mercredi 11 décembre 2013

La découverte du siècle!!!

Il se passe tellement d'événements dans ma (notre) vie ces dernières semaines, je ne trouve même plus le temps (ou l'énergie?) pour m'asseoir devant mon ordi-chéri qui par ailleurs, se trimballe partout dans la maison ces temps-ci. La preuve que X-Mom aime sa petite stabilité et a vachement hâte de se retrouver dans son nouveau bureau, la tête délestée de 135312461461 préoccupations toutes plus importantes les unes que les autres.

Fallait quand même que je vous raconte ma nouvelle trouvaille médicale. (Non, on n'a pas trouvé le bon dosage pour empêcher X-Boy de visiter le Merveilleux Monde de l'Épilepsie... et d'ailleurs, ça nous les gonfle carrément ces derniers temps de voir X-Boy dans de si violentes montagnes russes...)

Nan, ma docteure-bien-aimée, laquelle j'ai visité à son bureau estrien il y a un mois et des poussières, m'a découvert une maladie très rare. Oui oui! (Non, je ne suis pas Opitz-C!) Elle a découvert, grâce à une de mes prouesses X-Momienne, que je suis narcoleptique.

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Précision linguistique ici: quand je prononce ce mot, les gens associent par sonorité le mot narcolepsie au domaine de la narcotique. Pour votre bon savoir, apprenez que "narco" signifie "perte de conscience" et que oui, les narcoleptiques comme moi perdent "conscience" puisqu'ils s'endorment partout et que oui, les drogues sont des narcotiques qui font perdre conscience aux consommateurs!

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Vous voulez savoir comment ma docteur-bien-aimée s'est aperçue que je n'étais pas "normale"? Eh bien, croyez-le ou non, je me suis endormie pendant mon examen gynéco et lorsque la doc m'a demandé si je dormais, j'ai marmonné un:

- Mmm oui, je dors, Doc... D'ailleurs, pourriez-vous me laisser un petit cinq minutes pour que je dorme? Je ne suis plus capable de fonctionner... En voiture, je me suis endormie quelques secondes tantôt et j'ai dormi assise dans votre salle d'attente... Disons que je suis fatiguée...

- Oui mais X-Mom, ce n'est pas "confortable" une table d'examen... et un petit drap de papier?

- Ben oui... c'est parfait...

- Euh... je vous laisse cinq minutes... mais je vais investiguer.

***

Voilà. Quand je me suis réveillée, complètement reposée, je me suis assise bien calmement devant son bureau, tout sourire et toute revigorée. Fallait lui voir la grandeur des yeux. Et l'inquiétude.

- X-Mom? Ça vous arrive souvent de dormir ainsi?

- Tout le temps! En fait, c'est rendu une blague chez nous! Je dors souvent un petit cinq minutes top chrono et ensuite, je suis en feu! X-Man n'est pas capable de faire des "power nap" comme moi et ça le déprime, car il aimerait bien s'endormir aussi profondément et se réveiller sans aucun problème! Je suis "hot", non?

- Non.

- Non? Ben voyons... il n'y a rien d'inquiétant... Quoique oui, car ces derniers temps, quand X-Boy se réveille en pleine nuit, je vais le voir et je m'endors assise dans son lit... et s'il fait des absences, je ne me réveille pas! Mais je ne m'inquiète pas trop avec ça... Je me connais. Je m'endors toujours en voiture, mais j'ai mes techniques pour me réveiller. Genre que je chante à tue-tête (vraiment!!!), je mange des suçons et quand je suis trop fatiguée, soit que je ne prends pas la voiture et je fais une sieste avant de partir ou que je m'arrête dans un stationnement et je dors cinq minutes...

- Mais X-Mom... ça fait longtemps que vous vous endormez ainsi? Je vous connais depuis tant d'années et vous ne m'en avez jamais parlé...

- Comme si on parlait de son sommeil? Et avec la vie rocambolesque que je mène depuis la naissance de X-Boy, c'est normal que je dorme autant, non?

- Non. Quand vous dites "autant", vous voulez dire...

- Ben, si j'avais la chance, je dormirais probablement toute la journée!! Je peux faire des siestes de plusieurs heures quand X-Boy est à l'école... mais je me limite, car j'ai tant de choses à faire...

- Mais vous ne vous sentez jamais reposée?

- Oui et non. Plutôt non. Je me sens bien quand je me lève... quand je réussis à "bien" me réveiller... je suis bonne pour une bonne heure sans trop être fatiguée, ensuite ça revient et je bois beaucoup d'eau pour rester réveillée... Mais ces derniers temps, je n'arrive pas à me réveiller... Je suis comme paralysée dans mon lit: je sais que je dors et je VEUX me réveiller, mais mon corps ne veut PAS... c'est comme une lutte assez étrange... ça ne vous arrive pas???

- Non. Pas du tout... X-Mom... ça ne va pas du tout... Je vous envoie voir un neurologue en urgence...

- Un neurologue??? Pour ma fatigue???

- Non, pour votre maladie... Je crois que vous êtes narcoleptique.

- Hahaha!! Moi, narcoleptique??? Ben voyons, les narcoleptiques s'endorment quand ils sont debouts!!! Je ne m'endors pas quand quelqu'un me parle, quand même! Par ailleurs, je suis hyperactive! Je n'arrête jamais...

- Et quand vous arrêtez et restez immobile, vous vous endormez?

- Oui. Pas vous?

- Non. Comme je vous dis, X-Mom, je veux absolument que vous soyiez vue en Clinique du Sommeil, car il y a des médicaments qui pourront vous aider à ne plus être aussi endormie?

- HEIN??? Y'a un remède à "ça"??? Je pourrais ne plus me sentir toujours endormie??? Pour vrai???

- Certainement. La narcolepsie est un phénomène rare, mais il se soigne très bien. Et dans votre situation, il faut vous faire aider, car avec les nuits difficiles, vous ne pouvez pas continuer ainsi. Une personne "normale" serait en état d'épuisement à cause du manque de sommeil...

- Woah... mais je vais vous paraître étrange, mais je ressens une énorme joie de mettre un nom sur mon "état de fatigue permanent"... Moi je croyais que j'étais folle... Ou vieille avant le temps... Ou possédée... parce qu'en plus, quand je me réveille et que je vis comme une "paralysie", je ressens parfois des sensations "réelles"!!! Dans le genre que j'entends X-Man faire son café, marcher jusqu'à ma chambre et il vient me flatter le bras pour me réveiller... Sauf que quand je me réveille pour "vrai", il n'est pas là du tout!!! Adolescente, j'ai longtemps pensé qu'il y avait un esprit dans notre maison... sauf que quand je suis partie en appart à 16 ans, l'esprit m'a suivie!!! Hahaha, que c'est marrant, non???

- ...

- Je peux vous raconter mes stratégies pour faire mes journées, alors?

- Allez-y, ça ne fait que confirmer ma supposition de diagnostic. (Seul un neurologue peut diagnostiquer une narcolepsie, d'où l'emploi du mot "supposition" par la doc)

- Quand j'étais au secondaire, je me réveillais à 6h00. Je déjeunais et je savais que mon père prenait sa douche à 6h15, alors j'allais me recoucher et je mettais mon cadran 10 minutes plus tard pour ne pas qu'il sache que je me recouchais! Je me faisais d'ailleurs beaucoup "écoeurer" par ma famille car je dormais toujours trop peu, toujours trop mal... je ne voulais faire qu'une chose les fins de semaine: dormir... D'ailleurs, je dormais toujours dans l'autobus et je dormais dans presque tous mes cours... Mais comme j'étais une "bolle", les profs ne s'en faisaient pas... et je faisais la "technique du crayon"...

- La technique du crayon?

- Oui! Je tenais un crayon dans la main sur laquelle ma tête était appuyée et quand ma main lâchait le crayon, je me réveillais! Facile, hein? Ou je balançais mes jambes sans arrêt... Ou je demandais pour aller aux toilettes pour me réveiller...

- ...

- D'ailleurs, quand je travaillais en librairie, je m'endormais parfois tellement en plaçant des livres que j'allais aux toilettes pour dormir deux ou trois minutes! Et le midi, je dinais chez moi pour pouvoir dormir! Quand j'y pense, j'ai toujours organisé mes journées en fonction du temps où je pourrais dormir un peu pour passer au travers de mes journées!

- Je suis subjuguée, X-Mom... Vous avez réussi à "cacher" ça à tout votre entourage depuis combien d'années?

- Depuis mon secondaire deux exactement! J'avais fait une mononucléose et je dormais tout le temps et après, on dirait que mon corps n'a plus jamais voulu se réveiller complètement... J'en avais parlé au docteur à l'époque et il m'avait dit que cette sensation de sommeil pouvait rester pendant un an... Mais comme je savais que j'étais un peu hors-norme, je me suis dit que dans mon cas, la sensation d'endormissement durait juste un peu plus longtemps.. J'ai comme appris à vivre avec "ça" et à m'adapter...

- Mais votre vie va complètement changer après votre visite chez le neurologue!!!

- WOW!!!!!!!!!!!!! Je vais enfin pouvoir faire comme X-Mom: être en forme du matin au soir sans m'endormir n'importe quand??? Je me suis toujours demandé comment faisaient toutes mes amies qui travaillent pour être aussi "réveillées" toute la journée!!! J'étais bien jalouse de tout le monde qui ne dort pas autant... mais je croyais que mon corps était ainsi... Et je vais enfin pouvoir expliquer à tout le monde que c'est VRAI que je m'endors au volant!!! Que je ne peux PAS partir toute seule pour une route trop longue ou conduire dans le trafic... Aussitôt que je m'assois et que je fixe un point, je m'endors... Je vous ai dit que je m'endors au cinéma, souvent dans les scènes d'action les plus violentes??? Je pensais que c'était parce que je me sentais en "sécurité" quand tout explose à l'écran, puisque c'est dans l'imaginaire que ça se passe et que ma conscience "sait" que je suis loin du danger! Hahahaha! Je m'endors pendant TOUS les films de supers-héros!!! Et pourtant j'adore ces films!!! Et je n'ai jamais réussi à regarder "La mélodie du bonheur" au complet!!! Mais dans ce cas-là, c'est parce que c'est tellllllllement quétaine!!! Hahahaha!

- Vous êtes fascinante, X-Mom, je peux vous dire ça? Vous rigolez et me racontez tous vos "problèmes" avec tant d'enthousiasme? Normalement, quand j'annonce une maladie, les gens figent et deviennent tristes...

- HÉHÉ! Mais c'est parce que ma vie vient de prendre un sens pour la première fois!!! Vous ne savez pas à quel point ça fait du bien de savoir que je ne suis pas folle-trop-vieille-hypoglycémique-anémique (car oui, combien de tests j'ai fait pour trouver pourquoi j'étais aussi fatiguée depuis la naissance de X-Boy, en particulier!)!!! Je suis "juste" narcoleptique??? Et je vais être suivie sérieusement??? On va M'AIDER!!! Je vais être RÉVEILLÉE sans jouer de jeu???? Je vais pouvoir faire des siestes chez la visite et ne pas en être gênée? Je vais pouvoir conduire sans m'endormir grâce à une médication? Pouvoir faire mes mots croisés sans avoir envie de m'écrouler dans mon lit après cet effort intello??? Pouvoir regarder un film sans faire pause cinq minutes? Je vais avoir de l'énergie???

- Vous en avez déjà tellement... imaginez...

- Hahaha!!! Mais je vais être en feu??? Je vais soulever des montagnes, terminer des projets (car ma fatigue m'empêche souvent de terminer un projet et je me précipite sur chaque nouvelle idée pour rester stimulée... et réveillée!!)

- Vous allez changer le monde! Hahah!

- Attachez vos tuques!!!!!!

- Parlant de tuque... vous devez retourner à la maison.. Mais je ne peux vous laisser votre permis de conduire...

- HEIN??? NON!!! Mon fils revient de l'école cet après-midi, X-Man est à l'extérieur!!! Je n'ai pas de famille proche pour venir me chercher et/ou accueillir X-Boy!

- Mais vous m'avez avoué vous être endormie en venant...

- Mmm... oui... mais je vous jure que je suis CAPABLE de savoir quand je DOIS m'arrêter... Ça fait une quinzaine d'année que je conduis ainsi...

- D'accord, je vous fais confiance, car vous êtes rusée et vous avez appris à vivre avec votre condition... Mais je ne peux garantir que le neurologue sera de mon avis.

- Ok. Je comprends. Je peux vous remercier de m'avoir laissé dormir sur votre table de gynéco??? Sans vous, je repartirais d'ici avec mon endormissement perpétuel et ma lassitude de ne jamais dormir assez!!! Vous venez de changer ma vie!!!

- Ce n'est rien... Je suis un peu fâchée de n'avoir jamais vu cet aspect médical chez vous il y a plusieurs années... J'aurais pu vous aider... et ne pas croire que vous étiez anxieuse/limite dépressive... Vous prenez donc probablement des anti-dépresseurs sans en avoir besoin... C'est par ailleurs prouvé que la plupart des narcoleptiques se font diagnostiquer dépressifs au lieu de recevoir le bon traitement... puisque le manque de sommeil cause les mêmes effets qu'une dépression... et comme les patients dorment "mieux" grâce aux médicaments qui causent un effet de somnolence, ils se sentent moins émotifs, pleurent moins et retrouvent un peu d'énergie...

