vendredi 16 novembre 2012

Alphée, X-Boy et les étoiles.

J'en rêvais depuis la seconde où j'en avais eu vent, de ce fameux film de Hugo Latulippe: "Alphée des étoiles". De fait, je rêvais de me faire adultnapper (quelle horreur, mais hé, il est tard!) par X-Man et qu'il m'amène un soir, après avoir réservé la gardienne en secret, voir ce film au cinéma Beaubien dans la grande métropole.

Or, ici les rêves étant paranormaux, j'ai plutôt eu la chance de me faire télékidnapper (je la refais, ho!) par RDI qui a décidé, gentille chaîne spécialisée, de mettre en ondes la version écourtée du film tant attendu.

Il va sans dire que hier, à 19h58, j'étais bien calée dans mon sofa, la couverture-à-moutons bien en place pour me tenir au chaud et j'ai retenu mon souffle. Excitée et intriguée comme une gamine la veille de Noël. Ou de sa fête, parce que aujourd'hui, les enfants reçoivent autant de cadeaux à leur fête qu'à Noël; résultante du souci de performance de la génération X et Y.

Mais que dis-je donc?

Je fais dans le préambule interminable. C'est la faute aux émotions. Il faut qu'elles se placent, les vilaines.

Ainsi, j'étais fin prête pour embarquer dans l'univers de cette Alphée des étoiles. X-Man, grand chevalier-du-bouquin, se mordait les doigts de ne pas visionner ce chef-d'oeuvre avec moi, mais bon, ça en prend un pour travailler et quand c'est le Salon du Livre de Montréal, X-Man travaille presque jour et nuit.

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Pour ceux et celles qui ne sauraient pas de quel film je parle et pourquoi donc j'en parle dans mon blogue, ce film fait l'éloge de Alphée, une fillette qui a de la graine de super-héros et qui est atteinte du syndrome génétique très rare nommé le Smith-Lemeli-Opitz. Bon, vous voyez le lien? OUI! Un syndrome cousin de la fesse gauche du Opitz-C!!! = Un film sur un membre par alliance du club de X-Boy?!? Ça vaut toute l'excitation du monde!!! (Je vous épargne mes sourires niais et mes trépignements incessants.)

***

Avant que le film commence, j'avais un petit noeud au coeur. Un petit noeud rempli d'appréhensions. Parce que le maudit phénomène de comparaison m'envahissait les neurones. Comment réussirai-je à regarder Alphée sans la comparer à X-Boy?

Eh bien j'ai réglé le cas à voix haute après seulement quelques minutes. (La chance d'être seule dans son salon, ouf-e)
Alphée PARLE, Alphée MARCHE, Alphée COURT.
X-Boy ne PARLE PAS, ne MARCHE PAS et ne COURT PAS.
Alphée a de grandes oreilles, X-Boy de très petites.
Alphée a les dents croches, X-Boy a les dents très droites. (Des faits, hein. Aucune animosité.)

Alphée a de petites mains fines et délicates, X-Boy a de petites mains fines et délicates...

C'est à partir de cette "égalité" que je me suis laissée emporter dans l'univers de Alphée. En effet, sa façon de prendre les objets doucement, de jouer avec ses mains, de balancer ses bras... tous ces mouvements me ramenaient dans l'univers parallèle où X-Boy voltige lui aussi. Dans cette univers où la musique semble prendre toute la place, où les mots sont souvent de trop, puisque si difficile à répéter.

Il faut voir Alphée s'efforcer de bien prononcer les mots et il faut entendre X-Boy faire ses longues chansons pour comprendre. Quand on se retrouve en présence d'enfants de cette "espèce" (je fais exprès), on décroche de la réalité pour se demander, justement, qu'est-ce qu'elle est, cette réalité?

Dans le monde de Alphée et de X-Boy, le temps n'existe pas. Les conventions non plus. La vitesse? À quoi bon? Si c'est pour aller plus vite vers un rond de soleil ou un arbre dont le vent fouette les branches, d'accord. Mais sinon? Pourquoi se presser?

X-Boy apprend à un rythme qui n'existe pas. Enfin qui n'existait pas jusqu'à ce que je voie une autre enfant le vivre sur mon grand écran. Jusqu'à ce que j'entende la voix de Hugo Latulippe décrire cette non-vitesse. Ce n'est même plus de la lenteur, à ce niveau, puisque la lenteur n'existe pas non plus, dans cet univers.

En fait, qu'existe-t-il?

La vie. Tout simplement. Et le bonheur. Pur comme leurs rires en cascade. Pur comme leurs chansons aux airs méconnus. Pur comme cette façon qu'ils ont de déposer leurs mains sur le monde qui les entoure.

