mercredi 29 juin 2011

L'expérience de l'âge...

Cet après-midi, la nouvelle travailleuse sociale (gracieuseté du CLSC) est venue me rencontrer pour faire "une évaluation de l'autonomie de X-Boy et établir les objectifs à atteindre dans son plan d'intervention".

De grands mots pour de si petites lignes de formulaires. À quand les formulaires qui laissent de la place aux réponses comportant plus qu'un oui ou un non? (Je me lance dans cette entreprise dans un an!)

Ainsi, la nouvelle travailleuse sociale est entrée dans notre univers de super-héros en ce 29 juin 2011. Y restera-t-elle longtemps? A-t-elle la trempe pour nous comprendre?

Mmm.

L'ancienne t.s. *leur surnom, à ces aidantes* était une vraie bombe d'énergie, une fille aux idées fortes, avec un bagou tel le mien (oui oui!) et une force de caractère qui m'ensorcelait chaque fois. Et qui me permettait de me remettre les deux pieds sur terre et de continuer mon fabuleux boulot de X-Mom sans trop me prendre la tête ni vouloir sauver tous les habitants des autres planètes. Bref, l'ancienne t.s. était une aide précieuse, une presque amie que j'avais toujours hâte d'accueillir, même tout de pyjama vêtue. Elle était si "énergie" qu'elle est, depuis janvier, en congé de maladie. Évidemment, on ne peut me dire-madame de quoi elle a souffert ou souffre, mais elle reviendra sûrement en août "tout dépendra de l'avis médical". En clair, elle doit avoir eu un mal populaire; un burn-out, un surmenage professionnel ou une dépression. Il faut dire qu'elle menait de front trois gros projets: un boulot difficile (je vous mets au défi de visiter plein de familles "craquelées" en une semaine), une maîtrise à terminer et une vie en parallèle *et en priorité* de mère (monoparentale) d'un gamin charmant qui débute l'école.

Cet après-midi, j'ai reçu dans ma cuisine la version "propre" d'une t.s.... une juvénile, une néophyte du milieu "difficile" qui sort tout droit de l'université, qui habite en appartement avec son amoureux et qui n'était certainement pas décoiffée ni mal vêtue. Elle portait un tailleur pied-de-poule cintré sous des seins bien rebondis recouverts (pudiquement, quand même) d'un chandail moulant (moulé!) fuschia. À ses pieds, des petites ballerines blanches avec dedans, sur les bouts de pieds, de fins bas de nylon sans maille. (Ça existe, des bas comme ça? Faut que je sorte!) Elle avait les cheveux savamment retenus par un ruban rose et un rouge à lèvres discret mais bien appliqué.

T.S. d'avant débarquait chez nous en trombe, à 8h58, enlevait son manteau d'hiver même pas zippé, nous lançait un grand salut avec son bras encombré de son sac à "documents" et enlevait ses bottes pleines de calcium avec son autre main dans laquelle elle tenait son café et son téléphone. Elle arrivait dans la cuisine, s'excusait d'avoir une tignasse aussi rebelle, s'installait sur une fesse sur la chaise et éclatait de rire en voyant le petit à l'air médusé par une deuxième "X-Mom" survoltée dans son matin tranquille... X-Man se sentait à l'aise de passer près de nous avec une chemise "pas encore dans le pantalon" et restait avec nous pour tout le temps de la rencontre, finalement, tellement c'était pertinent d'être aux côtés de cette t.s. dynamo-dynamique.

Celle d'aujourd'hui m'a inspirée beaucoup de retenue. X-Man l'aurait saluée discrètement et m'aurait fait un signe de "c'est qui celle-là au juste?" et m'aurait demandé, le soir venu, si la stagiaire en travail social était "cool"?

La nouvelle t.s. a cet air sympathique, mais cette retenue indicible. Elle "travaille, elle". Elle n'est pas là pour m'écouter raconter des anecdotes savoureuses sur ma vie de X-Mom ni pour me ramener sur terre. Quoique oui, elle était là pour ça. Mais juste pour ça.

Elle s'est installée avec ses cahiers impeccables, son stylo dernier cri, les jambes bien droites et les pieds au sol et elle a commencé à me poser 13512466 questions on ne peut plus ennuyantes sur l'état actuel de X-Boy et sur la vie parentale. J'ai ponctué la "rencontre" de plusieurs niaiseries, blagues plates et rires incongrus qui ont réussi à la faire rire, à la toute fin où elle a lâché son rôle de Madame-Travailleuse pour me dire un "je resterais des heures à vous écouter, vous êtes coopérative, c'est bien!". Une phrase on ne peut plus fofolle, hein? Wow, wow, c'était trop d'émotions!

Tout au long de l'entretien, elle a regardé l'heure pour s'assurer qu'elle "y" arriverait. Pas évident de garder un esprit vagabond et enjoué comme le mien dans des cadres et des cases précis! Fallait lui voir le A+ dans les yeux quand, à une heure et quarante-cinq minutes, elle avait terminé. 15 minutes avant son "délai prévu". Elle a lâché un "je ne pensais pas y arriver" qui m'a fait éclater de rire et qui a déridé X-Boy qui s'est mis à hurler de joie lui aussi. Elle a souri et a débuté un rire qui s'est terminé par un "vous avez votre agenda proche, je vais vous revoir au mois d'août".

J'ai osé lui demander:

- Et vous allez faire quoi (parce qu'on s'est vouvoyé tout le long... et elle a quoi, 22 ans?) pour moi?

- ...

- Je veux dire, vous allez me donner des conseils, me "driver" comme l'ancienne t.s. (faut pas faire des comparaisons, mais bon) et me limiter les neurones hyperactives?

- Je vais faire un rapport détaillé de tout ce qui s'est dit aujourd'hui et avec mon système de quotation, je vais évaluer vos besoins et cibler des objectifs précis.

- ...

Je suis restée sans voix. J'ai un "système de quotation", moi!!!!!!!!!! Je peux-tu le voir, l'encadrer, le montrer à ma famille et à mes amis???? C'est quoi, ma note, hein??? J'ai la note de passage??? J'ai échoué??? JE VEUX VOIR ÇA!!!!!!!!

Elle a quitté en laissant à X-Boy la chance ultime de jouer 23.5 secondes avec la poignée de son sac à dossiers "ok X-Boy, je dois partir" (aucune place à l'improvisation) et elle est montée à bord de son auto de l'année.

Je sais que je suis passée par là, que je suis déjà "sortie fraîchement" de l'école et que j'avais l'ambition de tout réussir en étant "by the book" (moi? je ne crois pas avoir été "by the book" à aucun moment de ma vie) et en appliquant les grands principes appris lors de mes études universitaires, là où TOUT le savoir est, voyons. Je sais que je me croyais si forte, à 22 ans, si capable de changer le monde, à l'abri de la "croûtitude" des vieux, à l'abri des phrases clichées et que "jamais, non jamais, je ne deviendrais de même". Je ne pouvais m'imaginer une vie autre que la mienne, je savais où j'allais, je savais qui j'étais.