- C'est en effet mon histoire... J'ai toujours beaucoup pleuré quand j'étais trop fatiguée-stressée et j'avais les idées très noires après la naissance de X-Boy... D'où le fait que j'étais venue vous voir en pleurant toutes les larmes de mon corps et que vous m'aviez expliqué que je vivais de l'anxiété combinée à un post-partum post-traumatique vu la condition médicale de fiston... Mais au final, je ne suis que très fatiguée tout le temps???

- Le neurologue pourra mieux vous expliquer, mais je crois que oui. Les narcoleptiques ne dorment jamais profondément. Ils sont toujours dans un état de semi-conscience. Ils tombent directement dans le sommeil paradoxal alors que chez les gens "normaux", cela prend 90 minutes. Un narcoleptique se retrouve toujours en état de rêve et leur cerveau ne se repose jamais totalement. En fait, la narcolepsie se résume en cette phrase: vivre des périodes d'éveil dans son sommeil et vivre des périodes de sommeil dans son éveil...

- C'est exactement ça... D'où le fait que parfois, quand je me réveille après avoir rêvé aussi "réellement", je me demande si les événements se sont vraiment passés...

- Le cerveau a mille et un secrets...

- Allez, je dois me sauver!! Avant de m'endormir encore dans votre bureau!

***

La suite quand j'aurai le temps!!! Ben oui, je vous fais ça!!!

Hahaha!

jeudi 7 novembre 2013

Rafale!!! (C'est l'automne... tsé)

Comment ça se fait, donc, que je n'écris plus autant?!? La question est aussi bonne que les réponses suivantes:

a) Depuis que X-Boy est à l'école, je n'ai plus le temps d'écrire. Paradoxal. Je sais. Mais je "fais" plein de besognes au lieu de rêver à... comme avant.

b) Lorsque X-Boy revient de l'école, je vis "vraiment" la routine du 4 à 7 multitâches. Qui plus est, X-Boy est de plus en plus mignon (si ça se peut) et VEUT jouer avec moi... alors hein, je ne peux résister.

c) Je me sens mal à l'aise d'avoir envie d'écrire plus à propos de X-Mom que de X-Boy... parce que la raison principale qui motivait mes écrits depuis le début "est" X-Boy. Me suivrez-vous si je change un peu le focus?

d) Les rénos pour l'adaptation de la maison, ou plutôt la préparation pour lesdits travaux qui commencent demain (ouiiiiiiiii!) occupent BEAUCOUP de mon temps.

e) Je vis "plus" dans le monde réel que virtuel. Comme si j'avais enfin le temps et les neurones pour côtoyer du "vrai". Et aussi parce que ma nouvelle Amie-Voisine est top-ultra-sensass (fait longtemps que j'ai écrit, "j'adoïse mes phrases..) et que je passe beaucoup de temps avec elle.

Bref, pour toutes ces raisons (et sûrement d'autres), je blogue moins. Mais ça me manque, d'où mon retour pour cette rafale dans mon fabuleux monde.

***

Croustillant # 1 (c'est le temps des croustades)

X-Boy a choppé son premier virus-total de la saison. Le "Para-Influenza" (ajoutez un son de film d'horreur, svp). La catastrophe. On s'est ramassé en urgence à l'hôpital où X-Boy vomissait sa vie en plus de morver son cerveau et de crier comme un chat qu'on égorge. Trois jours dans une fabuleuse chambre à prier qui-peut-entendre pour que X-Boy cesse de vomir son soluté. On a frôlé le transfert à Ste-Justine. Au final, il a sorti un bouchon de caca un bon matin et zou, il s'est remis à manger. Ben oui, c'est-tu pas mignon. En plus d'avoir un virus-destroyer, il faisait un bouchon merdeux. (Avec ou sans croustillant! beurk!)

Croustillant #2

À notre arrivée à l'urgence, un jeudi soir à 19h00, je me suis fait draguer par un célibataire qui accompagnait son ado qui s'était plantée face première dans le milieu de la cuisine et qui avait le nez en chou-fleur-médium-saignant. J'ai cru être dans un film de série B. Non mais, se faire "cruiser" à l'urgence alors que ton môme est vert de tous les côtés, que t'as les cheveux qui tiennent par la peur dans leur élastique trop étiré, que t'as des cernes couleur jus de raisin et que t'as sûrement un grain de poivre entre les dents parce que "fuck le brossage de dents après le souper, y'a urgence"??? Ben oui. J'ai tellement de charisme, que voulez-vous. Il m'a sorti la "punch-line" suivante:

- Ça ne doit pas être facile pour vous non plus...

- Pas facile pour quoi?

- Ben, pour rencontrer quelqu'un... Moi j'ai deux ados, je suis monoparental et ce n'est pas évident de rencontrer une belle femme intelligente qui ne se sauvera pas en courant quand je lui parlerai de mes filles...

- Ce n'est sûrement pas évident. Mais je n'ai pas ce problème. Mon conjoint est un excellent papa et amoureux. S'il n'est pas là ce soir, c'est parce qu'il travaille dans une autre ville...

Il y a eu un silence. Rhôôôô. Je lui ai souri et il m'a rendu mon sourire. L'avantage, c'est que tout le reste de la soirée, il m'ouvrait la porte, il ramassait les jouets de X-Boy et il s'assurait que j'étais bien et que je n'avais besoin de rien. Bref, j'ai été "chouchoutée" un petit peu par un inconnu. Faut le prendre quand ça passe, car c'est pas à l'urgence que tu vas avoir des tites-douceurs.

Croustillant #3

Vu et surtout entendu au Winners: deux femmes dans la soixantaine vêtues exactement comme Anne Dorval dans Les Bobos qui parlaient carrément "franglais" SUPER FORT dans toutes les allées!!! Je les suivais par exprès, juste pour les observer et surtout, les écouter déblatérer autant de stupidités à la minute. Des exemples:

- Oh ma Loulou!!! As-tu vu le "fluffy cushion" jaune? Did you know que le jaune est très "trendy" et j'y pense... oh let me think... ça te prendrait du "bright yellow" dans ton "living room", ma "dear"!!!

- Oh you're so right, ma Jiji!!! Mais you know, je ne suis pas "ready for change" dans mon décor de "living room"... J'ai trop la tête ailleurs... you know, avec ma cuisine que je veux "vintage" mais aussi "countrystyle"... faudrait pas que je mélange trop...

C'est dans ces moments que je m'ennuie de X-Man. J'aurais tellement voulu partager ce bonheur avec lui!

Croustillant #4

X-Man a réussi un exploit au domaine de la peinture ce week-end. Il s'en allait tranquillement au sous-sol avec sa tasse de café dans les mains et un petit rouleau propre et allez savoir, il est remonté avec le rouleau DANS la tasse de café. Avec un air très surpris.

- Je n'ai aucune idée comment ça s'est passé? J'ai entendu un "plouf" et je me suis aperçu que je n'avais plus le rouleau dans les mains!!!

J'ai été bonne pour un fou rire de 10 minutes. Fallait lui voir la tête. Du grand X-Man. Charmant et gauche comme je peux être droitière!

Croustillant #5

X-Boy va marcher. Cette phrase a été dite texto par son pédiatre la semaine dernière... Nous n'en revenions pas! Dr Clooney est encore plus séduisant lorsqu'il dit de telles affirmations. Il a été chanceux qu'à ce moment, je souffrais (vraiment) d'une laryngite = dérivé du Para-Influenza de mon môme et qu'AUCUN son ne sortait de ma bouche!!! Mais mon sourire a traduit ma gratitude. Une phrase d'un tel positif dans un mois difficile, ça illumine un visage jusqu'à la radiation!

Croustillant #6

Vous avez bien lu. J'ai eu une extinction de voix pendant UNE semaine. Au départ, je trouvais ça un peu marrant. Mais après trois jours, j'ai commencé à paniquer. Et si plus aucun son ne sortait de ma bouche à tout jamais??? Passer ses journées avec X-Boy qui ne parle déjà pas, ça fait des journées ultra-looooongues et tristounettes... car le petit lui, il ne comprenait PAS que je ne pouvais PAS parler et dès lors, il pleurait trop souvent quand il ne me voyait plus... Et quand je le prenais, il me regardait l'air de dire: Ben voyons, sont où les cris de folle et les rires perpétuels???

Croustillant #7

Je me suis endormie pendant mon examen gynécologique, jeudi dernier. Faut le faire, hein?

Je vous reviens d'ailleurs à ce propos.

Même X-feuille même X-poste, jeudi prochain.

Bon râtelage!

lundi 7 octobre 2013

Faire la tortue

Hier matin, belle journée d'automne, X-Man quittait la chaumière pour sa tournée habituelle en Abitibi. Il a emmené avec lui X-Boy (pas jusqu'en Abitibi, on se calme!) pour le laisser entre bonnes mains au Centre de répit Chez Philou, puisque X-Boy y suit encore une fois, cette année, les ateliers de stimulation. Comme les ateliers se déroulent du lundi au mardi et qu'à Ste-Banlieue, il n'y a pas de transport adapté les lundis et les vendredis (une fabuleuse absurdité...), X-Man a fait découcher fiston afin de faciliter les déplacements.

Bref, hier matin, à 10h45, je me suis retrouvée seule. Seule jusqu'à mardi après-midi où j'irai chercher X-Boy à 16h00. Quand les hommes sont partis, j'ai versé quelques larmes de tristesse.

Qu'allais-je faire un dimanche toute seule? Un lundi, ça va, je suis habituée, mais un jour de fin de semaine? Un dimanche où toutes les amies sont justement en famille? Et comme il faisait beau, il n'était pas question de partir visiter les lointaines amies en Estrie parce qu'un retour à Ste-Banlieue pendant "la flambée des couleurs", ça peut prendre trois ou quatre heures à cause du trafic sur l'autoroute.

Bref, j'ai presque paniqué. Autant quand j'étais à temps plein avec X-Boy, je rêvais d'être seule pour accomplir 616136 affaires, autant que hier, le temps me paraissait effrayant.

Je me suis mise à réfléchir. Qu'est-ce que je ne peux pas faire quand les hommes sont là? Qu'est-ce qui me manque?

La réponse a été longue à trouver. Parce que bon, réfléchir longtemps, je ne fais pas ça souvent. (quoique la nuit... mais bon...) Mais j'ai trouvé avec un sourire coquin: ce qui me manque, c'est de faire la tortue!

***

Bon, n'allez pas imaginer que je me déguise en tortue et que je me couche sur le dos les quatre pattes en l'air en pleurant ma vie pour qu'on me relève... suffit les idées saugrenues... pitié.

***

Faire la tortue = prendre le temps. Prendre le temps de vivre. Ne rien faire en courant, en pensant à 4625616 affaires en même temps, au linge qui sèche, au petit qui a une couche à changer, aux plantes à arroser avant qu'elles n'envoient l'escouade-des-sécheresses...

Prendre le temps. Wow. Vivre lentement.

Et c'est ce que j'ai fait.

J'ai sorti mes papiers et crayons et j'ai dessiné des images pour la déco de la salle de bain de K. que j'aurai la joie d'aller compléter sur place ce week-end. J'ai pris le temps de dessiner. De retoucher les détails. Dernièrement, quand je dessine, c'est en mangeant un bout de toast, en parlant à X-Boy pour ne pas qu'il s'ennuie et en attendant un téléphone important.

Au bout de deux heures, j'avais quatre dessins de terminés. Et je les ai laissés sur la table.

Je suis sortie en voiture pour aller prendre mon temps au Winners, mon exutoire favori. J'ai longé les allées pendant une heure, à rêvasser de tel article de déco, à écouter les conversations des autres (à en rire secrètement), à flâner devant les pyjamas et la lingerie fine (tiens, de la lingerie fine, ça existe?) et à ne rien acheter au final. Ne rien acheter sous pression parce que bon, j'ai besoin de ça aujourd'hui et même si ça ne me plaît pas tant que ça, ça fera l'affaire. Nan. Rien dépensé. Sans déception.

Ensuite, je suis allée faire l'épicerie. Une heure de pur bonheur à tâter tous les fruits exotiques, à lire les explications sur les tits-cartons descriptifs, à choisir avec minutie mes légumes et tous les aliments, quoi. Même que, je me suis aperçue qu'à côté des bananes, se trouvaient des "mini-bananes" et des bananes rouges. Je n'ai jamais vu ces bananes chez personne? Y'a-t-il des gens qui en achètent? J'ai pris une banane rouge. (Résultat: elle est un peu plus sucrée) Fallait voir les questions de la caissière et de l'emballeur.

Hier, j'ai été la "fille-qui-a-acheté-une-banane-rouge".

***

Je suis rentrée chez moi et j'ai soupé lentement en lisant une revue. Pas juste en la survolant en me disant que d'ici un mois, je parviendrai à toute la lire. Non non, je l'ai lue d'un couvert à l'autre et ça aussi, ça m'a pris du temps.

Pour terminer la soirée, je me suis installée devant la télé et j'ai écouté un film que j'adore. J'ai mis le son un peu plus fort qu'à l'habitude, je me suis enroulée dans ma doudou préférée et j'ai plongé pendant deux heures et des poussières dans cet univers.

Avant d'aller au lit, j'ai écrit un mot à X-Man qui m'avait avisé par courriel de son arrivée en Abitibi.

J'ai pris le temps de lui écrire. Comme je le faisais à nos débuts.

***

Ce matin, j'ai rangé tous les dossiers "à terminer = urgent". J'ai mis mon cerveau à "off" pour le reste de la planète. Même si on est un "lundi".

Après tout, je n'ai jamais de journée de congé.

Le téléphone a sonné, c'était mon Amie-Voisine qui m'invitait à passer un bout de journée avec elle et sa petite-la-plus-mignonne-du-monde. J'ai sauté dans la douche et je suis arrivée chez elle, les cheveux mouillés.

