jeudi 28 juin 2012

Une pilule, une grosse granule...

Y'a rien de mieux fiston, pour t'remettre su'l piton! (Chantons en coeur cette chanson de Mes Aïeux tout en dansant la danse à St-Dilon... sait-on jamais?)

***

Vous l'aurez deviné, il sera encore question ici, de grosses penules. X-Boy est rendu, depuis jeudi dernier, en "surdose contrôlée" de ce fameux médicament qui pourrait enfin fonctionner et me rendre mon gamin-tel-qu'il-était-dans-les-annonces-télévisées...

Il y avait bien eu, pourtant, la semaine dernière et ce week-end, quelques journées où X-Boy n'avait pas de lèvres bleues. Des jours (si peu, mais hé!) où ses lèvres étaient roses-rouges, où il était tout "là", bien qu'encore mou et aussi mince. Je croyais qu'on y était arrivé. Mais non, les mercredis sont des journées aussi pénibles que les lundis pour le gros chat orange.. Les mercredis, X-Boy retourne au Pays des glaces et se retrouve dans ses tempêtes neurologiques.

Ainsi, jeudi dernier, hop, on augmente et = on attend. Ce week-end, il était "ok". Fatigué, mais de bonne humeur et le regard pas trop lointain. Il faisait beau, il a joué dehors, pris le grand air et semblait voguer sur une certaine stabilité.

Mais non. Depuis hier, mercredi, les absences sont revenues.

*** Ici, je me permets, mais il m'apparaît totalement étrange de dire que les absences sont toujours présentes. Rhô.***

Sauf que cette fois, il faut attendre 10 jours au lieu de 7 pour augmenter la dose. Donc, on va passer un week-end à regarder le petit partir rejoindre le yéti sans pouvoir rien y faire. Il va falloir le regarder bleuir, pâlir et lui mettre la main sous la tête avant que celle-ci ne se laisse tomber au sol (ou sur une table). Il va falloir garder notre calme (on est des maîtres) quand il va respirer aussi fort qu'un ronfleur, mais en plein jour.

Et il va falloir s'accrocher fort fort fort à la prochaine augmentation. Car si cela ne fonctionne pas, il faudra tout recommencer avec un autre médicament.

Après trois mois de non-savoir, on va continuer... combien de temps? Aucune idée.

Mais on va continuer, hein.

C'est notre sport national, ici.

Dommage qu'aux Olympiques, l'espoir ne soit pas une discipline reconnue.

Je nous accrocherais bien une gang de médailles au cou, oui.



mercredi 27 juin 2012

Non, bon.

Non, bon. X-Boy n'ira PAS à votre foutu rendez-vous en orthophonie à Ste-Justine.

***

Je suis excédée par autant de politicaillerie, et ce, au détriment du bien-être de l'enfant et des parents. Je vous explique.

***

Il y a de cela un mois, je reçois un téléphone de l'équipe de crânio-faciale qui s'occupe du suivi pluridisciplinaire de X-Boy depuis sa chirurgie crânienne en 2009. La secrétaire m'informe que nous verrons la chirurgienne-aux-doigts-magiques telle date et qu'avant ce rendez-vous, X-Boy devra voir l'orthophoniste.

- Ah non. Pas de rendez-vous en orthophonie pour X-Boy, Madame la secrétaire. X-Boy est suivi par une orthophoniste remarquable au Centre de Réadaptation de notre ville et il n'a pas besoin d'un autre suivi.

- Mais il est obligé. C'est la chirurgienne-aux-doigts-magiques qui l'exige.

- Bien sûr. Il n'y a pas moyen de, alors?

- Non. Mais après ce rendez-vous, le suivi en orthophonie à Ste-Justine sera terminé.

- Puisque c'est la dernière fois...

- Bonne journée X-Mom.

J'ai raccroché, vraiment perplexe. Si c'est le dernier suivi et qu'il n'en avait eu que "un" depuis 2009, peut-on VRAIMENT appeler ça un "suivi"? Ce sont plutôt des évaluations qui servent à la recherche en crânio-faciale. Aucun intérêt réel pour X-Boy puisque l'orthophoniste ne lui donne aucun "cours" et ne nous fournit aucune information pertinente.

J'ai parlé avec la physio et l'ergo de X-Boy cette semaine-là. Elles m'ont suggéré de mentionner que l'orthophoniste d'ici pourrait leur fournir cette évaluation.

D'accord.

***

Ce matin, ça sonne.

- Bonjour, c'est la secrétaire de crânio-faciale.

- Bonjour.

- Je suis désolée de vous apprendre que le rendez-vous avec la chirurgienne-aux-doigts-magiques sera reporté en septembre ou octobre, au lieu du premier août. Vous savez, il y a des urgences. (Ah pour ça, je sais... ça fait depuis septembre DERNIER qu'il est supposé être "suivi", tsé!!!) Mais le rendez-vous en orthophonie est maintenu.

- Ah non. Je vous en avais glissé un mot la dernière fois, mais X-Boy n'a pas besoin de ce suivi.

- Madame X-Mom... c'est la procédure exigée par...

- Bon bon bon, je sais je sais. "Vos" procédures et blablabla sont bien importantes, mais moi je vous dis que l'orthophoniste en charge de X-Boy VA vous fournir son évaluation quand vous la demanderez.

- Mais non... cela doit être fait par un membre de notre équipe.

- ... Je vais donc être très honnête avec vous cette fois pour vous expliquer ma réticence et mon obstination à me rendre à cette évaluation. L'orthophoniste qui a fait les tests à X-Boy, la dernière fois, était d'une incroyable incompétence et cela fut insupportable. Désolée du mot, mais pendant 2 heures, X-Boy a pleuré tandis que l'orthophoniste posait son interminable série de questions... quand je lui ai mentionné au bas mot une centaine de fois, que X-Boy NE PARLE PAS, ne FAIT AUCUN SON pour communiquer!!! Elle a tenu à remplir son formulaire comme une étudiante modèle, mais il faisait une telle chaleur dans ce local grand comme un placard avec un enfant en pleurs sur les genoux... alors je ne veux pas revivre ça. Je me fais bien comprendre?

- Oh...

- Et aussi, X-Man et moi avions fait mention de cette très mauvaise expérience à la chirurgienne-aux-doigts-magiques qui m'avait semblé très sensible à nos commentaires. Alors je suis très surprise qu'elle nous exige d'y retourner.

- Euh.. je vous reviens.

