mercredi 24 avril 2013

L'art et le papier

Ce lundi, j'ai visité une salle d'attente de clinique médicale afin de me faire vérifier certains organes qui défaillaient depuis quelques temps. X-Boy étant en répit chez Philou, j'en ai profité pour vivre l'expérience d'une étude de mœurs sans faire des guiliguilis, donner et redonner une gobelet de jus et tout autre tâche connexe directement liée avec la présence d'un X-Boy dans une salle d'attente.

J'en ai eu pour mon argent. Gratuitement en plus. J'adore les salles d'attente. Ça grouille de matière à écriture... Héhé.

À l'entrée de la clinique, il y avait trois personnes devant moi qui faisaient la file pour prendre un rendez-vous "sans rendez-vous". Concept fascinant. Les mêmes questions revenaient: est-ce qu'il y a beaucoup d'attente? Est-ce que vous passez les enfants en premier? Est-ce que je peux aller magasiner en attendant?". (Précision: la clinique se trouve au milieu d'un centre commercial haut de gamme! Ouh.)

Je rêvais d'être la secrétaire pour répondre:

1- Est-ce qu'il y a beaucoup d'attente? REGARDE DANS LA SALLE, TSÉ!!! Y'A 30 PERSONNES ET T'ES LA 31e...

2- Est-ce que vous passez les enfants en premier? NON. SI VOTRE ENFANT EST SI MALADE QUE ÇA, ALLEZ À L'URGENCE...

3- Est-ce que je peux aller magasiner en attendant? JE RÊVE OU QUOI??? SI VOUS ÊTES ASSEZ EN FORME POUR MAGASINER, QU'EST-CE QUE VOUS FAITES ICI???

Mais bon, je ne suis pas secrétaire. Quoique.

***

Bien assise entre une ado-aux-cheveux-rouges-et-en-gougounes et un latino-qui-soupirait-aux-trois-secondes, j'ai commencé à compter les "tabloïdes humains". Oui oui, les tabloïdes: ceux et celles qui sont vissés à leur tablette. La lutte était serrée entre les tabloïdes humains et les pouceux: ceux qui ont le pouce vissé à leur i-phone-i-pod-i-have-no-life. À ma droite, il y avait deux enfants de moins de trois ans qui avaient chacun dans leurs mains, un mini-lecteur-de-dvd et qui avaient, évidemment, des écouteurs sur les oreilles. Les mères? Le cou penché sur leur tite-bébelle électronique. En face de moi, une yogi-branchée. Portant des vêtements "Lululemon" de la tête au pied. Avec une tablette écolo? Pouahaha.

À gauche, il y avait les tits-vieux. Allez savoir, les gens se regroupent par âge? J'aurais dû aller avec eux. Parce que dans mes mains, il n'y avait rien encore. Hiiii, comment je fais pour survivre plus que deux minutes sans gogosse électronique dans les mains??? Sacrilège social, hein?. La réponse est simple: je n'en ai PAS, de gogosse. Je n'en veux PAS. Je n'en aurai PAS. Pas de cellulaire en 2013? Comment je fais? Je demande à n'importe qui à mes côtés si urgence il y a. Je n'ai qu'un numéro de téléphone? Oooouh. Old school la fille.

Bref, dans la salle, en plus de tousser, moucher, pleurnicher, ça pianotait sur des tits-claviers. Le plus marrant: l'homme d'affaires qui s'est assis plus loin à ma gauche (le clan des jeunes était plein). Son téléphone a sonné. On a tous entendu une voix de femme: "Allô mon chériiiii". TOUS les yeux se sont tournés vers lui. Gêné, il a baissé le ton et a dit à sa femme de parler moins fort parce qu'il était à la clinique...

J'ai éclaté de rire. Absurde vous dites? Totalement!!! Le mec a continué sa conversation en parlant tout bas... Y'a personne qui t'a expliqué que tu pouvais enlever le "mains libres"??? Ou t'es juste content de montrer que t'as une femme? Ça se peut. Tout se peut.