Des cheveux aussi, ça a le droit de prendre son temps pour sécher.

On a papoté comme des vraies filles, elle m'a invité à diner et on est allée acheter des mini-bananes.

Résultat: ça goûte la même affaire. Sauf en plus petit.

Et ce qui est plus petit est d'autant plus intéressant pour X-Boy. Car souvent, dans son lunch, je lui envoie une banane coupée à la moitié et emballée dans une pellicule de plastique.

Mais à partir d'aujourd'hui, X-Boy aura droit à des mini-bananes.

***

Il sera heureux d'avoir des bananes "adaptées".

Je recommence le boulot "d'adaptation" demain, fallait bien que je me remette dedans!

Héhé.

lundi 30 septembre 2013

Adaptez-vous qu'ils disaient!

Avoir un X-Boy demande BEAUCOUP d'adaptation. Et ces dernières semaines, nous sommes en plein "dedans le concept".

Dossier numéro 1: l'adaptation du véhicule.

Ayant enfin en notre possession un véhicule "adaptable" (voire une rutilante Dodge Caravan), nous pouvons nous tourner (sans volant, haha) vers la SAAQ et une compagnie qui adapte lesdits véhicules. Pour les néophytes, je vous explique ce dont nous avons besoin.

X-Boy étant GRAND et LOURD n'est plus un gentil-mignon-bambin que l'on installe en moins d'une minute dans son siège d'auto. Nan. X-Boy est un "vrai garçon" qui: bouge, bouge, bouge et re-bouge de TOUT son corps quand on le prend dans nos bras. Et je vous jure que trimballer un gamin de 35 livres et de 3 pieds (et des poussières) de long quand moi-même, je ne mesure que 5 pieds, c'est du sport. (à inclure dans les prochains olympiques: le lancer du gamin dans le siège de la voiture...)

Ainsi, la solution qui s'offre à nous: installer le petit-grand dans sa poussette, rouler la poussette jusque DANS la voiture, et ce, grâce à une rampe qui sera installée dans la voiture. La poussette remplacera donc le siège de "bébé" et le siège tout court, tiens, puisque la rangée de sièges centrale sera enlevée du décor.

Pour arriver à cette solution-joyeuse, il y a bien évidemment des démarches (...) à entreprendre avec le plus grand calme possible. (je suis une pro). Ainsi, les rencontres avec l'ergo qui détermine quelle adaptation sera nécessaire, soumissions auprès des compagnies et remplissage de formulaires pour la SAAQ qui payera les coûts de cette transformation. (pourquoi les "Transformers", ça existe pas pour vrai, hein?) Oui oui, vous avez bien lu. La SAAQ paie pour l'adaptation. Vous savez maintenant que les paiements de vos plaques d'immatriculation et de votre permis aident des familles comme nous. Merci merci merci.

Bref, les démarches vont bon train (ou bon camion) et prennent leur temps. Au Québec, il faut savoir savourer l'attente. L'attente est presque génétique chez les Québécois. Au départ, la SAAQ parlait d'un délai de 4 à 6 semaines (au début juillet). Au milieu d'août, le délai avait augmenté à trois ou quatre mois. La semaine dernière, je reçois un appel de l'ergo en charge du dossier. Notre dossier est en traitement à la SAAQ (ça veut dire que quelqu'un a ouvert l'enveloppe! wooouh, on fait 5672367 je-vous-salue-marianne), mais il leur faut des preuves médicales que je, X-Mom, ai bel et bien des douleurs lombaires qui nécessitent une rampe motorisée.

***

C'est là que ça me tente de chialer un peu.

***

Les rampes "ordinaires" qui permettent aux parents de rouler la poussette/fauteuil d'un enfant handicapé sont "manuelles". C'est-à-dire qu'il faut baisser et monter la rampe "à bras". Tout va bien si on a des muscles en forme et un dos fringant. Mais pour une X-Mom qui a le dos en tortillon et qui souffre comme un cheval fatigué juste à laver le bain, c'est une autre histoire. Et ho, je ne me plains pas. Mon acupuncteur m'aide beaucoup, les relaxants musculaires me permettent de dormir mieux et les anti-inflammatoires sont mes meilleurs amis les jours où j'ai envie de m'amputer l'épine dorsale pour la repasser sur la planche...

Sauf que cette condition dorsale précaire m'a fait vivre une blessure à l'orgueil lorsque j'ai assisté à la présentation d'un véhicule adapté et que l'ergo m'a demandé de soulever la rampe pour me "pratiquer" à comprendre le mécanisme.

Je me suis retrouvée en position "petit bonhomme", les genoux bien pliés et biiiiiiiiiiiiiiiiiiip. Je n'ai PAS réussi à lever ladite rampe. Incapable, la jeune femme, de soulever cette "putain" de plaque de métal. L'ergo a souri, croyant que je blaguais (ce qui aurait pu être possible, tiens). Mais quand elle a vu mes yeux se remplir de larmes, elle a compris que oups, X-Mom ne ment pas quand elle dit qu'elle a une faiblesse au bas du dos.

Elle m'a alors expliqué que la rampe pèse plus de 30 livres et qu'il serait possible qu'elle soit motorisée (grâce à l'électricité! yé!), mais qu'il me faudrait des preuves médicales. Tout de go, je lui ai dit:

- Euh... mon incapacité est "visible", non? (je bouillais de honte. je n'ai que 34 ans, bordel!!!!)

- ... si c'était aussi simple, X-Mom...

- Mmm. Je comprends. Encore une bataille à livrer?

- Moui.

***

Entre vous et moi, il y a dans les adaptations de véhicule une absurdité flagrante que l'on pourrait décorer au néon. Je sais que tout est une histoire de coûts et de subventions, mais si la SAAQ est prête à payer 19 000$ pour adapter le véhicule, pourquoi rechigne-t-elle sur un petit 1500$ de plus à payer pour rendre une rampe électrique, hein?

C'est quoi l'affaire??? Quand des parents décident d'adapter un véhicule pour faciliter les déplacements de leur enfant, ce n'est PAS un caprice. C'est une NÉCESSITÉ. Et cette adaptation se faisant souvent lorsque l'enfant a 5 ans et plus (sauf dans les cas d'enfants paralysés qui ont une condition évidente de non-mouvement), il est facile de comprendre que les parents ont déjà puisé dans leur bagage de force physique pour trimballer le petit ici et là. En tant que parent, on préfèrerait 1426346 de fois transporter notre enfant "à bras" que d'avoir un véhicule adapté. Soyons franc. C'est bien beau d'avoir des places réservées dans les stationnements, mais ouvrir une rampe, ça prend de la place et relève d'une logistique particulière.

Je ne sais pas si c'est parce que je suis fatiguée, mais je trouve qu'installer une rampe "manuelle" pour "aider" les parents, c'est comme leur donner un bateau sans rame. Vas-y ma grande, pagaie avec tes mains, tu vas arriver à destination. On se fout bien que ça t'arrache le dos de lever la rampe, hey, tu fais juste pousser une poussette dans ta bagnole. Et l'attacher avec des crochets au plancher, tsé.

Pis même affaire pour les personnes âgées qui ont besoin d'une rampe. Les aidants naturels qui les aident ne sont "pas malades, eux", alors qu'ils forcent!!!

Je sais qu'il y a des parents qui ont une génétique du tonnerre et pour qui les lombalgies sont un pays sud-africain, mais dans cinq ans, quand leur enfant auront dix ans, auront-ils encore un dos en parfait état?

On parle de prévention partout sur la planète. "Lavez vos mains, toussez dans votre coude, pliez vos genoux quand vous vous penchez, portez des lunettes de soleil, mettez de la crème solaire, regardez de chaque côté avant de traverser la rue"...

Ça serait si difficile d'agir de façon préventive en accordant des rampes "à boutons électriques" aux gens qui adaptent leur véhicule?

Nan. On préfère que les parents/aidants se blessent et coûtent cher au système de santé. On préfère par ailleurs que les familles avec des enfants handicapés restent à la maison. On préfère garder les invisibles là où ils sont.

***

Sur ce, je m'en vais me sculpter une prescription dans un bloc de papier recyclé.

mardi 17 septembre 2013

X-Mom et la route...

Vous avez envie de rire de X-Mom?

Allez, payez vous ma tête. J'adore ma naïveté guerrière.

***

Samedi, mes parents sont venus nous visiter pour nous montrer leur nouvelle bagnole. Un beau VUS-je-prends-bientôt-ma-retraite-et-bon-je-veux-être-confortable-après-toutes-ces-années-à-me-faire-chier-dans-des-bagnoles-économiques. Héhéhé, je ne juge pas. Je constate. Avouez que les retraités se retrouvent souvent au volant de VUS ou de Minivan alors qu'ils n'ont plus de marmaille nombreuse à trimballer.

Regarde regarde le nouveau véhicule, on s'assoit tous dedans en poussant de Ho! et des Wow! et mon père affiche le sourire de "l'Homme de Char". Vous le connaissez: "l'Homme de Char" peut vous parler de sa bagnole pendant des heures. Avec une fierté indicible et des qualificatifs mielleux. (Mais demandez-lui de vous décrire le sourire de sa femme et il bégaiera quelques inepties)

Bref, on rentre dans la maison après une visite guidée à "CharLand" et on parle parle jase jase joue joue avec X-Boy qui lui, est bien fier d'avoir compris comment faire rouler ses camions-trains-boîtes-de-cartons (X-Boy n'est pas regardant. Tout roule: roue pas roue!) On dine en rigolant puis mon père lance un sérieux: "Je vais aller me coucher". Ce à quoi je réponds: Tu peux t'étendre sur mon lit... la phrase n'était pas terminée qu'il ronflait à en décrocher le ventilateur au plafond.

Nous nous sommes ainsi retrouvés sans le paternel. Et que font une fille et sa mère lorsque le matou-en-chef dort? Elles partent magasiner! Oh que oui! X-Man étant toujours très docile... euh je veux dire très gentil (hahaha, y'a qu'à lire mon blogue s'il veut se défendre), il a choisi de rester à la maison avec X-Boy et de "garder le grand-père".

En moins de deux minutes, nous étions dans ma MiniVan (mais hé, on n'a pas la marmaille nombreuse, mais on a la marmaille handicapée, alors ça justifie la grosseur du véhicule!) et en route vers le paradis de la déco: un entrepôt situé à Brossard. (où else? Quel néologisme, avouez que vous êtes tombés en bas de votre chaise!) Ma mère, une conductrice ultra-peureuse (elle ne conduit que dans les petites routes de son village et quand il y a trop de trafic sur la principale (genre 4 autos dans les deux sens!), elle fait un détour!!!) était médusée par mon savoir-de-conductrice.

Il faut dire que j'ai hérité de la trouille au volant, mais en version modérée. Ma phobie se résultant à conduire à Montréal. L'ÎLE est, dans ma tête, un monstre-tueur-de-conducteurs. Ceci résultant probablement du fait que lorsque j'étais gamine, seul mon père conduisait dans l'ÎLE et que ma mère se cramponnait si fort à la portière tout en soupirant si souvent que j'avais vraiment l'impression que nous allions y rester... (Il ne faut pas blâmer ses parents pour nos comportements.. mais bon, ça fait du bien de trouver un coupable. Vous le faites aussi, arrêtez de mentir!)

Bref, après avoir salivé devant 4365727 trouvailles de déco, nous avons pris le chemin du retour.

Chemin faisant, ma mère fut impressionnée par ma zénitude face aux nombreux conducteurs (des hommes, tous des hommes...) qui m'envoyaient du doigt d'honneur et des sacres bien visibles de par leurs lèvres enragées.

- Tu te fais envoyer promener et tu es capable de rester calme?

- Ben voyons, Maman... ce sont eux qui sont dans le tort. Moi je roule à la vitesse permise et hein, ce n'est pas mon problème s'ils ne peuvent pas se conformer à la loi.

- Eh ben... j'ai passé l'âge de conduire ainsi...

- T'as jamais eu l'âge de conduire...

- X-Mom... ne commence pas... j'ai le droit d'avoir peur au volant...

On a changé de sujet. Car je peux être arrogante quand je ne comprends pas une attitude. Combien de fois je lui ai demandé: Pourquoi tu as une auto si ce n'est que pour faire deux minutes de route dans le village? Pourquoi tu ne marches pas? Pourquoi tu t'endettes pour ça??? Puis pourquoi tu n'affrontes pas tes peurs et tu ne viens pas me voir toute seule, sans Papa... afin qu'on puisse sortir ensemble souvent, hein??? Pourquoi tu es dépendante de lui alors qu'avoir ta voiture est justement une sorte d'indépendance? Tu n'es pas tannée d'avoir peur? Je ne te demande pas de conduire à Montréal (ben non, tsé!!!), mais de sortir "pour vrai"?

Vous voyez le topo.

***

Pendant la soirée, alors que mes parents étaient partis chez eux et que X-Boy s'amusait à nous grimper sur les jambes pour se hisser debout (oh oui, il fait ça... un vrai petit chat!!!), je racontais justement à X-Man comment ma mère était impressionnée par mon calme au volant.

- Mais dis-moi, X-Mom, pourquoi tu te fais faire autant de doigts d'honneur? Tu nargues les autres?

- Ben non. Je ne nargue personne. Je suis la vitesse recommandée. Et je ne roule jamais plus que 10km au-dessus de la limite permise. Ce n'est pas de ma faute si ça fait chier tout le monde...

- Moi non plus je ne fais pas de vitesse. Mais je ne me fais pas injurier...

- C'est parce que t'es un homme. Les femmes au volant se font toujours intimider. C'est bien connu.