J'ai dû écouter de la tite-musique plate de cacanne pendant 5 minutes. J'ai failli raccrocher.

- Madame X-Mom?

- Oui.

- Désolée pour l'attente. J'ai parlé avec l'infirmier en chef qui se charge des dossiers et il va communiquer avec la chirurgienne-aux-doigts-magiques. Vous allez probablement être référés à une autre orthophoniste. Mais nous allons vous rappeler. Pour l'instant, le rendez-vous du 1er août est annulé.

- Bon. D'accord. Merci, bonne journée.

- Bonne journée, X-Mom.

Clic.

***

Vous savez, ça en devient abrutissant quand on se voit "obligé" d'aller à un rendez-vous quand tout pourrait se régler en un seul coup de fil. Ils n'ont pas besoin de "voir" X-Boy en pleine face pour être sûr qu'il ne parle pas. Je peux tout simplement donner le combiné à X-Boy et lui demander de parler à l'orthophoniste. Après une heure à n'entendre rien d'autre que des respirations fortes, des coups sur le plancher, des rires et des sons incongrus, elle comprendra que mon fiston-chéri, bien qu'il soit le plus mignon de la terre, ne PARLE PAS. Pas de babillage, Madame. Pas de "nonononononon", de "ouiouioui". Rien, Madame. Que des sons d'enfant non-verbal. Qui, on le souhaite, réussira à parler d'ici ses 10 ans.

Mais d'ici là, on peut-tu se calmer l'évaluation et le laisser loin des hôpitaux pour quelques semaines? Déjà qu'on a le pédiatre la semaine prochaine. On peut-tu être en vacances comme tout le monde? On peut-tu nous croire, nous, parents, que c'est i-n-u-t-i-l-e et que la science, ben on y'en a déjà donné pas mal, à la science, hein?!?

***

Après ça, des centaines de parents se plaignent, et avec raison, que leurs enfants ne sont pas pris en charge par les orthophonistes. Et nous, on veut céder notre place...

C'est le monde à l'envers.

C'est le monde de X-Boy.

Dans toute sa splendeur.

***

lundi 18 juin 2012

Échappée belle, dans le vrai sens de.

Depuis deux semaines, au petit matin, lorsqu'il fait beau, que la rosée n'a pas détrempé le patio et que Vénus est en Balance (?), je (et le week-end, X-Man) peinture le patio. Dès 6h30, j'étais attriquée de ces magnifiques pantalons cargo kakis et d'un vieux chandail de golf blanc (parfait pour se tacher et avoir l'air d'avoir travaillé fort-fort!) légué par X-Man il y a plusieurs années et je sortais, armée de mes protège-genoux, afin de cacher cette peinture-laitte-lègue-du-proprio-sans-goût avec une couleur brun-roux-tout-ce-qu'il-y-a-de-plus-soleil pour passer un superbe été dans NOTRE maison, enfin.

(Prix du plus long paragraphe d'intro difficile à lire d'un trait: check!)

Aussi, les soirs, lorsque X-Boy dormait enfin, soit vers 19h30-20h00, nous ressortions continuer de peinturer ces gentilles planches de bois... ce fut un dur labeur (ampoules à l'appui!), mais en même temps, un bel épisode de "retrouvailles" les soirs de semaine. À faire quelque chose "ensemble", autre que la routine-poutine de l'après-boulot pour X-Man et de la fin du mien... On jasait sur le patio, bien concentré à remplir toutes les craques dans le bois... accompagné jusque vers les 21h30, par les chants du Moqueur-Chat qui s'égosillait à nous faire des back vocals vraiment marrants.

J'ai osé la question, un soir:

- X-Man?

- Oui?

- Le Moqueur-Chat là... est-ce que tu crois qu'il imite "vraiment" un chat?

- Tu me niaises, là?

- Hein? Ben oui... c'était pour voir si tu étais encore attentif... tsé.

Avouez que la question se posait, non? M'enfin. Entre ça et me demander combien d'absences X-Boy a fait aujourd'hui, je préfère les questions oisives. Rhôôô.

***

Bref, on a fini de peinturer ledit patio ce samedi avant-midi, en compagnie de mon père qui est venu nous donner un coup de main (et de pinceau). Et ma mère, en digne Mamie, s'est occupée de surveiller X-Boy qui jouait, tout heureux, dans le gazon et riait aux éclats à cause d'un parasol jaune et bleu qui se trouvait au-dessus de sa tête. Imaginez-le devant un gardien du Pape? hahah.

En début d'après-midi, donc, X-Man et mon père sont partis chez Papi-J, le père de X-Man, afin de récupérer l'ensemble de patio dont ils ne voulaient plus. Papi-J et sa femme ont cette chance de ne plus aimer des meubles et d'en acheter d'autres quand ils le désirent. Woah!!! THE rêve dans ma jolie tête de Décore-Mom, oui!

Pendant leur périple dans une autre banlieue, ma mère, X-Boy et moi avons pris la direction du Winners-Home-Sense, question de dénicher des draps pour le lit de X-Boy (la finette, l'été, c'est trop chaud) et de farfouiller dans les rangées de vêtements au cas où.

Vers les 15h00, nous sommes rentrés à la maison. Les hommes n'étaient toujours par revenus. Intigant phénomène. Mais bon, par ici, le trafic est présent, même les week-end...

Sur le répondeur, un message de X-Man.

- Salut X-Mom, nous avons été pris dans le trafic pendant une grosse heure... et nous sommes chez Club Piscine... on arrive bientôt.

J'ai réécouté le message. Dans la voix de X-Man, une pointe de stress que moi seule sait reconnaître.

- Maman... Il s'est passé quelque chose...

- Pourquoi tu dis ça?

- X-Man... sa voix.. il est stressé...

- Plus que d'habitude?

- Hahaha.

On a bien ri. Puis, voyant que mes neurones surchauffaient, ma mère me suggère de téléphoner sur le cellulaire de X-Man.

Ça sonne. X-Man décroche. J'entends du bruit autour.

- X-Man? Vous êtes chez Club Piscine? Mais pourquoi?

- Attends un peu, je vais m'éloigner du bruit.

- X-Man? Qu'est-ce qui s'est passé?

- Ah... euh.. disons qu'on a évité un gros accident.

- UN ACCIDENT??? VOUS ÊTES CORRECTS?

- X-Mom.. calme-toi. Tout est correct...

- MAIS QU'EST-CE QUE VOUS FAITES CHEZ CLUB PISCINE? On n'a besoin de rien....

