mardi 8 juin 2010

Le monde des possibles...

Quand je vais dans le groupe d'orthophonie avec X-Boy, je me retrouve en effet dans le monde des possibles. Dans un monde où le plus petit progrès qu'il soit fait toute une différence. Dans un monde de fines observations où chaque parent est à l'affût du moindre geste nouveau ou dernièrement acquis par son bambin.

Et je me questionne constamment quand je ressors de ces rencontres. En effet, je ne saurai jamais ce que c'est que d'avoir un enfant au développement "normal". Un enfant qui, un matin, est assis dans son lit, qui soudainement dit "Maman" sans l'avoir appris concrètement, un enfant qui, un matin, se lève et marche pour tout le reste de sa vie.

Cela peut paraître un triste constat et ce l'est par moments, mais en même temps, être une X-Mom, c'est accepter ce plus long parcours, être fière et drôlement encouragée par tous les petits détails.

Ce qui est le plus difficile, par moments, c'est l'impression de solitude. C'est le "non-comparatif" dans tout le pays, le fait que X-Boy soit vraiment un X-Cas-Québécois. Le fait aussi, que, puisque X-Boy fait tout au ralenti, je ne connais pas les étapes "normales" du développement, je ne connais que les siennes.

Ainsi, quand je me retrouve dans ledit groupe d'orthophonie, j'observe les autres mignons et je m'exclame et m'épate de leurs petits progrès. Et j'ose poser des questions aux autres parents, qui eux aussi, ont une réalité rare.

Et hier, la maman de la petite A. a vu mon découragement, pourtant bien dissimulé dans le profond de mes yeux bleus.

- X-Mom... il va y arriver, tu sais.

- Arriver à quoi?

- À les prendre "dedans" les jouets.

- ...

- Petite A. a pris tellement de temps pour y arriver... mais elle le fait, regarde.

Et j'ai vu petite A. prendre les animaux DEDANS la boîte. X-Boy, lui, est un ingénieur du contenant. Il saisit la BOÎTE et renverse tout le contenant. Et ne s'occupe pas du contenant. Il joue avec la boîte.

Et ça fait des semaines que je lui montre coup sur coup à mettre sa main DEDANS tout en chantant la chanson du "Dedans, dedans, dedans, c'est bien plus amusant"!

Mais pas de résultats encore.

Ce qui est fascinant quand on se retrouve entre parents "éprouvés", c'est que l'on s'entraide sans parler. La maman de Petite A. a saisi les mains de X-Boy et a joué à le faire mettre "dedans" et pendant ce temps-là, j'ai fait des grimaces à Petite A. qui vient de découvrir cette fonction buccale. Et je m'en suis donné à coeur joie. Comme si je faisais des grimaces à la vie, "tiens la grande, je peux te tirer la langue, regarde!".

Le hic dans mon comportement de "coach-Mom", c'est de prendre les non-résultats de façon personnelle. La grande culpabilité, le sentiment d'incompétence, voire d'échec.

Exemple: premier exercice d'orthophonie. Je dois me cacher derrière un grand drap blanc et interpeller X-Boy jusqu'à ce qu'il me voit. Ensuite, je me cache et je réapparais à un autre bout du drap blanc.

Facile avec un grand F.

Mais non, voilà que X-Boy réussit le premier coup, il me regarde, me sourit. Et dès que je me cache, il détourne son attention vers L'AUTRE côté et comme je réapparais de L'AUTRE, Monsieur ne se tourne pas. Nan, Monsieur s'active, rigole et frotte le sol avec ses pieds tout en regardant RIEN.

Et je perds patience. Par chance, j'ai le ton "humoristique", mais je lui ai envoyé dans les dents un "Bravo le grand! Je suis là, Man... c'est pas sorcier... tu tournes ta tête d'un centimètre et ça y est... mais non, hein, faudrait pas le faire... pas comme à la maison. Re-Bravo..."

Et l'orthophoniste a dit "Je crois que c'est terminé pour X-Boy, son intérêt est ailleurs".

Et je me suis rassise sur le tit-tapis bleu avec le coeur gros comme une baleine et les émotions qui tremblaient à 100 000 à l'heure.

X-Boy, lui, me regardait en souriant et en frottant encore plus vite ses petits pieds contre le sol. C'est ça façon de démontrer qu'il est content.

"J'ai réussi X-Mom!!! Je t'ai regardé droit dans les yeux! Je suis fier de moi, et toi?"

Mmm. J'avais en moi beaucoup de colère inutile. De sentiment de mocheté compétitive. Car il ne faut pas oublier que avant d'être une X-Mom, j'étais une "top-notes". Le genre de fille fatigante qui a des supers notes sans étudier et tout le toutim. Et ça se reflète dans mon attitude en ce moment, où je me retrouve à nouveau dans une classe. Mais où ce n'est pas moi l'élève.

Ça s'appelle laisser sa place à son enfant. Lui laisser prendre l'espace et le temps nécessaire. Et l'aider, comme toujours, sans baisser les bras.

Je suis la première à crier et pleurer de joie quand il réussit un nouveau geste. Les voisins en ont les oreilles en chou-fleur.

Et pourtant, hier, j'ai été amèrement déçue de mon attitude.

Quand X-Man est arrivé, j'ai éclaté en sanglots.

Il m'a dit: "Mais c'est pas si grave que ça. Tu dramatises trop. Regarde tout ce que fait X-Boy ces derniers temps. Toi-même tu dis que tu ne pensais pas qu'il se rendrait là. Et c'est grâce à toi, s'il est toujours aussi encouragé. Tu as le droit d'être fatiguée. Veux-tu faire une sieste?".

Il était 17h00.

Et j'ai repris mes sens, j'ai enfilé mes espadrilles, je suis allée chercher le courrier, j'ai plié une tonne de vêtements, lavé des draps, on a soupé et j'ai pris X-Boy dans mes bras en lui demandant de me pardonner ma colère.

Et j'ai sincèrement eu droit à la plus baveuse des rasades de bisous sur la joue gauche.

Une joue à la fois, X-Mom.

À quand ta prochaine colère?

1 commentaire:

  1. T'as plus que le droit d'en avoir marre des fois, de souhaiter plus, de souhaiter moins, de vouloir que tout se fasse tout seul. Je te laisse en avoir marre toutes les fois que tu en as envie, tu as le droit!

    Tant que tu continues d'écrire et de continuer à aller aussi loin avec X-Boy, d'être la pluss meilleure top Maman-cheerleader-mutante, je te laisse en avoir marre autant que tu veux!

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