Et maintenant, 10 ans plus tard, j'ai cette impression de ne plus savoir rien, justement. Mais plutôt d'apprendre chaque jour et de découvrir la vie sous tous ses angles grâce aux autres qui m'entourent et grâce à l'ouverture que j'ai acquise. Je n'ai plus ce sentiment de certitude, je doute sans arrêt et c'est devenu un de mes plus forts moteurs.

Et j'aime les gens qui ont ces craquelures, qui ont compris qu'ils n'ont rien compris, mais qu'ils peuvent nous aider à comprendre. Qu'ensemble, on va y arriver. Arriver où? Arriver à quoi? Peu importe, mais on va réussir. On va vivre sans trop mourir chaque jour et en se levant chaque matin avec cette envie que cette routine ait sa particule de différence qui fait que la vie est ce qu'elle est.

J'aimais la t.s. d'avant pour cette fraîcheur qu'elle avait, celle de ne plus être si jeune, après tout. Celle d'avoir gardé son enfance au bord des lèvres et des vêtements.

Cette enfance qui fait des vieux, d'adorables petits vieux qu'on envie et qu'on a envie de côtoyer.

Cette enfance qui m'entoure et me fait espérer que chaque jour, je vieillirai un peu plus.

***
Sur ce, je vais aller voir si j'ai une nouvelle ride au plafond.

mercredi 22 juin 2011

Bon matin, X-Mom!


Vous voyez cette petite merveille de la nature? Moi je l'ai entrevue sans mes lunettes, à quelques millimètres de mon visage, en ce tranquille matin du 22 juin.

Je dormais à poings fermés quand j'ai entendu le "crac" distinctif de la porte. X-Man est accouru les baguettes en l'air avec ce petit bout de trèfle chanceux entre les doigts!

Grâce à mon astigmatisme-myopie combinés, tout ce que je voyais, c'était un homme vêtu d'un chandail rouge qui courait vers moi en rigolant... j'ai cru que je rêvais à un pompier valeureux qui venait me sauver des flammes. Mais non, c'était "juste" X-Man. (que je blague en écrivant un "juste", hein!)

- X-MOM!!!!!!!!!!! T'AS VU ÇA???

- Hein, euh... de quoi tu parles, il est quelle heure, là???

- 7h45!!!

- X-Boy dort encore?

- Oui oui... mais t'as vu ÇA???

- Heu... faudrait que tu approches ÇA de mon nez... je n'ai pas mes lunettes...

- Je l'ai trouvé, comme ça, ce matin, en fumant (pour une fois que ça sert à quelque chose! haha) dans la cour!!! Tu imagines, je n'en ai jamais trouvé avant!!!

- Mais c'est quoi??? Je ne vois rien, arrête de bouger autant.. C'est une petite pensée?

- Non... c'est un trèfle à 4 feuilles!!!

- HEIN??? TU ME NIAISES??? J'AI TOUJOURS RÊVÉ D'EN TROUVER UN!!!

Et là, les deux excités y sont allés de prédictions joyeuses et de questionnements à savoir: est-ce que tu crois que ça porte vraiment chance, dis???

- Tu vas bien vouloir le photographier?

- Oui, X-Man. T'es pas en retard pour le boulot, là?

- Hein??? Mais oui... je le mets dans un verre d'eau... j'y vais!!! Bonne journée!

- Bonne journée! Bisous, mon Lucky Charm.

Mon amoureux de farfadet a quitté la chaumière sur cette note complètement ludique.

Yipidipididou Hi-di-oh!!!

***

J'avais jadis rêvé que X-Boy dirait "maman" un 22 mai à 2h22... ce qui n'est pas arrivé.

Aujourd'hui, nous sommes le 22 juin. Il y a quelque chose avec ce chiffre.

Peut-être que X-Boy fera ses 22 premiers pas?

22 bisous dans mon cou?

22 souhaits en secret?

Nan. Je sais.

X-Boy va attendre au 22 juillet!

Voyons!

jeudi 16 juin 2011

Ménage à trois...

Rentrer chez soi et se sentir à l'hôtel: chose faite.

Cet après-midi, alors que j'accompagnais X-Boy à son rendez-vous chez l'orthésiste, il y a une fée-ménagère qui a nettoyé notre maison.

Mmm... ne me jugez pas si vite. Nous n'avons certes pas les moyens de nous payer une "femme de ménage" (eh que je hais cette expression!) à toutes les semaines, mais il s'avère que grâce (?) ou à cause (?) de notre situation familiale particulière, nous avons le privilège d'avoir de l'aide à la maison.

En fait, c'est surtout parce qu'un certain matin, il y a quelques semaines, alors que X-Man parcourait les routes mornes de l'Abitibi, j'ai craqué devant l'éducatrice spécialisée de X-Boy qui était venue jouer avec lui à la maison. Cela faisait deux semaines que j'avais ma fabuleuse hernie discale et comme le petit refusait de se réveiller plus tard que 4h30, à la question-pas-piège-du-tout qui consistait en un simple: "Oh, X-Mom, tu sembles fatiguée, non?", j'ai répondu plusieurs sanglots. Plusieurs angoisses cachées au fond de mon orgueil de mère-top-énergique-pourtant-bon. Je venais de constater que de passer l'aspirateur 3 fois par semaine, laver les planchers avec une guénille (parce que le sport préféré de X-Boy est le lancer du jus/lait par le bec de ses gobelets anti-fuites-mon-cul!), épousseter les meubles, laver le micro-ondes, le frigo, le four, défaire et refaire les lits tout en soulevant mon gamin bionique au moins 3251616 fois par jour serait... douloureux. Voire impossible. Et lire en sous-textes: risque élevé de burn-out-ménager-et-d'orgueil.

Car c'est ça qui est le plus difficile à combattre, le sapristi d'orgueil. Et fallait voir X-Man quand je lui ai annoncé (par téléphone, oui) que j'avais demandé qu'on fasse le ménage à notre place. J'ai eu droit à des "Ben voyons donc, JE vais le faire... Je le fais déjà... On n'est PAS des snobinards, on n'est pas des gâteux, ni des gâtés... et on ne va pas voler les services à une famille qui vit vraiment des situations difficiles..."

Ça aussi, c'est très difficile. Tout comme X-Man, j'ai cette habitude de voir plus noir chez les voisins et de me dire que je devrais plutôt aider les autres et prendre "sur moi". Endurer et passer "par-dessus". Je me répète que ce n'est qu'une situation temporaire, que faire des burn-out, c'est juste "in" que je ne veux pas suivre la mode et que dans le temps de nos grands-mères, les mères faisaient le train des vaches, le souper et rapiéçaient les vêtements tout en allaitant leurs jumeaux.