Avant de m'étouffer de rire, j'ai détourné le regard vers les jeunes. Oh, deux extra-terrestres. Un homme dans la jeune vingtaine qui lisait un LIVRE!!! Et une jeune du même âge, tout de léopard vêtue, sans blague. Que lisaient-ils donc? Quel est le livre qu'il "faut" lire en public ces temps-ci pour être "in"? Fifty Shades of Grey! Dans le mille. J'ai failli mourir de rire, encore une fois. Les paris se sont ouverts dans mon univers secret: vont-ils finir ensemble à la fin de la journée pour mettre en pratique leur lecture cochonne? Rfrfrfrrr.

Une famille est entrée à ce moment. Je ne sais pas de quelle nationalité, mais ils étaient TOUS là. La mère, le père, les trois enfants, la grand-mère, l'oncle et la tante et probablement une cousine qui n'avait rien à faire cette journée-là. Ça rentre en groupe et ça parle fort. (La nouille au bout du fil de l'autre a dû monter le ton! Hahaha.) La famille baragouine un français original tandis que la secrétaire tente de comprendre QUI est malade dans tout ça. Ah, ce sont les enfants? Ah, ils toussent. Oh, mais le petit garçon tousse VRAIMENT fort. Oh oh, il vomit. Directement sur le tapis. Aux pieds d'un patient qui n'osera plus bouger pendant 40 minutes. La famille ramasse le petit, le cache dans la toilette et tente de se trouver une place pour "huit" dans une salle bondée. Bonne chance.

Le vomi reste là, bien tranquille. Personne n'avise la secrétaire qui n'a pas pu voir le spectacle. Ni le sentir. J'observe le mec qui a les deux pieds à un centimètre de la flaque. Il ne bouge plus. Il est tétanisé. Personne ne bouge.

Lasse de cette nonchalance, je me dis: Bon, c'est pas vrai que tu vas encore t'occuper des autres alors que tu viens pour toi-même aujourd'hui. Dah.

J'ai sorti de mon sac une grosse bd de Pedrosa ("Portugal" est le titre. Un chef-d'oeuvre total. Je suis amoureuse de.) et j'ai plongé dans ces cases remplies d'accent portugais et de couleurs de soleil. Après 30 minutes, j'ai levé les yeux vers la "vomi-flaque". Elle était encore là et se prélassait sous les néons, quoi. J'en ai eu marre. Je me suis levée d'un bond, j'ai interrogé mes voisins de chaises de plastique. Personne n'est allé aviser? Non. Franchement. Vous êtes muets? Vous êtes inconscients? Imbéciles? Ça vous tente d'attraper le virus du petit? Payez-vous la traite, mettez-vous donc la main dedans...

J'ai déposé Pedrosa sur "ma" chaise... pas question qu'un membre du "Clan des huit" me vole ma place. Ça faisait deux heures que je la réchauffais. Je me suis rendue au bureau de la secrétaire. Elle avait le nez dans ses dossiers.

- Mmm. Mmm. Madame?

- Oui?

- Il y a un enfant qui a vomi sur le tapis dans la salle d'attente.

- Oh. Je vais appeler le concierge.

- Le concierge? Ça va être long?

- Aucune idée. Je ne sais pas où il se trouve...

- C'est pas très sain de laisser du vomi "à l'air"... Vous ne pouvez pas rouler le tapis et le mettre ailleurs? Y'a un monsieur qui ne bouge plus depuis...

- Je vais voir ce que je peux faire.

Je suis retournée à Pedrosa. "Je vais voir ce que je peux faire". Ce que tu "veux" faire... Je me suis promis que non, je ne roulerais pas le foutu tapis. Y'a des limites à faire de l'overtime.

Ça aura pris dix minutes avant que la secrétaire ne roule le tapis et le dépose près du mur. Le concierge est arrivé vingt minutes plus tard et il a demandé, bêtement, si c'était "tout"? TOUT??? Tu veux quoi au juste??? Une rivière de vomi pour justifier ton déplacement?

