jeudi 29 avril 2010

Quand X-boy rencontre Forrest Gump!

Hier, journée bénie au Royaume des progrès psychomoteurs "zincroyables" du petit, je me suis rendue au Centre de Réadaptation d'une autre Banlieue à la porte "E" (trompez-vous pas Madame... Oh que non, je connais le système, peuh!) au "Département des aides techniques" afin de récupérer les orthèses du petit (toujours avec moi, yé!)

Rendus à la porte au-to-ma-ti-que, je LIS les instructions. Une fois dans le vestibule (entre 2 portes vitrées), il est inscrit: "Cette porte s'ouvrira lorsque l'autre sera complètement fermée et lorsque vous appuierez sur ce bouton". J'appuie, une fois ladite porte fermée. La porte de "l'extérieur" (donc pas la bonne!) se rouvre. Je relis. J'attends que la porte ferme complètement (peut-être étais-je trop hâtive?) et j'appuie sur le gros bouton avec le bonhomme handicapé bleu (pourquoi les handicapés sont bleus???). La porte de l'extérieur rouvre grand sa gueule, mais pas celle de l'intérieur. (est-ce un message, va-t-en donc, la grande??)

De l'autre côté de la porte vitrée non-ouvrable parce qu'elle n'a PAS de poignée, elle est AUTOMATIQUE, la sacrée porte, ça me scrute bizarrement. Le Monsieur-en-fauteuil-roulant regarde sa femme et lui glisse un mot. Elle, tout sourire, me regarde et attend. La secrétaire, au fond de la pièce et croulant sous les dossiers et les fougères (c'est donc beau, de la verdure) ne bronche pas.

Je recommence le manège. Toujours avec l'autre dans les bras qui pèse plus lourd que jamais et qui semble déterminé à se tortiller plus que la dernière chenille du monde. J'ai chaud. Vachement chaud. Dehors, il y a de la neige, mais il fait +20. Et moi, docile météorologue, j'avais enfilé un manteau d'hiver avec un looooong foulard. Il fait + 74 entre les 2 portes, donc.

Je m'impatiente. Bien oui, ça m'arrive. Je dévisage le Monsieur-en-fauteuil-roulant qui me sourit largement. Sa femme lui glisse un mot. Il roule jusqu'à nous, jusque sous l'oeil magique et il me dit: "Ah ben... depuis le temps que je viens ici, c'est la première fois que je vois ça". Hahaha, grand rire ultra-sympathique.

Sa femme observe X-Boy rendu papillon depuis le temps! (les antennes étant ses cheveux un peu trop longs) et rigole. La secrétaire me sourit. "Vous êtes pas chanceuse", rire discret.

Et je rigole aussi. Parce que hein, je suis marginale jusqu'au bout des yeux-magiques, tiens.

Elle me demande alors la carte-soleil de X-Boy. Un instant.

J'installe Tortillon-Boy sur le comptoir, Monsieur s'agrippe à la BELLE fougère, la secrétaire Tut tut tut et sourit, je fouille dans le sac à couches-et-cie et Non, pas de porte-feuille.

-Je l'ai oublié dans l'auto, désolée.

- Ben allez le chercher... c'est pas sécuritaire, de laisser ça dans son auto.

- Je sais, mais votre porte me fait peur. Je ne peux pas revivre ça, c'est pas couvert par mes assurances, le stress post-traumatique des portes qui n'ouvrent pas.

Je rigole tout fort.

- Vous savez que c'est la journée du sourire (sans blague)?, dis-je, en guise d'excuse.

- Ah c'est vrai.

Eh bien sourions, oublions nos papiers dans la bagnole, soyons pris entre deux portes et faisons-nous voler notre voiture en se tapant les cuisses.

Deux secondes plus tard, on nous appelle dans la salle des "installations d'appareils techniques".

X-Boy s'installe sur mes genoux, tente d'en débarquer pour escalader le bureau brun laitte et l'orthésiste nous présente les orthèses mignonnes.

Loin de Forrest Gump, donc. Mon titre n'était qu'un subterfuge avec une référence cinématographique connue et inspirant la sympathie. (technique 101 de journalisme)

Voilà donc pour ses 2 pieds 2 mignonnes orthèses rouges avec des petits singes imprimés dessus. C'est discret, c'est solide et c'est trop long.

Elle repart avec, elle scie ça et X-Boy n'en peut plus de lécher le bureau brun. Il arrache son soulier et machouille les lacets. Des dents qui poussent??? Ben voyons.