Alors, moi... avec mon tit-dos qui crie "Ayoye, tu me fais mal" (hommage à Gerry Boulet, ça aussi, c'est "in" ces jours-ci) je peux bien aller me rhabiller. J'ai un amoureux-père du tonnerre qui est fort comme un roc et qui cuisine, fais le ménage et tond le gazon. Tout en s'occupant beaucoup de fiston et en travaillant au moins 60 heures par semaine. C'est un super-héros, il ne flanchera pas. Il est tellement au-dessus de l'épuisement physique et psychologique. Ce n'est pas parce qu'il fait de l'insomnie et a de grosses douleurs au dos (un mal commun ici) et qu'il doit se taper des heures de trafic deux fois par semaine qu'il est épuisé... (hommage silencieux)

Et qu'est-ce que ça changerait d'avoir quelqu'un pour nous aider à faire le ménage une fois aux deux semaines, hein?

Réponse claire: ça va nous sauver la vie. Et la santé. Et le couple.

Rien de moins.

Et ça va nous permettre de sortir les week-ends. De faire voir le monde à X-Boy, accompagné de ses 2 parents. Pas juste un qui part tandis que l'autre frotte le bain.

Ses 2 parents vont arrêter de rentrer tôt le soir et partir tard le matin. Parce qu'il faut faire ci, il faut faire ça.

Pour les mois d'été qui s'en viennent, nous allons respirer.

Et non mordre la poussière.

Et s'étouffer dedans.

***

La ménagère m'a laissé un petit mot sur le coin de la table: "Je vous souhaite une belle fin de semaine avec votre petit garçon. Je n'ai pas eu le temps de nettoyer le sous-sol, ne touchez à rien, je le ferai dans deux semaines."
Elle avait déposé le bouquet de fleurs sauvages (cadeau de Mamie-Z) au centre de la table, sur un napperon assorti...

Ne manquaient que les chocolats sur l'oreiller. Mais sincèrement, je crois que c'est moi qui vais lui en laisser pour la prochaine fois.

lundi 13 juin 2011

Placer des livres la nuit...

Hier soir, j'essaie de m'endormir. Incapable. Mon cerveau est occupé à placer des livres sur des tablettes. Ça m'a rappelé l'époque où je travaillais en librairie alors qu'on faisait l'inventaire. Je "scannais" des bouquins toute la nuit et je cherchais des erreurs d'inventaire. Beurke.

Tout ça parce que (yé!) on a enfin pu replacer nos meubles dans le sous-sol et faire le MÉNAGE des livres.. que dis-je, pas des livres, mais des TONNES de livres qui se sont accumulés au fil des ans. Ayant un DEC, un BAC et une maîtrise en littérature, j'avais tout un lot de livres on ne peut plus littéraires et pour la plupart très plates. Et X-Man, bachelier en histoire et travaillant dans le milieu du livre depuis 15 ans, avait presque un entrepôt de livres on ne peut plus douteux, parfois.

Ainsi, samedi après-midi, nous nous sommes assis au milieu du salon, avec pour compagnie un DVD de Binou et les cris de joie de X-Boy. Et nous avons fait une s-é-l-e-c-t-i-o-n. Sauf qu'avec deux intellos dévoreurs de mots, c'est loooong. On avait plus de 15 boîtes remplies à éplucher. On a terminé hier midi. Résultat: on donne 9 boîtes de livres et sur les 8 bibliothèques, on en utilise que trois et demie. Élagage productif, hein? Oui.

Exit donc tous mes romans obligatoires du "terroir" québécois. Angéline de Fondbrun (de Montbrun, mais on la maltraitait un peu, hon), est partie rejoindre Jean Rivard, défricheur dans leur Terre Paternelle et Angéline a enfin réussi à l'avoir, son trip de cul avec Menaud, maître-draveur (avec un titre de même...)

Exit les romans slaves d'éditeurs inconnus, exit les livres de recettes sur les "tapas-quenelles-quiches-blinis-cuisine-islando-romantico-what?". Exit les bouquins de brico du type "Comment plier ses napkins, Comment décorer une chambre d'enfants avec des macaronis bio, Faire de la gouache avec de la betterave-rave et Savoir recevoir sa famille un lundi de novembre quand tout le monde travaille mais pas vous!

Exit les livres de psycho du type: Savoir reconnaître les personnalités difficiles grâce au pendule de Proutchki, Regardez autour de vous, les minous de poussières vous parlent, Je regarde ton visage et j'y vois des traces de ketchup: les révélations de Heinz-Schreiber et autres Arrêtez de cultiver la haine, jardinez votre corps.

Exit la bd que j'ai gagnée au cégep qui et était vachement nulle, exit l'autre bd que j'ai gagnée juste pour voir si le tirage de l'éditeur était une arnaque.

Mais les autres bd, même les séries plates, incapable de les donner. X-Man, de son côté, ne peut pas se débarrasser de ses livres sur l'histoire (en précis ou en général). Moi, je ne peux me départir des romans jeunesse ou albums trop mignons. X-Man refuse de laisser partir un dictionnaire, même si on en a une vingtaine.

Et il m'a empêché de me départir des livres de mon corpus à l'étude pour ma maîtrise. Là-dessus, on s'est obstiné.

- X-Mom, c'est beau de vouloir faire de la place, mais n'efface pas toutes tes études.

- Mais je ne les relirai pas. Et tu vois à quoi elle sert, ma foutue maîtrise?

- X-Mom...

- À changer des couches, faire des exercices de mastication, installer des orthèses et faire les sons des animaux.

- X-Mom...

- Je ne suis pas défaitiste ni rien. Mais soyons réaliste. À part une dette de 20 000$ (il me reste 8$ d'intérêts à payer et les 15 775$ restants diminueront enfin!!!) et un recueil de nouvelles relié avec mon tit-nom sur le dessus, ma maîtrise ne me sert plus à rien. Bon.

- X-Mom...

- C'est vrai! Quand X-Boy ira à l'école et qu'il sera "autonome", penses-tu vraiment que je vais retourner enseigner au cégep? La littérature péteuse de La Fayette et de l'autre guignol, là... Bernardin de St-Pierre? Penses-tu vraiment que je vais trouver pertinent de faire faire des dissertations on ne peut plus pointues sur la présence des métaphores du registre animalier dans la pièce de théâtre Adieu... docteur Munsch??? Penses-tu vraiment que j'y trouverai une raison de vivre, dans ces bouquins pour lettrés enfermés dans leur monde clos d'élitisme? X-Man, j'ai fait un mémoire en création avec un volet théorique sur le sort du personnage dans la nouvelle...

- Mais c'était intéressant.

