mardi 23 août 2011

Pow wow d'émotions!

Samedi, nous étions invités à célébrer la retraite vraiment très bien méritée du père de K., ma grande amie que j'aime-plus-que-tout-au-monde. Ses parents, pour brièvement expliquer leur parcours, ont eu 5 enfants (4 gars et une fille) et ont maintenant 17 petits-enfants, bientôt 18. Les parents de K. sont des gens de famille, des hippies dans l'âme qui ont le coeur sur la main et qui, pendant plusieurs années, ont travaillé dans le Grand Nord. Maintenant revenus pour de bon près des leurs, ils se sont achetés une maison en pierres des champs dans un petit village campagnard on ne peut plus sympathique. Ils vivent ainsi en haut d'une côte et sur tous les coins de leur immense terrain, on voit pas si loin les Appalaches et des champs verts Irlande à perte de vue. Et quand je dis vert Irlande, je sais de quoi je parle, ce n'est pas un adjectif cliché, bon.

K. a ce côté hippie de ses parents, cette façon de voir la vie avec un sourire et une folie inqualifiable qui fait qu'à ses côtés, j'ai toujours mal dans les côtés, justement. Je rigole tellement que le lendemain, j'en ai les joues courbaturées. K. ne se soucie pas du regard des autres, elle chante fort sa joie de vivre et son amoureux, plus timide, ne la contraint jamais. Il la laisse être ce qu'elle est, prendre la place qu'elle mérite et moi, je l'ai toujours admirée pour cette raison et bien d'autres. Parmi ces "autres", il y a sa façon d'éduquer ses trois garçons qui sont, à mon avis, des modèles d'enfance. Par parce qu'ils sont sages comme des images et qu'ils ne bougent que lorsqu'on les autorise. Plutôt le contraire. Ils vivent leur enfance sans réfléchir, ils courent vite et rient fort et surtout, ils ont un grand respect pour les autres. C'est ce qui me fascine tant dans leur attitude. Du plus grand au plus petit qui n'a que trois ans, on sent dans leur regard cette compassion et cette affection pour les gens qui leur en donnent en retour.

Vous voulez un exemple. Prenons Ab., celui du milieu. Du haut de ses 6 ans (K. si je me trompe, je suis désolée... moi et les chiffres, tu sais ce que ça donne!), il a toujours démontré beaucoup d'affection pour X-Boy. Quand toute la famille débarque chez nous, il se précipite sur X-Boy dès son arrivée et il lui donne des câlins, des bisous et des jouets. Ce qui est adorable, puisque Gugu, le plus petit, suit les traces de son frère et couvre X-Boy de jouets lui aussi. Ed, l'aîné, est celui qui donnera un groooos câlin à X-Boy après que les deux autres tornades soient passées. Ed est un petit artiste, un sentimental au regard tendre, fort et fragile à la fois. Mais je reviens à Ab., sinon j'en écrirais des lignes et des lignes sur les deux autres...

Ab., cet été, a fait un geste qui m'est resté gravé dans le coeur.

Nous étions sur le patio, à la maison. Ed. sortait de la piscine, Gugu et X-Boy jouaient un à côté de l'autre avec des jouets quelconques. Ab. était debout, entre les deux. Je l'ai vu observer X-Boy, puis Gugu. Puis Gugu, puis X-Boy. Puis, il a levé la tête vers X-Man qui était à mes côtés.

- X-Man? X-Boy, il a quel âge?

- Il a 3 ans.

Il a regardé à nouveau Gugu. Puis ses parents.

- Maman, Gugu il a trois ans?

- Oui a répondu K.

Dans mon coeur sensible, ça a fait 13514676157 tours. Je ne voulais pas entendre la vérité par sa bouche. Je n'avais pas envie d'entendre nommée la différence et encore moins de répondre à des questions précises sur ladite différence. J'avais envie que Ab. conserve son innocence, qu'il continue de jouer avec X-Boy sans lui faire attention, qu'il lui donne des bisous sans réfléchir, qu'il agisse comme il le faisait depuis le début.