L'orthésiste revient, enfile ça à Monsieur et Monsieur pleure. C'est pas drôle d'avoir les pieds sur du solide. Et les jambes attachées. Les singes sont trop mignons et ils mangent des bananes, X-Boy s'agrippe les orthèses pour les manger lui aussi.

- Ouais... ça va être de l'adaptation!... Il fait des dents, hein?

- Oui, et c'est la journée du sourire.

- Ah, c'est vrai.

Elle me demande donc de sortir les chaussures de X-Boy. Prévoyante, j'en avais acheté une paire la veille et j'en avais apporté 4 autres qui nous ont été données. Des bottines, des souliers de course, des souliers mous et des caps-d'acier (haha).

Non, RIEN ne fait.

- Va falloir passer au VRAIS espadrilles. Des grosses chaussures larges et robustes. Pas des petits souliers aussi mignons.

- Ah. Mais ça n'existe pas, des espadrilles avec des lacets, comme exigé par la physio.

- Mais non, ce n'est pas nécessaire, les velcros, c'est correct.

(Rhââââââââ... le tournis que ça m'a donné, la veille, de trouver une paire non-velcrottée!!!!)

Ainsi, nous sommes repartis avec les orthèses dans le sac-à-couches-sans-porte-feuille et j'ai dit à l'autre ronchon, c'est aujourd'hui qu'on te trouve des chaussures, point final. Tu mangeras tes bas rayés pour te défouler, t'as ma permission.

Direction La Mecque de St-Pruno.

X-Boy rugit dans sa poussette. Non, Maman, JE n'ai pas envie de regarder les coussins laittes. On est venu pour MES souliers.

Ok, ok, je quitte le Royaume de la déco et je marche avec Ronchon-Man.

Premier magasin: Cires (prononcez-le comme Sears, hahahah!). Y'a RIEN. Que des sandales, des tongs, des souliers mous et quelques chaussures trop grandes avec des Spiderman et des Thomas-le-petit-train (tellement ringard, le train... ouache)

La comique (au toupet ultra-carré et à la chemise blanc cassé avec dentelle au col! aaaaaaaaaah!) s'approche: "Vous cherchez quelque chose, ma tite-madame?", d'une voix top-nasillarde, ouche les oreilles et la dignité!!!

- Oui, des chaussures pour les orthèses de mon fils.

- Ben on en a plein ici, ma tite-madame.

(AH OUI??? OÙ ÇA???)

Et elle me sort une paire de petites bottines NOIRES. Des horreurs en cuir, je manque d'air.

- Ah non, ça ne fera pas, il a besoin d'espadrilles.

- Ben voyons, ma tite-madammmmeeee, c'est bien mieux des bottines.

- Non, les orthèses montent jusqu'aux genoux, ça ne fera pas.

- Ben voyons ma tite-meeeeedammmmmmmeeee (plus ça va, plus elle nasille!), on va les essayer.

-Non!

Bon, là, j'ai téléphatisé très fort avec mon superhéros afin qu'il éclate en sanglots. Aide-moi, bonhomme!!!

Rien à faire, il affichait un sourire béant, l'air de se dire: elle a donc bien une drôle de voix, la vieille madame...

J'ai réussi à m'éclipser alors qu'une grand-mère est arrivée avec 135 chaussures dans les mains en demandant des "10" svp.

Jusqu'à la sortie, j'ai entendu des "Mais oui ça vous va bien, ma tite-meeeeedammmmmmmmeeeeeee, ça fait "été", si ça vous fait mal, mettez un "plaster" et si c'est trop grand, mettez une semelle et oui, du cuir ça étire donc dans quelques jours, les marques des sangles ne paraîtront plus ma tite-meeeeeeeedammmmmmmmmmmmmmmeeee".

Je me suis rendue chez Zèleurz. X-Boy avait décidé d'en finir avec l'humanité en s'endormant dans sa carriole.

Là aussi. RIEN. Mais encore des espadrilles avec Thomas-le-petit-train-laitte.

Non. Il ne sera pas dit que les singes se feront écraser par un train. Ni que le train mangera les bananes, bon.

Direction: Ours-blanc-et-noir. Magasin réputé (?) pour son expertise. En rentrant, je la vois, THE vendeuse-nounoune. Je m'excuse pour les yeux sensibles.

Elle est vêtue de bleu acier, décolletée jusqu'au hanches, elle porte des talons plus hauts que son coscient et elle arbore une cascade de cheveux blonds qui entoure son joli minois aux grands yeux bleus bien maquillés (je sais reconnaître le talent, quand même!)