- À l'époque, oui. À l'époque où je me voyais faire un doctorat en littérature et où je rêvais d'enseigner à l'université et d'avoir mon nom en placage doré sur une porte de l'établissement supérieur. Mais en ce moment, mon nom, je le vois sur des formulaires gouvernementaux, sur des communiqués de parents partageant leur expérience de parent d'enfant handicapé. Mon nom, il est devenu "maman" et dans la bouche de mon élève préféré, c'est même pas un mot, encore. Juste un son.

- X-Mom... tu me fais le coup de la mère qui ne sait plus qui elle est?

- X-Man... tu veux bien la fermer et ranger mes foutus livres de maîtrise dans la bibliothèque, qu'on change de sujet?

- Ok.

- Et l'an prochain, quand on va déménager (dans les espoirs les plus concrets!), je vais les mettre dans une boîte, tous ces bouquins... tu vas voir, ils n'auront plus la même signification, ni pour toi, ni pour moi.

Sur ce, X-Man est monté avec X-Boy et m'a laissé ranger les livres "gardés" un à un.

Une bibliothèque raconte un peu notre vie.

Et maintenant, il y a plus d'espace pour l'imprévu, dans mes tablettes.

J'ai une bonne idée des livres qui s'y retrouveront.

Pour l'instant, je laisse dormir les idées.

Le sommeil porte conseil.

(Sauf quand il est rempli de livres à classer! hahaha)

vendredi 10 juin 2011

Après la pluie, viennent les belles dents...

Hier, puisque je n'avais que 3 rendez-vous cette semaine, j'en ai ajouté un. Faut pas trop me donner de temps libre.

Direction: dentiste. Parce que là, je ne comprends plus X-Boy, qui, à maintenant 3 ans et des poussières de mois, A ENCORE MAL AUX DENTS!!! ET elles sont TOUTES SORTIES. Et aussi parce qu'il n'y a plus personne qui me croit quand je dis que s'il pleurniche, se mord les doigts jusqu'au sang depuis les trois dernières semaines, c'est parce qu'il a mal aux dents. Certains me narguent en me disant que X-Boy aura une bouche de requin avec trois rangées de dents.

Alors je suis allée vérifier. L'examen est gratuit une fois par année pour les gamins. Faut saisir les aubaines.

Nous arrivons chez le dentiste. Dans la salle d'attente, des fauteuils Louis-Whatever et du mobilier de bureau on ne peut plus luxueux. Ça me fait sourciller. Vous vous demandez où va l'argent de vos plombages? Je vous donne l'adresse de ce dentiste qui ne s'en cache pas. J'ai désourcillé, me disant que au moins, il s'affiche sans gêne. Vive la franchise.

La secrétaire me donne un questionnaire à remplir. J'inscris ça où, Opitz C? Entre les glaucomes, le diabète ou les maladies transmises sexuellement? J'ai ri tout haut. Je m'imaginais X-Boy avec une belle chlamydia couronnée (!) d'une gonorrhée. (Remarquez que les "h" rendent ces maladies plus beurk) La secrétaire a souri en coin. J'ai gardé mon humour caustique pour mes entrailles. X-Boy a hurlé de bonheur. J'avais échappé mon stylo et il l'a attrapé. (Pas en vol... ho, c'est X-Boy quand même)

L'hygiéniste invite X-Boy à la suivre. Je pousse le petit dans sa poussette-parapluie (qui n'est pas imperméable, hep). J'installe le petit bien couché sur moi, l'hygiéniste farfouille dans sa mâchoire.

- Aaaaaah...

Sourcils interrogateurs ici.

- Il m'a mordu.

- Oh... j'avais oublié de vous dire, il mord TRÈS fort. Il n'aime pas qu'on lui joue dans la bouche. Mais vous devez être habituée...

- On ne s'habitue pas. Sourire gêné mais sincère. Il a de très belles dents.

- Youpie!!!

- ?

- Excusez-moi, mais c'est vraiment chouette de se faire dire ça, vu toutes les nouvelles étranges que l'on reçoit parfois à son sujet.

Je lui explique rapidement le cas de X-Boy. Elle écoute attentivement, mais je crois déceler chez elle une envie de me parler d'elle.

- Vous travaillez, X-Mom?

- Non.

- Vous faisiez quoi avant d'être à la maison?

- (J'étais agent de bord dans l'armée africaine.) Je faisais des animations en bande dessinée dans les écoles primaires.

- Ah oui? Vous êtes un genre de professeur?

- Oui. (Mais elle veut en venir où, elle?)

- Vous savez, moi j'ai un autre emploi les fins de semaine. (cause toujours, tu m'intéresses... X-Boy, mords-la donc encore...)

- Mmm.

- Je travaille pour les produits cosmétiques MaryKay. (AAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHH!)

Bon, je m'arrête ici. Si vous, votre amie, mère, grand-mère, matante ou cousine de la fesse refaite travaille pour cette compagnie, ne lisez pas ce qui suit et allez vous poudrer devant votre miroir.

- Le maquillage?

- Oui. Et c'est génial. (et fabuleux, et fantastique et tellement payant... re-aaaaaaaaaaaah)

- Ça ne m'intéresse pas, vous savez.

- Je disais ça moi aussi (et vous vous êtes laissée embarquer comme une idiote dans cette vente à saveur pyramidale, mais que dis-je, pas-pyramidale-voyons) et je ne me maquillais pas avant.

- Euh.. vous n'êtes pas beaucoup maquillée en ce moment. Qu'une discrète ombre à paupière et un peu de mascara.

- Vous avez l'oeil artistique en plus?

Et le pied baryton, Madeleine.

- Vous seriez une excellente représentante (à l'aide X-Boy!) et ça ne vous coûte que 125$ pour votre trousse de base (moins de 50$ chez n'importe quelle pharmacie, hé) qui en vaut 600$ (oui oui) et notre directrice fait 14 000$ par mois!

- Elle vous dit SON salaire? C'est pas très professionnel.

- ...

- Ça ne m'intéresse vraiment pas. Je sais me maquiller (faites une émission de télé et vous aurez tous les trucs nécessaires à votre survie "glamour") et je ne crois pas aux vertus du maquillage intempestif.

- ?

- Ce que je veux dire (traduction sans fard), c'est que je ne me vois vraiment pas aller chez des madames-tout-le-monde pour leur dire à quel point il est ESSENTIEL de se maquiller et de payer 135235156$ pour des tits-pots de crème "incroyable". La vieillesse, c'est la plus belle chose qui nous arrive et les rides qui viennent avec sont la preuve qu'on a encore un cerveau. La société tente de camoufler la nature et moi, je me maquille quand ça me tente et j'achète mes produits dans une pharmacie qui me donne des points pour acheter des voyages à Tombouctou en l'an 2045. Et je suis heureuse ainsi.

- Je peux aller vous faire une démonstration-beauté et vous seriez heureuse de voir les résultats?