Ab. a regardé X-Boy à nouveau. Puis son petit frère. Puis X-Boy. Puis ses parents, puis nous. Et il a dit ceci:

- X-Boy est juste un petit peu plus petit...

Et Ab. est retourné dans la piscine. Il venait de comprendre que X-Boy avait une différence, mais il avait aussi compris que de la nommer ne changerait rien. Je le remercie encore  et encore de ce silence, justement. De cette sensibilité incroyable qu'il a démontrée à notre égard. Comme s'il avait senti que j'en avais soupé de répondre à des questions et que l'été, j'avais besoin de vacances moi aussi.

Au moment de quitter la maison, Ab. a serré X-Boy fort fort fort dans ses bras. Et X-Boy l'a regardé intensément. (Bon, traitez-moi de Madeleine, mais j'ai le motton en écrivant ses lignes...) X-Boy ne regarde pas souvent les gens de cette façon. Et quand il le fait, ça s'imprime dans les souvenirs des autres.

Quelques jours plus tard, K. m'a écrit un courriel. Dans son message, elle me racontait que Ab. s'ennuyait énormément de X-Boy. Pourtant Ab. est d'une nature indépendante et ne s'ennuie jamais. Elle lui a demandé pourquoi il s'ennuyait de X-Boy. Sa réponse:

- Parce que je l'aime. Et parce que X-Boy m'aime aussi. Je l'ai vu dans ses yeux.

(Je reviens, je vais me chercher un mouchoir... double épaisseur!!!)

***

Samedi, alors que le père de K. recevait des hommages au micro de la part de sa famille et de ses amis, Ab. a pris le micro et a demandé à son Papi ceci:

- Papi??? Est-ce que tu l'aimes X-Boy? Le X-Boy de X-Mom?

Papi a fait oui de la tête. À ce moment précis, il tenait dans ses bras un X-Boy complètement fasciné par la chevelure blanche de cet homme au sourire rempli de tendresse.
Ab. a laissé le micro et est retourné jouer avec ses cousins. Comme ça, l'air de rien. Comme si ce qu'il venait de dire n'avait aucune importance, comme si c'était normal pour un enfant de poser une telle question devant une foule. Comme si une fois ce geste posé, il pouvait retourner à son enfance pétillante, ayant le coeur rassuré. Étant à la fois conscient du besoin de protection de X-Boy et du besoin que l'on ne l'exclue pas, ce petit garçon "juste un petit peu plus petit".

Ce soir-là, j'avais les émotions à vif et cette envie de ne plus jamais quitter cette maison où ça respire la tranquillité et la douce folie.

***

Pour terminer la soirée, un des frères de K. a allumé des feux d'artifice. X-Man et moi étions prêts à courir cacher X-Boy dans la voiture, ce dernier n'étant pas très friand des bruits sourds et explosifs. Après deux ou trois "Pow", X-Boy a éclaté de rire. Un rire qu'on ne lui connaissait pas. Il s'agrippait à X-Man et criait au ciel, criait aux lumières de revenir encore, de l'émerveiller comme jamais. X-Boy criait de joie, tendait les mains vers le haut afin d'attraper ces parcelles de lucioles artificielles. J'ai ri comme une hyène, la voix remplie de bonheur si simple et de soulagement. "X-Boy n'a pas peur des feux d'artifice, X-Boy est comme les autres enfants qui se collaient à leurs parents et lâchaient des "ooooh" et des "wow" par-ci par-là".

J'ai couru pour aller chercher K. et F. (l'amoureux et papa des gars) afin qu'ils viennent entendre les rires de X-Boy. Ils se sont installés à nos côtés, fiers de voir X-Boy si épanoui. Et je sais qu'ils ont compris l'importance du moment. Et qu'ils l'ont partagée avec nous.