- Euh.. on achète une nouvelle table de patio.

- ???

- Ouais... la table a revolé du "trailer" dans la bretelle de l'autoroute...

- ???

- Les pattes étaient détachées.... c'est le rond de la table qui est parti au vent avec la couverture et tout... et la vitre a éclaté en mille morceaux...

- ??? Mais... mais... vous ne l'aviez pas attachée?

- Oui.. ton père ne comprend pas ce qui s'est passé. Un gros coup de vent? Pourtant on ne faisait pas de vitesse.

- ??? Et il n'y avait personne qui vous suivait? (Un samedi en après-midi???)

- Non... Par chance, hein?

- Mets-en!!! Mon père est correct?

- Oui... Mais il est fâché après lui-même. Il se traite d'idiot.. depuis le temps qu'il déménage des meubles, ça ne lui était jamais arrivé... Il s'en veut.. Quand c'est arrivé, on croyait que c'était seulement la couverture qui avait volé au vent... quand il s'est aperçu de ce qui c'était réellement passé, il a garé la voiture et il est allé tasser la couverture et le rond de métal de la route.

- Il est allé SUR la route??? Mais il est dingue???

- C'est ce que je lui ai dit.. Mais bon, tu connais ton père...

- Mmm. Il aurait pu se faire frapper... Bravo.

- Mais tout est bien qui finit bien, X-Mom. Allez, je te laisse, on a trouvé la table.

Clic.

***

J'ai eu le souffle coupé pendant quelques minutes. Au Royaume du Scénario Catastrophe, ça se faisait aller dans ma tête, oui. Et s'il y avait eu quelqu'un derrière eux? Cette personne, ou cette famille, aurait pu mourir? Avoir des blessures graves? Mon père aurait pu être arrêté par la police et faire de la prison pour négligence? Et X-Man aurait été complice? Et si ça avait tué des gens, mon père ne s'en serait jamais remis. X-Man non plus, d'ailleurs. Et ma mère? Et moi??? J'aurais vécu comment avec ce sentiment ultra-moche de culpabilité d'avoir demandé à mon père d'aller chercher un vieil ensemble de patio chez le beau-père? Tout ça pour économiser de l'argent??? Bravo la grande, hein...

Bref, j'ai chassé les idées noires en voyant les hommes revenir au bercail en riant et en me demandant si j'avais besoin de Valium pour me calmer. Dah. Comme si j'étais du genre à en faire toute une histoire?

Une histoire, non.

Mais une page de blogue oui.

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mardi 12 juin 2012

Le génie du flacon.

Je le cherche, ce sapré génie de la bouteille. Ça fait deux mois que je le cherche. Et ho, je ne parle pas d'un vice d'alcoolique qui cherche la solution dans des bulles de bière, mais je parle des bouteilles de médicaments de X-Boy.

Je dis "je" à cette recherche, car X-Boy participe déjà assez activement à la recherche en étant le cobaye principal...

Ainsi, je me fais l'émissaire de X-Boy chaque semaine en téléphonant au département de neurologie de Ste-Justine pour dire: Non, la dose ne fonctionne pas encore.

C'est mon jour de la marmotte. Chaque mercredi, depuis deux mois, je décroche le combiné, compose le numéro du poste et je laisse un long message descriptif sur une boîte vocale. Puis, le lendemain, on me rappelle, on ajuste la médication via la pharmacie et X-Boy continue ses essais routiers à bord du fabuleux bolide qui l'emmènera hors-piste du trajet qu'emprunte la vilaine épilepsie...

***

Je vais le dire: JE SUIS TANNÉE DE L'ÉPILEPSIE. Je ne suis pas endurante, hein? "Ça fait juste deux mois et demi, X-Mom... t'as pas fini!"

OUAIN? PIS? Je suis supposée être top-de-bonne-humeur quand je vois mon gamin venir les lèvres bleues aux trois minutes chaque fois que je m'installe pour des périodes de 20 minutes devant son joli visage pour jouer avec lui? Parce que le reste du temps, hein: ben je le laisse jouer seul au sol et je "m'évite" la crise de panique. Parce que croyez-le ou non, ça devient insupportable de regarder son môme partir dans les limbes aussi fréquemment. J'ai beau réussir à en rire, à dédramatiser, à me dire que ça va cesser un jour... reste que le soir, en me couchant, je dois réapprendre à respirer pour continuer.

Je suis dramatique? Oh... comme si vous n'étiez pas habitués! Avouez que si je l'étais moins, vous ne seriez pas en train de lire ce blogue. C'est qu'on aime ça, lire les drames des autres... allez, ne mentez pas. Ça nous rassure sur les nôtres, hein?

***

Bref, ça fait deux mois que l'épilepsie prend toute la place dans le corps de X-Boy. Et vous savez quoi? Ben elle fait royalement chier, l'épilepsie. Parce qu'elle a réussi à enlever le tonus de X-Boy qui n'était déjà pas à son maximum. Parce qu'elle a réussi à lui enlever les muscles qu'il s'était forgé au cours des dernières années. Et on s'entend qu'il était loin de ressembler à Popeye, faque hein. Parce qu'elle a réussi à lui enlever le non-gras qu'il avait.

Résultat: X-Boy est maigre, pâle (parfois bleu, rhôôô!), et mou. Mais vraiment mou. Vous le prenez et il est comme un bébé de 3 mois (sauf qu'il a 4 ans, alors bonjour les maux de dos!!!). La tête se colle sur votre épaule, il étend ses jambes le long de votre corps et il dépose ses petites mains sur vos bras qu'il caresse doucement. Comme s'il prenait soin de vous calmer. Comme s'il vous disait: "Allons, je ne vais pas si mal. Et on est vachement bien dans vos bras plein d'affection. Alors, hein, pourquoi je voudrais me tenir droit et m'arracher de là?"

***

Ce qui m'enrage, car oui, je vis beaucoup de colère ces temps-ci, c'est cette terrible impression que tout le travail accompli en physio-ergo-éducation-spécialisée soit anéanti. Que les trois dernières années de ma vie où j'ai trimballé le petit de spécialiste en spécialiste, où chaque putain de jour, j'ai répété mille et un exercices, que chaque petit progrès chaque jour soit réduit à : "ça". Je n'ose dire rien, puisque que ce serait mentir. Mais de voir mon fils faible, mou et sans réel appétit, ça me chamboule le coeur au max.

C'est comme si tout notre "boulot", toutes nos "réussites" s'envolaient au profit d'une atteinte neurologique. Et ça te fonce sur un moral avec un force incroyable.