Non, mais, elle est insistante, hein? Aussi gommante que son mascara.

- Non. En passant, je suis venue ici pour faire examiner les dents de mon garçon.

Le dentiste est arrivé sur le moment. Comme par magie (yéééé!), elle se l'est fermée rapido. Plus un mot de sa jolie bouche au rouge à lèvres corail-minou-fou-fou.

- Bonjour dentiste!

- Bonjour X-Mom! Bonjour Petit Bonhomme. Tu as de bien belles dents!

- Oui, chez nous, on aime les beautés naturelles! Hahahaha.

Elle a souri, comme une dinde du réveillon.

- Monsieur le dentiste, voulez-vous bien m'expliquer qu'est-ce qu'il a, mon garçon, à se manger les doigts comme si c'étaient des popsicles et pourquoi il pleure quand il croque un morceau un peu plus difficile? Il a toutes ses dents, il a trois ans... il a un syndrome X mais ça fait deux ans qu'il fait des dents. Me semble que c'est impossible?

- Attendez, je vérifie.

- Attention, Dentiste, il mord, dixit Maquillez-moi-Madame.

- Moi aussi! Hahahaha.

Le dentiste a bien ri. Allez savoir, Madame-de-l'ourlet-poudré est sortie deux instants.

- Bon... Il a de très belles dents. (Noté!) Et les gencives sont en santé, il a une très bonne hygiène dentaire. (Pourtant, lui brosser les dents relève du miracle quotidien!) Il n'a pas d'ulcères, pas de muguet (ça ce sont des fleurs buccales? haha), pas d'éruption, d'infection, de bouton... seulement les molaires qui poussent.

- QUI POUSSENT??? MAIS ELLES SONT SORTIES!!! (Merde, ça a ramené l'autre Froufrou-dentelle-du-visage)

- Hahaha, X-Mom. Elles ont PERCÉES. Mais elles ne sont pas sorties AU COMPLET. Il lui en manque encore 4 mm.

- 4 mm? Ça fait combien en jours, ça?

- C'est différent chez chaque enfant vous savez. Et votre enfant est différent, hein?

Bel humour. Y'a de la beauté partout, ici, pincez-moi je rêve!

- Donc ça veut dire des mois?

- Soyez rassurée, ensuite, c'est fini. Il ne se mord pas les doigts pour rien. Il a mal et ça le démange. Et il n'y a pas de jouets de dentition qui vont aussi loin, d'où le choix de manger ses doigts.

- Bref, il est futé, mon gamin.

- Hahaha. Bonne journée X-Mom.

Miss-Kay-Way est revenue à la charge.

- Je vous donne mes coordonnées et il y a des séances d'informations les jeudis soirs et certains dimanches.

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!!! Ça se fait, une plainte en déontologie? Évidemment, le dentiste était déjà occupé à investiguer la bouche d'une autre patiente.

- Je ne vous téléphonerai pas. Mon lien avec vous va rester strictement "dentaire". On se comprend?

- Allez, X-Mom, vous avez tout pour réussir.

- Oui. Et j'ai surtout beaucoup de respect pour la vie privée des gens. Et le libre choix.

J'ai pris son "ostie" de papier et je l'ai chiffonné avec plaisir.

Quand j'ai quitté le cabinet, j'ai soupiré longuement. La secrétaire est venue m'ouvrir la porte pour la poussette de X-Boy.

- Au plaisir de vous revoir!

***

Je suis vraiment perplexe.

Vais-je retourner dans cette clinique?

***

Je vais y réfléchir.

***

Pour l'instant, je dois retoucher mon blush.

Mamaaaaaan, c'est finiiiiiiiiiiiiiiiiiii!

Disaient les petits bonhommes verts à la fin des émissions de Juste Pour Rire...

Ici, c'est plutôt ma patience verte d'impatience qui crie de "joie-ça-suffit!!"

Parce que si vous êtes assidus à cette chronique du quotidien, vous remarquerez qu'entre mardi et vendredi il y a 3 JOURS DE DÉLAI!!

Grmblblbmgr.

Flash-back:

Mardi 15h30

Homme No 3 (le sympathique) débarque avec Homme No 3.1 (un nouvel acolyte, roux et GRAND!):

- Bonjour X-Mom! Le tapis est posé dans le salon?

- Oui... Mais disons qu'il n'a pas été posé dans la plus grande joie...

- Comment ça?

- Ben... le gars a sacré après les boîtes, m'a demandé de les déplacer et m'a demandé de lui fournir un marteau... et il était en colère parce que la fenêtre est pourrie (Juste Pour Rie!!!) et que je ne pouvais pas vraiment l'aider à passer son tapis par la porte..

- Ben voyons donc! Il t'a demandé de bouger les boîtes? Et de l'aider?

- Mmm.

- Ben voyons donc, c'est un innocent ou quoi? a dit le Grand Roux.

- Maudit sans-dessein, on ne demande JAMAIS de l'aide aux clients et surtout, on ne sacre pas devant les clients... et les dames. (Tu veux un bisou?)

- Heu.. mais il s'est replacé les nerfs quand je lui ai expliqué que j'avais une hernie et un enfant handicapé à l'étage... il ne s'attendait pas à avoir de la difficulté à rentrer le tapis, vous savez. (Mais qu'est-ce que je fais là, je le défends???)

- C'est pas une raison pour laisser ça passer... On va le dire au boss, parce que cette équipe-là, ce sont des sous-traitants et s'ils salissent notre image par leurs comportements, ça ne va pas du tout.

- J'appelle le boss. a renchéri le Grand Roux.

- Mais... je ne veux pas causer de remous... voyons, ne lui faites pas perdre son boulot... il était seulement fatigué? Épuisé? (Innocent?)

- X-Mom... vous êtes une très gentille cliente (et tellement mignonne, hahaha) et votre mari (on n'est pas marié) est très poli. Vous n'êtes pas du genre à vous plaindre et vous avez d'autres chats à fouetter que d'endurer des impolis.

- ...

Le Grand Roux est revenu, l'air victorieux. X-Man est arrivé sur le fait. Les Zhommes ont discuté boulot et Homme No 3 a dit: Alors on revient demain après-midi?

- Euh... Homme de Tapis a dit qu'il n'avait rien de prévu à son horaire pour terminer la pose dans la chambre. Il est débordé, vous savez. (Mais qu'est-ce que j'ai à le protéger???)

- Ben voyons donc! Il n'a pas donné d'heure? Il ne passe pas demain matin??? C'est quoi cette affaire-là?

Et Homme No 3 et No 3.1 sont sortis discuter avec leur patron au bout du cellulaire.

- Notre patron va vous téléphoner tantôt. C'est pas vrai qu'on va vous faire attendre encore une semaine.

(Vous voulez VRAIMENT un bisou, vous, hein???)