Et ma mère était là, avec nous... étant une grande amie de la mère de K. Elle a vu dans les yeux de X-Boy le bonheur d'être parmi nous, d'être entouré de gens qui l'aiment et qui sont fiers de ses micro-progrès.

***

Quand nous avons dû quitter la fête, il n'était pas question que je quitte sans avoir embrassé les trois gars. Ed. m'a fait un câlin de géant, Gugu un bisou mouillé sur la joue et Ab. s'est penché sur X-Boy. X-Boy a levé les yeux, a affiché un large sourire et Ab. lui a déposé une dizaine de bisous sur le front.

Puis, il est reparti jouer avec ses cousins autour du feu.

Comme ça, l'air de rien.

***

Une fois dans la voiture, X-Boy s'est endormi. En moins de 30 secondes.

De mon côté, j'ai longtemps regardé les étoiles par la fenêtre du passager. J'ai serré la main de X-Man et nous avons parlé de X-Boy pendant un long moment. Et des feux d'artifices. Et de K. et de sa famille. Du fait qu'on s'y sentait comme dans la nôtre. Du fait que nous déménagerions bien là-bas...

Et que l'été prochain, X-Boy ira avec nous à La Ronde afin de voir la compétition de feux d'artifice.

Et que ce serait génial si K. et sa famille venaient avec nous.

Que ce serait en fait un honneur de les avoir à nos côtés.

Pas vrai, X-Boy?

8 commentaires:

  1. Moments précieux entourés d'amis précieux! Priceless!!

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  2. Les enfants ont un sixième sens, une compréhension du non-dit qui est juste époustouflante. Je suppose qu'ils sont tellement dans le moment présent, là, là, maintenant, qu'ils sentent ce que parfois nous ne sentons plus, trop occupés avec nos milles questionnements, angoisses, réflexions, etc.
    Si seulement nous pouvions aimer comme un enfant aime, sans condition aucune, avec toute la sincérité et l'immensité du monde qu'ils ont dans leur petit coeur...

    Dans un autre ordre d'idées, la vie est juste trop étrange, parfois. Je m'explique.
    1. Depuis les derniers jours, j'ai tout lu ton blogue, du début à la fin. J'ai ri à en pleurer, j'ai pleuré tout court, j'ai grogné, je me suis étouffée d'émotions, bref, j'ai fait tout un show à un amoureux ébahi qui m'a demandé «mais qu'est-ce que tu lis, bordel».
    2. J'ai noté dans un billet ton passage à une émission de télé que j'ai reconnue par la description que tu en as faite. J'ai aussi noté tes ateliers de BD. Comme j'ai noté plein d'autres détails de ta vie, parce que, han, t'sais, j'ai tout lu (ben noté, pas dans le sens de noté sur un papier, juste noté dans ma mémoire, comme ça).
    3. Hier soir, je prépare le souper en refilant des poivrons jaunes à Bébé fille qui meurt de faim et commence «Atomes crochus» à la télé. Des reprises. Oui, on est pathétique comme ça, l'amoureux et moi, on écoute les reprises l'été. J'écoute d'une oreille discrète (la droite, pour être plus précise, puisque la gauche est envahie par les «encowe 'iment» de Bébé fille). Je m'étouffe (j'avais moi aussi un morceau de poivron dans la bouche, je suis enceinte, il est 18h, j'ai faim), je disais donc, je m'étouffe parce que la fille à la télé, elle donne des ateliers de BD, elle s'appelle Marie-Claude, elle a des lunettes et un sourire moqueur caractéristique des gens qui font de l'humour leur mantra.
    4. Après m'avoir réanimée (j'exagère), l'amoureux me demande «kessé qui se passe, là?». Ce à quoi je réponds «la fille, je pense que c'est celle qui écrit le blogue que je dévore depuis la semaine passée!»
    5. Je n'ai récolté qu'un faible «ouin» de la part de l'amoureux, alors que dans ma tête, ça faisait piou piou, la vie est habitée de si étranges coïncidences, c'est une signe de la vie, c'est sûr. Déjà que j'ai cru comprendre au gré de mes lectures que ton petit X-Boy s'appelle Édouard, prénom que j'affectionne particulièrement et donc je suis en grande négociation avec l'amoureux pour en affubler Bébé fiston. Là, c'est juste fou.
    Je suis retournée lire le billet où tu parles de ton passage à cette émission et je suis vraiment convaincue que c'était toi (cheveux remontés à la faussement négligés, 50 points de différence, etc.)
    Bref, j'en suis encore sur le cul.