L'homme qui ne bougeait plus a osé un timide: "Euh, il y a quelques gouttes ici". Des gouttes "hors-tapis". Le concierge a "moppé" les tites-gouttes puis est reparti en sifflant. L'homme qui ne bougeait plus a bougé les pieds. Une crampe, mononcle? Pauvre toi.

Les infirmières continuaient d'appeler les patients un par un au triage. Ce fut mon tour. On m'a ensuite installée dans la salle numéro 5. J'ai attendu une heure de plus. Une heure à lire Pedrosa et à me demander pourquoi j'étais là, au juste? Je m'en suis souvenue quand le docteur est arrivé. Je n'étais pas là pour lire? Ah. Dommage.

Je suis repartie avec une prescription d'antibiotiques et une fierté incomparable d'avoir fait la rebelle dans la société.

Oui.

J'ai lu un livre "papier" pas "in", pas "sexe", pas "violence", et surtout pas numérisé. J'ai voyagé au Portugal grâce à des mots et à des images et en rentrant chez moi, j'ai décidé d'écrire un digne merci à Pedrosa.

Par courriel, je sais quand même reconnaître l'utilité de la technologie.

Pedrosa m'a répondu.

Et il m'a écrit les plus belles lignes qui soient:

En m'écrivant qu'un jour de printemps, de l'autre côté de l'Atlantique, dans cette salle d'attente, Portugal vous a fait oublier pendant quelques heures la peur et la peine, vous m'aidez à sentir que d'un bout à l'autre de ce tout petit vaste monde, les livres participent à faire de nous des humains, nous relient. Vous, et moi, et d'autres, pouvons partager quelque chose d'indicible, qui se cache dans les mots, la musique, la beauté.

Je suis amoureuse de.

Y'a pas d'autres mots.

(X-Man n'est pas jaloux. Je suis souvent amoureuse de. Et toujours de lui.)

mercredi 17 avril 2013

69?!?

Vous me voyez venir... X-Mom ne peut PAS avoir 69 membres trop longtemps... je risque d'être encore plus associée à un site porno!!!!!!!!!!!!!!! Alors allez, toi qui lis mon blogue et qui n'est toujours pas membre, tu prends deux minutes de ton temps et tu t'inscris, question que X-Mom conserve son statut de mère-digne! Héhéhé.

***

Parlant de deux minutes. Je prends deux des miennes (on doit toujours prêcher par l'exemple!) pour vous dire à vous, chères lectrices (et un ou deux lecteurs!), que parfois, plutôt souvent, je ne réponds pas à vos commentaires. Ce n'est pas faute de les lire. C'est plutôt faute de temps. Ou de mes oublis quotidiens.

Mais sachez que vos commentaires sont un carburant incomparable et que grâce à vous, je ne changerai pas de sitôt mon moteur d'écriture!

Sachez aussi que j'ai dû retirer deux billets dernièrement, car j'y mentionnais soit des détails trop personnels me concernant, soit des détails trop près des personnes dont je parlais et mal m'en prendrait que ces personnes s'en retrouvent blessées.

Comme X-Man me l'a dit très poliment:

- Euh... tu fais l'inventaire de nos avoirs sur ton blogue? Tu dis mon salaire ou quoi? (non ... euh... j'm'excuse?...) T'es tellement naïve, X-Mom... tu sais bien qu'un blogue c'est public?

- J'ai tendance à oublier... mes lectrices sont comme mes amies...

- Parce que tu dis mon salaire à tes amies? (non.. euh... ça m'est arrivé...) X-Mom... le salaire que l'on gagne c'est privé. Tu ne peux pas parler de ça.

- Mais oui, mais moi, le mien c'est ZÉRO!!! Et j'ai envie de gueuler que c'est injuste, ok!!!!

- Fais ce que tu veux avec ton "salaire" (il a éclaté de rire... vilain, hein?), mais laisse le mien tranquille...

