lundi 20 août 2012

L'erreur est humaine: l'horreur aussi.

En cette période de campagne électorale, je trouve que les hommes sont souvent la cause de leur malheur. Les choix que l'on fait auront toujours des conséquences. Cocher une case sur un bulletin de vote, ça a toute une importance. Car si le silence est d'or, c'est dans cet exemple qu'il s'applique le mieux. Un petit bruit de crayon qui gribouille un bout de papier, plusieurs personnes qui ont fait le même geste et d'autres qui le feront après nous. Et voilà, le silence aura un résultat.

***

Ce préambule post-écoute-du-débat-des-chefs pour vous parler de la nécessité d'exprimer ses doutes, quand doute il y a dans son esprit.

Mise en situation:

Le week-end dernier, nous partions faire une visite-escale chez mes parents dès le vendredi soir et jusqu'au dimanche, afin de pouvoir nous rendre, le samedi, chez les parents de K. qui organisent leur épluchette annuelle.

Ainsi, notre escale nous permettrait de couper la route en deux et par le fait même, de donner un bon coup de main à ma mère qui, il y a six semaines, s'est blessée au dos. Comment? En se levant un matin. Craaaac, le dos lui est resté barré. Et depuis, elle galère quoi. X-Man et moi avons donc décidé de lui mitonner quelques bons petits plats puisque mon père, génération oblige, n'est pas très cuisinier dans l'âme. (Ni ménager, je ne rapporte que des faits, allons.)

Le samedi matin, après avoir dormi comme des anges, X-Man me lâche cette réplique inquiète:

- X-Mom?!? Comment ça se fait qu'il n'y a pas les pilules du dimanche midi dans la dosette?

- De quoi tu parles? Tu blagues?

- Non, regarde.

J'ai regardé. L'horreur, il n'y a pas d'autres mots. Comment se faisait-il que les tites-pilules blanches ne s'y trouvaient PAS??? J'ai presque perdu connaissance. Car non, il n'était pas question d'annuler notre visite chez les parents de K. pour retourner à la maison, coz manque de pilule pour le lendemain.

- Comment ça se fait que tu ne les as pas mises dedans, X-Mom?

- Pourquoi le ciel est bleu?

- X-Mom...

Je ne sais PAS pourquoi. Mais je sais que cet oubli est la résultante d'une sapré fatigue ces derniers temps. La suite logique des gestes incongrus que je pose dernièrement. (Exemple: sortir d'un magasin sans payer, acheter une douzaine d'oeufs et ne pas voir que la foutue boîte est déchirée = échapper les oeufs en défaisant l'épicerie, échapper la bouteille de sirop de maïs et la voir exploser sur le plancher, etc.) Alors hein, comment j'ai pu oublier les pilules du midi???

- Bon... je ne vais pas rester plantée là à chercher la raison du pourquoi de... je pars à la pharmacie. À tantôt.

Je suis embarquée dans la voiture de X-Man (c'est très rare que je la conduis!!) et j'ai roulé, la tête dans la brume (mais la route était belle, allez) et je suis arrivée, avec ma face des grands drames, devant une technicienne en pharmacie très droite, voire austère.

- Bonjour. J'ai oublié une pilule dans la dosette de mon fils et ça me la prend absolument. Il est épileptique et je demeure à 1h30 de route, alors j'imagine qu'on peut arranger ça très facilement.

- Quel est le nom du médicament?

- Frisium.

- Du Frisium? (Je parle chinois?!?)

- Oui, du Frisium. J'en ai besoin de 3/4 de comprimé. Pour demain midi.

- Oh... ça ne sera pas évident. Le Frisium est un médicament contrôlé. (De quessé?!?) Je ne peux pas transférer la prescription.

- Pardon? Pourquoi? (Mars n'est pas en Vénus, c'est ça, hein? Maudite affaire...)

- En fait oui, je peux la transférer. Mais une seule fois. Ce qui veut dire que vous devrez venir chercher le Frisium ici dorénavant.

- ??? Ben voyons donc. C'est une blague? Les caméras sont où? (Elle ne souriait pas.)

