a été cité dans les raisons de cette fermeture annoncée. En effet, le réseau scolaire ayant été inactif au niveau des achats pendant plusieurs semaines, ce fut la débandade pour les éditeurs scolaires (une deuxième boîte que possédait les patrons de la compagnie où travaille X-Man). Je ne me lancerai pas dans les expliquations justificatives de cette fermeture parce que je ne suis pas certaine d'avoir tout compris... mais je sais que c'est une décision qui me plonge dans un état de tristesse culturelle et familiale, bon.

X-Man avait un congé "payé" vendredi pour digérer la nouvelle. (Quelle générosité.) Il s'est donc levé plus tard ce matin-là après avoir quand même bien dormi, la route du retour de l'Abitibi aidant... Je m'attendais à retrouver un X-Man dévasté, les traits tirés avec un moral destructeur, mais non. X-Man était heureux de retrouver sa famille (après une semaine au loin et l'autre semaine d'avant à parcourir plusieurs lancements les soirs) et de pouvoir se reposer sans se sentir coupable. (Tiens tiens, je suis jalouse là!) X-Man a bien sûr commencé à réfléchir à voix haute à propos de ce "licenciement collectif" et il réfléchit encore. La cassette est loin d'être usée et je compatis avec ce genre de ver d'esprit... il ne pense qu'à cette situation inattendue, qu'à ce qui se passera dans les prochaines heures, les prochaines semaines, les prochains mois et les prochaines années. Où travaillera-t-il en janvier? Aura-t-il encore d'aussi bonnes conditions? D'aussi bonnes assurances? Une équipe de travail aussi appréciable et appréciée? Un patron aussi conciliant quant aux problèmes médicaux de X-Boy?

Les réflexions, questionnements, remises en perspective ont composé nos repas du week-end. Nous avons mangé des suppositions (c'est mieux que des suppositoires! hahahah), ravalé des réalités, tenté de digérer plusieurs angoisses financières à venir.

***

Ce qui me laisse un goût suramer dans la bouche face à cette mauvaise nouvelle? Le sentiment que, aaaah, ça ne pourra jamais être simple chez nous. Alors que l'épilepsie de X-Boy se contrôle, qu'il fait des progrès grâce à ses périodes à l'école, que je commence à penser à accepter de me reposer un peu les après-midis afin de me "refaire" une personnalité et une santé, BANG. Une autre tuile nous tombe sur la tête.

Ce n'est pas la pire des tuiles. Personne n'a le cancer, X-Man se retrouvera rapidement un boulot et je pourrai continuer à écrire parce que mon portable est payé (merci les assurances post-inondations...)... Mais tout de même, j'aurais aimé qu'on nous laisse les neurones du stress un peu tranquilles. Qu'on puisse jouer dans les feuilles d'automne sans se demander si elles pourraient nous rapporter de l'argent en les vendant en Afrique (ben quoi, y'ont pas d'automne là-bas...).

Ce n'est pas la pire des tuiles. X-Man n'a pas pesté contre l'humanité (contrairement à d'habitude lorsque X-Boy choppe un virus, par exemple), n'a pas voulu tout sacrer là et déménager au Népal afin de vivre loin de la surtechnologisation du livre-papier... X-Man voit cette "rupture" comme un vent de changement.

- X-Mom, tu trippes sur les vents d'automne et sur les feuilles qui changent de couleur? C'est un peu la même chose, non? Je vais trouver un autre arbre...

- Poète de saison, X-Man?

On a rigolé.

Puis, j'ai versé plusieurs larmes... Car ce qui me chamboule dans toute cette histoire, c'est que notre passion commune pour la bande dessinée, les livres jeunesse et les livres de recettes ne sera plus la même... Tous ces soirs où nous regardons les feuillets des livres à paraître, les listes de lectures que l'on se fait, les envois postaux que je remplis avec affection afin de l'aider dans sa paperasse... Attendre avec impatience les vendredis soirs alors que X-Man débarque avec une boîte de livres neufs à "lire" avant de les donner aux libraires et/ou de les garder pour notre collection et pour X-Boy... Ces vendredis-comme-des-soirs-de-Noël...

Je prenais ce privilège pour acquis et je m'en aperçois. Depuis six ans, je n'ai jamais payé pour un livre, ils étaient tous à ma portée. Le bonheur que ça m'a procuré est inquantifiable. Ce sentiment d'avoir ces littératures en abondance dans notre maison, ce sentiment d'être au moins choyés de ce côté, bordel, avec tous les sacrifices financiers que l'on doit faire depuis que...

Ce sentiment qui, chaque fois, me ramenait à notre première rencontre. Grâce à cette passion commune pour la bd (et le fait que l'on soit deux beautés supérieures!), X-Man et moi sommes devenus amoureux. Lire une bande dessinée apportée par X-Man me fait revenir 6 ans en arrière, me fait sentir gaga d'être aux côtés de ce représentant. Me rappelle ces jours où il venait me voir en librairie et où j'avais le ventre rempli de papillons... En plus d'avoir des étoiles dans les yeux dès qu'il franchissait la porte principale du magasin...

Je sais, je sais, rien ne sera effacé. Tout est en mouvement. L'amour évolue, prend une nouvelle forme et demeure au final bien présent, reste que j'étais rassurée de toujours pouvoir le mettre dans ce format de phylactère...

Je devrai désormais aller à la bibliothèque...

J'espère seulement que X-Man aura le temps de venir avec moi, parfois...