- Mmm. Ok. Désolée.

- Tu es fatiguée ces temps-ci... ça paraît... tu as moins de filtre...

- T'as sûrement raison... Est-ce que parler d'une vaginite, c'est trop intime, alors?

- X-MOM!!! VA PRENDRE L'AIR!!!

***

Hahahah. Ce que je vais faire à l'instant, tiens. J'en ai bien besoin, paraît. Surtout que ce matin, X-Boy a été faire une énième prise de sang car son dosage ne va toujours pas trop bien et qu'ensuite, il avait un rendez-vous avec le physiatre. J'ai appris que fiston a maintenant les angles du genoux poplités. En clair, il commence à avoir des raideurs aux articulations.

Moi qui croyais que ses jambes s'étaient renforcées?!? Nan. Paraît que le mot "poplité", bien qu'il soit ultra-marrant à répéter trois fois sans rire, n'est pas un bon adjectif.

Dah... On ne peut plus rien dire...

DEHORS X-MOM!!!

***

Ciao public pas-poplité!!!

dimanche 14 avril 2013

X-Boy et Lalie...

Il y a une petite histoire douce qui se trame entre X-Boy et Lalie depuis la naissance de cette dernière...

Lalie, la fillette de mon frère et de Tatie-C. est en effet une espèce de petite fée complètement mignonnette qui a le sens de la compassion bien aiguisé malgré ses bientôt trois ans.

Lalie est née en plein été, par une chaude journée. Elle avait des joues dodues et bien roses et déjà de très grandes mains. À la regarder prendre ses premières bouffées de vie parmi nous, on avait envie de la prendre et de rigoler un peu avec elle tellement elle avait une belle grosse bouille sympathique...

Au fil des mois, elle a grandi et bien qu'elle ait perdu ses grosses bajoues, elle a gagné en énergie et en pétillements... Maintenant coiffée de deux minuscules lulus, voir Lalie œuvrer dans notre monde est fascinant et réellement inspirant.

À la garderie, Lalie s'occupe des plus petits. Et à deux ans et demi, bientôt trois disais-je, les plus petits ne sont pas si nombreux... Pourtant, Lalie va vers les bébés avec une tendresse et une joie de vivre débordante. Elle les cajole, leur parle (parfois avec un restant de langage extra-terrestre) et va vers les adultes qui sont présents pour les avertir si un plus petit pleure ou semble avoir un bobo.

***

Quand Lalie voit X-Boy, elle voit ainsi un plus petit qu'elle. Et statistiquement parlant, ses grands doigts à la naissance étaient précurseurs de sa grande taille! C'est une petite géante, quoi!

Lalie se dirige tout de suite vers X-Boy lorsque ce dernier est au sol. Elle lui apporte, dans la seconde qui suit, un jouet quelconque qu'elle sait qu'il apprécie. Allez savoir, Lalie connaît les préférences de X-Boy en matière de bébelles bruyantes. Puis, elle s'installe aux côtés de X-Boy et elle lui fait des câlins. Et hop, un bisou sur la joue, et hop, un bisou sur la tête.

Puis, Lalie change de position et va s'asseoir DEVANT X-Boy, car elle s'aperçoit très rapidement que X-Boy ne détournera pas facilement son regard du jouet. Cela ne dérange pas Lalie, elle s'adapte à son petit-grand cousin. Elle se penche la tête pour arriver à la hauteur des yeux de X-Boy, puis elle lui lève doucement le menton pour qu'il la regarde enfin. Elle comprend également rapidement que X-Boy ne parle pas et cela ne la dérange pas non plus. Elle se met alors à chuchoter, comme si les mots murmurés allaient plus facilement se rendre à son petit ami un peu empêtré dans ses gestes et ses regards.

Hier, le 13 avril, nous étions tous réunis chez mes parents pour célébrer l'anniversaire de ma mère, Mamie-D.

Lalie était fidèle à ses habitudes et elle a posé un des gestes les plus beaux que j'ai vu depuis quelques temps. Un geste de pure douceur, de compréhension et d'espoir.