Comme si la maison que j'avais bâtie venait de partir en fumée.

Et qu'il fallait que je rebâtisse.

Est-ce que les fondations sont encore là? Les spécialistes me rassurent et me disent que les acquis de mouvements, par exemple (comme se tenir debout ou faire des pas), restent imprimés dans le cerveau. Et que dès que l'épilepsie sera contrôlée, X-Boy retrouvera son chemin.

Je m'accroche à ces phrases.

***

N'allez pas croire que je sois en dépression, que je touche le fond du baril. Nan. Je m'exprime tout simplement. Car je ne peux pas garder ça pour moi. Et allez savoir, bloguer me redonne toujours un peu de courage.

Et d'énergie.

***

Sur ce, je m'en vais participer à un IronWoman.

(Est-ce que passer la balayeuse sera un jour dans le triathlon?)

***

mardi 5 juin 2012

NDLR: Planète X-Y-Z

Bon, je fais ici un mea culpa.

J'ai beau avoir été dans mon spm lors de l'évaluation à l'école de X-Boy la semaine dernière, je n'avais pas raison (et j'aurais pu m'abstenir) de porter un blâme sur d'autres parents, qui, j'admets les avoir jugés, étaient dans le même local que moi.

Premièrement, j'avoue que le fait de m'être retrouvée dans un groupe où mon fils était le seul avec un handicap physique important m'a mise en colère. Pourtant, il est souvent le seul dans les centres d'achats et dans mes visites chez les familles et amis, mais hé, je me retrouvais dans une école adaptée et je me suis sentie "exclue"? Disons que je ne m'attendais pas à cela. Ça m'a ébranlée... et comme souvent les humains agissent lorsqu'ils se retrouvent devant une fatalité, ils jettent leur dévolu dans la cour du voisin. Ça fait tellement du bien de trouver un coupable, non? (Moui)

Ainsi, j'ai avancé, sans vérifier au préalable, que certains parents étaient à cette rencontre sans "raison réelle". Que leurs enfants n'avaient qu'un petit défaut de langage et qu'ils ne devaient pas être là. C'était gratuit comme attaque, hein? Rhôôô. J'ai avancé que les parents top-performants n'étaient que des arrivistes qui étaient prêts à tout pour que leurs enfants soient parfaits, quitte à les foutre dans une école d'handicapés afin qu'ils reçoivent des services et surtout, afin d'éviter d'être prisonniers du système si peu efficace des écoles régulières. (Sur ce dernier fait, je maintiens ma position. Les écoles sont en manque criant de ressources. Faudrait peut-être augmenter les frais de scolarité? Hahaha. Provoquons, provoquons!!!)

Bref, le lendemain de ma visite qui m'a projetée dans un marasme émotif et existentiel, j'ai eu (encore) la chance de discuter avec Maman à bord, qui, lorsqu'elle n'est pas Maman à bord, est professeure dans les écoles primaires. Elle m'a indiqué qu'elle ne croyait pas que les parents présents pouvaient se présenter à cette école sans y avoir été référés. Elle m'a expliqué que les parents sont parfois pris dans le système et qu'ils se présentent là où il y a de l'aide. Qu'ils n'abuseraient pas réellement du système. Puisqu'il n'y en a pas, de système cohérent, à proprement parler.

Je l'ai écoutée et j'ai continué à me choquer après la vie. Après le fait que c'est impensable d'intégrer des enfants "normaux" dans des classes aussi spécialisées. Que c'était tellement difficile, en tant que parent, d'être confronté à une telle réalité (je réfère aux ados en fauteuils, par exemple) et que c'était indélicat de la part des spécialistes de les faire rentrer dans cet univers.

Bref, j'en avais beaucoup sur le coeur. Et j'étais mélangée. Car je voudrais protéger les autres parents. Les mettre à l'abri de ce monde auquel j'ai maintenant un accès privilégié. Les empêcher d'être tristes, en colère et de se faire mal, quoi. C'est un réflexe assez maternel, je dirais. Et à y réfléchir, je crois que j'aurais aimé qu'on me protège, qu'on me prépare mieux à un tel "choc", qu'on me soutienne dans cette première visite. J'aurais aimé ne pas me laisser atteindre de la sorte, ne pas me retrouver aux prises avec cette envie de pleurer le monde entier et ce désir soudain d'aider toute la planète à trouver un sens à sa vie.

Ce qui fait que hier, j'ai discuté brièvement avec l'éducatrice spécialisée de X-Boy (qui m'apprenait que cet été, j'aurai droit à un après-midi de répit gratuit par deux semaines grâce au programme d'aide aux familles d'enfants à besoins particuliers qui embaûche des étudiants!!! Yéééééééééé!) de ma confusion et de mon incompréhension face au système d'admission de l'école adaptée.

J'ai obtenu des réponses. Et un baume sur mes colères injustifiées.

1- La prématernelle 4 ans de cette école est ouverte à tous. C'est-à-dire que tous les enfants de cet âge éprouvant une difficulté comportementale, intellectuelle ou physique ont droit à cette scolarisation.

2- Chaque enfant qui est en évaluation y est PARCE qu'il a reçu un diagnostic préétabli par un spécialiste. Donc un parent ne peut se présenter là juste parce qu'il veut que son enfant soit dans une école à 4 ans afin de bénéficier des services spécialisés, comme l'orthophonie, par exemple.

3- Les enfants sont réévalués à la fin de l'année pour l'intégration en maternelle à temps plein. C'est là que la sélection se précise. Il faut que l'enfant ait une déficience intellectuelle et/ou physique et/ou un TED et/ou autre et qu'il soit de ce fait, incapable de fonctionner dans une classe régulière, même avec l'aide d'une éducatrice spécialisée à ses côtés.

4- Un trouble du langage, c'est plus qu'être incapable de dire correctement ses "f" et ses "v". (À ce point, l'éducatrice riait beaucoup!) Un trouble du langage, c'est une incapacité de communiquer. Qui, grâce à des thérapies, pourra (ou non) s'améliorer.

5- Je manquais d'informations précises. C'est évident. Sinon, je n'aurais pas "tiré dans le tas".

6- Mais j'avais le droit d'être en colère et de jeter mon dévolu ainsi pour me défouler. Paraît que le fait que mon fils soit épileptique et que la médication ne fonctionne toujours pas bien après deux mois, ça cause des réactions colériques, dixit cette chère éducatrice qui est toujours fascinée devant mon bagou. Héhé.