- Mmm. Je ne suis pas d'accord. Tu ne me dis pas tout...

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise? Je t'explique cet après-midi, sur la 104 d'abord. La limite est de 90km/h. Donc, je roule 100 km/h. Dans la voie de gauche. Et les connards me dépassent par la droite, ce qui est tellement interdit. Les gens sont tellement impatients!

- Mais X-Mom?!? Tu roules dans la voie de GAUCHE?

- Ben oui, pis. C'est la voie pour aller vite, non?

- Mais tu ne vas PAS vite!!!

- Ben oui, je roule 10km au-dessus de la limite!

- Coudonc, t'as-tu fait des cours de conduite???

- Oui... C'est quoi le rapport?

- Ben la voie de gauche est RÉSERVÉE pour les dépassements!

- Ben je le sais. Mais puisque je roule "plus vite que supposé", je peux bien rouler dans cette voie. Tsé, les connards qui veulent rouler plus vite se retrouvent derrière moi et ils vont s'éviter un ticket grâce à moi! Je suis comme un "Pace Car" dans les courses!

- HEIN??? UN PACE CAR??? JE RÊVE??? T'es tellement marrante!!!!!!!!!

HAHAHAHAHAHAH!!! x 1000... Je crois que je n'ai jamais vu X-Man rire autant de sa vie...

- Rhôôô, ok... ça va... je ne suis pas si drôle...

- Tu n'es pas drôle, tu es NAÏVE??? Tu es tellement mignonne, ça ne s'invente pas!!!

- ...

- Mais tu es un DANGER PUBLIC!!! Hahahahaa... x 2000

- Je ne suis PAS un danger public. JE pense aux AUTRES. Je ne veux pas qu'ils aient des tickets... Tsé, y'a pas de mal là-dedans, je te jure...

- Ben non.. Mais X-Mom! HAHAHAH.. T'es pas une police!!! T'as pas à penser aux autres et à leur montrer la vitesse à laquelle ils doivent rouler!!! Tu restes à droite tout le temps, sauf quand tu dois prévoir un changement de voie ou une sortie à gauche...

- Ok...

- HAHAHAH!!! Et je te gage que quand tu sais que tu devras tourner à gauche, tu te mets genre des kilomètres d'AVANCE à gauche?

- ...

- SÉRIEUX??? Je vais le dire pour la première fois, mais c'est une chance que tu ne conduises pas à Montréal, finalement!!!

- ...

- Tu roules à gauche tout le temps??? HAHAHAHAHA!!!!!

***

Je suis un clown.

Malgré moi.

Tsé quand t'as un talent, tu l'exploites, non?

***

N'ayez crainte, j'ai compris les explications de X-Man. Et je vais changer ma conduite. Pour éviter, comme il l'a dit: "de tomber sur un malade qui va me faire une vraie rage au volant".

***

J'ai trop regardé les Câlinours, petite.

***

vendredi 6 septembre 2013

Où es-tu X-Mom???

Ben oui... je suis où, moi, depuis le 3 juillet?!? Ça fait 2 mois que je n'écris plus?!? Mais qu'est-ce qui se passe donc?

Je suis enceinte, voilà.

MAIS NON!!!!!!!!!!!!!! HAHAHAHAHAHA, j'imagine la réaction de certaines d'entre vous?

X-Man est parti avec une donzelle de 20 ans.

MAIS NON!!!!!!!!! Je me marre, c'est clair.

Allez, je vous donne la vraie raison.

X-Boy a attrapé le scorbut et c'est la galère.

...

Vous êtes toujours là? Non mais, après tant de silence, il faut savoir regagner son public. Et bon, quelques petites blagues pour débuter, ça me remet les doigts bien en place sur le clavier.

Avec la plus grande sériosité, ce qui s'est passé est très simple: X-Boy était en vacances, X-Man aussi pendant trois semaines et après la levée de fonds le 14 juin (qui a été un succès inestimable, je vous en recause bientôt!), j'ai dû retomber sur mes pattes d'infirmière car X-Boy a décidé d'être plus ou moins bien, comme il sait si bien le faire. Un grand champion.

Ainsi, quand X-Boy eût terminé l'école, l'épilepsie a décidé de reprendre le dessus et on y est allé en sevrage/dosage pendant plusieurs semaines. Résultat: un méga-manque-de-sommeil de la part de la mère et du marmot. À une semaine avant de partir pour nos PREMIÈRES VRAIES VACANCES EN FAMILLE, X-Boy a trouvé le moyen de se mettre à pleurer SANS ARRÊT pendant quatre ou cinq jours. Il a passé des tests de sang, d'urine. Aucun virus, aucune bactérie. On n'aura jamais su ce qu'il avait et le pédiatre m'avait dit que s'il ne pleurait pas pendant 12 heures AVANT notre départ, nous pouvions nous en aller. Sinon, c'était hospitalisation à Ste-Justine sous sa bonne gouverne. Il a suggéré une cure au Tylenol afin de savoir si la douleur était mécanique. Ainsi on a fait. Et ainsi ça aura réussi!

Nous sommes partis au Petit-Saguenay avec un garçon tout neuf! Rempli de rires, de nouveaux gestes et de regards affectueux. Et nous avons vécu des vacances de rêve. Avec K. et sa clique dans le chalet d'à côté, avec une éducatrice spécialisée qui s'occupait de X-Boy les jours et même les soirs. Je vous raconte les vacances une autre fois.

Puisqu'au retour des vacances, X-Boy a été dans une forme splendide pendant les deux semaines de vacances de X-Man. Un pur bonheur que de passer du bon temps ensemble. Vraiment, ces trois semaines, je les revivrais toute ma vie.

Mais pas le "retour à la routine". X-Man a recommencé le boulot, X-Boy a recommencé les absences à cause d'un sevrage "vu que tout allait si bien". Erreur. J'ai donc repris du service en mode survie et j'ai veillé le petit Schtroumpf jusqu'à l'épuisement.

Ben oui. Mon dos a décidé d'en avoir marre et de m'empêcher de dormir. J'aurais pu courir un marathon la nuit ou être assise et regarder la télé ad vitam aeternam. Mais m'allonger? Oh non, X-Mom, tu ne PEUX PLUS t'allonger. La douleur se réveillait alors que je voulais m'endormir, justement. J'ai passé tout le mois d'août à ne PAS dormir plus que 20 minutes à la fois, et ce, la nuit comme le jour.

Ça explique le silence bloguien. Moui.

Même si vous pensez en ce moment: "Ben là, tu dis que tu étais bien assise, t'avais juste à écrire!!!"

Ben non. Il y a des émotions noires qui ne se partagent pas si facilement. La douleur m'aurait fait écrire des histoires sordides. J'aurais pu me recycler en Stephen King, mais bon, je suis trop Câlinours pour ça.

Et je voulais que X-Man reste avec moi, tsé. Vivre avec une écrivaine d'horreur qui vous dévisage chaque matin car dans votre visage, dans vos gestes, elle y voit de la graine de tueur en série, c'est pas très jojo. Je dis ça entre vous et moi, hein. Car je n'ai aucune idée de comment se passe le quotidien avec un écrivain d'horreur. Je spécule. J'adore ça.

Parce que bon, tout ce que je connais, c'est mon quotidien. Et écrire des zzzzzzzz... rrrronfl sans pouvoir les "vivre" pour vrai, ça m'aurait fait enrager.

***

Alors qu'est-ce qui fait que je vous écris enfin? Y'a une certaine Marie qui m'a demandé où j'étais et Mamie-Z qui m'a dit que mes lecteurs devaient se morfondre...

Et bon, je n'ai pas envie qu'en plein milieu de la nuit, une angoisse vous assaille: "Mais où est X-Mom??? Est-elle encore en vie???" et que vous deveniez insomniaque.

Le manque de sommeil, c'est vache. Meuh oui.

***

Grâce à un acupuncteur-soleil (ou plutôt lune!), j'ai retrouvé le sommeil. Le mal de dos est en train de prendre le chemin des aiguilles qu'il enlève au fil des traitements.

X-Boy est désormais à l'école toute la journée depuis une semaine.

Le temps reprend son cours.

Et je cours moins.

Après le sommeil du moins.

Car X-Mom court toujours dans son mignon cerveau.

545747245725 projets sont en branle.

Juste là, depuis hier, je peinture une vanité-1990-mélaminée-jaunie et je la transforme en chef-d'oeuvre de modernité!

Décore-Mom is back as well.

C'est-y pas un beau "back-to-school", ça mes amis?

Oh yeah.

mercredi 3 juillet 2013

Des raisins l'été...

Tiens, je continue dans les histoires mignonnes. (X-Boy pleure presque sans arrêt depuis près de 5 jours. Faut bien que je me change les idées!)

***

Il y a de cela deux mois, ça a cogné à ma porte. Rien d'anecdotique là-dedans, j'en conviens.

Sauf que derrière la porte, se tenait bien fièrement un homme d'un certain âge avec un visage rieur qui, de toute évidence, ne m'était pas inconnu.

Si vous avez de la mémoire, vous vous rappelez "mon Yvon" avec ses raisins en plein hiver? Oui oui, ce gentil veuf qui avait laissé ses clés dans sa voiture et que j'avais accompagné chez lui en pleine tempête, avec un X-Boy "aux vis qui sortaient du crâne"? Eh bien, oui. Ce Yvon-là.

Il m'avait promis, à cette époque, de venir embellir notre cour avant afin que notre maison ait, disons-le, un peu plus d'envergure. Et un peu moins de look débraillé-on-n'y-connaît-rien-en-paysagement-et-hein-on-n'a-pas-le-temps-surtout-pas-l'argent-pour, bon.

À la fin de notre virée dans les rues glacées, Yvon avait griffonné mon numéro de téléphone et depuis, j'attendais son appel. C'est ce printemps, en demandant un conseil quant à la pose d'une haie de cèdres pour "fermer le terrain" à l'Ange-de-la-Rénovation que le déclic s'est fait. L'ADLR nous a suggéré de téléphoner à un certain Yvon qui faisait dans l'aménagement paysager. L'ADLR nous raconte qu'il loue une maison qui lui appartient, à lui et à son père. L'ADLR n'est pas un pro de la réno pour rien. C'est son métier.

Curieuse, j'ai interrogé l'ADLR:

- Le Yvon dont tu parles, il ne resterait pas à Hiverville, par hasard?

- Oui pourquoi?

- Et il est veuf depuis trois ans?

- Ben oui.. Tu le connais, X-Mom?

- BEN OUIIIIIIIIIIII! C'est MON Yvon!!! Tu sais celui des "raisins"?!?

- Ben voyons donc!

- Il était supposé nous aider à aménager le terrain, justement... mais il n'a jamais donné de nouvelles...

- Ah, ce n'est pas son genre. Il est fiable. Tu veux que je l'appelle?

- Ben non. Franchement, il doit avoir oublié... ne le dérange pas avec ça.

Il faut mal connaître l'ADLR pour penser qu'il n'agira pas! L'ADLR est en constante mission, on dirait. Aussitôt dit, aussitôt fait.

Voilà pourquoi à ma porte, au printemps, s'est retrouvé mon Yvon, tout sourire:

- Bonjour X-Mom!!

- YVON?!? C'EST BIEN VOUS?!? C'est l'ADLR qui vous a parlé, hein???

- Ben oui... si vous saviez, X-Mom. Je ne vous avais jamais oubliée! J'avais perdu votre numéro de téléphone et je n'arrivais pas à me souvenir de votre rue... Sinon, je serais venu vous voir l'été suivant notre rencontre...

- Oh, vous êtes tellement gentil!

- C'est vous qui êtes gentille, X-Mom. Votre rencontre m'a rempli de bonheur et quand je pense à vous, je souris.

J'ai rougi. Quand même, il est mignon, le Yvon.

- Alors, X-Mom, comment va X-Boy?

- En ce moment, il dort. Mais il va "ok". Il fait beaucoup d'épilepsie. Les médicaments sont forts... Mais bon, il est de bonne humeur et il me fait toujours rigoler.

- Ah pour ça, vous riez toujours autant, ça se voit!

- Héhé.

Nous nous sommes serrés dans nos bras. Comme deux vieux potes de guerre. Émus et heureux.

- X-Mom, je suis venu vous proposer mon aide pour votre terrain. Vous avez un projet de haie de cèdres, comme L'ADLR me l'a dit?

- En effet. Allons étudier l'affaire.

Nous avons examiné le terrain, Yvon y est allé de ses propositions et on a discuté tarifs. Yvon travaille dans les fleurs et ils nous en a offert une. Il posera notre haie pour moins de la moitié du prix et puisque je suis "mignonne comme tout", il nous offre le paillis rouge gratuitement. Parce que le paillis rouge est plus cher, mais qu'il refuse de mettre quoi que ce soit d'autre. "Faut que ça aille avec votre décor et votre bonne humeur".

Onh. Craquant. Comme du paillis, quoi.

Yvon a quitté la maison, X-Boy s'est réveillé et le soir venu, j'ai raconté l'histoire à X-Man.

X-Man a souri.

- Une chance que je ne suis pas jaloux, X-Mom.

- Aucune crainte à avoir. Il est âgé, Yvon.

- Et moi, je suis plus vieux que toi... Héhé.

- Oui mais toi, tu vends des bd.

- Le chat sort du sac, c'est pour ça que tu es avec moi...

- Entre autres.

- Et les autres raisons, c'est quoi?

***

Ben là, je ne vais pas tout vous dire.

Hahaha.

jeudi 27 juin 2013

Du lilas et des balançoires...