Bien assis l'un à côté de l'autre dans le salon, X-Boy jouait avec une petite auto tandis que Lalie jouait du tambour avec ses mains sur la valise contenant un milliers de petites autos. X-Boy souriait fort discrètement en entendant la musique de sa comparse. Puis il a fait un son, puis deux. Puis des rires. Lalie s'était mise à lui parler doucement en semblant être très contente de voir son cousin enfin réagir à ses jeux.

Doucement, elle lui a pris une main. L'a déposée sur la valise. Elle a pris son autre main, l'a déposée encore plus délicatement sur la valise. Puis, elle lui a montré, toujours en lui tenant doucement les mains, comment taper avec ses mains pour faire du tam-tam. X-Boy a essayé par lui-même une ou deux tapes quand elle lui eut lâché les mains pour taper en duo avec lui.

En silence, Tatie-C et moi avons vu ce geste et nous avons eu la même réaction.

Wow.

Re-Wow.

Lalie nous a regardé, le bonheur dans les yeux. Nous l'avons félicitée toutes les deux, en même temps.

J'écris ce texte et je suis encore émue.

Lalie a dans son cœur une des plus belles ressources du monde: l'amitié.

Elle ne voit pas que son cousin est différent d'elle.

Elle voit plutôt que c'est elle, qui est différente, puisque c'est elle qui peut aider les plus petits.

***

Avant que l'on ne parte de chez mes parents hier, Lalie jouait au salon, bien tranquille. Quand son père lui a annoncé notre départ, elle a couru jusqu'à X-Boy et lui a donné un énorme bisou sur le front.

Puis, elle est repartie en chantonnant une chanson de papillons et de libellules, sûrement.

Je ne sais pas ce que chantait Lalie, hier soir quand nous avons fermé la porte.

Mais je sais que sa chanson résonne dans le cœur de X-Boy.

Et dans le mien aussi.





lundi 8 avril 2013

X-Mom sans son X-Boy? Est-ce possible?

Oui.

Depuis ce matin, X-Boy fait le grand garçon et il va même découcher ce soir. Un vrai ado. Il va passer la journée avec une horde de jolies femmes et demain en fin d'après-midi, il reviendra à la maison.

Mais où est donc X-Boy?

Eh bien il est Chez Philou. Ou au centre de Répit Philou pour ceux qui veulent du détail. En effet, lors de notre première visite au centre Philou, les éducatrices nous avaient informés que le centre offrait des ateliers de stimulation intensive deux jours par semaine (soir le lundi et le mardi) sur une période de 12 semaines consécutives. Pendant ces deux journées, les enfants "travaillent" avec une ergo, une physio et deux éducatrices spécialisées et ils font un beau dodo là-bas afin de donner du répit à leurs parents. Woah, le concept nous avait plu, quoi.

Toutefois, en revenant à la maison, le bal des questions existentielles et des "si" avait débuté en grande symphonie... X-Man et moi ayant été plutôt échaudés par "l'expérience hyperbare", nous avions tendance à nous dire que bon, ce serait encore une affaire qui nous coûterait plein d'argent et qu'il faudrait abandonner pour "x" raisons. X-Boy étant le champion du "x", on le sait bien. On se demandait si on avait le force et l'énergie d'aller mener le petit (ce qui implique faire des bagages) chaque lundi matin pour 8h00 (ce qui implique un départ à 6h20 pour éviter le trafic) et d'aller le chercher à 16h00 le mardi (ce qui implique se taper une à deux heures de trafic et défaire les bagages...).

