X-Boy a commencé son groupe de discussion ce matin, au centre de réadaptation. En clair, nous, gentils parents dévoués, accompagnons nos bambins à ce nouveau groupe d'orthophonie.
Premier cours: l'explication des objectifs. L'ortho (qui a le même prénom que moi, donc elle est très géniale) nous donne un beau tit-duo-tang-à-pochettes bleu pâle et nous parcourons avec elle les étapes de la communication, les préalables au langage, blablabla.
Moi, X-Mom-studieuse, je sors mon stylo et je commence à noter les précisions... jusqu'à ce que l'ortho dise: "euh, les explications sont toutes à l'autre page...". J'ai rougi. Et j'ai éclaté de rire, parce qu'il y a un autre parent qui m'a "suivie". J'adoooooooore être une mauvaise leader.
Ensuite, les parents ont pris le pouvoir de la parole. Et là, ça y va dans l'autobiographie tout ce qu'il y a de plus pertinent. Et ça parle, ça rit, ça fait des "hooonnn" collectifs, ça se choque, ça déplore, ça conteste, ça renchérit. Bref, des parents ça ne se tait PAS.
Pendant ce temps-là, nos enfants "à besoins particuliers" jouaient sur le gros tapis bleu en compagnie de l'éducatrice spécialisée qui a eu, en prime, du régurgit de céréales de la part de X-Boy. La générosité, c'est génétique.
Et c'est à ce moment que je me suis mise à réfléchir, tout en opinant de la tête aux déblatérations parentales. (J'ai participé mais parfois, je me tais! Ne le dites pas à X-Man!)
Est-ce que c'est un privilège d'avoir la chance de voir autant d'enfants différents, handicapés, à besoins particuliers (vous y mettez l'étiquette favorite) dans une même salle? D'avoir accès, à un si jeune âge, à toutes les douleurs et les angoisses des autres parents? Car je ne l'ai jamais caché, autant un enfant (whatever le terme) apporte son lot de sourires, autant il apporte son lot de pleurs. Est-ce que c'est une chance de voir la différence sous son vrai jour, sans camouflage, sans précisions de la part des parents, sans justifications quelconques?
Je crois que oui. J'ai la chance d'être confrontée à des humains au pedigree médical indescriptible, de voir des exceptions, des petits héros de toutes les sortes. "Ces enfants-là", comme diraient les matantes de pharmacie et d'épicerie. Moi, je les cotoie, ces "étranges" et j'apprends à ne pas voir leur étrangeté. Et à rire de leurs défauts plutôt que de les juger. Car contrairement à ce que l'on peut imaginer, les parents ont beaucoup d'humour et de franchise vocabulairienne quand ils parlent de leurs enfants.
Et en même temps, je me suis demandé si ce n'était pas, au contraire, une malchance, d'avoir accès à cette autre réalité. Cette réalité de téléthon, cette réalité à laquelle on est prêt à donner de l'argent pour "aider" sans avoir à s'impliquer. Parce que si je suis dans cette réalité, c'est parce que mon fils est différent. S'il avait été "normal", je ne serais pas dans un groupe d'orthophonie en compagnie de parents "âgés" dans leur coeur.
Dans quel groupe serais-je?
Eh bien, je serais peut-être dans un groupe d'orthophonie. Car les enfants "normaux" peuvent aussi avoir des difficultés de langage.
Ainsi, il n'y a pas de chance ou de malchance dans la vie de parent.
Il n'y a que la vie de quelqu'un d'autre à accompagner.
Et moi, j'ai juste pris un plus looooong véhicule.
X-Boy m'a fait aimé les autobus jaune.
Et maintenant, il me fait aimer les enfants qui sont dedans avec lui.
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