Encore une histoire de bonté, de vieillesse et surtout, de beauté.

***

Quelques jours après le téléphone de la donatrice-anonyme, j'ai reçu un autre appel d'une certaine Marguerite (un pseudo) qui m'annonçait bien gentiment qu'elle et son mari voulaient nous aider en nous faisant un don. Elle m'expliqua qu'ils n'avaient pas de voiture et qu'ils ne pourraient assister à la soirée d'improvisation. Qu'ils n'avaient jamais eu la chance d'avoir des enfants mais qu'un des petits-enfants de la famille avait combattu un important cancer et que la générosité des gens avaient permis aux parents de ne pas travailler pour s'occuper adéquatement de leur fils.

D'emblée, j'étais sous le charme et l'émotion. Au bout du fil, la voix de Marguerite se faisait timide et chevrotante, mais je pouvais y déceler un sourire qui ne devait pas disparaître, même une fois la nuit tombée. Je lui ai donc proposé de nous envoyer un chèque par courrier et je lui ai donné mon adresse. Elle m'a rappelé quelques minutes plus tard: son mari ne faisait pas confiance à la poste. Ce avec quoi je ne pouvais lutter, on ne sait jamais et bon, je rêvais d'aller les rencontrer, bien secrètement.

Ainsi, un dimanche avant-midi de la fin mai, nous nous sommes rendus chez Marguerite et Flavien (des pseudos) avec à bord de la voiture, un X-Boy au nez rougi par une morvite débutante. Nous avons roulé dans des petites rues d'un quartier inconnu, charmés par l'environnement chargé d'arbres et de fleurs. Puis, nous avons vu leur maison. Elle était comme je l'imaginais. Modeste, mais oh si bien entretenue. À l'image des propriétaires, la preuve s'en est faite par la suite.

Devant nous, se dressait donc une bien jolie maison mobile à la devanture revampée et aux arbres bien taillés. Un petit chemin de pierres menait à l'escalier. Pas de cour asphaltée, à quoi ça sert quand on n'a pas d'automobile. X-Man était bien gêné et moi aussi. Ce n'est pas tous les jours que nous allons "ramasser de l'argent" chez des inconnus. J'ai pris les devants, X-Man a pris X-Boy et nous avons marché sur les pierres encore humides par la rosée de cette journée à la température déjà très élevée.

Derrière la porte est apparue Marguerite. Une chevelure toute blanche, bouclée et des yeux d'un bleu de mer. Un visage ridé, des seins aux hanches, bien à l'aise sous une longue robe ample lilas avec des fleurs blanches. Ses bras étaient plissés de partout, je suis devenue très émue. La vieillesse est d'une beauté, pourquoi vouloir toujours cacher les rides et le passage du temps? Flavien est apparu derrière Marguerite. Un grand gaillard, un crâne dégarni, de grandes lunettes qui laissaient voir des yeux pétillants et toujours humides, comme si ce Flavien avait un fleuve dans le regard. Marguerite nous a tendu la main, Flavien aussi. Les présentations se sont faites rapidement, ils nous ont invités à nous asseoir quelques minutes.

Autour de nous, des pièces décorées presque à outrance, mais avec un nécessaire indicible. Les murs de la cuisine étaient lilas, ceux du salon de deux teintes plus foncées et toutes les moulures de bois étaient peintes d'un blanc pur. Aucune trace de doigt, aucune tache sur les meubles. Aucune poussière. Des bibelots en forme d'anges dodus, des chats en fausse fourrure en guise de compagnon sur les sofas, deux ou trois horloges toutes à la même heure, mais avec un son différent. Sur la table, aucun papier, aucun circulaire. Que nos cinq paires de mains encore un peu timides d'engager la conversation. C'est X-Boy qui a parlé le premier. Il a tenté d'attraper le napperon au centre de la table sur lequel reposait un vase ou un pot blanc, peu importe. Les sourires se sont réveillés, les discussions se sont entamées.

Marguerite regardait avec tendresse X-Boy, qui, une fois par terre, s'est dirigé à la vitesse de la lumière vers un pouf balançant sur lequel avait été déposé la manette de télévision. Flavien a toussoté, X-Boy ne pourrait jouer avec la zapette. Un homme, peu importe son âge, est maître de ce bidule. Soit. J'ai enlevé l'objet-tentation et X-Boy s'est dirigé vers la chaise berçante pour en retirer le coussin poilu qui y avait été déposé. Flavien et Marguerite ont souri: X-Boy avait trouvé son jouet.

Flavien portait deux appareils auditifs et il semblait un peu perdu lorsque X-Man et moi parlions. X-Man, d'un tact exemplaire, lui a demandé si on devait parler plus fort, ou plus lentement. Flavien a ri. Non, pas plus fort, pas plus lentement. Mais PAS en même temps. Il est vrai que j'avais tendance à parler à Marguerite en même temps que X-Man parlait à Flavien. Les conversations se sont donc unifiées. Flavien a remarqué notre voiture dans la rue. Il s'est mis à parler mécanique avec X-Man. Marguerite souriait, amusée. X-Boy continuait de flatter son coussin-doudou.

Flavien nous a raconté rapidement ses mésaventures avec quelques voitures.

- Vous savez, X-Man, ça me fait du bien de parler de voitures avec vous.

- Tant mieux!

- C'est parce que je n'ai pas d'amis...

- Ils n'habitent pas dans le coin?

- Non... Ils sont tous morts.

Il y a eu un bref silence. Puis j'ai éclaté de rire.

- ??? Mais quelle réplique rare!!! Avouez qu'on ne peut pas dire ça souvent dans une vie!

L'humour a pris le dessus. Car en-dedans, ça craquait de partout...

Marguerite a blagué sur la vieillesse, Flavien a raconté que son seul plaisir de boire du café était désormais terminé et que non, un thé, ça ne fait pas pareil. Flavien ne peut plus boire que du Ensure, il ne digère plus rien. Marguerite, elle, était fière de parler de leur couple qui dure depuis plus de 60 ans. Les calculs se sont faits rapidement. Flavien et Marguerite avaient donc dans les 90. Plus ou moins. Ça craquait de plus en plus dans mon cœur.

X-Boy s'est mis à hurler. À couler du nez. À vouloir explorer la maison. (Il n'aime pas le lilas, il a du goût! hahaha) Nous avons annoncé notre départ, afin d'aller soigner le petit enrhumé. Flavien nous a demandé de patienter quelques secondes, il allait récupérer notre "cadeau".

Nous nous sommes levés, j'ai visité avec Marguerite le solarium ajouté à l'arrière de la cuisine. À l'intérieur, deux balançoires. Deux chaises berçantes. Une grande télévision. Deux ou trois tables. Des plantes partout, des bouquets d'anges dodus et d'autres chats partout, mais cette fois en porcelaine. Par les grandes fenêtres qui donnaient sur la cour, on pouvait voir un petit jardin.

- Il est petit le jardin. Il rétrécit d'année en année. Il est comme nous. Hahaha.

J'ai éclaté de rire, encore une fois.

Flavien est revenu avec une enveloppe blanche dans les mains.

- Il est beau, mon jardin, n'est-ce pas?

- Oh oui. Vous faites pousser quoi?

- Des tomates et des concombres. Je ne peux plus les manger, mais Marguerite adore ça. Il faut bien qu'il y en ait un des deux qui se gâte! Le reste, on le donne à nos neveux et nièces qui nous rendent visite. Nous sommes bien entourés, nous sommes chanceux.

- En effet.

- Voilà pour X-Boy.

J'ai pris délicatement l'enveloppe. Au travers, je voyais la couleur d'un vingt dollar. Sauf que c'est le poids qui m'a surpris. Il y avait à l'intérieur beaucoup de billets. J'ai verdi, comme le gazon. X-Man a vu mon malaise. Je n'ai pas ouvert l'enveloppe. J'ai bégayé.

- Mais... mais... euh... je crois que c'est beaucoup trop... euh...

X-Boy hurlait sans arrêt.

Flavien a clos le sujet.

- X-Mom, vous en avez besoin. Pas nous. On n'a plus de besoins. Notre seule façon de survivre, c'est d'aider les autres à bien vivre. Votre fils mérite d'avoir une belle vie. Tout comme vous. Et X-Man.

- Mais on vous remercie comment???

Une larme a glissé sur la joue ridée de Marguerite. Flavien avait un fleuve au bord des paupières.

- Votre sourire suffit, X-Mom.

- Hein??? Rien que ça?!? Ben là, je peux vous le photocopier et vous faire des affiches!!!

Je suis devenue très émue. Avant que je ne fonde en larmes, j'ai pris Marguerite dans mes bras. Elle a été surprise. X-Man a ri. Je suis comme une gamine, j'oublie parfois que les gens ne sont pas tous dans ma famille... Flavien a déposé deux bisous discrets sur mes joues, puis j'ai pris les mains de Marguerite.

- Je vais revenir vous voir avec la Minivan...

- D'accord. Vous êtes toujours les bienvenus.

***

Nous avons installé X-Boy dans son siège puis nous avons pris place dans la voiture. Je serrais fort l'enveloppe contre mes cuisses. X-Man a murmuré:

- X-Mom, regarde...

Derrière la porte-moustiquaire, Flavien et Marguerite nous envoyaient la main vigoureusement. Je les ai salués en retour. Jusqu'au bout de la rue, ils sont restés bien droits, derrière la porte. À nous regarder partir.

J'ai versé quelques larmes. Je n'en pouvais plus. Les souvenirs de mes grands-parents qui faisaient le même rituel à chaque départ. Les souvenirs de mes étés en leur compagnie. Les souvenirs des parfums de bonbons à la menthe et de rhubarbe fraîchement coupée.

X-Man m'a serré la main.

- Ça va aller, X-Mom.

- Mais... mais... ils sont si vieux, X-Man... je ne suis pas capable...

- Je sais, X-Mom. Ça me fait le même effet...

- Je vais revenir les voir dès que j'ai la nouvelle voiture!

- Il va falloir que tu fasses ça vite...

- ???

- X-Mom.. ils n'en ont plus pour longtemps, tu sais.

- ...

- Je viendrai avec toi. X-Boy aussi. Promis.

X-Boy s'était assoupi.

J'ai fermé les yeux pour cesser de pleurer. Pour retrouver ma bonne humeur.

- Quand j'aurai leur âge, je veux faire pareil. Je veux donner à des enfants qui ont des besoins particuliers. Je veux aider des familles.

- Moi aussi, X-Mom.

- Je veux qu'on soit des Marguerites et des Flaviens, d'accord?

- D'accord.

- Mais... pour le lilas et les chats... on peux-tu laisser faire?

***

jeudi 20 juin 2013

Promis juré.

Contrairement à ce que présumait ironiquement "Une femme libre", je ne mijotais pas un billet de blogue pour annoncer mon engouement pour la course à pied. Seuls les fous ne changent jamais d'idée, mais je n'aime pas courir, jogger, appelez ça comme vous voulez. Au primaire, j'adorais faire des sprint, puis le prof d'éducation physique que j'ai eu au secondaire m'a tellement traumatisé avec mon incompétence à faire de la course saut de haie que bon, je hais la course désorm-hais. Oooouuu, les jeux de mots.

Comme diraient les Dragons à la tivi: Je passe.

À mon sujet principal.

***

Vous savez tous que j'ai organisé une levée de fonds avec la LNI pour X-Boy, afin de nous procurer la X-Boy-Mobile-adaptée.

Ce que vous ne savez pas, c'est cette histoire que voici.

***

Après avoir été interviewée par une journaliste du journal officiel de Ste-Banlieue, il y a eu parution d'un superbe article qui a fait la une du cahier week-end. (le rêve culturel pour une cultivée comme moi ouiiii!). À la toute fin de l'article, j'avais autorisé la diffusion de mon numéro de téléphone afin de permettre aux gens qui n'ont pas internet de communiquer avec moi.

Deux jours après la publication, le téléphone a sonné. Mais l'appel a été logé sur le cellulaire de X-Man. Du coup, X-Man a un peu pesté:

- Tu sais bien, X-Mom, que je ne veux pas mêler le travail et la levée de fonds. D'ailleurs, c'est quoi l'idée d'avoir donné MON numéro de cellulaire au travail???

- JE n'ai PAS donné TON numéro. J'ai mis le nôtre, à la maison.

- Mmm. Ça va pour le nôtre, mais TU gèreras les appels.

- Oui X-Man. JE gèrerai tous les appels. On s'était entendu là-dessus. C'est "MON PROJET" et blablabla, pas question que tu mêles tes clients à mon projet et blablabla. (X-Man est très strict quant à son travail. C'est parfait ainsi. J'aime les gens de principes)

- Bon.. alors qui est-ce qui a donné MON numéro au boulot?

- Pas moi. (On peut répéter souvent dans un couple.) Quelqu'un de la librairie "Z"? (La librairie "Z" a accepté d'être le point de vente des billets de la levée de fonds. Et ce n'est pas une plogue de X-Man. Je suis allée démarcher moi-même. Avec sa réputation comme garantie, héhéhé!)

- Mmm. Mais bon, écoute le message sur MON téléphone et prends-le en note. Parce que je vais...

- "l'effacer"... je sais, je sais, tu ne veux pas mélanger les affaires et "mon" affaire. (radote radote, on se prépare pour la retraite)

J'ai écouté le message. Pris en note le numéro. Et j'ai rappelé la dame à la voix sympathique et plutôt directe.

- Bonjour Madame ***? Je suis X-Mom, la maman de X-Boy.. Vous m'avez laissé un message pour la levée de fonds...

- Oui! Bonjour X-Mom! Vous allez bien?