On se demandait si X-Boy serait capable de bien réagir aux nouveaux stimuli... Si son nouveau dosage d'antiépileptiques qui le fait s'endormir pendant plusieurs heures par jour ne lui empêcherait pas, justement, de participer activement aux activités proposées. Allions-nous "payer dans le beurre" (alors qu'on mange de la margarine! hahaha) et avoir mis un important montant d'argent dans ce projet au lieu de le garder pour la fourgonnette-à-acheter? Allions-nous être trop inquiets de le laisser dormir ailleurs chaque semaine? De ne pas être là pour vérifier ses absences épileptiques? Allait-il revenir de là-bas complètement épuisé... tellement qu'il ne pourrait plus aller à l'école de la semaine? Est-ce que notre dynamique familiale précaire puisque complètement imprévisible allait tenir le coup à cet "ajout"? Est-ce que l'on serait encore plus fatigué pendant ces douze semaines? Est-ce que X-Boy réagirait à la négative et nous bouderait tous les week-ends afin de nous convaincre de le garder ici les lundis suivants?

Bref, quand j'en suis venue à me demander si notre couple tiendrait la route, j'ai téléphoné à ma Fée Rouk... Fée Rouk trouve toujours les mots pour me ramener sur terre. Parce que j'avais fait mon enquête personnelle avant ce dernier téléphone afin d'avoir des avis éclairants. J'avais téléphoné à K. en premier, puis à la physio, à l'ergo, aux deux éducatrices spécialisées, j'avais écrit à une maman qui venait de faire vivre cette expérience à sa super-fillette, j'avais discuté "live" avec l'orthophoniste. J'étais encore plus emmêlée dans mes pensées puisque les avis se valaient tous. Et je présentais la situation en étant plutôt alarmiste. Ce qui fait que ma mère, pourtant une grande manitou quant à me déjouer les idées noires, n'avait même pas osé me contredire et n'avait fait que respecter ma presque décision de ne pas inscrire X-Boy aux ateliers.

Pourtant, X-Man penchait vers le camp du "oui". Mais hé, la gérante de X-Boy n'était pas facile à rejoindre dans le "et si tout allait bien?".

Puis il y a eu Fée-Rouk qui, entre deux clients qui venaient se faire masser par ses mains magiques (Fée-Rouk est massothérapeute en Estrie, si jamais il y a des lectrices nouées du corps, je vous la conseille!!!), m'a dit de façon très directe:

- X-Mom. Je ne te reconnais pas. Tu n'as jamais hésité autant à la négative pour des projets qui pourraient aider X-Boy... C'est quoi cette nouvelle façon de penser? C'est néfaste, tu sais?

- ...

- X-Mom. Est-ce que X-Boy veut aller aux ateliers? Tu lui en as parlé?

- Moui. Quand je lui parle de Philou, il crie de joie.

- Passe-moi le.

X-Boy et Fée-Rouk ont toujours eu des discussions secrètes au téléphone. Allez savoir, ça communique fort entre ces deux êtres... C'est sûr, ils appartiennent à un monde magique! Héhé.

X-Boy a lâché un de ces cris de joie.

J'ai repris le téléphone.

- Tu vois, tu l'as ta réponse. Tu réserves sa place. La date limite, c'est quand?

- Dans deux heures.

- Alors hein, tu sais ce qu'il te reste à faire. Tu les appelles, tu me chasses illico toutes ces pensées négatives et tu retrouves ton aplomb, fillette. Pas de "oui mais", de "et si" et de gnagna. Compris?

- Voui.

- Tu le sais, X-Mom. Il n'y a pas de hasard. Vous êtes allés visiter Philou la semaine dernière, on vous a informé de ces ateliers. Une place s'est libérée, on vous l'offre et tu n'as pas le temps d'y réfléchir pendant des mois. (une chance!!) Qu'est-ce que tu attends? La vie te fait un cadeau. X-Boy sera stimulé par d'autres thérapeutes, tu auras presque deux jours de répit et une soirée en amoureux avec X-Man chaque semaine!

- Oui mais justement... Je ne peux pas faire "ça" à X-Man. Pourquoi moi j'aurais du répit et pas lui??? Il travaille lui... Il a BESOIN de se reposer.

- Non. Tu ne vas pas recommencer. X-Man veut que X-Boy fasse les ateliers?

- Moui.