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  3. Oh et pis, désolée pour le commentaire interminable.

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  4. Bizz: Hooooooooooo! Je suis démasquée!!! Ce que tu me fais rigoler toi aussi! Ne serais-tu pas aussi verbomoteur que moi? Cela se peut-il? Je crois que oui! Et puisque que t'étouffes en me voyant la binette (je fais tout un effet, hein? hahaha), je te préviens... et je te scoope ça en plus! Le 5, 7, et 9 septembre, ouvre ta télé à 17h00 à Radio-Canada pour les premières émissions du nouveau quiz animé par Normand Brathwaite qui s'intitule "Privé de sens". En compagnie de K, mon amie citée plus haut, on fait les folles et on s'amuse comme des gamines! Tu pourras remarquer que j'ai changé de look, ayant maintenant des mèches blondes (pour aller avec mon cerveau léger) et que j'ai ressorti mes verres de contact. (J'ai peut-être plusieurs personnalités? mouhahaha!)

    En terminant, je suis épatée que tu aies lu mon blogue au COMPLET!!! Et je t'en remercie, c'est très touchant... de mon côté, je m'attaque au tien dès que j'ai terminé celui de Mamanbooh.

    Signé: une future fan de Bizz. ;)

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  5. Verbomoteur, moi? À peine, à peine. Je suis moi aussi de la race des hyperactives-pas-diagnostiquées.
    Merci pour le scoop, j'écouterai, promis. Veut, veut pas, de lire ainsi ta vie des deux dernières années, j'ai un peu l'impression de te connaître, alors c'est bien de mettre un visage sur des mots (et un fond de pissenlit).
    Et, han, je le dirai jamais assez, mais cibole que tu m'impressionnes! Ta force, celle de X-Boy qui est VRAIMENT un super-héros (pas de doute là-dessus), ton humour, ton amour, ta plume, alouette (hu hu). J'espère que Maman 3.0 organisera une autre activité blogueuse bientôt et que je pourrai y aller, cette fois-là, juste pour te rencontrer et connaître X-Boy le magnifique!

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  6. Et moi je suis la chanceuse qui ai fait cégep-université avec X-Mom (on déconnait jusqu'à l'incontinence dans un certain cours de grammaire) et ensuite, perdues de vue nous nous sommes. Puis retrouvées, toutes les deux mamans.

    Bizz : je confirme l'incroyabilité de X-Mom, la magnificience de X-Boy. Ce gamin, il vous décoche un regard et vous devenez tout mou en dedans, tout chose, tout vulnérable, tout bouleversé par cette infinie douceur, son inimaginable force. Cet enfant VEUT. IL VEUT! Il bouillonne même! Ça vous prend aux tripes.

    Et il reçoit de ses parents aimants et amoureux des décharges d'amour inconditionnel et intarissable. Il les a bien choisi ses X-Parents.

    Alors oui, elle les mérites ses fleurs que vous lui lancez, X-Mom. Une personne que je me vante de connaître à qui veut l'entendre. J'en fais une fierté personnelle, un privilège.

    Fin de ma déclaration d'amour : )

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  7. Bouhouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu

    Je suis si émueeeeeeeeeeeeeeee

    Bouhouuuuuuuuuuuuuuu

    K.

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