- Oui et vous?

- Très bien! Écoutez, je vais aller droit au but. Je veux vous faire un don de 1000$.

- ??? Pardon... 1000$??? Mais voyons... c'est beaucoup trop... 20$ ça fait l'affaire, vous savez...

- Ah non. J'insiste.

- Mais voyons donc, Madame ***, je ne vous connais même pas...

- Ah mais moi je vous connais!

- Hein? Mais votre nom ne me dit rien...

- Ce n'est pas mon vrai nom. Je ne veux pas que vous sachiez qui je suis. Mais je peux vous dire que je vous vois quelques fois avec X-Boy et que vous êtes si belle à voir avec lui... et lui si souriant... que je veux vous aider.

- Vous me voyez quelques fois??? Mais où?

- Je ne vous le dirai pas... Je veux garder l'anonymat.

- Mais c'est beaucoup trop...

- Non non non. Si vous saviez. Je n'ai pas d'enfants. Mon mari est décédé il y a deux ans et j'ai un héritage qui dort. J'attendais une cause comme la vôtre pour donner...

- ... Je suis sans mot. (Ça m'arrive, ooooh.)

- Vous le méritez, X-Mom. Vous êtes une maman tellement dynamique et qui est toujours de bonne humeur.

- Ben voyons donc... Il y a d'autres mamans heureuses...

- Peut-être, mais elles n'ont pas toutes un X-Boy..

- Mmm. Je dois accepter votre don... j'imagine que c'est non-négociable...

- Vous avez bien compris. Je vous envoie un chèque par la poste.

- Ah ah. Mais je verrai votre nom!

- Promettez-moi que vous ne ferez aucune recherche. Je ne veux pas être harcelée par la suite.

- Je vous le promets. Je vous respecterai et je vous comprends. Mais je vous remercie comment?

- En gardant le silence. Et en continuant à sourire autant avec X-Boy.

- Promis juré.

J'ai raccroché en souriant. Deux jours plus tard, j'ai reçu le chèque, l'ai déposé. Et je n'ai pas lu le nom sur le papier.

Néanmoins, je regarde plus attentivement les dames plus âgées que je croise.

Allez savoir, je leur souris à toutes et je les salue discrètement.

Un jour, peut-être, je reconnaîtrai la voix.

Et je continuerai mon chemin, en silence.

Promis juré.

lundi 10 juin 2013

Un os à gruger en attendant!

J'ai trop ri en lisant ce commentaire d'une lectrice qui me suggère de vous donner un os à gruger en attendant... question que vous n'appeliez pas la police à nouveau! Rhôôô!

Soyez rassurés, je suis encore en vie!!! Mais oooooocuuuuuuupppppééééeeeeee! C'est dingue!!!

Avec la levée de fonds à coordonner, X-Boy et ses médicaments, X-Boy et sa grippe d'homme, X-Boy et ses nuits courtes...

Bref, je cours partout partout! Je serai presque tendance à courir ainsi! (C'est moi ou la tendance de tout un chacun à parler de course devient lassante? Comme s'il n'y avait que ce sport dans la vie pour être heureux? Ce sont des phases... Il y a un an, c'était le yoga-à-la-chaleur, avant le zumba, avant le Tae Boxe, avant le Capoiera...)

Je prédis que le nouveau sport sera le shopping-néobio-nus-pieds!!!

Je suis en forme, yes!

À très bientôt! Ça me manque de me dégourdir les doigts ici... j'ai une TONNE d'anecdotes à raconter...

Bon grugage de petit os. Maigre maigre maigre, l'os. Comme les coureuses!

vendredi 17 mai 2013

X-Mom is still alive!!! (Voyons voyons, fallait pas appeler la police!!!)

Que ça fait longtemps... on dirait qu'il s'est écoulé six mois depuis le dernier message. (Je n'exagère jamais.)

Alors, que fait X-Mom ces jours-ci, hein?

Plein d'affaires. C'est vague? Ok. Je vais vous détailler ça. Attachez bien vos binocles, ça part!

***

Premièrement, cela fait déjà 6 semaines que X-Boy va aux Ateliers de stimulation au Centre de Répit Philou. Six lundis soirs à souper en amoureux et à ... travailler chacun de notre côté sur nos projets respectifs après la bouffe. Les lundis soirs, ce n'est PAS le bon soir pour se reposer. X-Man doit préparer tous ses rendez-vous de la semaine et comme le week-end = visite ici et là, chez nous, chez eux, etc. on est plutôt épuisés d'avoir couraillé un peu partout et d'avoir joué assis-debout-couché avec X-Boy vu que, depuis ses séjours chez Philou, X-Boy = enfant encore plus motivé/motivant à stimuler!!! (Mais hé, J'ADORE souper en amoureux avec X-Man!!!)

Depuis 6 semaines, X-Boy fait de grands progrès. Il comprend désormais ce qu'est une "main" (et Dieu qu'il se l'observe, la paluche, pendant de longues minutes!!!), il comprend la consigne: "mets tes mains sur mes épaules" (ce qui résulte en "X-Boy se lève debout" et "X-Boy nous fait plein de gros câlins!" Il joint l'utile à l'agréable, savant jeune homme!), il commence à manger en tenant sa cuillère (avec notre aide pour viser la bouche... tsé!) et il jase à sa manière sans arrêt!!!

Depuis trois jours, il a découvert les "petites choses", telles que les fils qui sont attachés à ses jouets, les cheveux de sa mère (qui sont attachés à sa tête) qu'il lisse doucement du bout des doigts. Depuis hier, il ressemble à un bébé de un an, quoi. Quand on le met par terre, il nous regarde nous en aller et si on se retourne pour voir ce qu'il fait, il nous sourit de toutes ses dents et il s'en vient à quatre pattes nous rejoindre!! H-a-l-l-u-c-i-n-a-n-t! C'est comme si tout d'un coup, il avait conscience de lui-même "parmi" les autres.

Résultat: hier, il s'est mis à me suivre partout dans la maison (et je marche vite, alors il a des genoux à se faire!) et il arrivait à la vitesse turbo-quatre-pattes dans ma chambre, complètement excité quand PAF! il s'est tapé le visage directement contre le sol. Les lunettes ont pris la posture Kandinsky et la paupière de X-Boy s'est mise à gonfler et à bleuir. Euh. La contravention pour la vitesse illégale, tu connais, jeune homme? Bref, il a manqué l'école, le petit. Je ne suis quand même pas pour envoyer un aveugle dans une école spécialisée! Héhéhé.

Pour en terminer avec ses prouesses, X-Boy a également découvert le pouvoir de "choisir" ce qu'il mangera. Ainsi, Môsieur lève le nez sur ses repas préférés. Rien à faire, il n'ouvrira pas la bouche pour des tits-spaghetti, pour du pâté au poulet, même pas pour du pâté chinois. Tut tut, Môsieur a découvert que des tits-biscuits sucrés, du yogourt au soya (il aime ça, faut pas le juger!) et du gruau aromatisé au sirop d'érable, c'est vachement meilleur pour le palais princier... Des belles heures de négociations quotidiennes, quoi. Yé. (oui, je dis Yé parce que hein, je ne me suis jamais fait chier avec des caprices avant, faque je célèbre. On s'en reparle dans deux mois quand il fera 40 degrés à l'ombre et que j'aurai 424 piqûres de moustiques en guise de maquillage!)

***

Sinon, X-Boy a continué à faire des prouesse au Épilepsie-Land. De belles grosses absences dans les dernières semaines. Beaucoup de panique dans la chaumière et d'épuisement psychologique à tenter de rester "zen" lorsque soit X-Man ou moi avons envie de nous garocher dans la piscine même pas claire afin d'oublier que bordel, ça fait plus d'un an que ça ne fonctionne pas, la maudite médication.

Il y a une semaine et demi, ultra-lasse de voir mon fils en aussi piètre état, j'ai laissé un message un peu plus alarmiste sur le répondeur de la neuro, en mentionnant que bon, "est-ce qu'on va vraiment lui donner une bouteille de Tégrétol au complet avant de constater que ça ne fonctionne pas"??? C'est la première fois que j'ose l'ironie-messagère sur le répondeur de cette équipe médicale. L'appel a été bien entendu et la neuro a pris la décision d'augmenter de façon plus rapide le dosage, afin de voir si la solution ne serait pas dans cette action. (En clair, X-Boy prenait 10 ml 3Xjour et elle l'a fait passer à 12 ml 3X par jour. D'ordinaire, on ne saute que de 1 ml à la fois).

Ainsi, vendredi dernier, X-Boy a eu sa forte dose et ô surprise!, il ne faisait PLUS d'absence! Le samedi, il était enjoué, il a dormi après sa dose du matin (comme d'habitude) et après sa sieste de l'après-midi, il semblait étrange. Il n'avait aucun équilibre, n'était plus capable de se tenir assis. La tête lui tombait automatiquement au sol. Inquiets, X-Man et moi avons commencé à trouver la vie vraiment chiante, quoi. Et avec raison. Après sa dose du soir, X-Boy s'est endormi. Sauf qu'une heure plus tard, il s'est mis à hurler. Et quand j'écris hurler, c'est parce qu'il n'y a pas de mot plus fort.

Nous avons accouru dans sa chambre. Je me suis installée dans la chaise berçante et j'ai dit à X-Man d'aller dormir. Je "prenais le relais", étant la championne du calme nocturne. X-Man ronflait déjà que je commençais à me dire que ça n'allait pas du tout, mais vraiment pas. X-Boy avait des spasmes, ses lèvres tremblaient et il était incapable d'ouvrir les yeux. Il transpirait de la tête, puis du ventre et ses mains se sont mise à dégoutter littéralement sur mes cuisses. ?!%? Je me foutais bien d'être trempée, mais euh... je paniquais calmement. Paradoxe? Moui. Parce que je me suis dit: "Bon, si tu réveilles X-Man, c'est la panique totale. X-Man ne tolèrera pas de voir son fils ainsi et ce sera l'hôpital en pleine nuit...".

Je me suis ressaisie, je devais garder le moral. Je me suis donnée une limite: si dans deux heures, il est encore dans cet état, c'est l'hôpital direct. Si ça se calme et qu'il se rendort sans spasme, je le couche et j'appelle Ste-Justine dès l'aube. Ce fut la deuxième option. X-Boy a arrêté de suer après une heure et de pleurer après deux heures. Il dormait bien tranquille, je suis allée sous la couette, en changeant de pyjama, soyez rassurés!

Au petit matin, X-Boy était en grande forme. Pas d'absence. J'ai raconté la nuit à X-Man qui n'a pas ri du tout. C'est rare que chez nous, ça ne sourit pas. J'ai donc rejoint la pharmacie de Ste-Justine pour savoir quoi faire avec ce dosage. La pharmacienne n'étant pas spécialisée en neuro m'a suggéré de faire signaler la neuro de X-Boy qui était justement de garde ce dimanche. Je compose le numéro de la réceptionniste. Bla bla bla, protocole... écoutez ma petite Madame (tu la veux où ta claque?)... que du niaisage au bout de la ligne, quoi. Il m'était IMPOSSIBLE de parler à qui que ce soit en neurologie. "C'est une urgence!!!". " Allez à l'Urgence dans ce cas, ma petite Madame.." (rhâââgh!)

J'ai rappelé la réceptionniste au moins cinq fois. Elle m'a raccroché au nez trois fois "sans le vouloir, désolée, j'ai accroché un bouton". Mais oui. C'est ça. J'ai téléphoné à l'Urgence et j'ai demandé qu'on signale la neuro de X-Boy. Là aussi, on m'a servi du blabla de protocole. J'ai rappelé la pharmacienne. Elle a été d'un secours indicible. Elle a usé de son "statut sérieux" (le mien ne le sera jamais assez pour les hôpitaux, faut croire) et elle m'a juré de rejoindre la neuro afin de savoir quoi faire avec le dosage.

Résultat: une heure plus tard, le téléphone a sonné. C'était LA neuro elle-même. J'ai failli pleurer de joie! Le bonheur d'entendre cette voix ultra-compétente au bout du fil! En cette journée de fête des mères et d'anniversaire de X-Boy?!? Wow. La neuro, rassurante, m'a expliqué que le dosage à 12 ml était de fait trop fort et que X-Boy était près de la toxicité... Que ma réaction avait été la bonne (soit d'attendre au matin et de la rejoindre à l'hôpital) et que le simple fait de "redoser" à 11 ml remettrait X-Boy sur le droit chemin. Elle était contente que j'aie pu la rejoindre et découragée de voir que "je" n'avais pas réussi, vu les chiens de garde du protocole. Elle a soupiré. Il y a en effet un satané protocole parce que les parents de "d'autres hôpitaux" abusaient. Dah. On paye toujours pour les imbéciles.

Bref, X-Boy a été redosé à 11 ml et la semaine n'a pas été facile. Plusieurs absences, constipation, refus de dormir, trop de siestes trop longues... Si ça n'avait été d'hier où X-Boy a commencé à morver de la narine, je n'aurais plus rien pigé. Mais là, tout s'explique. Môsieur couvait un tit-virus et Môsieur, depuis hier, ne fait PLUS d'absence!!! Est-ce possible??? Me semble que j'ai souvent dit ça. Ça reste à voir au fil des jours. Si les absences reviennent, on le dosera à 12 ml et si le 12 ml ne fonctionne pas, on change de médicament. Le hic, ce médicament est très récent et très très dispendieux. (Je retourne sur la rue et je reprends mon rôle de Miss Varice! Ça ça t'attire un homme! pouahahah!)