7- C'est correct de faire des erreurs de jugement.

8- Tant qu'on est capable de se reprendre et de s'excuser.

9- Alors voilà, je suis désolée si j'ai pu irriter certaines personnes.

10- Je ne suis pas parfaite.

(Non? Aaaaah... on soupire tous en coeur. Mais quelle déception, hein!)

Hahaha.

Paix.

lundi 4 juin 2012

Bienvenue chez nous, testos!

Mise en garde: ce billet abordera un sujet beaucoup plus léger que le dernier. Alors si vous vouliez vous fâcher, vous indigner, utiliser vos gros mots contre les injustices, fermez cette page et payez-vous une visite gratuite sur les sites de "gore" qui sont accessibles à tous. (Ça m'enrage tellement cette "liberté d'expression" que je me tais sur ce drette là.)

***

X-Man part chaque année pendant une semaine complète, en la lointaine contrée de l'Abitibi, question de montrer aux régionaux comment ça se fait, un "vrai" Salon du Livre. Héhéhé, ici, je dis n'importe quoi, car X-Man n'a nullement cette prétention. Mais ça m'amuse de savoir que lorsqu'il lira ce billet (entre 4h et 5h du matin le deuxième jeudi de 2043), il maugréera et me lancera un de ces regards qui me font rigoler comme une hyène sur le 220 volts.

Ainsi, il laisse sa gentille blonde SEULE avec X-Boy (ce qui est routinier donc très correct!) mais aussi SEULE AVEC LA MAISON. Et c'est là que je n'ai pas de supers-pouvoirs. Je suis nulle de chez nulle avec les travaux manuels qui exigent l'utilisation d'un outil autre qu'un crayon, un pinceau ou une agrafeuse. (J'affectionne les agrafeuses. Vous voulez une anecdote? (Ça crie ouiiiii oui oui, je vous entends!)

Anecdote de l'agrafeuse:

Je venais d'avoir 5 ans. J'étais on ne peut plus mignonnette avec mes grands yeux bleus (sans longs cils, fallait pas que je sois trop belle, quand même!) et mes tits-cheveux blonds bien attachés en lulus avec des élastiques à boules. Les fameux élastiques à boules. C'est une grande histoire d'amour chez moi. J'en porte encore et quand j'en vois, j'en achète. (Ça doit être pour cette raison que j'ai des grosses boules? Rhôôô.) Bref, j'étais là, migonne comme tout, dans la cuisine, en compagnie de ma mère qui m'expliquait, tandis que je hurlais de douleur et que je me vidais de ma piscine de larmes, que des "broches" comme portent les adolescents pour redresser leur dents, ce ne sont PAS des broches de "taqueuse" (mot commun)!!!

Oui oui. J'avais vu une adolescente, dans ma rue, porter fièrement ses broches à 2000$ et je m'étais dit: "Peuh, moi aussi je vais en porter!". Je vous assure que ça fait mal, des agrafes dans les gencives des palettes. Et ça saigne. Et c'est pas esthétique du tout.

Je la ris encore. Ma mère ne nous photographiait pas beaucoup. Mais elle la rit encore, elle aussi.

Fin de l'anecdote.

Bref, alors que X-Man se faisait courtiser par les Abitibiennes, il a fallu que je gère une équipe d'électriciens, car dans notre chère maison, le panneau électrique était si vétuste que les assureurs refusaient de nous assurer. Et chanceux comme nous sommes, on ne pouvait courir ce risque.

Jour 1: le maître-électricien se pointe vers 15h00. Je m'apprêtais à faire 13534616 brassées de lavage.

- Bonjour X-Mom. Votre panneau est au sous-sol?

- Oui. Je vous suis. (Hey, une bonne réponse! woah!)

- Bon bon... j'ouvre ça.

Pendant ce temps-là, X-Boy jouait à défoncer le plancher au-dessus de nos têtes. J'explique rapidement le vacarme à l'électricien. Il me regarde, perplexe:

- Et vous le laissez seul, votre garçon?

- Hein? Ben oui, il est handicapé. Ce n'est pas comme s'il allait se sauver!

Malaise. Je suis rendue trop "habituée" à parler ainsi de X-Boy. J'oublie que pour les gens "normaux", ça fait résonner plein de clochettes interrogatives dans leur cerveau. Hahaha.

- Si vous le dites...

- ...

- Madame X-Mom... mais ça a chauffé dans votre panneau!

MALAISE RÉEL ICI.

- ÇA A CHAUFFÉ??? DANS LE SENS DE...

- Dans le sens de votre fil relié à la sécheuse a surchauffé. Vous voyez ici, c'est tout noirci. Et le panneau tout autour.

- !!!

- Bref.. un séchage de plus et vous auriez risqué de passer au feu.

- !!!

J'ai failli perdre connaissance. Faut pas me dire des affaires de même. Dites-moi que mon fils fait de l'épilepsie, ça va encore. Mais que la maison brûle? (J'extrapole, rassurez-vous.) Je suis devenue blanche, littéralement.

- Ho... X-Mom... ne tombez pas dans les pommes. Il n'est rien arrivé de grave. Je suis venu à temps... Mais vous n'aviez rien remarqué? Pas d'odeur, de son de friture dernièrement?

- Non. Sérieusement.

- Allez, promettez-moi de ne pas utiliser la sécheuse avant que mon équipe vienne changer tout le panneau.

- Promis. Promis. Promis. Je ne l'utiliserai plus jamais.

- N'exagérez pas, X-Mom.

- Hein? Moi? Jamais.

Il est reparti, tout sourire. Alors que mon coeur faisait 315346161 tours au compteur. Puis j'ai réfléchi.

C'était donc ÇA.

ÇA quoi?

Cette odeur-là, le week-end d'avant. X-Man et moi trouvions que ça sentait le bacon, dans le sous-sol. Mais comme la veille, ça sentait le moisi, on ne s'en était pas préoccupé plus que ça. La raison de cette odeur de moisi? X-Boy. Nan, X-Boy ne SENT PAS le moisi. Il sent la poubelle. Hahaha. Mais non, mais X-Boy a du sang d'écureuil et il a commencé à cacher ses jouets ou ses gobelets un peu partout. Et cette fois-là, il avait caché un gobelet de lait DANS le pouf-rangement du salon. Ça faisait cinq jours que l'on cherchait partout le gobelet. Vous imaginez que la trouvaille fut fructueuse. Et dégueulasse. Même écologiquement sensibles comme nous le sommes, nous avons jeté ledit gobelet. Pas question d'ouvrir ça. Et de vomir un peu pour la cause.