- Vous cherchez quelque chose en particulier?

(Oui, un poêle à combustion lente... mais qu'est-ce qu'elles ont toutes à me demander cette question???)

Je lui explique rapidement l'histoire, me disant qu'elle est habituée. Alors que je précise que X-Boy a de très petits pieds, elle s'exclame:

- Mais c'est donc bien petit!!!

- Oui, je viens de vous le dire. Là n'est pas la question.

- Mais il a quel âge???

- Presque 2 ans. Mais pour les souliers...

- Mais ça ne se peut pas... oh mon Dieu, je n'en reviens pas!!!, beugle-t-elle en se prenant le visage à deux mains, comme si Brett sortait avec Cassandra!!!

- Bon, on peut passer aux chaussures?

- Mais y'aura rien qui va lui faire!!!

- Ben oui.. on va prendre 2 points plus grands si nécessaire...

- Mais y'aura rien qui va lui faire!!!

(Je répète? Non.)

- Écoutez, je vais revenir quand vous ne serez pas là, ça va être plus simple... (J'ai vraiment dit ça? Oui.)

- Ben voyons, Madame (elle a évité le "Tite", wow!). Est-ce que j'ai dit quelque chose qui vous a choqué?

- Non. Bonne journée. On n'arrivera pas à se comprendre.

Ainsi, je suis sortie du magasin en riant. C'est la journée du sourire, j'allais pas me laisser débiner par une neurone-à-talons!

Je suis passée 3 fois devant le magasin à réputation "Belles chaussures griffées à prix griffables". Me disant, ne rentre pas là, ce sont des requins.

Et je suis rentrée. M'attendait au passage un Monsieur-sourire-bien-vêtu qui m'a salué avec toute la grâce du monde. Je me suis dirigée dans la section des souliers pour enfants et j'ai examiné les prix. Entre 35 et 100$. Aussi chers qu'au magasin de l'ours incompétent.

Monsieur-Sourire s'est approché d'Édouard. Il lui a tendu une paire de chaussures sport colorée et s'est accroupi pour lui dire bonjour.

Charmée, je lui ai expliqué la situation. Et il s'est assis à mes côtés sur la banquette de cuir rouge confortable et il m'a écoutée attentivement. Il m'a posé des questions, examiné les orthèses, examiné les pieds de X-Boy (fasciné toujours par les chaussures colorées!) et il est allé dans son "back-store". Pour en revenir avec 2 modèles. Un avec des lacets, l'autre avec des élastiques-lacets et un tout petit velcro. Et il a fait essayer les chaussures à X-Boy qui souriait gentiment. Il a décollé les semelles de la probablement bonne paire et il m'a introduite à son gérant. Il s'est assis de l'autre côté et Monsieur-Sourire lui disait à quel point Édouard était un enfant exceptionnel (à sa demande, je lui avais expliqué le cas!) et choyé d'avoir une mère aussi souriante.

MAIS C'EST LA JOURNÉE DU SOURIRE!!!!

Mais il y avait aussi que j'étais vraiment contente. Et troublée d'avoir eu des préjugés à l'égard de ce magasin. J'y ai trouvé des vendeurs humains, intéressés et compétents et une paire d'espadrilles à 50$!!! C'est cher, mais c'est nécessaire, point. Le gérant ne m'a pas fait de rabais, mais le vendeur m'a donné sa carte. Et il m'a dit:

"Quand vous aurez enfin le temps de magasiner pour vous, ce sera pour moi un honneur de vous chausser".

Et vous savez quoi? J'ai loooongtemps travaillé dans la vente de chaussures et je connais les techniques de vente et tout le toutim.

Sauf que oui, je vais y retourner.

Parce qu'il y avait, dans les yeux de ce vendeur, la compréhension et la compassion.

Avant que je ne quitte, il m'a dit: "Ma fille de 7 ans porte des lunettes depuis sa naissance et mon ex-femme a fait une dépression pour cette raison. Et vous, vous riez en parlant du syndrome de votre fils. Il a de la chance d'être dans votre vie."

Je suis sortie de là avec le sourire. (C'EST LA JOURNÉE DU SOURIRE, vous saviez?)

Et en rentrant à la maison, j'ai remarqué que sur le sac, était dessinée une chenille avec des souliers de sport colorés...

La journée du sourire, je disais?

Oui.

(Et le Canadien a gagné.)

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