***

Dans un registre tout sauf médical, je me dois de vous parler de mon projet qui occupe désormais mes "jours de répit". Et c'est avec un ÉNORME plaisir que j'occupe le reste de mes neurones là-dessus, croyez-moi!

En effet, j'organise une Méga-Levée-de-Fonds pour X-Boy et tant qu'à faire les choses glamour, je fesse fort! Hahaha!

Sérieusement, l'idée n'était pas de moi et jamais je n'aurais pensé faire une levée de fonds d'une telle ampleur. Mais voilà que mon dernier passage à l'émission Privé de Sens a fait naître une belle vague de générosité et d'implication sociale! Yééééééé!

C'est à la fin des tournages, alors que je n'avais récolté que 600$ (je sais qu'il y a des gens qui ne gagnent rien... j'en fais partie, salaire parlant! hahah) et une croisière aux Îles-de-la-Madeleine (oh que je fais pitié!!!) que Réal Bossé, du haut de ses six pieds deux m'a lancé à la blague:

- X-Mom... c'est pas avec "ça" que tu va t'acheter une Minivan...

- En effet. Ça ne paye même pas les pneus d'hiver...

- Faudrait que tu fasses une levée de fonds.

- Mmm. Facile à dire... mais tu sais Réal (oui oui, je l'appelle par son prénom! oooouh!), les levées de fonds du style "souper au spaghetti"... ça ne pogne pas assez...

- Tu as raison. Moi je vais t'aider.

- ??? Tu vas faire quoi? Cuisiner de la sauce?

- Hahaha. Mais non, je vais te faire un match d'impro avec une gang de joueurs de la LNI!

- ??? Ben oui... c'est sûr...

- Je te jure. Je suis sérieux. Trouve-toi une salle, imprime des billets et trouve une équipe contre qui on peut jouer et je débarque à Ste-Banlieue quand tu veux.

- ... ??? ... (C'est là que j'ai commencé à pleurer. Ben oui... émue de même.)

- Pourquoi tu pleures X-Mom? (C'est là qu'il m'a prise dans ses bras... il est confo-rassurant, Réal Bossé! Ooouh! Je n'ai pas pleuré "plus" par exprès... quand même!)

- Ben... snif... snif... ben voyons donc! (mon expression préférée quand je suis sous le choc) Tu ne peux pas faire ça!?! Je ne fais pas pitié!!! X-Man a un boulot, je ne suis pas monoparentale, je mange de la bouffe "normale"... y'a des familles bien plus mal en point...

- X-Mom... C'est sûr, il y a des familles dans une pire situation. Mais si je veux t'aider, c'est justement parce que tu ne fais PAS pitié et que tu te débrouilles pour aider ton conjoint à payer les "gros morceaux". Tu fais plein de quiz télé pour cette raison, non?

- Snif... snif... En effet. Mais je ne gagne pas tout le temps... Et pas des gros montants...

- Raison de plus. Tu as besoin d'une Minivan adaptée?

- Tellement... je ne suis plus capable de sortir souvent avec mon fils... Il est trop grand, trop lourd... Et il faut adapter la maison...

- Et tu ne veux pas d'aide? Tu crois que tu ne le mérites pas? Est-ce que tu aiderais quelqu'un dans ta situation?

- C'est sûr. Je préfèrerais aider quelqu'un d'autre. Pour me sentir utile.. pas comme une quêteuse... tsé... (Je me suis remise à pleurer... la fatigue accumulée d'une journée de tournage... )

- Allez, viens ici. (Il m'a reprise dans ses bras! X-Man est au courant. Aucune jalousie! Et faut voir la blonde de Réal Bossé... wow.) Tu es une personne incroyable. Tu ris tout le temps, tu t'amuses sur un plateau de tournage alors que ton fils fait de l'épilepsie aux 30 secondes, tu inspires plein de gens sur le plateau qui se plaignent de leurs tits-bobo... Souris, X-Mom. (Comment résister?)

J'ai souri, séché mes larmes et ramassé mes vêtements dans la loge. Je me suis dit: "Bon, c'est là ou jamais. Tu prends un papier, un crayon, pis tu vas lui demander ses coordonnées. Tu verras si c'est du sérieux, sa proposition. Tu ne vas pas laisser passer une telle opportunité. Arrête de penser aux autres qui n'ont pas cette chance et saisis-la, la grande."

Je me dirigeais dans le couloir avec mon papier et mon crayon et Réal se dirigeait dans ma direction au même moment. Sur un bout de papier volé au régisseur, il avait écrit ses coordonnées pour le rejoindre.

- T'étais vraiment sérieux?

- J'ai pas l'habitude de mentir.

- Mais tu es excellent comédien...

- Ça c'est mon métier... Et mon métier m'a amené où je suis. J'ai le cul bardé de nouilles (notez l'expression!) et si je peux en faire profiter quelqu'un comme toi, pourquoi pas? Je n'ai rien à faire les fins de semaine! (Me semble, oui!) J'ai la chance d'avoir de l'argent, une job que j'aime, un fils en santé et mon boulot d'artiste me permet d'aider les autres à ma façon.

- ...

- Tu appelles mon agente et on planifie tout ça, d'accord?

- Oui.

***

Il y a eu maintes étapes, plusieurs appels, plusieurs moments d'attente et de "coudonc, ça va-tu fonctionner pour vrai mon affaire", mais le résultat est LÀ!!! (un ÉNORME merci à Maman à bord pour tout ce que tu as fait pendant ces étapes!!!)

Vendredi le 14 juin, à 20h00, dans une polyvalente jouxtant l'école spécialisée de X-Boy, s'affronteront l'équipe-étoile de la ligue de l'école contre de grands noms de la LNI.

Vous êtes bien assis? Il y aura Réal Bossé (surprise!), Sylvie Moreau (oui oui, The "Catherine"), Marie-Soleil Dion (une fille de Vrak la vie!) et ... Charles Lafortune (THE Monsieur "La Voix"!!!). Deux autres vedettes s'ajouteront peut-être.

C'est fou fou fou!

J'ai 320 billets à vendre au coût de 20 $ et en ce moment, je visite des commanditaires afin de ramasser des prix pour mettre à l'enchère. Charles Lafortune animera cette vente... Hiiiiiiiiiiiii! L'épicerie locale (et ma préférée!) me fournit le lunch pour les joueurs qui mangeront ensemble avant le match. Vous imaginez? Vous êtes en secondaire cinq, vous faites de l'impro depuis le début de votre secondaire et hop, une mère-dans-le-besoin arrive dans votre vie tranquille et vous permet de manger en compagnie de joueurs-comédiens-acteurs que vous admirez?!?

J'aimerais avoir 16 ans pour vivre cette expérience.

Mais bon, j'en ai 33 et j'organise le tout.

Chacun son rôle. Et je suis vachement heureuse d'être la mère de X-Boy.

Sans lui, je ne serais jamais allée dans cette direction.

Et dans quelques semaines, je pourrai probablement aller encore plus loin.

À bord de "ma" Minivan avec X-Boy bien assis dans sa poussette et l'incroyable souvenir que dans cette voiture, se trouve tout plein de générosité de la part des gens qui m'entourent... et même de ceux que je ne connais pas.

Et cette générosité, ben elle va se promener partout dans le Québec.

Et elle se rendra où?

Je ne sais pas, mais je vais être à bord.

Oh oui.

mercredi 1 mai 2013

H comme dans: Hulk, Handicapé, et surtout: Ha! Ha! Ha!

Hier soir, je suis sortie avec Grande M dans le Grand Montréal. En effet, elle m'avait invitée à l'accompagner pour une soirée de stylisme vestimentaire puisque Grande M, de par sa très grande taille, ne trouve pas toujours pantalon à son mollet.

Après s'être encore perdue en se rendant chez moi (Ha! Ha! Ha!), je suis montée dans son bolide hybride bleu ciel et nous avons roulé jusqu'au paradis de la mode. Avant d'assister à cet événement "modain" (avouez que c'est fort!), nous avons siroté: moi un "Pluto" et elle un "Univers" (deux cocktails sans alcool, tsé!) et mangé une gigantesque assiette de nachos sur une terrasse bien branchée. (Note: un buisson de plastique en guise de haie, ça pique les coudes!)

Bref, j'étais très heureuse de sortir avec Grande M. et de profiter d'un 6 à 8 qui ne serait pas constitué de routine-du-pré-dodo-de-l'héritier. Surtout que je n'avais jamais assisté à une soirée de stylisme et que hein, j'aime les fringues même si je magasine plus souvent qu'autrement au Village des Valeurs ou chez Joe Fresh. Quand j'ai un peu de budget, je me permets un tour chez Simons, Reitmans ou Smart Set! Glamour, glamour, glamour!

Après avoir mangé nos croustilles mexicaines, nous nous sommes donc dirigées vers les bureaux de l'agence. À notre arrivée nous attendaient deux femmes-bien-habillées (tout de noir avec un tit-foulard au cou) qui, avec le sourire, nous ont sauté dessus pour immédiatement nous dire quelle lettre représentait notre silhouette afin que l'on suive bien les conseils des stylistes pendant la présentation.

Étant abonnée au "Canal Vie", j'ai parfois regardé "Secrets de style" avec Louise Labrecque et j'avais même emprunté à la bibliothèque son livre intitulé "Avec style" duquel j'avais tiré beaucoup d'informations intéressantes. (Entre autres que le jaune ne m'allait pas bien, mais bon.) Je savais donc quelle lettre me représentait et j'avais hâte de voir si la stylise "live" aurait la même opinion que celle de la tivi.

Elle s'est approchée de moi en levant les mains vers mes épaules, lesquelles elle a tapotées du bout des doigts pour me révéler (roulement de tambour) que j'avais: de belles épaules carrées. Tadam, j'ai failli m'évanouir! Quelle trouvaille. Ensuite, elle me dit qu'elle allait regarder l'équilibre avec ma taille. Tout de go, j'ai levé mon chandail (ample au ventre) afin qu'elle voie bien ma sublime silhouette mais tut, tut, tut, X-Mom, ne levez pas votre chandail (que je suis sans manière...), du bout des doigts, elle m'a tapoté les hanches puis elle a proclamé, fière d'elle tout en me brandissant un tit-carton avec une fille-type en brassière et en bobette (et moi? Je ne peux pas vous montrer mon corps, hein?):

- X-Mom, vous êtes une "H"!!

- Ah ah!!! COMME HULK!!!

Fallait lui voir le visage verdir. Héhé. Elle a souri jaune (ça lui va sûrement bien, à "elle") et je lui ai expliqué que je suis une "H" comme une vraie "Hulk" puisque je suis musclée comme lui à force de soulever mon enfant Handicapé avec un "H" lui aussi.

Elle a souri de bon cœur et a compris que je venais sûrement de la banlieue profonde. Ha ha ha!

Grande-M. s'est fait examiner par une autre styliste et s'est fait déclarer une "A". Chanceuse, au moins elle avait quelque chose de plus étroit que le reste. Parce qu'une "H", pour les néophytes, ben c'est une femme qui a les épaules et les hanches égales et qui a une "taille peu définie" comme ils ont répété toute la soirée. Bref, j'ai une silhouette de frigidaire. Les lettres "A", elles, ont les épaules moins larges que les hanches.

Le but de toutes les femmes, nous l'avons donc appris pendant une grosse heure: être une "X". Oui Mesdames. La "X" est équilibrée. C'est une "H" qui a arrêté de manger des chips ou une "A" qui s'est mis des épaulettes! Hahaha!

Je me suis quand même dit, dans mon for intérieur, que j'en étais une "X". Être X-Mom, c'est encore plus glamour qu'être une banale "X" équilibrée, non?

***

La présentation a été donnée par un Glam-Gai et une Femme-Glam. L'objet commun "in" de la soirée: le tit-foulard coloré et vaporeux. Ça adonnait-tu bien, puisque Grande-M et moi avions au cou un tit-foulard. Gnark gnark gnark.

On devait être une trentaine de tites-madames-pas-stylistes dans la salle. Bien assises sur des chaises en plastique transparent-full-design (qu'on peut retrouver chez IKEA, ouuuuh!), nous avons pu regarder les belles grandes images sur l'écran qui servait de "mannequin" aux stylistes. Un vulgaire powerpoint, quoi. (Moi qui pensais qu'on irait sur la scène et qu'on se ferait dire que ce que l'on porte ne convient pas...) Pendant une heure, le Glam-Gai nous a dit qu'est-ce qu'il fallait porter ou ne pas porter, la Femme-Glam complétait les dires de l'autre et comme des écolières, à la fin, on a joué au jeu de "trouver ce qui cloche" sur les cloches qui ont "osé mal s'habiller" pour faire des photos... Là où ça a commencé à être encore plus pénible, c'est lorsqu'ils nous ont présenté des "produits à vendre ici" qu'on pouvait manipuler.

On a donc toutes manipulé une tite-éponge-rose-en-forme-de-fleur qui est un "must Matante" pour enlever tes traces de déo sur ta tite-robe-noire ou encore ta tache de fond de teint sur ton col savamment choisi après ton cours de style. On a aussi tapoté une espèce de mince serviette sanitaire qui sert (mais comment pouvait-on vivre sans ça avant???) à recevoir la sueur et à empêcher les dessous-de-bras de devenir mouillés. J'ai failli oser demander si on pouvait les réutiliser plus d'une fois en les mettant sur la corde à linge, mais j'ai laissé faire. Je suis gentille, je sais. Vers la fin, on nous a montré des gaines-new-age que "toutes les vedettes portent dans les galas, c'est clair". Des espèces d'horreur en tissu techno qui ne te feront pas, promis-juré-craché-sur-ton-carton-de-silhouette, de bourrelets sous les boules ni au ventre. Que nenni. Leur machin va te tenir tout le surplus déplaisant pour l'œil dans un maintien digne d'un corset victorien. "Vous allez voir, vous serez lisse, c'est splendide". Et vous ne respirerez pas de la soirée et s'il fait 30 à l'ombre à votre mariage, vous aurez les tits-dessous-pour-vos-dessous-de-bras, alors hein, vous serez à votre top.