Les constructeurs sont partis et les remords-mais-pourquoi-j'ai-dit-ça-sur-Homme-de-tapis se sont mis à poindre dans mon visage.

- X-Mom... tu n'as pas à te sentir mal... ce gars-là a agi comme un con... faut que ça se sache.

- Oui mais... il va le savoir, que c'est moi qui ai fait ces commentaires négatifs... et il connaît mon adresse... et il revient demain ou après-demain? Et je vais être seule avec??? Qu'est-ce que je vais lui dire en ouvrant la porte? "Allô, c'est moi qui ai fait en sorte que dans deux semaines, vous allez être au chômage?"

- X-Mom... tu dramatises... tu as seulement rapporté les faits...

- Pour ça, oui. Je n'ai rien inventé. Mais je ne croyais pas que ce serait pris au sérieux. Franchement, je ne cherche pas le trouble. Je veux seulement que ce soit fini.

- T'inquiète pas. Ça va se régler facilement.

Driiiiiiiiiiiing. Le téléphone a sonné. J'étais aux toilettes. (Même dans les bouquins, les héros font leurs besoins, c'est fascinant, non?)

C'est X-Man qui a répondu. Et qui a parlé à Homme de Tapis lui-même qui téléphonait pour s'excuser.

De loin, j'ai écouté la conversation. X-Man était d'une telle droiture et a rapporté exactement ce que j'avais dit aux gars de la construction. Il a répété que je n'avais pas fait de drame avec tout ça, que j'avais tout simplement dit qu'il s'était comporté de façon "moche" et qu'il avait sacré. Homme de Tapis a tout admis et a dit qu'il ne pouvait pas poser le tapis cette semaine. C'est là que tout le tact-guerrier de X-Man s'est imposé.

- Ah non, par exemple. Vous allez terminer votre boulot demain, c'est ce qui a été convenu avec l'équipe de construction. Il est hors de question que ce ne soit pas terminé cette semaine. Ça fait plus de deux mois que nous n'avons plus de sous-sol et que je dois travailler sur la table de la cuisine, mon bureau étant à côté du salon. Et ma conjointe a des rendez-vous avec notre garçon et ça devient plutôt long pour elle de devoir attendre DANS la maison depuis la semaine dernière que les équipes passent. Là, on est mardi soir... vendredi, ce sera terminé, non?

Homme de Tapis a protesté qu'il avait plein de boulot... un tapis de 900 pieds carrés à poser dans un entrepôt... gnan gnan gnan.

Je suis redevenue folle dingue amoureuse de X-Man.

- Bon, c'est assez les excuses. Ce n'est pas mon problème si vous avez d'autres tapis à poser. Ça va vous prendre une heure au maximum poser celui de la chambre et c'est quoi l'histoire, vous êtes seuls dans votre compagnie? Envoyez un autre homme et n'en parlons plus.

Homme de Tapis a sûrement été piqué. Il a répliqué que quand il faisait une "job", il la terminait.

- Parfait, vous passerez demain en après-midi. Ma conjointe sera là et elle ne vous en veut pas. Je lui transmets vos excuses. Plus de malentendus, alors?

X-Man a raccroché.

- Il passe demain après-midi.

- Je sais, j'écoutais. Il n'est pas fâché après moi?

- Non. Il a semblé bien au-dessus de tout ça. Il était sympathique.

- Je n'ai jamais dit qu'il n'était pas sympathique. Juste en crisse...

- X-Mom, arrête de te justifier et sois contente. Sans ta "plainte non-officielle", le tapis n'aurait pas été posé avant la semaine prochaine. Sans toi, on aurait encore passé une fin de semaine dans la cuisine...

- Mmm.

***

Mercredi après-midi, 15h30.

Homme No 3 et No 3,2 (ils sont combien de "helpers" dans cette compagnie???) cognent.

- Bonjour X-Mom! On vient déplacer les meubles!

- Ah non. Homme de Tapis n'est pas encore passé.

- PARDON???

- ...

- Ben voyons donc (c'est sa ligne préférée)... il est 15h30... ça n'a pas d'allure. On va appeler le patron et il va venir le poser tantôt, c'est pas correct de vous faire attendre ainsi. On repasse demain matin finaliser le tout, d'accord?

- Ok. À demain.

16h30.

X-Man arrive à la maison, tout heureux de voir le sous-sol terminé.

- IL N'EST PAS PASSÉ????????

- Non.

X-Man est allé jouer dans les plates-bandes pour se calmer.

17h30.

Le téléphone sonne, c'est Homme de Tapis.

- Je passe dans 10 minutes.

J'ai raccroché sous le regard médusé de X-Man.

- Hé ben... il vient après ses heures de boulot... Il tient à sa job, lui.

- En effet.

Homme de Tapis est entré dans la maison, tout sourire. Tout le contraire de sa face de boeuf de la veille. Il s'est excusé de son attitude et a terminé son commentaire par un:

- De toute façon, ce sont des innocents, ces gars-là de construction. Ça fait deux plaintes que je reçois de leur part... ils rapportent tout de travers et ils font des drames avec deux trois chialages. Faut pas leur parler de rien...

X-Man et moi avons souri. Les autres ont toujours tort, hein?

Et ça m'a consolée dans mon sentiment de culpabilité. Homme de Tapis a réellement un problème d'attitude et il aura d'autres plaintes. Mais ce ne sera jamais de la faute des clients... mais des constructeurs.

Ça m'a fait penser à des guerres de clocher. Chacun protège son territoire et pisse aux coins de son terrain...

18h30.

- Voilà, c'est terminé. Bonne soirée!

- Merci, bonne soirée!

***

Jeudi après-midi.

Homme No 3 et 3,? (je n'étais pas là) ont replacé les meubles, passé l'aspirateur et TERMINÉ le boulot!!!!

Quand je suis revenue de faire les courses, X-Man affichait un large sourire.

- C'est fini, X-Mom.

- Oui. Et tout ça pour avoir le même ostie de tapis laitte qu'avant.

- Hahaha.

***
En effet, le proprio-imbécilo-tragico-côlon a choisi la même ostie de couleur laitte que le tapis d'avant. Et la même texture rugueuse.

***

Sauf que ça ne sent plus le chien mouillé.

***

Nan, ça empeste la colle à tapis.

***

Vous avez une maison à vendre? (Et une mise de fonds à nous offrir?)

***

Soupir.

mardi 7 juin 2011

Pose de tapis en direct!

Ce matin, 7h30, ding dong!

C'est Homme No 3 qui sonne, je cours les baguettes en l'air criant: "Mon Amour!!! Tu es revenu!!!"

Nan... X-Man a freiné mes élans amoureux en me fermant la porte de chambre au nez. (J'étais encore au lit quand il a sonné, cet homme de la construction. Paresseuse, hein?)

- Bonjour X-Man! (Votre femme voluptueuse et aguicheuse n'est pas là?)