- C'est la loi.

- Non non non. La loi peut-être, mais je n'ai besoin que d'UNE pilule. Ce n'est pas sérieux. Je reste à Ste-Banlieue. Ce sont mes parents qui restent à côté. Je ne suis qu'en visite.

- Bien vous viendrez les voir plus souvent.

- ?!? (Elle était sérieuse. J'ai sorti mes crocs.)

- Non. Je ne viendrai pas les voir pour cette raison-là. Franchement. C'est quoi la procédure à suivre, là? Sérieusement. (J'ai perdu mon sourire à ce moment.)

- Bon. Nous allons pouvoir vous fournir pour les deux mois restants sur votre prescription, mais pas seulement pour un comprimé.

- 3/4 de comprimé. (Épaisse, tu n'écoutes pas?!?)

- ...

- Ensuite?

- Je vous sers les deux mois et vous retournez voir votre neurologue pour une nouvelle prescription.

- Ben voyons donc?!?

- Ça va vous revenir moins cher de payer pour les deux derniers mois tout de suite que d'acheter une pilule.

- Ce n'est pas une question de prix. Je ne veux PAS que la prescription soit ICI. On ne peut pas s'arranger autrement? Je peux parler à ma pharmacie?

- Madame X-Mom. C'est la procédure. Je n'y peux rien.

- (C'est là que je hurle au scandale ou que je pleure?!?) D'accord. Si vous le dites. Mais bon, disons que ça me semble compliqué, votre affaire... Je vais attendre là-bas.

Je me suis installée, abasourdie, dans la petite salle d'attente des penules. Est venue s'asseoir à mes côtés une Matante-bouclée-et-auburn (je les attire, même quand X-Boy n'est pas là?) et la voilà qui commence à me raconter sa vie. Alors que je bouille et que j'ai envie de griffer. De mordre. Bref de sacrer mon camp chez nous et de remonter le temps à ce moment où, idiote incroyable, j'ai omis de déposer les ostie de 3/4 de pilules de X-Boy.

- Vous savez, je connais la pharmacienne qui est là.

- (Non je ne sais pas. Et qu'est-ce que j'en ai à battre?!?) Non. (Sourire figé.)

- C'est ma belle-soeur. La femme de mon frère. Elle s'appelle ...

- Mmm.

- Mon autre fils vit en Abitibi. Il a une petite fille de 4 ans.

- Mmm. (Ta gueule, vieille fatigante!!!)

- Ma petite-fille avait un chien, Frigon. (Me souviens pas du nom. Allez savoir pourquoi)

- Mmm. (Re-ta-gueule. Rien à foutre de tes conneries. Je suis en colère. Ça ne se voit pas?)

- Frigon est mort. C'est Mononcle Raymond qui l'a écrasé.

- Hahaha!!!

- ?

- S'cusez-moi. Je ne m'attendais pas à ça. (C'est ce que j'aurais souhaité lui faire aussi, tiens, maudit Frigon à marde qui devait japper pour rien et faire chier les voisins!!!)

- Toujours est-il que ma petite-fille ne veut plus parler à Mononcle Raymond. Elle est fâchée après lui. Elle ne lui pardonnera jamais.

- ...

"Madame X-Mom". Je me suis levée en cinquième vitesse avant de savoir que la petite-fille avait eu la diarrhée la semaine dernière ou quelconque infection à champignons qui m'aurait causé un grand regret d'avoir cette face sympathique en public, encore une fois...

La technicienne me dit:

- Il nous manque des pilules pour compléter les deux mois.

- Pardon? C'est une blague ça aussi?

- Non. Nous devrions les recevoir mardi. Nous vous téléphonerons et vous pourrez les récupérer.

- Ah non. Pas question là. Ça commence à faire. Donnez-moi en pour UN mois, je vais me débrouiller avec MA pharmacie à Ste-Banlieue.

- Je ne peux pas faire ça. Vous avez dit pour "deux mois".