J'ai failli hurler quand le Glam-Gai a dit: "il se fait aussi des lisseurs de silhouette pour les hommes, si vous voulez qu'ils souffrent eux aussi". !!! Il venait d'admettre que les femmes, on est quand même une gang de niaiseuses d'accepter de se compresser le gras de façon aussi intense. Grmblgr.

La présentation s'est terminée par les "in" et les "out" pour les sacs à mains. C'était encore plus marrant. Le Glam-Gai s'est exclamé haut et fort que "les tits-sacs-à-dos-même-en-cuir-même-Vuitton-c'est-totalement-anti-sexy!!!!!". J'aurais aimé savoir combien de femmes dans la salle en avaient un à la maison. Il a déclaré que le sac en bandoulière sport passait de justesse. Ça m'a rassurée, hein. Je porte tous les jours de ma vie, quand je sors, un sac en bandoulière MEQ parce que J'AI UN ENFANT HANDICAPÉ et que je ne PEUX PAS porter un sac à l'épaule, même si toi, homme-qui-sait-tout, tu me dis en pleine face que c'est pareil un sac sur l'épaule!!!

Bref, je n'ai rien appris là que je ne savais déjà et Grande-M. non plus. Nous sommes sorties de là très rapidement et le constat a été que se déplacer à Montréal pour se faire vendre des tites-éponges et des gogosses-à-sueur, c'était un peu too much... On aurait pu aller magasiner au Simons juste en face pendant trois heures et on aurait trouvé des vêtements adéquats à chacune de nos silhouette.

Néanmoins, les services personnalisés que cette agence offre sont intéressants. Pour celles qui ont un bugdet, c'est fort intéressant de faire venir la styliste chez soi afin qu'elle fasse un inventaire de votre penderie et vous suggère tel ou tel agencement. La styliste prend aussi vos mesures et magasine à votre place. Elle va dans votre salon, vous essayez ses choix et si vous les aimez, vous payez. Pour les femmes qui détestent magasiner et qui achètent des vêtements qu'elle ne portent pas, au final, c'est une bonne option. Et pour celles qui aiment magasiner, vous pouvez le faire avec une styliste qui vous conseille "live". Un genre de "Airoldi pour une sortie" où vous ne passez pas à la tivi, quoi.

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Nous avons terminé la soirée dans un restaurant bien chouette sur la Ste-Catherine à bouffer tout-ce-qui-ne-vous-aidera-pas-à-être-une-X et à rire aux éclats en se remémorant le powerpoint rempli d'exemples de vedettes (Kate Winslet, Halle Berry, Jennifer Lopez) qui nous ressemblent tellement...

À notre sortie, un quêteux nous a escorté jusqu'à la voiture en nous racontant sa vie à la vitesse 1000. Je lui ai donné le reste de notre souper (que je ramenais pour X-Man...), deux dollars et Grande-M deux ou trois dollars. Le mec a continué sa quête parce qu'il lui manquait 8,25$ pour dormir à l'auberge de jeunesse.

La réalité nous rattrape toujours.

Lui, il s'en fout tellement de porter une chemise à carreaux sur un jean délavé. Lui, il veut manger et dormir et avoir l'emploi de plongeur qu'un restaurateur lui a promis dans quatre jours.

Lui, il s'en fout des traces de sueurs sous ses aisselles.

Lui aussi, il est un "X".

Mais il ne veut plus en être un.

Chacun son combat...

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Sur ce, je m'en vais m'acheter des protège-dessous et je vais les découper pour les mettre dans les vestons de X-Man!

À la vôtre!

mercredi 24 avril 2013

L'art et le papier

Ce lundi, j'ai visité une salle d'attente de clinique médicale afin de me faire vérifier certains organes qui défaillaient depuis quelques temps. X-Boy étant en répit chez Philou, j'en ai profité pour vivre l'expérience d'une étude de mœurs sans faire des guiliguilis, donner et redonner une gobelet de jus et tout autre tâche connexe directement liée avec la présence d'un X-Boy dans une salle d'attente.

J'en ai eu pour mon argent. Gratuitement en plus. J'adore les salles d'attente. Ça grouille de matière à écriture... Héhé.

À l'entrée de la clinique, il y avait trois personnes devant moi qui faisaient la file pour prendre un rendez-vous "sans rendez-vous". Concept fascinant. Les mêmes questions revenaient: est-ce qu'il y a beaucoup d'attente? Est-ce que vous passez les enfants en premier? Est-ce que je peux aller magasiner en attendant?". (Précision: la clinique se trouve au milieu d'un centre commercial haut de gamme! Ouh.)

Je rêvais d'être la secrétaire pour répondre:

1- Est-ce qu'il y a beaucoup d'attente? REGARDE DANS LA SALLE, TSÉ!!! Y'A 30 PERSONNES ET T'ES LA 31e...

2- Est-ce que vous passez les enfants en premier? NON. SI VOTRE ENFANT EST SI MALADE QUE ÇA, ALLEZ À L'URGENCE...

3- Est-ce que je peux aller magasiner en attendant? JE RÊVE OU QUOI??? SI VOUS ÊTES ASSEZ EN FORME POUR MAGASINER, QU'EST-CE QUE VOUS FAITES ICI???

Mais bon, je ne suis pas secrétaire. Quoique.

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Bien assise entre une ado-aux-cheveux-rouges-et-en-gougounes et un latino-qui-soupirait-aux-trois-secondes, j'ai commencé à compter les "tabloïdes humains". Oui oui, les tabloïdes: ceux et celles qui sont vissés à leur tablette. La lutte était serrée entre les tabloïdes humains et les pouceux: ceux qui ont le pouce vissé à leur i-phone-i-pod-i-have-no-life. À ma droite, il y avait deux enfants de moins de trois ans qui avaient chacun dans leurs mains, un mini-lecteur-de-dvd et qui avaient, évidemment, des écouteurs sur les oreilles. Les mères? Le cou penché sur leur tite-bébelle électronique. En face de moi, une yogi-branchée. Portant des vêtements "Lululemon" de la tête au pied. Avec une tablette écolo? Pouahaha.

À gauche, il y avait les tits-vieux. Allez savoir, les gens se regroupent par âge? J'aurais dû aller avec eux. Parce que dans mes mains, il n'y avait rien encore. Hiiii, comment je fais pour survivre plus que deux minutes sans gogosse électronique dans les mains??? Sacrilège social, hein?. La réponse est simple: je n'en ai PAS, de gogosse. Je n'en veux PAS. Je n'en aurai PAS. Pas de cellulaire en 2013? Comment je fais? Je demande à n'importe qui à mes côtés si urgence il y a. Je n'ai qu'un numéro de téléphone? Oooouh. Old school la fille.

Bref, dans la salle, en plus de tousser, moucher, pleurnicher, ça pianotait sur des tits-claviers. Le plus marrant: l'homme d'affaires qui s'est assis plus loin à ma gauche (le clan des jeunes était plein). Son téléphone a sonné. On a tous entendu une voix de femme: "Allô mon chériiiii". TOUS les yeux se sont tournés vers lui. Gêné, il a baissé le ton et a dit à sa femme de parler moins fort parce qu'il était à la clinique...

J'ai éclaté de rire. Absurde vous dites? Totalement!!! Le mec a continué sa conversation en parlant tout bas... Y'a personne qui t'a expliqué que tu pouvais enlever le "mains libres"??? Ou t'es juste content de montrer que t'as une femme? Ça se peut. Tout se peut.

Avant de m'étouffer de rire, j'ai détourné le regard vers les jeunes. Oh, deux extra-terrestres. Un homme dans la jeune vingtaine qui lisait un LIVRE!!! Et une jeune du même âge, tout de léopard vêtue, sans blague. Que lisaient-ils donc? Quel est le livre qu'il "faut" lire en public ces temps-ci pour être "in"? Fifty Shades of Grey! Dans le mille. J'ai failli mourir de rire, encore une fois. Les paris se sont ouverts dans mon univers secret: vont-ils finir ensemble à la fin de la journée pour mettre en pratique leur lecture cochonne? Rfrfrfrrr.

Une famille est entrée à ce moment. Je ne sais pas de quelle nationalité, mais ils étaient TOUS là. La mère, le père, les trois enfants, la grand-mère, l'oncle et la tante et probablement une cousine qui n'avait rien à faire cette journée-là. Ça rentre en groupe et ça parle fort. (La nouille au bout du fil de l'autre a dû monter le ton! Hahaha.) La famille baragouine un français original tandis que la secrétaire tente de comprendre QUI est malade dans tout ça. Ah, ce sont les enfants? Ah, ils toussent. Oh, mais le petit garçon tousse VRAIMENT fort. Oh oh, il vomit. Directement sur le tapis. Aux pieds d'un patient qui n'osera plus bouger pendant 40 minutes. La famille ramasse le petit, le cache dans la toilette et tente de se trouver une place pour "huit" dans une salle bondée. Bonne chance.

Le vomi reste là, bien tranquille. Personne n'avise la secrétaire qui n'a pas pu voir le spectacle. Ni le sentir. J'observe le mec qui a les deux pieds à un centimètre de la flaque. Il ne bouge plus. Il est tétanisé. Personne ne bouge.

Lasse de cette nonchalance, je me dis: Bon, c'est pas vrai que tu vas encore t'occuper des autres alors que tu viens pour toi-même aujourd'hui. Dah.

J'ai sorti de mon sac une grosse bd de Pedrosa ("Portugal" est le titre. Un chef-d'oeuvre total. Je suis amoureuse de.) et j'ai plongé dans ces cases remplies d'accent portugais et de couleurs de soleil. Après 30 minutes, j'ai levé les yeux vers la "vomi-flaque". Elle était encore là et se prélassait sous les néons, quoi. J'en ai eu marre. Je me suis levée d'un bond, j'ai interrogé mes voisins de chaises de plastique. Personne n'est allé aviser? Non. Franchement. Vous êtes muets? Vous êtes inconscients? Imbéciles? Ça vous tente d'attraper le virus du petit? Payez-vous la traite, mettez-vous donc la main dedans...

J'ai déposé Pedrosa sur "ma" chaise... pas question qu'un membre du "Clan des huit" me vole ma place. Ça faisait deux heures que je la réchauffais. Je me suis rendue au bureau de la secrétaire. Elle avait le nez dans ses dossiers.

- Mmm. Mmm. Madame?

- Oui?

- Il y a un enfant qui a vomi sur le tapis dans la salle d'attente.

- Oh. Je vais appeler le concierge.

- Le concierge? Ça va être long?

- Aucune idée. Je ne sais pas où il se trouve...

- C'est pas très sain de laisser du vomi "à l'air"... Vous ne pouvez pas rouler le tapis et le mettre ailleurs? Y'a un monsieur qui ne bouge plus depuis...

- Je vais voir ce que je peux faire.

Je suis retournée à Pedrosa. "Je vais voir ce que je peux faire". Ce que tu "veux" faire... Je me suis promis que non, je ne roulerais pas le foutu tapis. Y'a des limites à faire de l'overtime.

Ça aura pris dix minutes avant que la secrétaire ne roule le tapis et le dépose près du mur. Le concierge est arrivé vingt minutes plus tard et il a demandé, bêtement, si c'était "tout"? TOUT??? Tu veux quoi au juste??? Une rivière de vomi pour justifier ton déplacement?

L'homme qui ne bougeait plus a osé un timide: "Euh, il y a quelques gouttes ici". Des gouttes "hors-tapis". Le concierge a "moppé" les tites-gouttes puis est reparti en sifflant. L'homme qui ne bougeait plus a bougé les pieds. Une crampe, mononcle? Pauvre toi.

Les infirmières continuaient d'appeler les patients un par un au triage. Ce fut mon tour. On m'a ensuite installée dans la salle numéro 5. J'ai attendu une heure de plus. Une heure à lire Pedrosa et à me demander pourquoi j'étais là, au juste? Je m'en suis souvenue quand le docteur est arrivé. Je n'étais pas là pour lire? Ah. Dommage.

Je suis repartie avec une prescription d'antibiotiques et une fierté incomparable d'avoir fait la rebelle dans la société.

Oui.

J'ai lu un livre "papier" pas "in", pas "sexe", pas "violence", et surtout pas numérisé. J'ai voyagé au Portugal grâce à des mots et à des images et en rentrant chez moi, j'ai décidé d'écrire un digne merci à Pedrosa.

Par courriel, je sais quand même reconnaître l'utilité de la technologie.

Pedrosa m'a répondu.

Et il m'a écrit les plus belles lignes qui soient:

En m'écrivant qu'un jour de printemps, de l'autre côté de l'Atlantique, dans cette salle d'attente, Portugal vous a fait oublier pendant quelques heures la peur et la peine, vous m'aidez à sentir que d'un bout à l'autre de ce tout petit vaste monde, les livres participent à faire de nous des humains, nous relient. Vous, et moi, et d'autres, pouvons partager quelque chose d'indicible, qui se cache dans les mots, la musique, la beauté.

Je suis amoureuse de.

Y'a pas d'autres mots.

(X-Man n'est pas jaloux. Je suis souvent amoureuse de. Et toujours de lui.)