- Bonjour!

- Nous (Hein? Il y a Homme No 4??? J'arriiiiiiiiiiiiiive!) allons seulement bouger les meubles dans la chambre et l'équipe du tapis vient vers 10h00.

Oh, ça va me laisser le temps de me maquiller et de me parfumer! tsssss.

10 minutes plus tard, les Hommes ont terminé la valse des gros meubles. Plus moyen de mettre un orteil dans la chambre du sous-sol. (Moi qui avais prévu me prélasser sur ce lit... mes plans se voient toujours contrecarrés...)

X-Man m'avise que je peux sortir de la chambre. Oui.. car il n'était pas question que je sois vue dans ce pyjama léger. Hé ho, il fait 28 degrés la nuit, bon.

X-Man quitte pour le boulot, tout joyeux que l' "ostie" de tapis se fasse enfin poser!!!

Je déjeune avec X-Boy qui me raconte sa nuit entre deux bouchées de céréales. Ça sonne. Il est 8h50.

!!!

JE NE SUIS PAS VRAIMENT HABILLÉE!! C'est bien beau de rigoler en disant que je pourrais la jouer sexy pour que les travaux soient encore mieux effectués, mais dans la réalité, je n'ai AUCUNE envie de dévoiler une quelconque courbe à des Hommes de bras!!!

J'ouvre quand même la porte. M'excuse d'être en pyjama et je lui dis: Ah, je croyais que vous veniez à 10h00?

- Ah certainement pas... Ben voyons donc. Qu'est-ce qu'ils vous on dit?

- ... (J'ai eu envie d'aller chercher mon manteau d'hiver, tellement le ton était glacial. Et la tempête a continué.)

- Ostie... kossé ça???

Je descends les escaliers. Pas trop au courant du drame qui se joue dans mon sous-sol en ce moment.

- Ça va TOUTE tomber, ces boîtes-là!

"Ces boîtes-là" en question, ce sont douze boîtes remplies de livres. Lesdites boîtes gisent sur le manteau du foyer *non-fonctionnel, on est dans MA maison* depuis des mois. Elles n'ont JAMAIS dérangé personne, à part ma conscience de l'ordre.

- Euh... les gars ont travaillé avec les boîtes rangées là... il y a un problème? (Tu veux que je sorte mes muscles et que je te tape un peu la gueule, air de boeuf???)

- Ben là!!! C'est évident. (NON, ce ne l'est pas, chose!)

- ??? (Et j'ai une grande crédibilité côté yeux-de-biche-inquisiteurs)

- Je m'excuse (!!!), mais il faut les déplacer, cesboîteslà. Je ne peux pas passer le tapis près du mur sans que ça crisse le camp à terre. (Politesse mélangé avec rudesse, ça va un peu mieux...)

- Oh... les gars n'ont pas pensé à les enlever... (J'ai fait exprès, trop marrant de le revoir se fâcher!)

- Gang d'innocents... comment je vais faire, moé, pour rentrer le tapis? (Il faut utiliser le cerveau, là, mon ami... t'es capable, vas-y!)

- ??? (Vais-je réussir à l'amadouer à nouveau avec mon visage d'ange-qui-ne-connaît-rien-à-votre-métier-ok???)

- Je vais le passer par la fenêtre.

- Celle-là? dis-je en pointant la tite fenêtre timide.

- Oui... ??? (t'as pas les yeux mignons, je vais te répondre bêtement: attention)

- Ah ben non. Elles ne s'ouvre pas, cette fenêtre-là. (L'envie de rire, c'est grave!!!)

- Comment ça, là?

- Ben... elle est pourrie. Et collée par l'humidité. Et on la loue la maison, alors on n'a pas tenté de la réparer.

- Ben oui... ça va ben...

- Oui et vous? (Il m'a regardé, l'air de dire: toi la blondasse, retourne à tes casseroles!) (Non, j'aime trop ça avoir de la matière pour bloguer sur vous dans 10 minutes... vous savez que vous serez connu? hahahah)

- Je vais te l'ouvrir, moé, ta fenêtre... c'est pas vrai que je vais passer des heures à niaiser icitte. (Non? Haaaaa...)

Et il a "gossé" avec la fenêtre.

- T'as un marteau?

- (Oui, dans mes bobettes, comme tout le monde...) Non.. je vais vous en trouver un. (Cherche cherche 2 secondes) Désolée, vous voyez le bordel dans cette pièce (où il y a LA MOITIÉ des choses du sous-sol empilées???), impossible de trouver quoi que ce soit. (Sauf mon chevalet de peinture, tiens, il était là?)

- Bon, je vais aller en chercher un dans le camion, d'abord.

AH AH! Parce que c'est ça, qu'il a, Homme de Tapis. Il est LÂCHE.. Faudrait pas qu'il en fasse plus que supposé. Je préfère de loin Homme No 3 qui a peint les contre-marches sans "mandat", juste parce qu'il est cool, lui.

Homme de Tapis est revenu avec SON marteau et a pioché dans le cadre de la fenêtre. Quelques câlissesd'ostie sont sortis par les murs jusque dans les mauvaises herbes qui ornent le cadre de cette fenêtre. J'ai prié pour qu'il soit allergique aux orties. Gné gné gné.

- Ben oui... câlisse... le cadre de la fenêtre est pourri! (Qu'est-ce que j'avais dit???) et ça s'ouvre pas plus que ça... ben voyons donc, c'est donc ben mal faite icitte.

- Mmm. On LOUE.

- Oui, vous l'avez dit tantôt. (Tiens, IL écoute!!!)

- Si on possédait cette maison, les fenêtres seraient rénovées. Et on n'aurait pas fait poser un autre tapis laid, tsé.

Je crois que je l'ai vexé. Hon...

- Je vais devoir passer le tapis par la porte d'abord. Est-ce que c'est grave si j'accroche le haut du mur? (tiens, un souci du détail?)

- Non... On LOUE. (hahahaha, dans les dents!)

- Ok. En attendant, pouvez-vous bouger cesboîteslà?

Pour les mettre OÙ??? Vous voyez un espace vide, vous, icitte??? Innocent toi-même...

- Ah non. Je ne peux pas. J'ai une hernie discale et je ne peux rien soulever.

Silence.

- Et j'ai un enfant handicapé à l'étage qui a besoin de moi, en ce moment. Vous m'excuserez.

Il a un peu faibli dans sa colère. J'ai abusé du statut de X-Boy, mais j'en avais marre de me sentir comme la pire des connes de vivre dans cette maison où rien n'est normal. (Même pas les enfants, rhôôôôô!)

- Je suis désolé, Madame. (Même pas de "tite-madame"???) Vous avez le dos en compote et je ne savais pas que les fenêtres ne s'ouvraient pas ici. Avoir su, j'aurais demandé à un autre homme (UN AUTRE!!! LA PARTOUSE!!!) de venir m'aider. Je vais me débrouiller. Votre garçon pleure...