Bref, quand le lendemain du gobelet-yogourté, quand ça sentait le bacon, on en avait ri. On avait conclu que les voisins se faisaient du bacon sur le barbecue. Même s'il tombait des cordes. À Ste-Banlieue, tout est possible, vous savez.

C'est bien là la preuve que nous sommes des intellos. Aucun réflexe de chercher si cette odeur de bacon calciné pouvait provenir d'un quelconque problème électrique. Aucun réflexe, oh non, d'ouvrir le panneau électrique. D'ailleurs, est-ce qu'on savait où il se trouvait, ce foutu panneau? Quand même OUI. Il est DANS le salon, la belle place pour te foutre un attirail de la sorte, quoi. Quand je dis que c'est beau chez nous, je ne blague pas. (Il est néanmoins caché derrière une super porte en mélamine sur laquelle j'ai accroché un cadre. Il y a des limites à être kitsh.)

***

Quand j'ai téléphoné à X-Man ce soir-là pour lui faire un rapport des événements de la journée, il n'a pas ri quand je lui ai parlé de cette odeur de bacon. Il était sérieux. "Non mais, on est vraiment nuls avec la maison... C'était quoi l'idée de mon père de travailler en édition, hein?". (La même idée que toi mon chéri...) Enfin, X-Man a réussi à en rire (parce que je faisais des gros efforts pour le rassurer) et on a conclu qu'un jour, on serait moins ignorants. On est ainsi, rempli d'espoir. C'est-y pas beau?

***

Jour-J du changement de panneau.

6h30. L'équipe (deux gars allumés! rhôô) débarque chez nous et commence les travaux. Pour la cause, il n'y aura plus d'électricité pour les quatre prochaines heures. Le calme plat, quoi. Une fois les travaux terminés, ils m'ont refilé la facture (gulp) et j'ai quitté pour l'optométriste avec X-Boy qui avait trouvé le moyen de crochir ses lunettes pour le plaisir de.

En revenant, il faisait très très chaud dans la cuisine. Mais dehors, il faisait 31 degrés. J'installe X-Boy dans sa chaise et je prépare le diner. Puis, je constate que le calorifère fonctionne au max! Je cours au thermostat, il fait en effet 32 degrés DANS la maison. Le chauffage est réglé à 26 degrés. Yé. Je baisse le tout à 5 degrés. J'attends. Cinq minutes plus tard, ça chauffe encore autant. Je me sors du bacon et je le fais cuire directement sur le calorifère! Meuh non. Je téléphone à l'électricien.

- Oui.. C'est X-Mom. Vous êtes venus ici ce matin et là, mon calorifère de cuisine n'arrête plus. Il fait comme chaud. Je fais quoi?

- Ben allez fermer le "breaker"...

- Hein? Ben oui, bonne idée. Ok. Bye.

- Clic.

Simple de même. Mais hey, vous allez venir réparer ça ou quoi?

Aucune idée. Car l'électricien, sympathique, venait de raccrocher sans préciser. Sans me dire que "désolé, X-Mom, nous avons fait une erreur, nous repasserons plus tard." Je suis restée muette. Puis j'ai couru fermer le "breaker" avant que mes armoires ne fondent.

C'est là que je me suis dit: c'est tellement plaisant d'être une femme. Et une blonde en plus. Avec des gros lolos et un sourire de gamine. Voilà ce que ça donne. On ne vous explique rien, on vous laisse en plan comme une dinde (mais hey, vous aimez ça les dindes, alors hein!) et on vous raccroche au nez. Et on rit de vous entre nous, hommes érudits en construction, tandis qu'on mange notre sandwich à la baloney.

Ce soir-là, j'ai prié fort afin que l'on m'injecte au cerveau le don divin de connaître tous les rouages techniques d'une maison. Mais au matin, j'avais plutôt reçu le don divin de demeurer une mignonnette. Tsé, on ne change pas une recette gagnante. Dah.

***

Cette semaine, ce fut le tour des installateurs de toile de piscine. X-Man étant en réunion commerciale avec les Européens (ouhhhh!), il était impossible qu'il soit là pour gérer la testostérone. Nan, on me laissait encore cette joyeuse tâche.
Le mercredi soir, ça téléphone pour aviser que ça passera demain, en fin d'avant-midi pour changer la toile. (Ici, sachez que nous ne sommes guère dépensiers et fanas du "outdooring", mais la piscine est un lieu d'exercice concret pour la physiothérapie de X-Boy et la soupape de deux parents intolérants à la chaleur!) Par chance, ce soir-là, X-Man était là et il pouvait s'occuper de vider la piscine pour le lendemain matin. Sauf que hic, on venait de dégoter un filtreur usagé à 5$ dans une vente de garage et X-Man, manuel comme moi, ne savait fichtrement comment brancher le tout.

C'est là qu'est intervenu notre ange de la rénovation qui a élu domicile en la personne de l'amoureux de Maman à bord. Ce soir-là, toute la famille nous rendait visite avec les trois filles et tandis que je me marrais totalement à regarder les filles crier, danser et hurler de bonheur ou de colère (ça s'exprime, des soeurs!!!), les hommes rafistolaient de la grosse bébelle de piscine et l'Ange de la rénovation expliquait à X-Man les bases à connaître. Deux heures plus tard, la piscine se vidait dans la rue, X-Boy était au lit et notre visite se rendait paisiblement à la maison pour le dodo, elle aussi. X-Man a poussé un loooong soupir de soulagement.

- Tu sais X-Mom, sans l'Ange de la rénovation, je n'y serais jamais arrivé. Une chance qu'il est là.

- Tu dis!!! Remercions le ciel et prions.

On s'est agenouillé devant un autel fait à son effigie et on a lu les psaumes écrits en son honneur jusqu'à 1h00 du matin. MAIS NON. On n'a pas fait ça. Décidément, vous croyez tout ce que j'écris? hihihi.

***

Au petit matin, X-Man s'est écrié:

- X-MOM!!! LA PISCINE NE S'EST PAS VIDÉE!!!

Je n'étais même pas réveillée. Je rêvais que X-Boy me faisait des crêpes aux fraises...

- Hein?? Mais attends un peu... Je me lève.