- X-Man a de bons réflexes quand il s'agit de son fils. C'est toi-même qui me le dis souvent. Il sait que ce sera bon pour lui et il veut lui donner une nouvelle chance. Et X-Man sera heureux que tu te reposes... Avoue?

- Mmm. Quand même, je trouve ça injuste.

- !!!

- Ok. Ok. J'accepte cette "chance" de me reposer. Je dois en avoir besoin?

- Oui. Vraiment. Parce que ce n'est pas dans ta nature de réfléchir à la négative.

- Tu as raison. Allez, je te laisse, j'ai un téléphone important à faire.

- Tu embrasses X-Boy pour moi, d'accord?

- C'est sûr. Si je ne le fais pas, il va me bouder! Bisous!

Clic.

***

Ce matin, X-Boy s'est réveillé en même temps que nous. Il criait de joie dans son lit. Tout le long du trajet, il a joué avec une bébelle indescriptible tout en regardant par la fenêtre en souriant. Sur la route, aucun trafic. Nous sommes arrivés une demi-heure plus tôt que prévu.

En rentrant chez Philou, les trois autres familles étaient déjà arrivées. X-Boy s'est mis à sautiller dans nos bras en voyant tout ce beau monde et il a déjeuné avec un appétit d'ogre. (Appétit qui lui faisait défaut depuis une semaine...) Les thérapeutes nous ont rencontré à tour de rôle et elles dégagaient une si belle énergie que X-Boy n'en avait que pour elles...

À 10h30, nous avions rendez-vous en neurologie. Ste-Justine étant à 5 minutes de marche, nous nous y sommes rendus à pied. Dans la salle d'attente, X-Boy s'est endormi contre moi. Une heure de sommeil profond. Une heure de pur bonheur. J'aime vraiment lorsque X-Boy s'abandonne ainsi. Et bon, il m'a laissé en souvenir un beau rond de bave près du cou... Charmant! Pendant le rendez-vous, la neurologue a trouvé X-Boy beaucoup plus éveillé et elle a pu le voir faire au moins trois absences... Le verdict: on continue la médication actuelle et on commence à diminuer le premier médicament qui lui cause cet effet secondaire de somnolence.

À la fin du rendez-vous, X-Man a mentionné le fait que X-Boy commençait aujourd'hui les ateliers de Philou. Fallait voir l'illumination dans le regard de cette neurologue!

- Pour vrai?!? Mais quelle belle nouvelle!!! Si vous saviez comment les thérapeutes qui y travaillent sont géniales! Les résultats sont tellement remarquables! Bon, vous le savez, les progrès ne sont jamais énormes, mais ils sont là...

Nous sommes restés bouche bée. D'ordinaire, les médecins-et-cie ne sont pas toujours d'accord avec les thérapies intensives. Mais cette fois-ci, nous avons été soulagés de voir que les ateliers avaient une bonne réputation. La neurologue nous a par ailleurs expliqué que les résidants en pédiatrie qui font des heures de bénévolat au Centre Philou en reviennent avec une ouverture et une expérience de vie qui n'a pas de prix.

***

À midi sonnant, X-Boy est retourné au Centre Philou. Dans la cuisine, les autres enfants mangeaient. Dans la cuisine, les rires étaient partout. Même sur les murs, bien à l'affiche dans des dessins tout croches et des bricolages incongrus.

Nous avons fermé la porte le cœur léger.

***

En ce moment, X-Man travaille. Je suis seule dans la maison. Il n'y a pas presque pas de bruits. Enfin oui, il y a l'horloge qui fait tic tac et mes doigts qui pianotent sur ce clavier.

Et il y a, dans ma tête, une douce brise que je n'avais pas entendue depuis longtemps.

Une brise de temps. Une bise de calme.

Et une tornade d'envie de danser comme une folle et de faire 136136136 affaires en même temps!!!

***

C'est pas facile, hein?

Hahahaha.

(Vous ne croyiez pas sincèrement que j'allais terminer ça aussi pacifiquement? Dah!)