Ce matin, 10h30, X-Boy a assisté à sa première lecture de conte animée.
Bon là, je mens gros comme le bras, parce que depuis qu'il a 2 jours, ce gamin se fait raconter tous les livres du monde par son animatrice de mère. Mais bon, c'était la première fois qu'il vivait une activité de "lecture hors-maison".
L'animatrice m'a fait sourire tout de suite, elle est plus petite que moi! Elle est venue à la rencontre de X-Boy et lui a donné son premier "name tag" de sa jeune vie! Elle lui a ensuite présenté "Popo", la marionnette-hippopotame qui lui sert de "retient-l'attention". Les mamans (où sont les papas? Au boulot... et on dit que la société avance? ha) se sont installées au sol et les rejetons se sont sagement (vitevitedit) assis sur le tapis coloré et doudoudoux.
L'animatrice s'est présentée, les enfants se sont tus 36 secondes et j'ai rapidement fait une brève présentation de X-Boy:
- Bonjour! Voici X-Boy, il a bientôt 3 ans et il a un syndrome génétique très rare. Alors vous remarquerez qu'il ne parle ni ne marche encore et ce n'est pas inquiétant. C'est sa première activité sociale (l'aqua-poussette, c'était une activité sportive, s'cusez pardon!) dans un milieu qui s'éloigne de la réadaptation. Voilà.
Quelques "hon" compatissants ont résonné dans la bibliothèques et tous les sourires se sont déposés dans les yeux de X-Boy, même s'il regardait passionnément ses chaussettes rayées. Les enfants se sont mis à gazouiller, à grouiller et l'animatrice a commencé son histoire.
Pourquoi je suis intervenue ainsi? Sérieusement, je n'avais pas planifié cette explication. Mais on dirait que j'ai eu peur des silences et des regards inquisiteurs des autres parents. Et j'ai eu peur de l'exclusion de la part des autres enfants. Avoir un enfant particulier, c'est particulier. Autant j'éprouve toute la fierté du monde face à mon bambin, autant j'ai peur de devoir justifier son retard. Alors avant même d'avoir des questions, j'ai soufflé les réponses. Et ma voix tremblait, c'était comme de faire une annonce publique afin de nous (me) protéger. Et pourtant, je sais bien que j'ai des griffes bien aiguisées pour répliquer. J'avais néanmoins ce besoin de "relâcher" afin de pouvoir bien profiter de cette activité.
Et je ne sais pas si j'ai bien fait. Est-ce que les mères auraient été aussi gentilles si elles n'avaient pas su? Est-ce que c'est grâce à ces quelques phrases que les regards "étranges" ne se sont jamais attardés sur X-Boy? Est-ce que j'ai attiré la compréhension?
J'ose croire que oui. C'est là que ça devient fascinant, car il faut éduquer les adultes face à la différence et non les enfants.
Car les enfants, eux, n'ont jamais dévisagé X-Boy et ne se sont aucunement préoccupés du fait qu'il ne danse pas ni n'agite les mains au refrain de "Ainsi font font font". Les enfants n'en ont rien à cirer et ont juste fait attention de ne pas marcher dessus, c'est tout.
À mes côtés, la maman de Laurie m'a demandé, alors que les petits dansaient sur "La ferme à Mathurin" si elle pouvait danser avec X-Boy. Mon coeur a fait trois tours. Et j'ai ravalé mes larmes. Car il fallait voir la scène. Elle a pris X-Boy, l'a mis debout et elle avançait sur ses genoux pour suivre le groupe. Elle a ensuite demandé à sa fille de prendre les mains de X-Boy et de danser avec lui. Et elle a tourné encore sur ses genoux plusieurs tours. Et Laurie ne lâchait pas les petites mains craintives de X-Boy.
Elle m'a redonné X-Boy qui était heureux, bien que timide du sourire.
- Vous n'avez pas mal aux genoux? (Après 2 secondes ainsi, je suis couverte de bleus, moi!)
- Hein? Mais non. Voyons. Et il est là pour s'amuser, non?
- Ah ça oui.
- Ben voilà, il a dansé lui aussi! (sourires de groupe!)
Cette maman, je l'ai su après, a sa fillette de 2 ans et demi et un nouveau bébé qui était resté à la maison. Et elle a trouvé l'énergie pour danser "à deux" sur un tapis rugueux... J'en suis encore émue. Les mères ont cette force, parfois. Souvent, même.
À la fin, Laurie est venue prendre les mains de X-Boy et lui a dit au revoir en dansant. X-Boy a enfin souri. Les autres enfants sont partis et tandis que j'habillais X-Boy, l'animatrice est venue nous rejoindre.
X-Boy s'est tourné vers elle et a éclaté de rire.
- Il est adorable, votre garçon. Il est tout en douceur, tout joyeux. Et amoureux des livres, de toute évidence.
- Et beaucoup plus sociable quand il y a peu de gens autour. Il est habitué d'être seul avec des thérapeutes et il croit que vous voulez lui enseigner quelque chose.
En effet, X-Boy regardait l'animatrice en battant les bras dans les airs, l'air de dire: Allez, je peux tout faire, faut juste me le montrer!
Mais c'est plutôt moi qui ai appris une chose importante aujourd'hui.
Les adultes peuvent tout montrer à X-Boy, mais les enfants lui apprendront l'essentiel: l'enfance.
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