Fallait voir le tableau. X-Man, tout de veston chic vêtu, les mains sur le crâne à s'arracher la belle tignasse brune qui blanchit un peu aux tempes. (C'est sexy, miam!) Il tempêtait, paniquait. Bref, il était bien lui-même, à 6h30 du matin! (hahah)

- Ben là... X-Man... qu'est-ce que je dois faire, moi?

- Il faut que tu appelles l'Ange de la rénovation. Il a dit qu'il avait une petite pompe submersible qui pourrait aider à vider la piscine. Parce que là, le drain de fond est bloqué.

- Le drain de fond?

- Laisse faire. Mais il faut que la piscine soit vide, sinon les installateurs de toile ne feront pas le boulot.

- Ben là, X-Man. Je n'ai pas le temps de niaiser avec tout ça. C'était supposé de fonctionner. X-Boy a sa première séance de physio en piscine à sa future école et ça fait trois mois que l'on repousse le rendez-vous. C'est bien beau la piscine, mais hey, j'ai des obligations.

- Moi aussi. Je ne vais pas manquer ma réunion.

- Ni moi la physio. Bon.

On s'est regardé, le regard défiant. Mais hé, à 6h30 du matin, on n'a pas les neurones de la compassion de couple à "on". On est plutôt en mode survie du genre: tasse-toi je n'ai pas bu mon café et moi mangé mes céréales, alors tes problèmes, hein...".

Puis on s'est calmé. Parce que du fin fond de son lit, X-Boy a hulré de bonheur. "Non mais il y a un party dans la cuisine et je ne suis pas invité!!! Allllôôôô les parents!!! Here I come!!!". (Je vous prête X-Boy quand vous vous sentirez l'âme chicaneuse avec votre amoureux, tiens!)

X-Man a quitté pour le boulot et je me suis retrouvée seule avec un joyeux luron matinal qui n'en avait rien à cirer d'un drain de fond bloqué. Lui, il prend du Lax-A-Day quand ça lui arrive et il ne dérange personne. Chanceux va.

J'ai téléphoné à l'Ange le la rénovation qui est arrivé 20 minutes plus tard avec sa pompe salvatrice. Il a branché le tout, m'a expliqué 2-3 trucs et est retourné au boulot. (Par chance, il est travailleur autonome, ceci expliquant cela.) L'eau se vidait tranquillement. J'ai écrit une note expliquant mon absence à l'équipe de piscine, l'ai collée dans la porte et je suis partie avec mon gamin pour sa séance de physio.

Toute la séance durant, X-Boy a trouvé le moyen de faire de superbes absences. De belles lèvres bleues, de beaux regards fixes. Bref, de la belle épilepsie. Le niveau de stress a monté d'un cran. La physio n'était pas très à l'aise. Allez savoir. C'est tellement évident d'avoir un X-Boy tout mou dans les bras...

Je suis revenue plutôt ébranlée de cette séance d'exercices, me disant que bon, il faudra encore que je téléphone à Ste-Justine pour qu'on réajuste la médication.

L'équipe était déjà sur place. Je suis allée à leur rencontre. Ça testostéronait sur mon balcon! Ouh. Des torses nus, du beau bronzage naturel et des sourires du genre: "tiens, une blonde. Hahaha". Le "chef" de la meute m'a salué. Poli, il m'a dit ceci:

- X-Mom. Votre patio rentre dans la paroi de la piscine.

- HEIN? C'est une blague, ça? (Parce qu'autour, ça riait. Dah)

- Non. Regardez ici.

J'ai regardé. J'ai verdi comme les feuilles qui se balançaient dans l'arbre qui faisait de l'ombre sur les mâles de l'occasion.

- Ok... Mais JE fais quoi avec ça?

- Ben, il faudrait scier ce bout de bois.

- ???

- Avec une scie.

- Oh ça va, j'avais compris. Mais j'ai-tu l'air d'une fille qui est capable de scier "ça"?? Et d'une fille qui a une scie dans sa sacoche???

Autour, ça a souri. Je les ai dévisagés. Ça s'est remis au boulot, l'air sérieux. NON MAIS!!!

Il a continué, le "chef":

- Et X-Mom... Vous pouvez m'expliquer pourquoi l'eau du drain sort par la gouttière?

- LA GOUTTIÈRE???

- Oui, la gouttière du côté droit?

- HEIN? Mais là... une gouttière, ça fait descendre l'eau du toit... ça ne la fait pas monter. Je ne comprends rien... Sérieux.. c'est une blague, là??? Elles sont où les caméras???

- Non non. (Ça souriait en coin.. mais avec retenue. ) X-Mom.. venez-voir.

- Certain que JE veux VOIR. Donnez-moi deux minutes. J'ai des médicaments à donner à mon fils. Il est épileptique et ce n'est pas une bonne journée. Il fait plusieurs crises depuis ce matin. Alors hein, les problèmes, j'en ai assez.

GROS MALAISE. Toute la testostérone s'est calmée le pompom et le "chef" m'a attendu, tout de pitié vêtu, tout à coup.

- Oh, allez... il est handicapé, il est épileptique. Mais hé, on ne s'en fait plus avec ça. On va la voir cette gouttière? Je ne peux pas le laisser seul longtemps, vous comprendrez.

- Bien sûr.

On est arrivé devant ladite gouttière. Je dis devant, mais on était loin derrière. Parce que pour s'y rendre, il aurait fallu une chaloupe.

- Non mais c'est un geyser!!! C'est quoi c'est affaire-là??? L'eau sort par LE BAS de la gouttière??? Vous pouvez m'expliquer là???

- En fait... je crois que c'est le drain français. Il doit être bouché et l'eau remonte par la gouttière au lieu d'aller dans la rue.

- Ok. On a un drain français (on a ça??) pis l'eau refoule. Mais là, ça va inonder tout le terrain? C'est pas très cool... On a été inondé deux fois dans cette foutue maison... alors là... si ça se reproduit, ça ne sera pas drôle. Parce que X-Man et l'Ange de la rénovation hier soir, ils la vidaient la piscine, et ça allait DANS la rue, PAS SUR LE TERRAIN!!! Vous avez mal branché les tuyaux???

- J'ai 20 ans d'expérience... Les tuyaux sont au bon endroit... Je suis désolé.

- Moi aussi. Si vous saviez.

- Il faudrait vraiment que vous sciiez le patio... car la piscine pourrait lâcher quand on va installer la nouvelle toile tantôt.

- Hein? Scier? Ben oui.. j'oubliais. Je vous reviens là-dessus.