- Non non non. VOUS avez décidé à MA place. Vous ne m'avez pas laissé le choix. Je n'en veux qu'UN mois. Ce n'est pas difficile. Vous prenez une des deux bouteilles, vous la déduisez de ma facture et je pars avec une. Simple simple simple.

- Mmm. Je vais voir ce que je peux faire.

Elle a discuté avec le pharmacien affairé derrière son comptoir qui a eu l'air contrarié des questions pointues de sa collègue. Je l'ai vu soupirer un : Bien sûr, donne-lui en pour un mois. Ce sera plus simple ainsi.

- Ça être correct pour cette fois.

- Ouf. Imaginez ce que ça serait si c'était vraiment compliqué? (Je suis cinglante, mais hein!) Merci. Aurevoir.

***

Je suis embarquée dans la voiture avec ce maudit sentiement qui disait à mes neurones: "X-Mom. C'est pas correct. C'est vraiment pas correct. Tu aurais dû insister plus. Exiger un seul comprimé. Là tu te retrouves dans une situation compliquée pour rien". J'ai monté le son de la radio pour enterrer mes doutes.

J'ai raconté cette péripétie à X-Man et à mes parents. Ils ont tous fait une minute d'incompréhension "petite-colère" avec moi. Puis, le week-end s'est poursuivi dans la bonne humeur. Ou presque. Parce qu'au fond de moi, il y avait ce "petit animal triste". Ce sentiment dévastateur de "ça va merder, X-Mom."

***

Et j'avais raison. Parce que ce doute qui me tenaillait, cette impression que tout ne serait pas au beau fixe, s'est révélé au fil des jours de la semaine dernière. Jour après jour, X-Boy devenait de plus en plus maussade. De plus en plus mou. Et il se réveillait avant 5h00 tous les matins. De loooooongues journées et mercredi, il est tombé la tête au sol (en se lançant par en arrière sans raison...) 10 fois en moins d'une heure. X-Boy avait l'air d'un zombie. D'un petit garçon très très épuisé. Je me suis posée 3151654 questions. Couve-t-il un virus? A-t-il mal au coeur? À la tête? Mange-t-il assez? Grandit-il et ça l'épuise? Est-ce qu'il faut changer ses draps? (N'importe quoi)

Puis vendredi matin, j'ai eu ce doute qui est revenu avec une réelle interrogation. Et si le Frisium donné par l'enragée-du-protocole n'était pas le "même"? Est-ce qu'elle m'aurait donné le générique sans me le dire?!? Peut-on manquer autant de professionnalisme?

J'ai téléphoné à ma pharmacie. Au bout de la ligne, le nouveau pharmacien qui est tout aussi gentil que le reste du personnel de cette boîte. Je lui explique la situation. Et je lui demande des explications quant à ce fameux protocole.

Questions auxquelles il a répondu avec une telle précision. Le Frisium fait en effet partie de la famille des médicaments contrôlés: c'est-à-dire qu'il est considéré comme une drogue "somnifère" qui s'avère faire buzzer les toxicomanes ces derniers temps. Ainsi, il est impossible de s'en procurer dans une autre pharmacie sans avoir une nouvelle prescrition après un seul transfert. (Je pourrais me mettre riche alors? dah) Aussi, il s'avère que les personnes épileptiques peuvent ressentir un effet secondaire important lorsqu'ils ne prennent pas la même version du médicament. Ainsi, puisque X-Boy prenait le "vrai" médicament depuis avril, le fait qu'on lui ait donné le générique aura pu lui causer ce "retour" d'épilepsie et ces troubles d'alimentation (pas d'appétit) et de sommeil perturbé.

Le pharmacien m'a sérieusement interrogée.

- Mais Madame X-Mom.. La pharmacienne ne vous a pas demandé si X-Boy prenait le générique?

- Non. Et ce n'est pas la pharmacienne à qui j'ai parlé. Mais la technicienne.

- ? Mais ce n'est pas dans la procédure. La technicienne aurait dû céder sa place à la pharmacienne qui devait vous expliquer tout cela.

- Mmm. Ça ne s'est pas passé ainsi. Et c'est vraiment dommage. Mais dites, le générique d'un médicament n'est pas supposé être la "même" chose?