Quand X-Boy vous fait une caresse sur l'épaule ou dans le cou, le monde s'arrête. Quand Alphée décide qu'elle portera une jupe d'été par-dessus sa robe longue, le monde s'attendrit. Quand X-Boy chantonne dans les magasins, certaines madames entendent des chats. Quand Alphée cherche Tintin sous son lit, les enfants le trouveront s'ils y portent attention.

Quand Alphée suit son père au sommet d'une montagne enneigée, alors qu'elle est bien emmitoufflée dans un traîneau, la beauté s'entend dans son rire qui monte jusqu'aux nuages déjà plus près d'elle.

Quand X-Boy revient de l'école et qu'il rit aux larmes d'entendre l'autobus reculer en faisant Biiiip! Biiiiip! Biiiiip!, c'est la simplicité qui s'offre à moi et que je saisis à deux mains, même si elles n'ont pas sa délicatesse ni son expérience à lui.

Quand le film sur Alphée s'est terminé, j'ai soupiré et versé quelques larmes de bonheur et d'espoir.

Parce que X-Boy n'a peut-être pas les mêmes oreilles ni les mêmes dents, mais au final, il a la même force tranquille et vive à la fois que cette Alphée-cousine-de-syndrome.

Ce film, je l'aurais regardé toute la nuit.

Et au matin, je l'aurais fait regarder à X-Boy.

Mais bon, ma vie n'est pas un conte de fées et je n'ai pas d'enregistreur.

Alors hein, X-Boy attendra la sortie du DVD pour voir sa copine.

On ne peut pas tout avoir, hein?

Déjà que j'ai un X-Boy-des-étoiles chez moi, faut savoir se contenter.

11 commentaires:

  1. Larmes d'un samedi matin bleu pour accompagner ce beau texte de toi (encore une fois, ma-mie-fillette!). Et bien voilà, si nous n'avons pas encore vu Alphée et ses étoiles, nous pouvons attendre un peu car nous aavons le petit X-Boy-du-soleil et c'est un bonheur irremplaçable et une chance immense dans ce monde-à-toute-vitesse! Merci de faire partie de ma vie!

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  2. Quel magnifique texte! Il faut que tu voies la version intégrale du film. Hier, à RDI, c'était la version courte. J'ai tellement aimé aussi! Pour nous qui ne vivons pas avec un enfant "différent", ça nous fait voir quel genre de mode de vie on doit adopter quand on vit ça. Latulippe a le don de le faire voir de si belle façon en plus!

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  3. Bonjour! J'au écouté ce film en fin de semaine sur www.tou.tv. Je crois qu'il doit encore y être aujourd'hui.

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  4. J'ai trouvé le lien et je me le suis envoyer chez nous: http://alpheedesetoiles.radio-canada.ca/

    Je vais regarder ça vers la fin de la semaine quand j'aurai du temps.

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  5. Bonjour !
    J'aimerais vous joindre : je suis journaliste et blogueuse (Maman 24/7 sur Yahoo! Qc). Mon courriel : maude.goyer@hec.ca
    Au plaisir :)
    Maude

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  6. Si je peux me permettre, il y a un web documentaire qui accompagne le film, sur le site de Radio-Canada. Tout aussi touchant, il est composé entre autre de 4 court-métrages racontant l'histoire improbable de 4 autres familles qui ont gagné à la loterie génétique. Et on peut l'écouler à petite doses, pour faire durer l'émotion ...
    http://alpheedesetoiles.radio-canada.ca/alpheedesetoiles/

    Magnifique texte. Je suis touchée, encore et toujours. Et je pense que ça n'arrêtera plus.

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  7. X-Mom, on parle de ton texte sur la page FB de Alphée des Étoiles... :-)
    Pleinement mérité, tu as une plume fabuleuse, merci d'écrire et de mettre de la douceur et de l'humour dans nos vies!

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  8. Avec le tourbillon du salon du livre pour moi aussi, pas encore pris le temps d'aller voir cette petite merveille de film. Mais tes mots m'en donnent encore davantage le goût!

    Très touchée par la réalité de X-Boy et de Alphée même si je ne la vis pas dans mon quotidien de maman.

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  9. bonjour tlm notre petite fille amanda fait partie de lun des reportage des 4 familles dans alphée des étoile amanda a le syndrome du digeorge ( microdélétion 22 Q 11 )

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  10. Merci pour ce texte sublime. J'adore votre plume, et encore plus le fait que vous acceptiez de partager votre quotidien comme vous le faites.

    La phrase "Quand X-Boy revient de l'école et qu'il rit aux larmes d'entendre l'autobus reculer en faisant Biiiip! Biiiiip! Biiiiip!, c'est la simplicité qui s'offre à moi et que je saisis à deux mains, même si elles n'ont pas sa délicatesse ni son expérience à lui." m'a particulièrement fait sourire... moi ma princesse c'est quand j'allume la télé au poste de météo que la joie explose, pour un rien. Ou quand je lance une balle en l'air, elle a de quoi rire pour de longues minutes, et ça fait tout oublier.



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