Je suis rentrée dans la maison, me suis dirigée au sous-sol pour vérifier qu'on n'était pas encore une fois inondé et j'ai retenu de force mes larmes. Je me suis plutôt concentrée à taper fort fort sur un coussin du sofa afin de passer un peu de ma colère et de mon impuissance face à tout ça. Je hais quand X-Man n'est pas là pour ce genre de chose. Même s'il ne saurait pas quoi faire, il serait plus "homme" du fait qu'il en est un et les autres testos auraient plus de solutions. On lui parlerait techniquement, on ne le prendrait pas pour une nouille.

J'ai téléphoné à l'Ange de la rénovation. Je n'avais pas le choix. Mais ça me foutait en rogne de le déranger ainsi, alors qu'il travaille et qu'il en a assez à faire de son côté. Il va falloir qu'il lâche tout, encore une fois, pour venir à la rescousse d'une famille incompétente, maison parlant?... Bref, il fallait, hein.

L'Ange de la rénovation est débarqué avec sa scie. ZZZZiiiiit. Il a scié le méchant bout de patio puis est reparti. Je lui ai suggéré de le payer, sérieux. Mais il ne veut rien savoir. Ça aussi, ça me faisait paniquer. Non mais, on reçoit tellement d'aide des gens autour et on fait quoi en retour, hein??? Quand est-ce qu'on va la rendre, la maudite "pareille", hein? Et comment?

Bref, j'ai laissé mes questions existentielles de côté parce que du côté "existence", ça faisait dans l'absence du côté du petit. (Trois fois "côtés dans une phase: check) J'ai téléphoné à Ste-Justine, puis à X-Man pour le mettre au parfum (peut-être malodorant) des ébats de la piscine et ça a sonné à la porte.

C'était mon voisin de gauche. Pas R, le veuf-sexy. Mais D, le père-de-famille-super-sympa.

- X-Mom... Je vois que vous avez fait poser une nouvelle toile! C'est super!

- Moui.

- Tu as besoin d'un autre boyau d'arrosage pour remplir ta piscine!

- Hein? Ah oui! Pourquoi pas!

- Je te branche ça. X-Boy va bien?

- Bof... ce n'est pas sa meilleure journée...

Il est revenu quelques instants plus tard.

- Et pourquoi vous avez deux filtreurs?

- Parce que le noir est vieux et qu'on va le remplacer par le beige qui est à côté. Mais hier, notre ami a branché le vieux pour vider la piscine, parce qu'il manque des morceaux après le beige et bon, X-Man n'est pas capable de le brancher tout seul. C'est un peu compliqué...

- Ben voyons. C'est simple quand on connaît ça. Je vais vous le brancher moi!

- Hein? Comment ça? De même, là là?

- Ben oui, X-Mom. Ça va me prendre 20 minutes. Pis j'ai plein de vieux morceaux de tuyaux pour remplacer ceux qui sont trop vieux.

- ???

- X-Mom... tu n'as pas le choix. Est-ce que X-Man va vraiment avoir le temps de faire ça en rentrant ce soir?

- Mmm. Non. Et il avait demandé à l'Ange de la Rénovation de venir l'aider.

- Allez.. votre ami pourra se reposer et X-Man aussi. Moi je ne travaille pas aujourd'hui et ça va me faire plaisir.

J'étais subjuguée. Coudonc, est-ce que c'est écrit: "Aide demandée" devant notre maison??? Est-ce qu'on a l'air si démuni côté "manuel"?

- Je vais te poser une question franche, D. Mais pourquoi tu nous aides ainsi depuis qu'on est déménagé?

- Parce qu'on est voisin.

- Belle raison.

- Oui, belle raison. X-Mom. C'est fait pour ça, des voisins. R. aussi vous aide.

- Ha ha! C'est un concours entre voisins d'abord!

- Mais non... je voulais le citer en exemple. Moi ça me fait plaisir et il faut que vous appreniez. Votre famille est loin. Et tu es souvent toute seule. X-Man travaille fort et toi aussi, à ta façon. Si on peut faire ça pour vous alléger la tâche.

- ...

- Ne sois pas si gênée.

- Mais comment on peut te remercier, alors?

- En venant prendre un verre de vin autour du feu, un soir cet été. Afin qu'on fasse enfin "réellement" connaissance.

- Si c'est juste ça, c'est certain. Mais on fournit la bouteille!

- Ah pour ça, on verra.

-BEN LÀ!!! ON PEUT-TU PAYER!!!

- Hiiiii... X-Mom. Ça va... tu la payeras.

- Heu... je m'excuse. Mais c'est juste que c'est difficile de recevoir sans rien donner.

- Prends-le quand ça passe.

- Mmm.

- Avant que tu ne rentres avec X-Boy, tu aurais ça, une clé ajustable?

- Oui. Je reviens.

Je suis allée chercher l'outil. Je lui ai brandi fièrement.

- Ah non, X-Mom, ça c'est une "pince" ajustable. J'ai besoin d'une clé.

- Euh. On n'a pas ça. Désolée. ("Pincez"-moi quelqu'un, je n'y connais rien!!!!!!)

- Bon, je vais m'arranger autrement. Tu as du téflon?

- Oui. Je reviens.

Je suis revenue avec une poêle en T-Fal. MAIS NON. Je SAVAIS ce que c'était.

- Tiens, voilà.

- Tu m'impressionnes, X-Mom. Tu ne fais pas la différence entre une clé et une pince, mais tu sais ce que c'est du téflon?!?

- Ah! Je ne suis pas n'importe qui. En plus, c'était facile, c'était dans la pharmacie de la salle de bain!

- ??? Drôle d'endroit.

- Non. Quand on est déménagé, j'avais confondu avec du ruban à bandage et finalement, j'ai laissé la roulette là. Question de la retrouver.

- Ok. Chacun son système.

***

D. a tout branché, le filtreur fonctionnait à merveille. X-Man est revenu très tard du boulot.

- Mais c'est dingue comment les gens nous aident, hein, X-Mom?

- En effet.

- On va les récompenser comment?

- En s'achetant des outils, X-Man. Comme ça, je pourrai les "aider" avec "notre" matériel, jusqu'à ce que tu saches comment... ou que j'aie terminé mon bac en entretien de maison.

- Tu crois que ça se donne, ce genre de cours?

- Oui, et ça s'appelle "l'école de la vie".

- T'es quétaine, ce soir.

- Pas quétaine... téflon.

***

Et téflon de pharmacie.

Tout finira pas me glisser sur le dos... même les problèmes médicaux.

Héhé.