- Oui. Mais les différences se retrouvent dans l'emballage et parfois dans les composantes. Et certaines personnes, surtout les épileptiques ou les gens ayant une autre atteinte neurologique, peuvent en ressentir les effets. C'est plutôt rare.

- Moui. Mais vous connaissez X-Boy.

- Oui. Ce n'est plus une surprise, hein?

- Non. Mais dites-moi, vous pouvez me donner la "vraie version" pour le week-end? En attendant que la neuro réponde?

- Malheureusement non, X-Mom. C'est illégal. Et je pourrais perdre ma licence. Mais sachez que je faxe dès maintenant la requête. Et je vous téléphone dès que j'ai la nouvelle prescription.

- Mmm. Dommage. Mais bon, je préfère tout comprendre et patienter que de voir mon fils dans cet état sans savoir pourquoi. Des conseils pour le week-end avec X-Boy?

- Restez tranquille. Et surveillez-le bien. Afin qu'il ne se blesse pas la tête en tombant. Reposez-vous, X-Mom. C'est ma posologie.

- Merci. J'attends votre appel. Et merci encore d'être aussi compétent.

Clic.

***

Ce week-end, X-Boy s'est réveillé trop tôt, encore une fois. Il a été maussade tout le samedi. Mais quel changement avec la semaine passée?

De mon côté, j'ai dormi grâce à la présence bienvaillante de X-Man.

***

Et ce matin, lundi, j'ai sorti mon vélo et la remorque et j'ai emmené X-Boy faire un tour dans le voisinage. S'il ne peut pas se tenir solidement sur son vélo, je peux lui montrer comment faire.

Comment continer d'avancer, même quand les incompétents nous gouvernent.

***

4 commentaires:

  1. Non mais quelle incompétente cette technicienne! Sérieusement! Elle connaît les effets du médicaments! Je te lis et je suis enragée! Une chance que tu as de bons conseils proche de la maison.... et que tu suis ton instinct plus souvent qu'autrement.

    RépondreSupprimer
  2. C'est pathétique! Sérieusement, ce serait dans un film et on se dirait que c'est trop, que ça arrive pas dans "la vraie vie".

    Je te souhaite que x-boy retrouve son tonus au plus vite.

    RépondreSupprimer
  3. On aime tellement se faire embobiner par des gensses faussement professinnels. Les monsieurs et mesdames Rectitude assez strictes pour qu'on devine que c'est tout un bâton qu'ils ont dans le Q, mais pas assez minutieux pour faire leur travail comme du monde. Ça m'énarve. Et moi, quand je m'énarve, je pourrais commettre des gestes vraiment pas gentils.

    Je ne sais pas si tu as songé au kick boxing, mais si jamais tu ressens le besoin de te défouler, appelle-moi. Il me semble que j'aimerais ça m'initer à ce sport en vargeant dans des mannequins mou déguisés en sarreau-avec-un-pas-de-sourire et qui répète "C'est la procédure, c'est la procédure, c'est la procédure". Une idée comme ça...

    RépondreSupprimer
  4. Un jour, à la pharmacie, on m'a remis la mauvaise prescription pour ma fille. Je ne sais pas pourquoi, cette fois-là, j'ai regardé le nom inscrit sur la bouteille. Et évidemment, ce n'était ni le bon médicament, ni la bonne posologie. J'ai appelé à la pharmacie pour me faire répondre: "une chance que vous ne lui avez pas donné, elle aurait pu en mourir". Pas de "désolé", pas de "on va revoir nos procédures pour comprendre comment cela a pu arriver". Rien. Juste un "repasser à la pharmacie, on va vous donner la bonne bouteille, mais il faudra repayer"..
    Ma fille n'est jamais malade, mais j'étais hors de moi. Alors j'imagine assez bien comment tu te sens.
    Faut pas généraliser, des innocents il y en a partout, comme il y a des professionnels, prêts à donner le petit plus, partout. Mais dans ton cas, t'as déjà assez à assumer sans tomber sur l'incompétent de service me semble!

    RépondreSupprimer