Ça ne pouvait pas être simple.
Pas chez nous.
***
Cette nuit, X-Boy s'est réveillé en pleurs à 1h00 du matin. En moins d'une minute, j'étais dans sa chambre. Parce que ces dernières semaines, le jeu de X-Boy, s'est de tenter de descendre du lit à la seconde même où il se réveille. Et X-Boy étant un as de la logique gestuelle, il ne comprend pas qu'il faut descendre par les fesses d'abord. Ainsi, il se garoche sur le sol tête première et en résulte des pleurs qui me font souvent imaginer le pire...
Mais cette nuit, non. Il était encore couché, mais en pleurs. Mmm, ça sentait la constipation. (En fait, non, la constipation ne PEUT PAS sentir... qu'est-ce que je dis là!) En effet, X-Boy n'a pas fait son tit-gros caca depuis les trois derniers jours... Malgré le laxatif qu'il ingère, malgré les exercices qu'on lui fait faire debout. (Sachez, public intéressé, que la verticalisation du sujet, en l'occurence un enfant au transit ralenti par une hypotonie, favorise la descente du caca vers la sortie...)
Ainsi, je l'ai sorti du lit pour le bercer, constatant que ses jambes jouaient une partie de soccer avec le matelas: ce qui est signe d'une douleur ventrale notoire. Je lui ai refilé une petite pilule de mélatonine sous la langue (n'ayez crainte, c'est approuvé par son pédiatre, vu les troubles de sommeil pouvant être liés à sa médication contre l'épilepsie) histoire "d'endormir" le sujet et de le remettre rapidement au lit. Après 40 minutes à le regarder NE PAS fermer l'oeil mais gigoter comme un danseur du 282 (c'est la version nouvelle... n'importe quoi!), j'ai tenté de me coucher AVEC LUI, dans SON lit. Flatte-flatte le tit-bedon, caresse-caresse les jambes, chantonne des berceuses. Rien à faire. À 2h00 du matin, je lui ai fait prendre du Tylenol, parce que hein, faut que la douleur le lâche sinon il ne sera plus en état de rien. Je connais mon fils.
À 3h00, il s'est laissé aller dans mes bras, bien blotti comme un tit-bébé qu'on cajole avec un sourire niais au visage. Je me suis surprise, en pleine nuit, avec des allergies grimpantes réactivées par un réveil impromptu, à AIMER encore plus mon petit chéri. À me sentir privilégiée d'être là pour le réconforter, de jouer le rôle que tient ma mère quand je suis malade et que hop, je saute sur le téléphone question d'entendre sa voix et de me sentir apaisée. (Les antihistaminiques peuvent-ils me rendre mélodramatique en pleine nuit? Faut que je consulte ma pharmacienne. Ha!)
X-Boy a filé le reste de sa nuit jusqu'à 8h00 où il s'est réveillé de bonne humeur. Il a déjeuné tranquille, mais je voyais dans ses gestes (du type: Hé, je vais enlever mes lunettes aux deux minutes pour montrer à ma mère qu'il y a quelque chose qui me fatigue!!!) que la douleur le tenaillait encore.
La matinée s'est quand même bien déroulée et il a commencé à diner tranquillement à midi. L'autobus arriverait à la maison vers 12h40 alors tout était calculé: 25 minutes pour diner, 5 minutes pour sortir la poussette, mettre les sandales au petit et l'installer dans sa cadillac afin que dès que le chauffeur tourne le coin de la rue, on soit là, quoi.
12h25, j'entends un moteur gronder. Je regarde par la fenêtre et je vois L'AUTOBUS. ??? C'est pas vrai?!? X-Boy était justement en train de finir une bouchée et de boire son lait! Il venait tout juste de prendre ses pilules et hein, cette bouchée DEVAIT être avalée parce que les médicaments DOIVENT être avalés sciemment, bon. Je suis sortie faire signe au chauffeur. Je suis retournée à la course arracher le petit de sa chaise, j'ai pris ses sandales dans mes mains, son sac à dos sur mon épaule et je suis sortie à la course.
- Il ne vient pas en poussette, Édouard?
- Hein? Bien oui!!! Euh... ben... pouvez-vous le prendre deux secondes?
- Je ne peux pas m'éloigner de l'autobus.
- Je sais... je vous l'emmène. Tenez, prenez-le, je dépose son sac ici, ses sandales je les lui mettrai tantôt et je reviens avec la pousette.
J'ai couru dans la maison.
***
Pour ceux qui ne comprennent pas le comment du pourquoi de cette satanée poussette, c'est qu'elle est en trois parties. Le siège est attaché sur une base DANS la maison (ainsi ça devient une chaise haute adaptée), la base-poussette (le "frame" avec les roues) est DANS la remise et sa tablette est par terre, DANS la remise aussi. Ça en fait des étapes, je vous jure. Et ça pèse lourd... Bref, c'est la grande joie de faire toutes ces étapes quand on attend après vous. Grmblgr.
***
Je suis ressortie en brandissant le siège, j'ai ouvert les portes de la remise avec le genou (X-Mom un jour...), j'ai pris la tablette avec mes orteils (vous croyez tout ce que j'écris?) et j'ai couru avec la poussette vide. J'ai repris X-Boy des bras du gentil chauffeur, l'ai installé, attaché puis bisouté et hop, le chauffeur l'a installé dans sa minivan.
- Désolée Monsieur le chauffeur... sur la feuille, il était écrit 12h40.. et de sortir 5 à 10 minutes avant.. donc vous seriez arrivé à 12h30 et nous aurions été prêts, vous savez! (Sourire enjôleur...)