- ...

Je suis restée muette deux secondes. J'étais prête à le griffer. Mais j'ai vu que dans son coeur d'homme rustre, se trouvait sûrement celui d'un père ou d'un mari avec une cervelle émotive. Il a le droit d'en avoir marre, lui aussi, des propriétaires incompétents. On se part une page Facebook sur le sujet, Homme de Tapis?

***

En ce moment, tandis que X-Boy tente de m'arracher à ma chaise à roulettes en me tirant vers lui avec ses petits bras, Homme de Tapis s'affaire consciencieusement. Il s'est installé une radio et il sifflote.

J'aime les gens qui travaillent au son de la musique. Ça apporte une note de gaité.

Sur cette symphonie, je vais expliquer à X-Boy que de taper sur le sol avec un xylophone en métal juste au-dessus de la tête de Homme de Tapis, ce n'est PAS harmonieux.

J'ai le gamin protecteur, hein?

Il ne sera pas dit qu'on stressera sa mère avec des propos haineux de construction.

***

La suite demain. Cet après-midi, Homme No 3 vient changer les meubles de pièce pour faciliter la tâche de Homme de tapis, demain matin.

Je vous réserve un billet VIP?

Hahaha.

jeudi 2 juin 2011

Poser un tapis, c'est compliqué, bon.

Poser un tapis après un "sinistre" (le mot du jour dans ma région), c'est compliqué ET long.

Pourtant, dans ma tête de néophyte en rénovations, ça ne prenait que deux jours au gros maximum.

Nan, j'avais tout faux. Car quand on fait affaire avec des professionnels, c'est comme aller à l'hôpital rencontrer des spécialistes. Si celui qui s'occupe du poumon droit vous ausculte, ne lui demandez pas comment se porte votre poumon gauche. IL NE LE SAIT PAS. Ce n'est PAS SON domaine. "Référez-vous à mon collègue". Il en va ainsi dans notre maison en manque d'ordre "logique" depuis lundi matin, 7h30.

Homme No 1 et No 2 sonnent. Entrent et arrachent le tapis. 40 minutes plus tard:

- Madame?

- Oui?

- Nous avons terminé.

- HEIN??? DÉJÀ??? Le tapis est posé et tout???

- Hahaha...

- hahaha?

- Ben non, ma p'tite Madame (argh)... nous, on venait seulement arracher le tapis. Demain, c'est Homme No 3 qui vient enlever le mur pourri de l'entrée du sous-sol.

- Ah? Ok. Bonne journée.

Mardi matin, 7h30.

- Bonjour!

Homme No 3 entre, tout de "chienne" vêtu. Bon là, je m'arrête, parce que selon la région d'où vous venez, peut-être que cette expression vous hérisse les cheveux tout droits sur le crâne... Par chez-nous, lorsque mon père fait des travaux salissants, il enfile une "chienne" = un survêtement on ne peut plus anti-sexy et noir-bleu (la couleur, c'est quoi au juste, de ce vêtement-là?) avec des taches de peinture et des spots de poussières un peu partout.

Donc, 40 minutes plus tard (on est constant), Homme No 3 m'interpelle:

- Madame?

- Oui! Vous avez fini?

- Oui.

- Le tapis est posé?

- Ha non... je ne fais pas ça, moi. Je fais les réparations du mur et je pose les moulures.

- C'est vrai... donc vous avez posé les moulures et tout?

- Ha non... les moulures, on les pose après le tapis. Et je dois donner trois couches de ciment à joint et sabler le tout et ensuite peinturer le mur. Et peinturer les moulures avant de les poser.

- Ok. Donc?

- Je reviens demain matin, à la même heure.

- Mais le tapis, ils vont le poser jeudi, si je comprends bien?

- Euh... aucune idée. (AAAAAAAAAAARGHHHHHHHHH!) Je vais m'arranger pour avoir la réponse demain matin.

- Ok. Vous êtes bien gentil. Bonne journée et à demain (je serai en pyjama sexy, ça irait plus vite? tsss)

Mercredi matin, 7h30.

- Bonjour Homme No 3!

- Bonjour Madame! (Ça vous va vachement bien cette nuisette transparente, je peux peinturer la chambre de votre fils et refaire le sous-sol gratuitement, si vous le désirez!) (Meuh non... pyjama à col roulé... hé ho, Homme No 3 passe du temps chez moi alors que je suis seule... loin de moi l'idée de m'attirer de la drague de ce type, même pour des rénos depuis longtemps rêvées!)

- Le programme d'aujourd'hui c'est?

- Je finis le sablage des joints. Je n'en ai que pour une vingtaine de minutes. Et pour le tapis, je n'ai pas rejoint la compagnie.

- Ok.

***

Ce matin, jeudi, 7h30.

Homme No 3 fait comme chez lui et prends son café à ma table. MAIS NON...

- Bonjour!

- Alors aujourd'hui, j'en ai pour la journée. Je finis les joints (c'était pas fini hier, ça... je ne comprends rien...) et je les fume (MAIS NON!!!) et je pose les moulures après les avoir peinturées. Et pour le tapis, l'autre équipe viendra le 7 ET le 8 juin. La semaine prochaine, donc.

- Ça prend deux jours poser un tapis???

- Oui.. car nous devrons venir aussi pour déplacer tous les meubles dans la chambre le mardi et poser le tapis dans le salon. Et le lendemain, faire l'inverse.

- Si je comprends bien, après, ce sera fini?

- Oui Madame!

- Ok, merci. Bonne journée de boulot. S'il y a quoi que ce soit.. je suis en haut. Et X-Boy peut vous donner un coup de main pour peinturer, c'est un virtuose de la motricité fine. (MAIS NON!!!)

***

En clair, si j'ai bien lu les sous-titres des procédures, c'est que ON aurait dû ENLEVER TOUS LES MEUBLES du sous-sol, les foutre en haut.. au-dessus du frigo et de la laveuse-sécheuse et aussi sur le lit de X-Boy et sur le patio... afin que le travail se fasse dans un délai "normal".

C'est de NOTRE faute si on n'a pas loué d'entrepôt et de camion pour y mettre nos meubles en "trop"... on s'entend que dans un sous-sol, il ne devrait pas y avoir de meubles, voyons donc Famille X. À quoi avez-vous donc pensé???

Bref, ça me les gonfle, comme dirait mes amis les Français.

Et en même temps, on a encore une maison, nous.

Alors je me la ferme et je fais une minute de silence pour les "vrais" sinistrés.

***

Minute faite.

***

Je cours faire mon cours (quelle sonorité!) de construction.

(Et m'acheter une chienne! hahaha!)

***

Wouf. (je vais finir par me taire, oui oui!)