- Oui... parlons-en de la feuille... l'horaire est fait avec un logiciel de géo-cartésie et ils calculent les déplacements comme si nous étions des véhicules d'urgence! L'école commence à 12h45, ça aurait été impossible que votre fils soit là à temps...
- C'est exactement ce que je me disais... mais bon, je ne voulais pas contredire la bureaucratie!
- Ben, Madame X-Mom, vous avez votre première leçon d'école: fiez-vous à votre horloge, pas aux papiers! Héhé!
- Leçon bien apprise... je suis désolée du retard, encore une fois.
- Oh vous savez, vous n'êtes pas la pire. La fillette assise en avant n'avait même pas de poussette adaptée pour la transporter... une chance que j'étais allée voir les parents lundi soir!
***
Oui. Vous avez bien lu. Ce chauffeur est allé visiter chaque enfant lundi soir afin de s'assurer des bonnes adresses et du moyen de "déplacement" des enfants vers la voiture. Nous étions à la réunion, ce lundi et c'est notre gardienne qui lui a appris que X-Boy était en poussette... Il n'avait aucune information sur les enfants et cela aurait grandement causé problème s'il était venu quérir X-Boy avec un véhicule "régulier" où il n'y a PAS de place pour les poussettes adaptées. Bureaucratie de merde, oui. C'est dingue. Par chance que les chauffeurs ont un coeur et une conscience professionnelle. Et que, à la retraite pour la plupart, ils ont du vécu, eux.
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- Bon, bien... ne reste plus qu'à installer la tablette de X-Boy à l'arrière de votre véhicule et tout sera parfait!
- Pourquoi Madame X-Mom? Les tablettes restent accrochées à la poussette... regardez la fillette en avant.
- Euh... je me suis fait avertir par tous les intervenants que c'était illégal de laisser les tablettes attachées. Ils disent que c'est un risque de projectile dangereux en cas d'impact...
- Hein? Vous m'en apprenez toute une, vous là. Ça fait des années que je conduis les enfants handicapés et personne n'en a fait mention.
- Je passe pour la mère-fatigante, là, hein? Je suis vraiment désolée...
- Non non. Enlevons les tablettes et mettons-les à l'arrière. Si c'est dangereux, je ne veux prendre aucun risque. Ce sont des enfants si précieux.
- Ah pour ça, vous avez raison. (Sourire charmé, complètement. J'aime les hommes d'un certain âge qui ont le coeur sur la main. Il ne s'appelle pas Yvon, mais c'est tout comme...)
- Allez, en route. Vous allez être en retard! Bisous X-Boy! À tantôt!!!
Vroooooum.
L'autobus est parti.
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Je suis rentrée dans la maison, le coeur léger. Aucun son dans la cuisine. Des jouets partout, mais personne pour les cogner. Personne pour égayer les murs de sons incongrus. Que le ronron du frigo qui s'accorde avec celui de la thermopompe. Le calme plat. Voire plate? Mmm. Ça reste à voir.
Car à 13h00, l'ergo débarquait chez nous pour discuter "appareillage" pour le futur. On aura très bientôt un lit hydraulique (avec une grue qui défonce le plafond! hahaa), un siège mécanique pour le bain (avec un système de son intégré! hihih) et une chaise haute adaptée qui remplacera le siège de poussette que je dois trimballer comme un fardeau plusieurs fois par jour (en m'arrachant le dos et la patience qui reste). Et aussi, elle nous met sur la liste d'attente pour adapter notre prochain véhicule. Mmm. Nous aurons une Minivan nous aussi. Avec la plate-forme et tout le toutim. Une supeeeerrrbe dépense en vue.
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Je projette une carrière de péripatéticienne dans les prochains mois, question d'amasser les fonds nécessaires.
Ben quoi, je pogne avec les tits-vieux.
Hahaha.
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X-Boy est revenu de l'école et dès qu'on a ouvert la porte de la voiture, il s'est mis à hurler. Choqué noir, le Môsieur. Choqué et dérouté de s'être fait arracher de son nid douillet qu'est sa splendide maison pour aller évoluer parmi la société!
Onnnh. Pauvre petit.
Fallait le voir me bouder jusqu'à ce que l'on rentre dans la maison.
À 16h00, il a pleuré à nouveau. S'est frotté les yeux.
- Tu es fatigué? Tu veux faire une sieste? Je rêve?!?
Non. Je ne rêvais pas. X-Boy s'est endormi en moins de deux minutes. Pas de chichis, de "je débarque de mon lit et je me pète la têteeeee", pas de pleurs de "pourquoi, ô pourquoi, vilaine mère, me laissez-vous seul en cet antre diabolique". Rien.
J'ai couru jusqu'à mon lit. J'y ai presque sauté de joie.
J'AI DORMI!
Calme, reposée.
Heureuse.
Avec le même sourire que X-Man hier matin.
Ce sourire qui dit: j'ai hâte que tu te lèves mon bonhomme. Qu'on se rencontre à nouveau et qu'on continue la journée sous le signe du temps qui fait bien son boulot, malgré tous les préjugés que je peux avoir parfois à son égard.
***
PS. Pour ceux que ça intéresse (vous êtes encore là.. ne mentez pas!) la soirée s'est terminée par un lavement. Ben oui. Belle fin de journée, hein? Le bouchon de méchant caca est sorti, X-Boy a arrêté d'arracher ses lunettes et en ce moment, alors que je termine ce billet, il dort paisiblement.
***
Zzzz.
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